Le livre de la vie
Partie I – Les lois de la médisance
Chapitre 6 : Entendre et prêter foi à des propos médisants
- Interdiction d’y croire
Croire des propos médisants proférés sur son prochain est un interdit de la Torah. Par conséquent, il est défendu de tenir du Lachon Hara pour vrai. Nos Sages ont particulièrement insisté sur cet interdit au point de déclarer qu’une personne qui prête foi à des mauvaises paroles mérite d’être jetée aux chiens.
- Interdiction d’entendre des propos médisants
La Torah interdit également l’audition du Lachon Hara, même à celui qui n’a pas l’intention d’y croire.
Cependant, si les faits rapportés n’ont aucune incidence sur l’avenir, ou si les propos diffamatoires présentent quelque utilité pour l’auditeur (s’il souhaite par exemple se prémunir contre un préjudice dans l’optique d’une association commerciale ou d’un mariage etc.), il est permis d’écouter.
Attention, même dans ce cas, il est absolument interdit de tenir ces informations dénigrantes pour vraies !
- Comment éviter d’entendre du Lachon Hara?
Si notre interlocuteur s’apprête à médire d’une certaine personne, il faudra s’empresser de lui demander si le sujet de la conversation nous concerne réellement, ou si nous pouvons avoir quelque influence sur la personne visée.
Encore une fois, il est interdit de croire les propos médisants de manière absolue, mais on pourra seulement prendre ses dispositions pour éviter quelque préjudice.
- Cas particulier
Dans certains cas, il est même recommandé d’écouter le Lachon Hara afin de disculper la victime auprès de celui qui la dénigre et interpréter les propos diffamatoires qu’il profère à son mérite. Par exemple, si l’on souhaite apaiser notre interlocuteur et l’empêcher de propager sa médisance plus loin.
- Entendre du Lachon Hara lors d’une réunion
Si l’on participe à une réunion au cours de laquelle des propos médisants sont émis (ce qui ne pouvait pas être prémédité) et qu’il nous semble vain de réprimander les personnes présentes à ce sujet, il faudra, si possible, quitter les lieux ou, à tout le moins, boucher ses oreilles pour ne pas entendre.
Néanmoins, si ces deux options sont irréalisables (par exemple, si l’on risque de se faire vertement tancé), alors il faudra respecter ces trois conditions :
- Décider fermement de ne pas croire les propos diffamatoires.
- S’efforcer de ressentir une gêne par rapport à ce qui se dit, et en aucun cas en retirer du plaisir ou quelque profit.
- Rester impassible et ne manifester aucun signe d’acquiescement. Au contraire, il convient plutôt d’exprimer son désaccord de quelque manière que ce soit.
- Réunion peu fréquentable
Ce que nous venons d’expliquer ne s’applique que dans les cas où l’on ne peut éviter ce genre de situations. Mais si la conversation à peine entamée glisse vers des sujets interdits et qu’il est possible de quitter les lieux, il ne faudra pas rester un instant de plus auprès de ces gens. Aussi, si ces personnes sont connues pour tenir des propos médisants et qu’on se joint malgré tout à ce groupe, on transgresse l’interdit d’entendre du Lachon Hara, même si les trois conditions citées au paragraphe précédent sont réunies.
Pire encore, quiconque retrouve ces « Baalé Lachon Hara » pour écouter ce qui se dit est considéré par le Ciel comme un mécréant et un homme de la même espèce, dont la faute est immense.
- Tenir les propos médisants pour vrais
Celui qui accepte l’interprétation défavorable du médisant sur certains faits qu’il sait véridiques mais qui peuvent être jugés positivement, enfreint le commandement de « Tu jugeras ton prochain avec équité » et se rend coupable de prêter foi à du Lachon Hara.
- Accepter du Lachon Hara sur une personne craignant D.ieu
Si la victime du Lachon Hara est un homme craignant D.ieu et qu’en écoutant les propos médisants à son sujet, on lui refuse le bénéfice du doute, la faute est plus grave encore, puisque la Torah nous demande explicitement de juger favorablement les personnes pratiquantes.
Ce principe s’applique également à toute critique qui dénoncerait les décisions d’un Beth Din ou d’un maître de la Torah. Il est absolument interdit d’y prêter foi et il faudra tâcher d’expliquer au médisant le bienfondé du jugement tranché par le tribunal rabbinique ou l’autorité religieuse incriminée.
- Principe général
Tout propos qu’il est interdit d’émettre, on ne pourra l’écouter ni y prêter foi. Le mode de transmission (oral, écrit, par allusion) ne retire rien de la gravité du Lachon Hara.
- Prendre ses précautions
Bien qu’il soit interdit de tenir des propos médisants pour vrais, nos Sages nous ont néanmoins autorisés à prendre nos précautions et à adopter une certaine méfiance vis-à-vis de la personne dénigrée afin d’éviter une perte ou tout préjudice.
Cependant, aussi longtemps que la culpabilité du prochain n’a pas été dûment prouvée, nous sommes tenus de lui rendre tous les bienfaits que nous devons à nos semblables. Par conséquent, même dans le cas où on nous révèle qu’une personne est mécréante [racha], nous y sommes tenus.
- Prendre ses précautions, un point c’est tout !
Prendre ses précautions, cela ne veut absolument pas dire que l’estime que l’on porte à la victime de la médisance puisse être atteinte ; à plus forte raison nous est-il interdit de l’embarrasser ou de lui porter préjudice. Plus encore, il est absolument défendu de refuser de payer les dettes que l’on aurait envers cette personne, en tirant prétexte des propos diffamatoires qui l’accusent.
En conclusion :
Il est permis de prendre ses dispositions au cas où la personne visée risque de nous causer quelque dommage, cependant, cela ne nous dispense en rien des obligations que l’on a envers elle, comme envers tout autre juif, tant que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas absolument avérés.
- Comment se repentir d’avoir accepté du Lachon Hara?
Aussi longtemps que les propos médisants entendus n’ont pas été répétés plus loin, il faudra :
- Etre résolu de ne pas croire ce que l’on a entendu.
- Prendre sur soi de ne plus jamais écouter ni accepter de Lachon Hara.
- Demander à D.ieu de nous pardonner.
Cependant, si l’on a répété le Lachon Hara, on devra s’efforcer de convaincre tous nos auditeurs de l’inanité de l’information qu’on leur a révélée et obtenir le pardon de la victime, avant d’entamer les trois étapes citées plus haut.