D.ieu parla à Moïse, dans le désert de Sinaï, dans la Tente d’assignation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d’Egypte en disant : « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, par dénombrement nominal de tous les mâles, comptés par tête. Depuis l’âge de vingt ans et au delà, tous ceux d’Israël qui partent pour l’armée, vous en ferez le compte selon leurs légions, toi et Aaron. Avec vous sera un homme par tribu, un homme qui soit le chef de sa famille paternelle. Et voici les noms des hommes qui se tiendront avec vous…. « Ceux-là sont les convoqués de la communauté, princes de leurs tribus paternelles. Ce sont les chefs des milliers d’Israël». Moïse et Aaron prirent ces hommes, désignés par leurs noms.
Puis ils convoquèrent toute la communauté, le premier jour du second mois et ils furent enregistrés selon leurs familles et leurs maisons paternelles, en comptant par noms ceux qui avaient vingt ans et plus, chacun individuellement, ainsi que D.ieu l’avait prescrit à Moïse dans le désert de Sinaï.
(Nombres 1, 1-19)
«Ceux-là sont les chefs des milliers d’Israël». Ce sont les douze princes. Ces princes (représentants de chaque tribu) sont donc également nommés, dans le quatrième livre, pour seconder Moïse dans sa tâche écrasante. Chacun d’eux est appelé par son nom ainsi que par le nom de son père. Fait remarquable, ces vingt-quatre noms propres contiennent pour la plupart le Nom de D.ieu, soit sous sa forme directe soit par le terme «Rocher», soit encore sous la forme «Chaddaï». Ces variantes dénotent une relation et une proximité de chacun avec D.ieu qui procèdent du meilleur esprit juif. Ainsi trouvons-nous : « paix en D.ieu », « D.ieu est mon père », « D.ieu est ma récompense », « D.ieu a jugé », « peuple de Chaddaï », etc. Nous pouvons donc prétendre, contrairement à de nombreuses thèses, qui parlent d’un paganisme latent au sein d’Israël, que, dès les premiers moments de l’histoire de la collectivité d’Israël, les responsables du peuple (et non pas Moïse seulement) étaient pénétrés du lien solide existant entre D.ieu et la communauté d’Israël, entre la fidélité à la Loi et la prospérité nationale.
Ces douze chefs forment une véritable élite et deviennent les artisans qualifiés d’une vraie démocratisation. En effet, c’est par leur intermédiaire que la connaissance de la Loi s’est répandue, et c’est grâce à eux que le travail gigantesque de Moïse a été placé sur de solides assises. Un détail qui dénote le caractère de leur délégation : chaque fois la nomination d’un chef commence par : «pour» (Chim’on), «pour» (Yehouda), etc. Donc, chacun a été choisi aussi bien en raison de ses capacités individuelles qu’en raison de la confiance dont il était investi par le choix du peuple. Ces hommes ne se considéraient pas comme des potentats ayant en main le pouvoir absolu, mais ils restaient conscients, comme tout chef digne de ce nom, de la délégation reçue et de la responsabilité qui l’accompagne.
Notons d’ailleurs au passage que les premiers chapitres du livre Bamidbar présentent tous une analogie frappante avec certains faits d’origine militaire : formation des unités, nomination des chefs, ordre de marche, ordre du campement. Il en résulte que le Législateur, sans donner au peuple l’allure d’un groupe militarisé, accepte ce que ce mode contient de bon, à savoir : la discipline et l’ordre. Cela importe d’autant plus qu’Israël s’approchait de la phase de la conquête et devait donc se présenter non pas comme une horde d’esclaves échappés à leur maître, mais comme un corps solide obéissant aux consignes et respectant les ordres.
C’est à cette même occasion aussi que nous rencontrons pour la première fois l’établissement d’une généalogie précise, dont la tradition a conservé les grandes lignes. En effet, Israël forme un tout à travers les temps et les générations successives.
La tradition de la famille constitue l’un des éléments les plus solides de la structure nationale. L’héritage spirituel et matériel du père doit continuer à porter le nom de celui qui a commencé l’œuvre sans pouvoir l’achever. Ainsi la continuité et l’identité du travail des générations seront intégralement maintenues.
Dans notre génération où les progrès technologiques des moyens de communication ont tendance à fragiliser la cellule familiale, il est bon que chacun de nous puisse participer avec sagesse, persévérance et responsabilité, à la construction d’un espace sain permettant aux membres de sa famille, de garantir la pérennité du peuple juif.
Adapté à partir de La Voix de la Torah