En 1816, alors qu’il n’avait que 10 ans, le Tafilalet et toute la région connurent une grande famine. Sa mère inquiète lui avoua qu’elle n’avait plus rien à lui donner et lui de répondre tout naturellement : « mère, je vais aller au marché et avec l’aide de D…, je trouverai de quoi nous alimenter ».
Elle tenta de le dissuader car le marché était vide, mais il insista pour tenter sa chance. Il sortit et en approchant du marché il vit un homme de peau noire (chose inhabituelle dans cette région), chevauchant un grand mulet chargé de deux grands sacs. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, l’étrange personnage demanda à notre Maître : « charmant enfant, désires-tu te procurer du blé ? En effet, répondit-il, c’est dans ce but que je me dirigeai vers le marché. L’étranger continua de le questionner : as-tu des parents ? Et où habitent-ils ? » L’enfant l’accompagna et tout enthousiaste alla annoncer à sa mère ébahie qu’il avait trouvé du blé.
Entre-temps l’homme d’ébène avait déposé deux grands sacs pleins de blé dans la cour puis avait disparu. Les parents de notre Maître sortirent pour le payer, mais ils ne trouvèrent que le mulet attaché. Pendant quatre jours ils attendirent son retour, mais en vain. Ils comprirent alors qu’il s’agissait du Prophète Elie, qui était venu les secourir.
Dès l’âge de 16 ans, après le décès de son père, il fut investi des fonctions de Rav et responsable de la communauté de Rissani sous l’impulsion du Grand-Rabbin Mordékhai Ben Chimol. Celui-ci fut ébahi par ses connaissances dans tous les domaines de la Torah, et impressionné par ses vertus et qualités.
Un petit détail le concernant : chaque nuit il apprenait, par cœur, 18 chapitres de Michna. Il est impossible de décrire la vie extraordinaire de ce Saint homme comme en témoigne son propre fils, Rabbi Aharon, dans la préface des livres Doréch Tov et Ma’agalé Tsedeq. Quiconque était en contact avec lui s’en trouvait imprégné à la mesure du degré de sa propre âme.
Son vœu le plus cher était d’aller vivre en Erets Israel. A cinq reprises il fit ses préparatifs, mais ses fidèles réussirent à le dissuader. Pourtant à la sixième tentative, il ne recula pas. Ses fidèles le suivirent pendant trois semaines en le suppliant de ne pas les abandonner. Mais il leur expliqua que cette fois-ci il répondait à un appel des cieux.
En route pour la Terre Sainte il fit escale à Damanhour, en Egypte. Il comprit qu’il était arrivé à sa destination finale et il demanda à reposer dans ce village, où avait séjourné 3500 ans auparavant son ancêtre, le Patriarche Ya’acov et ses enfants, le pays de Gochen.
Nos sages nous enseignent que les mérites des justes nous protègent plus encore après leur mort : c’est vrai pour notre Patriarche Ya’acov et c’est aussi vrai pour son digne descendant, notre Maître Ya’acov, comme va le montrer le récit suivant.
La main divine protégeait notre peuple bien avant la création de l’état d’Israël. Lors de la deuxième guerre mondiale, quand les tanks de Rommel se dirigèrent vers le « cœur du monde », les colonies juives ont sans aucun doute échappé à une mort certaine.
D’où est donc venu, en cet été 1942, l’ordre d’arrêter ces troupes ? Rommel était à l’époque à la tête de détachements surentraînés pour affronter le désert, et il ne fait aucun doute qu’elles auraient anéanti les soldats anglais se trouvant sur place. Après un contrôle total du continent européen le tyran voulait assujettir toute l’Afrique du Nord. C’est dans ce but qu’il envoya ses troupes et le renfort des blindés. Les troupes anglaises ne résistèrent pas longtemps à cette invasion, et les allemands arrivèrent aux portes d’Alexandrie, prêts à déferler sur Jérusalem et à livrer les juifs aux mains du mufti arabe. Les arabes en profitèrent pour maltraiter les juifs égyptiens, et c’est envahis par la haine, qu’ils se dirigèrent vers Damanhour où repose le sain et vénéré Rabbi Ya’acov ABIHSSIRA, de mémoire bénie. Ils saccagèrent la synagogue locale, brûlèrent un Séfer Tora et incendièrent le lieu de prières.
Cette même nuit, Rabbi Yitshak ALPIYA, de mémoire bénie, fit un rêve dans lequel apparut un homme vénérable qui l’interpella : 4‘puisque tu as l’habitude d’étudier sur les tombes des justes, pourquoi ne me rends-tu pas visite ?
Rabbi Yitshak répondit : qui est monseigneur ? La réponse fut : Ya’acov ABIHSSIRA. Et où repose son honneur ? lui demanda Rabbi Yitshak. A Damanhour, en Egypte, et a présent dépêches-toi car de cela dépend le salut du peuple d’Israël.
Dès l’aube, Rabbi Yitshak se rendit à la synagogue de Beth-El (la synagogue des Cabbalistes dans la vieille ville de Jérusalem), et il raconta son rêve à ses compagnons d’étude.
Après la prière de Cha’hrit, il se rendit en compagnie de deux autres rabbins chez le gouverneur turc afin d’obtenir un laissez-passer pour l’Egypte, pour lui et neuf autres compagnons.
Le gouverneur lui répondit qu’il lui était interdit de délivrer un laissez-passer car un état d’urgence avait été décrété. C’est alors que Rabbi Yitshak lui raconta son rêve, en insistant sur le fait que l’objet de leur doléance était de prier sur la tombe du Saint.
Le gouverneur lui dit de voyager seul dans le train qui transportait les soldats vers le front, et de se débrouiller par ses propres moyens, à ses risques et périls. Lorsqu’il eut rejoint ses compagnons, et leur rapporta les propos du gouverneur, ils tentèrent de le dissuader d’entreprendre ce périlleux voyage.
Mais Rabbi Yisthak, poussé par sa foi inconditionnelle envers les Tsadikim, se mit en route. Le lendemain matin, muni de son talith et de ses téfilines, Rabbi Yitshak se dirigea vers la gare afin de se joindre au convoi des soldats. Arrivé à la gare, voilà que deux officiers s’avancèrent vers lui, lui demandèrent quel était son nom et aussitôt le hissèrent dans le wagon. Ils prirent place à côté de lui jusqu’à leur arrivée à destination, au Caire. Ils l’accompagnèrent jusqu’au quartier des juifs et disparurent.
Rabbi Yitshak fit son entrée dans la maison d’étude « Keter Torah » ce qui provoqua la stupéfaction des sages qui se trouvaient là. Est-il possible que ce soit Rabbi Yitshak ALPIYA de Jérusalem ? Et comment est-il parvenu jusqu’ici ?
Rabbi Yitshak leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son rêve extraordinaire. Dés qu’il termina son récit, plusieurs personnes décidèrent aussitôt de l’accompagner à Damanhour sur le tombeau du Tsadik. Ils se munirent de vivres et de tout le nécessaire pour ce voyage.
Lorsqu’ils arrivèrent enfin au lieu désiré, Rabbi Yitshak leur dit : « ici nous resterons et prierons jour et nuit jusqu’à ce que nos ennemis soient menés à la défaite grâce au mérite du Tsadik, car tout le peuple d’Israël est en péril. Ils firent le tiqoun du « Ta’anit dibour’’ jeûne de la parole qui consiste à lire trois fois le livre des Tehilim (Psaumes) depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, pendant deux jours et contournèrent le tombeau à sept reprises ; ils firent d’autres « tiqounim » pendant la nuit et lors de la troisième nuit un des disciples sortit à l’extérieur du mausolée. Il vit que toute la ville était illuminée (alors que le couvre-feu l’interdisait auparavant) et des cris de joie et d’allégresse se faisaient entendre au loin. Il s’empressa de rapporter la nouvelle aux autres rabbins, qui sortirent également. Ils apprirent aussitôt la grande nouvelle : victoire des troupes britanniques de Montgomery sur les troupes allemandes de Rommel à El־Alamein. C’était le 3 novembre 1942 (23 hechvan 5703).
Jérusalem était sur le point d’être conquise par les armées allemandes, lorsque la situation commença à changer. Pour la première fois, dans les annales militaires du 3ème Reich, les tanks allemands reculèrent au lieu d’avancer. Les détails de ce « miracle » sont inconnus, mais le major Peter W. RAINER a tenté, dans son livre « Pipeline to Battle », d’apporter un témoignage aussi fidèle que possible .
Avec l’aide d’un bataillon juif, l’armée anglaise entra dans le désert égyptien pour combattre les troupes de Rommel. Afin de conserver de l’eau potable, les ingénieurs anglais testèrent des oléoducs avec de l’eau salée et, durant leur fuite face à l’arrivée des allemands, ils abandonnèrent les installations telles quelles. Quand, dans la chaleur étouffante du désert, les soldats allemands arrivèrent sur place, ils se jetèrent sur les réserves d’eau et se brûlèrent gravement la langue et l’estomac. Ils durent se résigner à se rendre. Quelle ne fut pas la surprise des anglais lorsqu’ils virent leurs ennemis condamnés à leur demander de l’aide ! Cet incident marqua le début de l’effondrement de la machine infernale.
A la suite de ce fait extraordinaire, les rabbins, imprégnés d’une immense joie, entonnèrent alors le hallel afin de remercier le Saint Béni soit-Il, libérateur d’Israël. Rabbi Yitshak raconta alors que pendant l’étude il aperçut une grande lumière sur la tombe du Tsadik ainsi qu’une colonne de feu qui montait du tombeau. Afin de faire connaître ce grand miracle à son retour à Jérusalem, Rabbi Yitshak fit l’acquisition d’un Sefer Torah majestueux. Et c’est, accompagné d’une foule fervente qu’il se rendit à Damanhour pour manifester sa joie et exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à l’Eternel notre D.ieu.
Lors de la cérémonie d’Introduction du Sefer Torah de nombreux dons furent versés et furent utilisés à l’achat de Teflilines et Mezouzot pour les personnes nécessiteuses qui résidaient en Egypte.
Rabbi Yaacov Abihssira était pénétré du Rouah Hakodech, de l’Esprit Saint et avait le pouvoir d’accomplir des miracles. Les exemples en sont nombreux et sont illustrés par les récits authentiques qui se sont perpétués à travers le temps.Son corps, disait-on, était rattaché au sol, tandis que son esprit voguait dans les sphères supérieures.
Rabbi Yaacov Abihssira est l’auteur de douze ouvrages. Certains y trouvent une allusion dans le verset : «Les fils de Yaacob furent au nombre de douze» (Béréchit 35;23). Parmi ses livres: Pitouhé Hotam, Mahsof Halavan et Lévona Zacca (des commentaires sur la Torah), Yorou Michpatékha Léyaacov (Responsa), Dorech Tov (receuil de Drachot), Bigdé Hassérad et Guinzé Hamélèkh (Cabbale). Ils ont tous été imprimés après la mort du Tsaddik.
Un jour, son fils, Rabbi Messod, demanda à son père l’autorisation de publier ses écrits.
Rabbi Yaacov lui répondit : «Mon fils ! Tu ne les imprimeras qu’après que j’aie rejoint l’autre monde. Là, je verrai s’ils ont l’agrément de D-ieu et je te le ferai savoir en rêve». Effectivement, après la mort du Tsaddik, Rabbi Messod vit son père dans un songe qui lui demandait de publier ses ouvrages, car il savait maintenant qu’ils étaient agréés par D-ieu.
Que les mérites du Tsadik nous protègent, ainsi que tout le peuple d’Israël