LA BENEDICTION DES PRETRES ou BIRCAT COHANIM
D.ieu parla à Moïse en ces termes : Parle ainsi à Aaron et à ses fils : Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël, vous leur direz :
Que D.ieu te bénisse et te protège !
Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant !
Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix !
(Nombres 6, 22-26)
Le premier Nissan de la deuxième année de la Sortie d’Egypte, jour particulièrement faste et glorieux réunit dix couronnements, entre autres l’inauguration du Tabernacle, l’apparition de la Majesté divine au-dessus du Sanctuaire, la consomption des sacrifices par le feu sacré descendu du ciel (Chabbat 87b).
C’est en ce jour aussi, qu’Israël reçut pour la première fois la bénédiction des Cohanim selon la formule que D.ieu avait ordonnée.
Cette bénédiction céleste est devenue nécessaire à cause de la jalousie des peuples du monde envers Israël, qui ne concevaient pas qu’un peuple d’esclaves ait pu atteindre en quelques mois un niveau où la Chekhina semblait se confondre avec lui.
La haine, l’hostilité, l’envie allaient sévir contre Israël.
Et, au cours du trajet dans le désert, Bil’aam fils de Bé’or, allait tenter de l’anéantir par des paroles de malédiction. Prémunir le peuple contre cette sorte d’attaque, c’était le préserver. Le moment vint où, du haut des cieux, D.ieu s’écria à l’adresse de Bil’aam : Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni. (Nombres 22, 12).
C’est pourquoi D.ieu a confié aux patriarches successifs la tâche de bénir les enfants d’Israël – responsabilité dont l’exclusivité reviendra par la suite aux Cohanim.
L’objet de la bénédiction qu’un homme peut appeler sur son prochain demeure toujours obscur, car nous ignorons ce qui constitue réellement un bienfait.
Comment prévoir les conséquences éventuelles de la bénédiction que nous formulons ?
La Torah nous révèle à travers la bénédiction des Cohanim que la seule façon de concevoir une bénédiction qui soit profitable à notre condition humaine, consiste à implorer D.ieu afin qu’Il adresse à notre prochain
la bénédiction adéquate qu’Il est le seul à connaître.
Ainsi, bien qu’énoncée à la deuxième personne, la bénédiction générale s’adresse en particulier, à chacun de nous, sans avoir de signification strictement personnelle.
Elle n’est soumise à aucune condition. Au cours des nombreuses promesses de récompense de la Torah, nous sommes habitués à l’introduction : Si vous obéissez à Ma loi, si vous suivez Mes préceptes, etc.
Rien de semblable dans la bénédiction des Cohanim : elle est absolue et inconditionnelle. Elle nous laisse entrevoir qu’elle peut être accordée par D.ieu partiellement ou totalement – mais, qu’en tout cas, elle n’apporte que des bienfaits pour tous les membres de la nation. (La voix de la Torah, Nombres 6, 22)
Trois bénédictions composent la Bircat Cohanim :
Que D.ieu te bénisse et te protège
La première bénédiction se rapporte aux biens matériels de l’homme : donner et protéger sont ici l’essentiel. Quand on donne à quelqu’un des biens matériels encore faut-il le protéger de toutes les forces destructrices (maziquim), sinon « celui qui acquiert l’opulence par un procédé inique, devra l’abandonner au beau milieu de ses jours, et sa fin sera misérable » (Jérémie 17, 11).
Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant
Cette bénédiction concerne la relation personnelle que l’homme entretient avec D.ieu.
Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix
Cette bénédiction s’applique aussi bien à la paix individuelle, qu’à celle qui doit régner dans la famille, dans la nation et dans tout l’univers.
L’exemple de cette paix nous est fourni dans le firmament qui nous entoure : D.ieu établit la paix parmi les milliers d’étoiles qui se trouvent dans les cieux et parmi les éléments qui sont des « adversaires déclarés » : le feu et l’eau. Nous levons nos regards vers les cieux et, chaque jour, nous admirons cette harmonie.
Pourquoi la bénédiction pour la paix entre les hommes figure t- elle toujours en fin de prière dans la ‘Amida, le Qadich, les actions de grâce après le repas et l’énumération des sacrifices où les Chelamim sont cités en dernier (Lévitique 7, 37) ?
La paix apparaît comme l’objectif suprême. Les Chelamim – dont le nom est un dérivé de chalom – sont destinés à rétablir la paix entre l’homme et son Créateur, entre l’homme et son prochain, entre l’individu et sa conscience.
Pour nos Sages, la paix n’est pas une simple donnée de la Création, ni une loi de la nature. Elle n’est pas une doctrine de pacifisme à outrance, consistant à rechercher la paix à n’importe quel prix en abandonnant des principes sacrés ou en renonçant catégoriquement à l’emploi de la force.
La paix suppose un effort permanent pour parvenir à une situation où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société sont enfin surmontés, et où les éléments qui les fondent deviennent les composantes du vaste système d’harmonie universelle couronné par le royaume de D.ieu sur terre. Voilà donc pourquoi la paix apparaît dans nombre de nos prières comme l’ultime bénédiction. (Sefer haIkarim 4, 51)
Rabbi Yehochoua ben Lévi compare la paix au ferment de la pâte, à l’élément promoteur du mouvement et du progrès au sein de la société. Depuis que la paix et l’harmonie, qui régnaient au Gan Eden, ont été brisées par la faute originelle, les hommes ont la mission de les rétablir dans leur splendeur initiale, en consacrant à cette tâche permanente le meilleur d’eux-mêmes.
La paix demeure le grand idéal universel dont la réalisation essentiellement dépend de la volonté des hommes.