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Baba Salé – Rabbi Israël Abihssira zatsal – 4 Chevat 5744 (1890-1984)

Quelques éléments de la vie d’un tsaddik de notre  génération.

 

baba-saleRabbi Israël Abi’hssira connu sous le nom de Baba Salé est issu de la prestigieuse famille des Abi’hssira. Son illustre grand-père Rabbi Yaacov était  originaire de Tafilalet (région se trouvant dans le sud du Maroc).

Rabbi Yaacov avait quatre garçons : Rabbi Messaoud, Rabbi Aharon, Rabbi Abraham et Rabbi Yts’hak tous de mémoire bénie.

Rabbi Messaoud,  aîné de ses frères avait plusieurs fils : Rabbi David connu sous l’appellation Atérét Rochénou (la couronne de notre tête), Rabbi Israël, Rabbi Yts’hak.

Rabbi Israël naquit le jour de Roch Hachana 1890. A huit jours, il fut circoncis par son père Rabbi Messaoud, tandis que son oncle Rabbi Yts’hak fut son sandak.

Dès son jeune âge, le petit Israël se fit remarquer par son assiduité et son attachement à l’étude de la Torah et aux valeurs de sainteté développées autour de lui par ses oncles, et notamment par son frère aîné  Rabbi David.

Dès son jeune âge, le grand Israël protégeait son regard en sortant dans la rue le visage couvert et toujours accompagné.

Encore enfant, son père le surprit en train de réprimander durement un des notables de la ville. Il lui dit alors : « Prends garde de ne proférer aucune mauvaise parole de ta bouche, car celui que tu béniras sera béni, et celui que tu maudiras sera maudit ».

A  l’âge de la bar-mitsva, son père lui choisit comme femme sa cousine, mais celle-ci disparut de ce monde après deux années de mariage, sans laisser d’enfants.

Plus tard il épousa Fré’ha Amsellem, qui va donner naissance notamment au saint Rabbi Meir Abi’hssira zatsal.

C’est alors que notre maître Rabbi Israël va s’adonner avec plus d’ardeur a la Torah et  plus particulièrement en perçant les secrets de la Torah tels qu’ils furent développés par son illustre grand-père Rabbi Yaacov dans ses divers ouvrages. (Rappelons que Rabbi Yaacov est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages dont certains sont consacrés aux secrets de la Torah.)

Des l’âge de seize ans il commença à enseigner dans la prestigieuse yechiva Abir Yaacov.

A l’âge de 19 ans après le décès de son père Rabbi Messaoud zatsal, il se retrouve à la tête de la Yechiva, son frère aîné ayant opté pour une vie en retrait, lui permettant de se consacrer davantage au service divin.

Apres le tragique assassinat de son frère  Rabbi David zatsal en 1920, il dut assumer la responsabilité de Dayan de la région de Tafilalet.

Apres douze années de mariage, Rabbi Israël n’avait toujours pas d’enfants.

C’est lors du passage dans la région de Tafilalet du Rav Amram de Tibériade qu’une lueur apparut. Cet émissaire de la Palestine d’alors, informa notre maître que l’usage pour un couple sans enfants était de se promettre de réserver au futur nouveau-né le nom de Méir sur le nom du célèbre maître de la michna Rabbi Méir Baal Haness.

Ainsi fut fait, et naquit alors le petit Meir. Cependant à l’âge de quelques mois le nourrisson tomba gravement malade, oscillant entre la vie et la mort.

Son père pris de panique, interrompit l’étude dans l’isolement de son frère Rabbi David et l’informa de l’état critique du jeune Méir.baba-meir

C’est alors que Rabbi David se rendit immédiatement dans la chambre et prit le nourrisson dans ses bras, en formulant la prière suivante : « Maître du monde, j’ai enduré toutes sortes d’épreuves, que j’ai toujours acceptées avec amour, et avec joie. Je n’ai jamais osé élever de murmure, du fait que Tous Tes actes sont empreints de miséricorde. Après avoir vu la disparition de la majorité de mes enfants, je n’ai soufflé mot.  Mais maintenant, je Te demande que cet enfant reste en vie. »

Après quoi, Rabbi David retourna à son étude.

Soudain, une amélioration sensible survint dans l’état de santé du petit Meir auquel on ajouta le nom de Chalom (sans le vav).

En 1922, notre maître Baba Salé décida de monter en terre sainte, prenant pour prétexte le désir de publier les manuscrits de don frère Rabbi David zatsal.

Il y séjourna plus d’une année, en s’attachant à tous les sages d’Israel.

Il fut remarqué et apprécié particulièrement par le vénéré et saint Rabbi Alfandari qui lui portait une grande estime.

Cette estime va grandissant après la publication du premier livre de Rabbi David zatsa « Peta’h Haohel », préfacé par notre maître Baba Salé. Cette préface en elle-même mérite une étude studieuse, le Rav ‘Haim  Kanievski de Bné Brak  y ayant relevé plus deux cent citations prenant leurs  sources dans tous les compartiments de la Torah.

De cette préface nous pouvons mesurer la grandeur de notre maître ainsi que son extrême humilité, ne laissant jamais aux autres, l’occasion de laisser entrevoir son savoir et ses capacités.

Un an plus tard son maître Rabbi Moché Tordjman zatsal le commandait de retourner au pays de ses pères, afin d’en diriger la communauté.

Conforté par l’avis du grand Rabbi Alfandari zatsal, il quitta la terre sainte pour aller séjourner dans son pays d’origine Tafilalet, et d’en devenir le véritable guide spirituel.

Cependant, en 1933 notre maître ne résista pas à ses aspirations profondes de regagner le pays d Israël, non sans avoir au préalable installé son fils aîné Rabbi Méir zatsal au poste de Roch Yechiva, malgré l’insistance de tous les rabbins et notables de la région qui tentèrent de le retenir, mais sans succès.

Il s’installa dans la maison du Rav Yossef Clouch, et fixa son lieu d’étude dans la prestigieuse yechiva  Porat Yossef de Jérusalem,

Il fut accueilli chaleureusement par tous les rabbanim qui le connaissaient déjà,

et  en particulier par le Roch Yechiva lui-même Rav Ezra Attié qui le choisit comme compagnon d’étude et qui ne cessait de déclarer devant les autres élèves, que notre maître Rabbi Israël n’était rien d’autre, que le nouveau Roch Yechiva de Porat Yossef.

Notre maître alla s’installer dans la ville de Tsfat dans laquelle sa renommée s’étendra de plus en plus, grâce au miracle qu’il réalisa en ouvrant les portes de la synagogue sefardite du Ari zatsal demeurée longtemps fermée. En effet tous ceux qui tentèrent d’ouvrir cette synagogue y périrent.

Il fallut que notre maître y pénètre avec son aide de camp, ouvrit l’arche sainte sortit le Sefer Torah, en lut queques passages, et sortit en demandant de diffuser que désormais il était possible de franchir le seuil de cette sainte synagogue sans crainte.

Il s’installa plus tard à Tibériade avant de retourner à Jérusalem, pour une courte période, car son maître Rabbi Moché Tordjman zatsal   réclamait de nouveau sa présence dans la région de Tafilalet pour reprendre en main sa communauté.

Sans attendre, notre maître plia ses affaires, et dans un sentiment de profond respect, il prit la route pour le Maroc.

Au cours de ce déplacement, il ne manqua pas de faire un détour pour passer a Damanhour, et se recueillir sur la tombe de son saint ancêtre Rabbi Yaacov Abi’hssira zatsal.

Durant ce voyage, un miracle très connu eut lieu en mer lorsque soudain une tempête menaça d’emporter le navire. C’était alors la veille de Chabbat et notre maître s’apprêtait a recevoir le jour saint, quand soudain on pénétra dans cette petite cabine ou se trouvait le tsadik pour lui annoncer la terrible nouvelle.

Le bateau était prêt à sombrer en pleine mer et il fallait s’attendre au pire.  Notre maître prit le verre de Kiddouch de son vénéré grand-père Rabbi Yaacov, fit la bénédiction en l’honneur du Chabbat et ordonna au jeune garçon de verser le reste du vin sur les eaux impétueuses.

La mer s’apaisa aussitôt retrouvant le mouvement calme et saccade de quelques vagues qui venaient effleurer le bateau.

Le danger disparu, chacun retourna à ses occupations.

De retour à Tafilalet, un accueil royal attendait notre maître. Tous, rabbins et commerçants, grands et petits étaient là pour honorer de leur présence, le retour du saint homme.

Durant quinze années,  Baba Salé dirigea la communauté de Tafilalet jusqu’à même abandonner le projet de monter en Israël bien que quelque part au plus profond de son âme, l’espoir n’était pas éteint. Il souhaitait de nouveau fouler le sol de la terre sainte mais pour le moment, ceci n’était pas à l’ordre du jour. La communauté nécessitait sa présence et son fils, Rabbi Méir qui avait partiellement dirigé la communauté d’Erfoud, ne se tenait plus désormais aux côtés de son père. En effet, il avait été nommé en l’an 1945 Président du grand Tribunal Rabbinique de Midelt.

 

C’est ainsi que la responsabilité de toute la communauté s’était abattue sur la très haute personnalité de   Baba Salé qui restait cependant à la hauteur de la tâche et la surpassait même largement. Il remplissait royalement sa fonction de président de toute la communauté du territoire de Tafilalet.

Baba Salé était d’ailleurs très riche mais ne s’intéressa jamais à la valeur de l’argent à la manière de la plupart des créatures de ce monde. Bien qu’une quantité inimaginable de pièces passa dans sa main, il ne se laissa jamais tenter d’en regarder la forme … L’argent ne constituait qu’un moyen et non une fin en soi !

Il est intéressant de noter que bien que la maison où il demeurait était royalement ornée, il ne permit jamais à la technologie d’y pénétrer.

Toutes les nouvelles inventions et le modernisme ne devaient pas briser le charme naturel qui habitait chaque recoin de la somptueuse demeure. C’était une belle maison à l’ancienne et le maître tenait à conserver la tradition de ses ancêtres, la sainteté qui embaumait chaque pièce. Son petit-fils, l’Admour Rabbi David Haï Abouh’atséra chlita raconte qu’à son retour au Maroc en  1954 après avoir vécu quelques années en Israël,   Baba Salé s’installa de nouveau dans le pays de son enfance. A cette époque, le monde avait connu un jour nouveau et au Maroc, on n’allait plus puiser l’eau du puits mais elle coulait abondamment canalisée jusque dans les maisons. Et l’on avait aussi abandonné les bougies et lanternes au profit de l’électricité. Les premiers réfrigérateurs faisaient leur apparition ici et là. Ainsi lorsque le gouverneur d’Erfoud apprit que le tsadik de Tafilalet leur faisait l’honneur de revenir dans la région, il lui proposa de lui faire construire une demeure de toute beauté dotée de la plus haute technologie de l’époque.

Mais Baba Salé refusa, préférant le charme naturel, la sainteté et la pureté qui embaumait la maison où avaient vécu ses ancêtres.

Dans les dernières années de son « règne » à Tafilalet, on voyait apparaître les premiers générateurs à Erfoud. Au début, ils ne fonctionnaient qu’une partie du jour s’arrêtant durant la nuit. Seulement lorsque l’électricité fut largement répandue dans le pays n’étant plus une invention nouvelle, Baba Salé permit de faire entrer chez lui un générateur. Mais si le progrès avait ses limites, pour le tsadik, il en allait tout différemment. Alors que quelques disciples s’étaient réunis un soir pour étudier avec leur maître, le générateur continua à fonctionner comme en plein jour. Une fois, alors que l’on avait organisé un grand repas de fête en l’honneur du Chabbat durant lequel on avait fait entrer deux nouveaux Séfer Torah à la synagogue,  Baba Salé se rendit sur les lieux pour participer à leur joie et avant de partir, il s’adressa au maître de maison en ces termes : « Tant que vous vous réjouirez en l’honneur de la Torah, vous serez éclairés et la lumière ne s’éteindra pas ».

Aux environs de cinq heures du matin alors que les derniers invités quittèrent les lieux, le générateur s’arrêta soudain de fonctionner comme par enchantement. Nul ne pouvait comprendre et nul ne cherchait à comprendre … Leur maître avait parlé et cela était suffisant.

La technologie poursuivait sa route mais dans la maison du tsadik les inventions du progrès n’étaient d’aucune utilité. Alors que la chaleur s’appesantissait imprégnant l’air d’une sécheresse terrible et étouffante, dans la sainte demeure un air frais et pur circulait de pièce en pièce. De même, la nécessité d’un réfrigérateur ne se faisait nullement ressentir puisque chez le tsadik, la viande pouvait rester ainsi à l’air sans laisser apparaître nul signe de putréfaction. Nul besoin de blocs de glace.

La viande était juste pendue à des « S » à la façon du boucher. Et comme l’ont dit nos Sages (Avot 5-5), dix miracles se produisaient dans le Temple dont « celui de la viande qui ne se putréfiait jamais ».

On raconte d’ailleurs que la maison où a vécu son grand-père  Rabbi  Yaacov zatsal ainsi que toute ·sa descendance et ce durant quelques générations a vieilli avec le temps et parfois serpents et scorpions pouvaient y apparaître mais aucun ne fit du mal aux gens qui y marchaient pieds nus. Les murs commençaient même à s’effriter tellement la construction était ancienne. Et à cette occasion, on racontera aussi l’émouvant témoignage de Rabbi Avraham Sebbag qui servit   Baba Salé pendant les années passées au Maroc dans la période de 1954 et jusqu’à sa montée en Israël. Il raconte qu’il avait coutume d’accompagner   Baba Salé au mikvé dès les premières lueurs du jour. Le chemin était infecté de reptiles. Serpents et scorpions envahissaient une partie du champ qu’ils devaient traverser.

Une fois, Rabbi Abraham dit à son maître qu’il était dangereux de passer par là mais   Baba Salé sur son ton habituellement calme et serein répondit : « Eux aussi sont des créatures de D.! ». A partir de cet instant, il ne posa plus de questions, s’habituant lui aussi à ces créatures qui n’agissaient que sous les ordres de leur Créateur. ..

Bien qu’une très grande richesse et une abondance considérable se ressentaient dans tous les recoins de la maison, le maître vivait loin de toute cette profusion. Ses jeûnes incessants, les mortifications constantes auxquelles il s’adonnait, tout ceci lui rappelait que la richesse n’appartient qu’à D. D’après les témoignages que nous possédons, il jeûnait les Lundis et jeudis et durant la période des « chovavim » il jeûnait toute la semaine. De même durant les jours entre le quinze du mois de  Av et le jour de Kippour il jeûnait, sans parler des jeûnes de la parole dont nul ne connaîtra jamais le nombre… Et lorsqu’il était invité à un repas ou à une festivité, les assiettes de tous les convives étaient aussitôt vidées tandis que seul le plat du tsadik restait intact. Et souvent, il terminait un jeûne à ce moment là mais il ne se permettait jamais de satisfaire sa faim qu’il avait d’ailleurs totalement maîtrisée. Souvent à la sortie du Chabbat, il devait commencer une nouvelle série de jeûnes (jeûne de la semaine) à laquelle il se préparait par un verre de thé et des restes de pain de Chabbat.

 

PUISSE LE MERITE DU TSADIK REJAILLIR SUR TOUT LE  PEUPLE D’ISRAEL ! Amen

abir yaacov

RABBI YAACOV ABI’HSSIRA (1806-1880)

 

En 1816, alors qu’il n’avait que 10 ans, le Tafilalet et toute la région connurent une grande famine. Sa mère inquiète lui avoua qu’elle n’avait plus rien à lui donner et lui de répondre tout naturellement : « mère, je vais aller au marché et avec l’aide de D…, je trouverai de quoi nous alimenter ».

Elle tenta de le dissuader car le marché était vide, mais il insista pour tenter sa chance. Il sortit et en approchant du marché il vit un homme de peau noire (chose inhabituelle dans cette région), chevauchant un grand mulet chargé de deux grands sacs. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, l’étrange personnage demanda à notre Maître : « charmant enfant, désires-tu te procurer du blé ? En effet, répondit-il, c’est dans ce but que je me dirigeai vers le marché. L’étranger continua de le questionner : as-tu des parents ? Et où habitent-ils ? » L’enfant l’accompagna et tout enthousiaste alla annoncer à sa mère ébahie qu’il avait trouvé du blé.

Entre-temps l’homme d’ébène avait déposé deux grands sacs pleins de blé dans la cour puis avait disparu. Les parents de notre Maître sortirent pour le payer, mais ils ne trouvèrent que le mulet attaché. Pendant quatre jours ils attendirent son retour, mais en vain. Ils comprirent alors qu’il s’agissait du Prophète Elie, qui était venu les secourir.

Dès l’âge de 16 ans, après le décès de son père, il fut investi des fonctions de Rav et responsable de la communauté de Rissani sous l’impulsion du Grand-Rabbin Mordékhai Ben Chimol. Celui-ci fut ébahi par ses connaissances dans tous les domaines de la Torah, et impressionné par ses vertus et qualités.

Un petit détail le concernant : chaque nuit il apprenait, par cœur, 18 chapitres de Michna. Il est impossible de décrire la vie extraordinaire de ce Saint homme comme en témoigne son propre fils, Rabbi Aharon, dans la préface des livres Doréch Tov et Ma’agalé Tsedeq. Quiconque était en contact avec lui s’en trouvait imprégné à la mesure du degré de sa propre âme.

Son vœu le plus cher était d’aller vivre en Erets Israel. A cinq  reprises il fit ses préparatifs, mais ses fidèles réussirent à le dissuader. Pourtant à la sixième tentative, il ne recula pas. Ses fidèles le suivirent pendant trois semaines en le suppliant de ne pas les abandonner. Mais il leur expliqua que cette fois-ci il répondait à un appel des cieux.

En route pour la Terre Sainte il fit escale à Damanhour, en Egypte. Il comprit qu’il était arrivé à sa destination finale et il demanda à reposer dans ce village, où avait séjourné 3500 ans auparavant son ancêtre, le Patriarche Ya’acov et ses enfants, le pays de Gochen.

Nos sages nous enseignent que les mérites des justes nous protègent plus encore après leur mort : c’est vrai pour notre Patriarche Ya’acov et c’est aussi vrai pour son digne descendant, notre Maître Ya’acov, comme va le montrer le récit suivant.

La main divine protégeait notre peuple bien avant la création de l’état d’Israël. Lors de la deuxième guerre mondiale, quand les tanks de Rommel se dirigèrent vers le « cœur du monde », les colonies juives ont sans aucun doute échappé à une mort certaine.

D’où est donc venu, en cet été 1942, l’ordre d’arrêter ces troupes ? Rommel était à l’époque à la tête de détachements surentraînés pour affronter le désert, et il ne fait aucun doute qu’elles auraient anéanti les soldats anglais se trouvant sur place. Après un contrôle total du continent européen le tyran voulait assujettir toute l’Afrique du Nord. C’est dans ce but qu’il envoya ses troupes et le renfort des blindés. Les troupes anglaises ne résistèrent pas longtemps à cette invasion, et les allemands arrivèrent aux portes d’Alexandrie, prêts à déferler sur Jérusalem et à livrer les juifs aux mains du mufti arabe. Les arabes en profitèrent pour maltraiter les juifs égyptiens, et c’est envahis par la haine, qu’ils se dirigèrent vers Damanhour où repose le sain et vénéré Rabbi Ya’acov ABIHSSIRA, de mémoire bénie. Ils saccagèrent la synagogue locale, brûlèrent un Séfer Tora et incendièrent le lieu de prières.

Cette même nuit, Rabbi Yitshak ALPIYA, de mémoire bénie, fit un rêve dans lequel apparut un homme vénérable qui l’interpella : 4‘puisque tu as l’habitude d’étudier sur les tombes des justes, pourquoi ne me rends-tu pas visite ?

Rabbi Yitshak répondit : qui est monseigneur ? La  réponse fut : Ya’acov ABIHSSIRA. Et où repose son honneur ? lui demanda Rabbi Yitshak. A Damanhour, en Egypte, et a présent dépêches-toi car de cela dépend le salut du peuple d’Israël.

Dès l’aube, Rabbi Yitshak se rendit à la synagogue de Beth-El (la synagogue des Cabbalistes dans la vieille ville de Jérusalem), et il raconta son rêve à ses compagnons d’étude.

Après la prière de Cha’hrit, il se rendit en compagnie de deux autres rabbins chez le gouverneur turc afin d’obtenir un laissez-passer pour l’Egypte, pour lui et neuf autres compagnons.

Le gouverneur lui répondit qu’il lui était interdit de délivrer un laissez-passer car un état d’urgence avait été décrété. C’est alors que Rabbi Yitshak lui raconta son rêve, en insistant sur le fait que l’objet de leur doléance était de prier sur la tombe du Saint.

Le gouverneur lui dit de voyager seul dans le train qui transportait les soldats vers le front, et de se débrouiller par ses propres moyens, à ses risques et périls. Lorsqu’il eut rejoint ses compagnons, et leur rapporta les propos du gouverneur, ils tentèrent de le dissuader d’entreprendre ce périlleux voyage.

Mais Rabbi Yisthak, poussé par sa foi inconditionnelle envers les Tsadikim, se mit en route. Le lendemain matin, muni de son talith et de ses téfilines, Rabbi Yitshak se dirigea vers la gare afin de se joindre au convoi des soldats. Arrivé à la gare, voilà que deux officiers s’avancèrent vers lui, lui demandèrent quel était son nom et aussitôt le hissèrent dans le wagon. Ils prirent place à côté de lui jusqu’à leur arrivée à destination, au Caire. Ils l’accompagnèrent jusqu’au quartier des juifs et disparurent.

Rabbi Yitshak fit son entrée dans la maison d’étude « Keter Torah » ce qui provoqua la stupéfaction des sages qui se trouvaient là. Est-il possible que ce soit Rabbi Yitshak ALPIYA de Jérusalem ? Et comment est-il parvenu jusqu’ici ?

Rabbi Yitshak leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son rêve extraordinaire. Dés qu’il termina son récit, plusieurs personnes décidèrent aussitôt de l’accompagner à Damanhour sur le tombeau du Tsadik. Ils se munirent de vivres et de tout le nécessaire pour ce voyage.

Lorsqu’ils arrivèrent enfin au lieu désiré, Rabbi Yitshak leur dit : « ici nous resterons et prierons jour et nuit jusqu’à ce que nos ennemis soient menés à la défaite grâce au mérite du Tsadik, car tout le peuple d’Israël est en péril. Ils firent le tiqoun du « Ta’anit dibour’’  jeûne de la parole qui consiste à lire trois fois le livre des Tehilim (Psaumes) depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, pendant deux jours et contournèrent le tombeau à sept reprises ; ils firent d’autres « tiqounim » pendant la nuit et lors de la troisième nuit un des disciples sortit à l’extérieur du mausolée. Il vit que toute la ville était illuminée (alors que le couvre-feu l’interdisait auparavant) et des cris de joie et d’allégresse se faisaient entendre au loin. Il s’empressa de rapporter la nouvelle aux autres rabbins, qui sortirent également. Ils apprirent aussitôt la grande nouvelle : victoire des troupes britanniques de Montgomery sur les troupes allemandes de Rommel à El־Alamein. C’était le 3 novembre 1942 (23 hechvan 5703).

Jérusalem était sur le point d’être conquise par les armées allemandes, lorsque la situation commença à changer. Pour la première fois, dans les annales militaires du 3ème Reich, les tanks allemands reculèrent au lieu d’avancer. Les détails de ce « miracle » sont inconnus, mais le major Peter W. RAINER a tenté, dans son livre « Pipeline to Battle », d’apporter un témoignage aussi fidèle que  possible .

Avec l’aide d’un bataillon juif, l’armée anglaise entra dans le désert égyptien pour combattre les troupes de Rommel. Afin de conserver de l’eau potable, les ingénieurs anglais testèrent des oléoducs avec de l’eau salée et, durant leur fuite face à l’arrivée des allemands, ils abandonnèrent les installations telles quelles. Quand, dans la chaleur étouffante du désert, les soldats allemands arrivèrent sur place, ils se jetèrent sur les réserves d’eau et se brûlèrent gravement la langue et l’estomac. Ils durent se résigner à se rendre. Quelle ne fut pas la surprise des anglais lorsqu’ils virent leurs ennemis condamnés à leur demander de l’aide ! Cet incident marqua le début de l’effondrement de la machine infernale.

A la suite de ce fait extraordinaire, les rabbins, imprégnés d’une immense joie, entonnèrent alors le hallel afin de remercier le Saint Béni soit-Il, libérateur d’Israël. Rabbi Yitshak raconta alors que pendant l’étude il aperçut une grande lumière sur la tombe du Tsadik ainsi qu’une colonne de feu qui montait du tombeau. Afin de faire connaître ce grand miracle à son retour à Jérusalem, Rabbi Yitshak fit l’acquisition d’un Sefer Torah majestueux. Et c’est, accompagné d’une foule fervente qu’il se rendit à Damanhour pour manifester sa joie et exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à l’Eternel notre D.ieu.

Lors de la cérémonie d’Introduction du Sefer Torah de nombreux dons furent versés et furent utilisés à l’achat de Teflilines et Mezouzot  pour les personnes nécessiteuses qui résidaient en Egypte.

Rabbi Yaacov Abihssira était pénétré du Rouah Hakodech, de l’Esprit Saint et avait le pouvoir d’accomplir des miracles. Les exemples en sont nombreux et sont illustrés par les récits authentiques qui se sont perpétués à travers le temps.Son corps, disait-on, était rattaché au sol, tandis que son esprit voguait dans les sphères supérieures.  


Rabbi Yaacov Abihssira est l’auteur de douze ouvrages. Certains y trouvent une allusion dans le verset : «Les fils de Yaacob furent au nombre de douze» (Béréchit 35;23). Parmi ses livres: Pitouhé Hotam, Mahsof Halavan et Lévona Zacca (des commentaires sur la Torah), Yorou Michpatékha Léyaacov (Responsa), Dorech Tov (receuil de Drachot), Bigdé Hassérad et Guinzé Hamélèkh (Cabbale). Ils ont tous été imprimés après la mort du Tsaddik.

Un jour, son fils, Rabbi Messod, demanda à son père l’autorisation de publier ses écrits.

Rabbi Yaacov lui répondit : «Mon fils ! Tu ne les imprimeras qu’après que j’aie rejoint l’autre monde. Là, je verrai s’ils ont l’agrément de D-ieu et je te le ferai savoir en rêve». Effectivement, après la mort du Tsaddik, Rabbi Messod vit son père dans un songe qui lui demandait de publier ses ouvrages, car il savait maintenant qu’ils étaient agréés par D-ieu.

Que les mérites du Tsadik nous protègent, ainsi que tout le peuple d’Israël