Le rapport entre le chapitre 28 des Nombres, qui ordonne la suite des sacrifices, et ce qui précède, est ainsi expliqué par Rachi : Qu’est-il dit auparavant ? Que l’Éternel institue un chef. Le Saint, béni soit-Il, lui dit : « Au lieu de Me faire des recommandations dans l’intérêt de Mes enfants, donne-leur des ordres en Mon honneur. » Moïse ici est comparable à une princesse qui, en quittant ce monde, fait à son époux des recommandations au sujet de ses enfants. Son mari lui répond : « Au lieu de me recommander les enfants, conseille-leur plutôt de ne pas se révolter ni me traiter à la légère. »
Ainsi dit l’Éternel : « Dis plutôt à Mes enfants de ne jamais Me confondre avec des dieux étrangers. » (Sifré).
Le rapport des sacrifices avec le Pays d’Israël ressort déjà de la réponse donnée jadis à Abraham par l’Éternel, lorsqu’il Lui avait demandé, au moment de «l’alliance entre les morceaux »: « Comment saurai-je que je posséderai le Pays ? » (Genèse 15, 8) « Les sacrifices quotidiens en seront la garantie », répondit l’Éternel. En effet, les sacrifices qu’ils offriront tous les jours représentent le dévouement quotidien et personnel de chaque juif pour son idéal.
Dans notre rituel, et en particulier dans la Amida il est fait allusion à ces sacrifices des Justes en Israël, à la bénédiction « Retsé »: « Les offrandes d’Israël et ses prières, accueille-les avec bienveillance ». Cette phrase fait écho aux innombrables victimes d’Israël qui tombent régulièrement en l’honneur de D.ieu.
Rabbi Chimchone Refael Hirsch, envisage la question dans la perspective suivante. « L’œuvre de Moïse, pour aussi importante qu’elle se présente, n’est pas fonction exclusivement de sa personnalité exceptionnelle. Son œuvre sera reprise, continuée et achevée par ses disciples, par le peuple tout entier. Ce n’est pas seulement la Torah de Moïse, mais c’est la Torah d’Israël qu’il s’agit de perpétuer. C’est peut-être pour cette raison que l’annonce de la succession de Moïse est suivie de l’énumération des sacrifices perpétuels. Ces sacrifices, dont certains sont quotidiens, symbolisent la perpétuité de la tradition de Moïse et la permanence de ses institutions. A vrai dire, ce chapitre de notre sidra sur les sacrifices est la fin de la partie législative proprement dite. C’est, nous enseigne-t-on, la dernière loi de l’époque du désert, car elle doit réunir toute l’expérience salutaire accumulée durant ces longues années.»
La raison pour laquelle, dans l’énumération qui suit, les sacrifices de Moussaf sont spécialement mentionnés, c’est que les sacrifices publics et collectifs sont sous la loi de la responsabilité collective.
Les Bné Israël commençaient à se rendre compte des charges et des droits de la responsabilité collective qu’ils allaient assumer dans leur patrie.
Enfin le commandement relatif aux sacrifices ouvrait aux Juifs des perspectives sur l’avenir messianique, et l’auteur du Chla les détaille longuement. L’avenir messianique, en effet, réserve à Israël les «suppléments» de sainteté et de bénédiction auquel le moussaf, c’est-à-dire le « supplément » des jours de fête, fait allusion.
C’est à cause de ce rapport avec le messianisme que la lecture publique de la sidra de Pin’has a lieu en général pendant les « trois semaines », entre le 17 Tamouz et le 9 Av, réveillant ainsi l’espérance en des temps meilleurs. En effet, D.ieu n’envoie jamais une plaie avant d’en avoir créé le remède (Meguila 13 b). Cette connexion se produit déjà dans la mention de Pin’has en tant que précurseur du Messie. C’est encore l’idée messianique qu’évoque la loi sur la succession puis le problème même de la succession de Moïse.
Enfin la législation des sacrifices nous fait entrevoir, à son tour, l’avènement de l’ère messianique dans les offrandes de Souccot.
Ainsi toute cette sidra et celles qui la suivent sont axées sur le Messie et apportent un message optimiste à l’époque où elles sont lues.
d’après La voix de la Torah