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Nouvel an des arbres

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SENS ET SIGNIFICATION

Le 15 Chevat est un des quatre jours fixés selon la tradition comme « commencement de l’année » (Michna Roch Hachana I, 1) : ce sont le 1er Nissan, le 1er Éloul, le 1er Tichri et le 15 Chevat.

Le 1er Nissan est le commencement de l’année dans le compte des années de règne des Rois d’Israël ; également en ce qui concerne les fêtes de pèlerinage.

Le 1er Éloul est le commencement de l’année pour la dîme du bétail. En effet, pour le prélèvement de cette dîme, le propriétaire devait rassembler tous les veaux (ou toutes les brebis) nés au cours de l’année, entre le 1er Éloul de l’année précédente et le 30 Av de l’année en cours; il les faisait défiler un à un par un étroit portillon, et marquait d’un trait rouge, indélébile, le dixième chaque fois.

Il est en effet interdit de prélever des veaux de la deuxième année par exemple comme dîme pour ceux de l’année précédente.

Le 1er Tichri est le commencement de l’année pour le compte des cycles sabbatiques, des années jubilaires; également pour les arbres nouvellement plantés, en ce qui concerne les trois années de   «Orla ». Enfin pour la dîme des céréales et des légumes verts.

Le 15 Chevat est le Nouvel An des arbres, en rapport à la dîme qu’il faut prélever sur leurs fruits.

Précisons que dans les années 1 et 2, ainsi que 4 et 5 du cycle sabbatique, on doit prélever deux dîmes : Ma’asser Richôn (qui en principe était donné aux Lévites), et Ma’asser Cheni qui devait être consommé à Jérusalem, à l’époque du Temple (voir Livre des Commandements, traduction du Séfer ‘Hinouk’h, page 383). Les troisième et sixième années du cycle, on prélève, à côté de la pre­mière dîme, la dîme des pauvres  Ma’asser ‘Ani. Or la règle énoncée plus haut pour la dîme du bétail, s’applique également aux prélèvements sur les produits de la terre : on ne doit pas prélever les fruits d’une année pour la récolte de l’année précédente.

En effet, le texte dit (Deutéronome 14, 22) : « De ce que rapporte ton champ, année par année », et Rachi explique à ce propos : de là, on déduit que l’on ne doit pas prélever la dîme de la nouvelle récolte pour l’ancienne. Or la date limite, pour les légumes verts et les céréales, c’est le 1er Tichri; pour les fruits des arbres, le 15 Chevat.

De même pour l’interdiction des fruits des trois premières années (Orla), la date limite est le 15 Chevat : seuls les fruits qui ont « maturé » (stade après la floraison) après le 15 Chevat, la qua­trième année après la plantation de l’arbre, sont permis à la consom­mation.  . Le choix de cette date s’explique par le fait qu’à la mi־Chevat, la majeure partie des pluies de l’année est tombée, et une sève renouvelée monte dans les arbres : la terre renouvelle en quelque sorte sa fertilité !

Le nouvel an des arbres (TOU BICHVAT), contrairement aux trois autres mentionnés dans la michna, est un jour ordinaire : il n’y a ni inter­diction du travail, ni mention spéciale dans la prière. Néanmoins, afin de souligner le caractère particulier de ce jour, on ne dit pas Ta’hanoun le 15 Chevat ni à Min’ha le jour qui précède, et l’on ne fait pas d’oraison funèbre (hesped). Et pour rappeler la signification de ce jour, on a l’habitude de consommer un choix de fruits d’Erets Israël. En effet, c’est en Erets Israël surtout que la terre renouvelle ses forces en cette époque de l’hiver finissant, pour donner à partir du printemps qui s’annonce, des fruits délicieux ! Or parmi les fruits qui font la gloire d’Erets Israël (Rachi Deutéronome 26, 2), cinq espèces sur sept sont des fruits des arbres!

Aussi le 15 Chevat est la « fête des arbres » en Erets Israël. Et en consommant les fruits des arbres (figues, dattes, raisins, olives, grenades), nous faisons une bénédiction spéciale afin d’exalter les qualités de cette Terre pro­mise aux ancêtres! La Torah précisément nous enseigne (Deutéronome 8, 7 à 11), insistant sur les qualités exceptionnelles d’Erets Israël, que nous devons bénir D.ieu « pour ce bon pays qu’il nous a donné ».

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Eloge d’érets Israël

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Nous avons parlé plus haut des fruits « qui font la gloire d’Erets Israël ». Voici à ce sujet quelques paroles de nos Sages.

Selon un Midrach, Erets Israël a été créé avant les autres régions habitées de la terre. Le Sifri, à propos du verset Deutéronome 11, 10 (« car le pays où tu vas entrer pour en prendre possession… ») s’exprime ainsi :

 Nous savons que tout ce qui est supérieur en qualité a été créé le premier : la Torah, qui est la chose la plus précieuse qui soit, a été créée avant le monde matériel (Proverbes 8, 22 : « D.ieu me créa au début de son action ») ;

Erets Israël, la préférée de toutes les terres, fut créée avant les autres (Proverbes 8, 26 : « avant qu’il eût fait la terre et ses vastes espaces… la masse des glèbes du sol »). Ce verset est interprété ainsi : la terre, ce sont les autres pays du monde; les vastes espaces, ce sont les déserts ; la masse des glèbes du sol, c’est Erets Israël.

Le mot « Tévél », à la fin de ce verset, est interprété comme « Tével » épice, condiment : une terre bénie de toutes les qualités! Et c’est ainsi que s’exprime aussi la Torah (Deutéronome 8, 9) : « pays qui ne manque de rien » !

TERRE D’ÉLECTION POUR LE PEUPLE ÉLU

« Voici, dit la Torah (Nombres 34, 2) quel territoire vous sera donné en partage : le pays de Canaan selon ses limites : « La terre M’appartient, dit Hachem (Psaumes 24, 1 : à Hachem appartient la terre et ce qui la remplit). Israël M’appartient (Levitique 25, 55 : c’est à Moi que les enfants d’Israël appartiennent comme esclaves); il est donc équitable, dit le Seigneur, que Je donne Mon pays en héri­tage à Mon peuple! à Mon serviteur fidèle! »

On peut faire la comparaison à un roi qui a un fils qu’il préfère à tous les autres et qui possède une vigne plus précieuse que toutes ses autres terres. Je donnerai donc en héritage, décide- t־il, ma vigne préférée à mon fils préféré.

Car cette terre d’Israël n’est pas comme les autres pays du monde! Ceux-ci obéissent aux lois de la nature, celle-ci non! Lors­qu’elle est bénie par D.ieu, elle produit beaucoup, même si l’on y sème peu; ses habitants mangent peu, et leur nourriture leur profite! Mais lorsque la bénédiction du Ciel fait défaut, rien ne peut amélio­rer le rendement de cette terre ! Car ce n’est pas uniquement de l’effort accompli que dépend le résultat!

 La Torah n’a-t-elle pas enseigné : « la bénédiction afin que vous observiez les commande­ments de D.ieu; la malédiction si vous n’observez pas… »

Dans les malédictions à la fin du Lévitique (26, 31), la Torah s’exprime ainsi : Moi-même, Je dévasterai le pays si bien que les ennemis qui l’occuperont, en seront stupéfaits ! Rachi dit à ce propos : ceci est un bienfait pour Israël, car les ennemis ne trouveront pas de satisfaction dans votre pays dévasté et dépeuplé ! Or nous voyons aujourd’hui, bien que la terre ne soit encore que partiel­lement libérée, bien que l’effet de deux millénaires de présence étrangère soit encore sensible, combien pourtant ses fruits sont délicieux, combien son paysage est féérique, combien l’air qu’on y respire est pur ! Quelle devait être sa beauté avant que nous en fussions exilés ! Et combien plus encore, elle sera une terre d’élection le jour où tous nos dispersés y seront revenus, le jour de notre libé­ration totale !

Les fruits d’Erets Israël, dit Rabbi Abba (Sanhédrin 98 a) seront les messagers de la libération définitive d’Israël; il n’y a pas de signe plus évident de l’approche de la fin des temps ! Il est dit (Ezéchiel 36, 8)  : « Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos fron­daisons et vous protégerez vos fruits pour Mon peuple Israël, car ils sont près de revenir ! » Rachi dit, en commentant ce passage : lorsque la terre d’Israël donnera ses fruits avec générosité, alors la fin des temps sera proche !

Et ce fut le cas aussi aux premiers temps de notre séjour dans cette terre bénie! Il est dit (Deutéronome 11, 11) : « Le pays que vous allez conquérir est un pays de montagnes et de vallées ! » S’agit-il là d’un désavantage du pays? Non, car pourquoi parle-t־il en même temps des vallées (qui par définition sont faciles à cultiver)? De même que les vallées produisent des moissons abondantes, les montagnes elles aussi donnent des fruits délicieux ! La diversité des terres en Erets Israël, est conforme, dit Rabbi Chimon bar Yo’haï à la diversité des tribus qui viendront les exploiter.

 PAYS OÙ COULE LE LAIT ET LE MIEL

Le Talmud rapporte de nombreux exemples de cette abondance en lait et en miel. Ainsi (Kétoubot 111b) cite un de nos maîtres qui était de passage à Bné Béraq. Voyant des chèvres qui broutaient l’herbe sous un figuier, il s’aperçut que leurs pieds baignaient dans un mélange de lait (coulant de leurs mamelles) et de miel (s’égouttant des figues) ! A quoi un de ses collègues réplique : Un soir, au crépus­cule, j’ai marché de Lod à Ono (distance de 3 km environ) : mes pieds baignaient jusqu’aux chevilles dans une rivière de miel !

Dans le même passage talmudique, Rav ‘Hisda interroge : Pourquoi ce pays (Erets Israël) est-il appelé « Erets Tsévi » (Jérémie 3, 19), je leur donnerai un patrimoine, magnifique entre tous! (la terre d’Israël est comparée à une gazelle par son charme, sa beauté). Le maître répond; de même que la gazelle, une fois dépouillée de sa peau, n’arrive plus à contenir toute cette chair, de même Erets Israël n’arrive pas à contenir ses fruits, telle est son abondance !

D’autres appliquent cette métaphore à la population du pays : lorsque le peuple juif habite cette terre bénie, il se sent au large, mais lorsque le pays est abandonné de ses habitants (qui sont exilés), il paraît étroit, étriqué !

Un autre midrach enfin, parlant de la Jérusalem future, dit : à la fin des temps, Jérusalem sera étendue comme Erets Israël ; et Erets Israël comme le monde entier ! (Pésikta Rabbati, I).

(adapté d’après les Ephémerides de l’année juive)