Nous sommes a priori étonnés du premier commentaire de Rachi, commentateur universel de la Torah et origine de Troyes, sur le premier livre de la Torah Berechit ou la Genèse. Contrairement à son habitude d’expliquer le texte le plus près du sens littéral, Rachi commence par nous citer un midrach Tan’houma que voici : « Rabbi Yits’hak dit : La Torah aurait dû commencer (au chapitre 12 de l’Exode) : « Ce mois-ci est pour vous le premier des mois », puisque c’est la première mitsva prescrite au peuple d’Israël. Pourquoi débuter avec Berechit ? (Nous en trouvons l’explication dans les Psaumes) : D.ieu fait connaître à son peuple la puissance de Ses oeuvres, afin de lui donner l’héritage des nations. Si les peuples du monde venaient à dire à Israël : Vous êtes des voleurs, c’est par la violence que vous avez conquis les terres des sept nations, on leur répondrait: Toute la terre appartient au Saint béni soit-Il. C’est Lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui bon Lui semble. Par un acte de Sa volonté; Il l’a donnée à ces peuples, et par un acte de Sa volonté, Il l’a reprise pour nous la donner à nous. »
D’autre part la Torah vient-elle nous raconter l’histoire du monde ? De plus les nations oseraient-ils traiter Israël de voleurs ? Seraient-ils sensibles à la réponse que leur fournirait Israël ?
La réponse à toutes ces questions est la suivante. D.ieu béni soit-Il scrute le temps au travers des nombreuses générations à venir, et voit de loin, le jour les nations contesteront au peuple d’Israël le droit de vivre sur sa terre ancestrale.
De plus, Rachi ne vécut-il pas les atrocités commises par les croisades contre les communautés juives françaises et autres, mettant à feu et à sang toute trace de sang juif, brûlant sur leur passage toutes les synagogues et maisons d’études en envoyant au bûcher leurs fidèles et leurs sages ? N’était-il pas témoin lui-même de la volonté de ces mêmes croisades de conquérir la terre d’Israël et surtout Jérusalem ?
Rachi témoin de ces pogroms répétés, s’est vu contraint dans ces conditions de commencer le commentaire de la Torah en expliquant le choix de D.ieu saint béni soit-Il, d’octroyer la terre d’Israël aux descendants d’Abraham Isaac et Jacob.
Rachi d’ailleurs continue son commentaire en expliquant le mot rechit (commencement) : « Le monde a été créé pour la Torah que l’Ecriture appelle le commencement de Sa voie (Proverbes 8, 22), et pour le peuple d’Israël que l’Ecriture appelle le commencement de sa moisson (Jérémie 2,3). »
Notre devoir est de nous pencher vers ce début historique de la Torah et comprendre que la Torah n’est pas un livre d’histoire mais une Torah vivante qui fut le seul compagnon du peuple d’Israël pendant près de deux millénaires d’exil, parsemés d’atrocités barbares de tout genre et de toute origine. C’est cette même Torah qui justifie pleinement le droit du peuple d’Israël à vivre sur sa terre ancestrale.
Quiconque s’exclurait de la foi en D.ieu et de la Torah, s’exclurait de fait du droit à vivre et à se réclamer de la terre d’Israël.