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PARACHAT VAYECHEV 5780

YOSSEF OU LE ROLE D’ISRAEL DANS L’EXIL

 Nous abordons ce Chabbat l’histoire de Yossef qui va occuper presque quatre sections de la Torah. La suite chronologique de la vie des Patriarches tranche par rapport au récit de leur vie que nous avons lu précédemment.

En effet, jusqu’à présent, Hachem est apparu pour intervenir directement dans les destinées des hommes qui sont à l’origine de notre histoire : Adam, Noa’h, Avraham, Yits’haq et Ya’akov auxquels II s’est manifesté ouvertement.

Pour Yossef, il n’en sera pas de même. Les événements qui jalonnent sa destinée peu commune, semblent d’ordre absolument naturel, humain. L’amour exagéré de son père envers lui, la jalousie de ses frères, les tentatives de séduction de la femme de Putiphar, la résistance de Yossef, son emprisonnement et son avènement au pouvoir en Egypte représentent une chaîne de circonstances qui, à première vue, ne relèvent pas du miracle.

Et pourtant, Yossef n’oublie pas un instant qu’à travers tous ces événements, tous ces bouleversements, c’est toujours Hachem qui, de façon cachée, dirige le cours de l’histoire. Dans ces sections, la présence du Saint béni soit-Il ne se révèle pas directement par des miracles et II ne s’adresse pas non plus à l’homme face à face.

Mais dans l’entourage de Yossef, la Providence se percevait dans la vie de tous les jours même par les non-Juifs car il proclamait à chaque instant « hacol bidey chamaïm » tout est dans les mains de D.ieu. « Et son maître [Putiphar] vit que D.ieu était avec [Yossef] et qu’il lui faisait réussir tout ce qu’il entreprenait » (39, 3). Rachi explique : « Le nom de D.ieu était fréquent dans sa bouche ».

Sans relâche, Yossef soulignait et rappelait que tout dépend de l’intervention divine. Lorsque Pharaon lui dit : « J’ai entendu de toi que tu savais interpréter les rêves !» (41, 15), il répondit : « Ce n’est pas moi ! C’est D.ieu qui répondra pour le bien-être de Pharaon ! » (41, 16).

Yossef n’aurait-il pas pu se taire dans l’espoir que, grâce à son intelligence, on le libérerait de son cachot ? Lorsqu’il se dévoila à ses frères, il leur répéta à plusieurs reprises : « Ne soyez pas en colère contre vous-mêmes de m’avoir vendu ici car c’est pour vous nourrir que D.ieu m’a envoyé [en Egypte] avant vous » (45, 5) ou encore : « Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici mais D. » (45, 8). Démontrer l’intervention divine dans les choses les plus naturelles, tel est le rôle que Yossef s’est donné en Egypte. Peut-être pour la même raison fut-il puni de deux ans de prison supplémentaires : solliciter l’aide de l’échanson représentait un petit écart par rapport à sa ligne de conduite.

Yossef en Egypte, c’est l’histoire du peuple juif en exil. Lorsque Israël était sur sa terre, l’existence de D.ieu se manifestait ouvertement dans le Temple. Dans l’obscurité de l’exil, son rôle non moins sublime est de démontrer au monde, à l’instar de Yossef, la réalité de la Providence cachée, le doigt de D.ieu à travers les événements apparemment naturels de l’histoire.

Du reste, c’est dans le même ordre d’idées qu’à Hanoucca nous allumons huit bougies et non pas sept. La quantité d’huile découverte dans le Temple n’était-elle pas suffisante pour le premier jour ? Où était donc le miracle du premier jour ? En réalité, le naturel n’est pas moins extraordinaire que le surnaturel. La première lumière des bougies doit être disposée sur le même plan que les sept autres. Ceci nous rappelle que tout ce qui est « habituel et normal » dépend, dans la même mesure que le miracle, de l’intervention de D.ieu:

Un autre élément précurseur de notre histoire peut se dégager du récit de Yossef. En effet, si l’on considère chaque étape de sa vie, aucune n’est une suite logique de l’autre :

  1. Tout d’abord, Yossef étant le préféré de son père, un bel avenir et un important héritage lui semblent assurés.
  2. Pourtant, il se retrouve au fond d’un puits rempli de scorpions, c’est certainement la fin…
  3. Cependant, il devient l’homme de confiance et l’Intendant général du ministre égyptien Putiphar, une situation d’avenir !
  4. Soudain, il est jeté au cachot à la suite d’une terrible diffamation et il y finira certainement ses jours.
  5. Mais voilà que, du jour au lendemain, Yossef devient le vice-roi tout puissant de l’Egypte.

Par cette suite d’épisodes tout à fait inattendus, la Torah nous montre qu’au fond, ce ne sont pas les éléments sociologiques, politiques, économiques qui déterminent l’Histoire (et, en particulier, celle du peuple juif). Ce sont, au contraire, des facteurs imprévisibles, apparemment fortuits, dépassant le domaine humain qui tracent notre parcours.

C’est peut-être l’un des points reliant notre paracha avec ‘Hanoucca. Sous la domination d’Antiochus, les Juifs ont vécu l’une des plus sombres époques de leur histoire. Tout historien aurait prédit que la suite logique des événements serait la disparition pure et simple du peuple juif. Or, c’est à ce moment précis que le royaume de Judée renaquit et, plus fort que jamais, il retrouva son indépendance. Lorsqu’il n’y a presque plus d’huile, le miracle se produit et la lumière jaillit !

L’histoire d’Israël ressemble à une suite d’illogismes, à la répétition continuelle de l’épisode de Yossef et de ‘Hanoucca. La meilleure preuve en est que nous sommes toujours là en tant que Juifs. Si seuls les événements historiques nous avaient régi, nous ne serions pas ici aujourd’hui.

Parfois, nous avons l’impression d’avoir touché le fond du puits et il nous semble que l’huile va manquer. Toutefois, forts de l’expérience de notre histoire exceptionnelle, nous savons que notre situation au plus bas de l’échelle constitue le prélude au redressement du Judaïsme.

Il nous incombe à tous de participer de toutes nos forces à ce relèvement qui nous mènera à l’ère messianique.

 (adapté à partir de Imré Cohen)

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