D.ieu parla à Moïse en disant : « Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux ailes de leurs vêtements, dans toutes générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur. ״ Cela formera pour vous des franges, vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de D.ieu, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité. Afin que vous vous rappeliez et vous accomplissiez tous mes commandements et vous serez saints pour votre D.ieu».
Rachi : « Le mot ציצת (tsitsit) a pour valeur numérique six cents et si l’on y ajoute les huit fils et les cinq nœuds (qui les composent) on obtient un total de six cent treize. »
Mais pour Na’hmanide, le rappel des commandements dépend du fil d’azur, selon la remarque de Rabbi Méir: « En quoi la couleur תכלת (bleu azur) se distingue-t-elle de toutes les autres ? Parce qu’elle ressemble à la mer, la mer au firmament, et le firmament au trône de la Gloire divine.» Chaque frange se compose de quatre fils blancs, dont l’un était à moitié passé au bleu, si bien qu’une fois les fils attachés au coin du vêtement, on obtenait sept fils blancs et un bleu.
Dans les habits sacerdotaux et dans le Tabernacle cette dernière couleur était dominante, aussi était-elle réputée comme la teinte privilégiée du Seigneur, unie au blanc dans les tsitsiot. Celles-ci représentent le «sceau du Roi sur ses esclaves.» Ainsi chaque matin en revêtant les tsitsiot, les Israélites se rappellent qu’ils sont les serviteurs de D.ieu, qu’ils ont accepté Ses commandements par serment et par proclamation solennelle (Sfomo). Le Zohar commente ce verset de la manière suivante. La Torah emploie, pour désigner la plaque qui ornait le front du Grand-Prêtre, le mot tsits est masculin . Grâce à elle, il pouvait «voir» les hommes et nul n’échappait à cet examen qui pénétrait au fond de la conscience. Tsitsit par contre, est au féminin et permet à l’homme d’«entrevoir la Divinité», d’appréhender la Justice de Dieu. Le fil bleuâtre symbolise le Trône divin, selon le processus indiqué par Rabbi Méir (voir ci-dessus), et plus spécialement le Trône d’où les hommes sont jugés pour leurs crimes» — dont leur vie dépend. Mais par rapport au blanc, le bleuâtre a une valeur huit fois moindre, car le blanc représente le principe d’amour du Trône divin, comme cela ressort du verset (Ezéchiel 24, 10) « sous les pieds du Trône divin comme une œuvre de blanc de saphir». Cette expression décrit bien les tsitsiot : le fil bleu s’attache aux fils blancs avec la même tendance que la rigueur de la Justice cherche l’amour de D.ieu. Voilà pourquoi les Sages prescrivent de réciter le Chema le matin à partir du moment où l’œil humain peut distinguer le blanc du bleuâtre. Enfin, ces deux couleurs doivent se comporter entre elles comme la droite avec la gauche, le blanc à droite devant dominer à gauche le fil bleuâtre.
De nos jours, il faut renoncer au fil bleuâtre dans l’observance de la mitsva des tsitsiot. La Michna (Mena’hoth. 38 a) assure, en effet, que l’absence du fil bleuâtre n’amoindrit pas la valeur du commandement accompli avec des fils blancs seulement, et Rabbi Méir — qui nous avait enseigné la valeur du fil bleuâtre — déclare que la sanction qui frappe la négligence de la mitsva des fils blancs est plus grave que pour le fil bleuâtre. Les tsitsiot uniquement composées de fils blancs symbolisent la Justice divine sous la forme de l’amour et de la grâce — et c’est cela qui remplit le Juif de joie ! Rabbi ‘Hayim ben Attar affirme que c’est pour cette raison que D.ieu a exigé de choisir une couleur qui n’existe plus de nos jours. Lorsqu’on s’enveloppe du talit, on exprime son exaltation par les mots du Psaume (36,8 et 11) : « Qu’elle est précieuse, ô Dieu, Ta grâce ! Les hommes se protègent à l’ombre de Tes ailes. Etends Ta grâce à ceux qui Te connaissent, et Ta charité à ceux dont le cœur est droit. »
Telles sont les considérations qui motivent et animent notre action au service de D.ieu.
(adapté à partir de la Voix de la Torah)