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abir yaacov

RABBI YAACOV ABI’HSSIRA (1806-1880)

 

En 1816, alors qu’il n’avait que 10 ans, le Tafilalet et toute la région connurent une grande famine. Sa mère inquiète lui avoua qu’elle n’avait plus rien à lui donner et lui de répondre tout naturellement : « mère, je vais aller au marché et avec l’aide de D…, je trouverai de quoi nous alimenter ».

Elle tenta de le dissuader car le marché était vide, mais il insista pour tenter sa chance. Il sortit et en approchant du marché il vit un homme de peau noire (chose inhabituelle dans cette région), chevauchant un grand mulet chargé de deux grands sacs. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, l’étrange personnage demanda à notre Maître : « charmant enfant, désires-tu te procurer du blé ? En effet, répondit-il, c’est dans ce but que je me dirigeai vers le marché. L’étranger continua de le questionner : as-tu des parents ? Et où habitent-ils ? » L’enfant l’accompagna et tout enthousiaste alla annoncer à sa mère ébahie qu’il avait trouvé du blé.

Entre-temps l’homme d’ébène avait déposé deux grands sacs pleins de blé dans la cour puis avait disparu. Les parents de notre Maître sortirent pour le payer, mais ils ne trouvèrent que le mulet attaché. Pendant quatre jours ils attendirent son retour, mais en vain. Ils comprirent alors qu’il s’agissait du Prophète Elie, qui était venu les secourir.

Dès l’âge de 16 ans, après le décès de son père, il fut investi des fonctions de Rav et responsable de la communauté de Rissani sous l’impulsion du Grand-Rabbin Mordékhai Ben Chimol. Celui-ci fut ébahi par ses connaissances dans tous les domaines de la Torah, et impressionné par ses vertus et qualités.

Un petit détail le concernant : chaque nuit il apprenait, par cœur, 18 chapitres de Michna. Il est impossible de décrire la vie extraordinaire de ce Saint homme comme en témoigne son propre fils, Rabbi Aharon, dans la préface des livres Doréch Tov et Ma’agalé Tsedeq. Quiconque était en contact avec lui s’en trouvait imprégné à la mesure du degré de sa propre âme.

Son vœu le plus cher était d’aller vivre en Erets Israel. A cinq  reprises il fit ses préparatifs, mais ses fidèles réussirent à le dissuader. Pourtant à la sixième tentative, il ne recula pas. Ses fidèles le suivirent pendant trois semaines en le suppliant de ne pas les abandonner. Mais il leur expliqua que cette fois-ci il répondait à un appel des cieux.

En route pour la Terre Sainte il fit escale à Damanhour, en Egypte. Il comprit qu’il était arrivé à sa destination finale et il demanda à reposer dans ce village, où avait séjourné 3500 ans auparavant son ancêtre, le Patriarche Ya’acov et ses enfants, le pays de Gochen.

Nos sages nous enseignent que les mérites des justes nous protègent plus encore après leur mort : c’est vrai pour notre Patriarche Ya’acov et c’est aussi vrai pour son digne descendant, notre Maître Ya’acov, comme va le montrer le récit suivant.

La main divine protégeait notre peuple bien avant la création de l’état d’Israël. Lors de la deuxième guerre mondiale, quand les tanks de Rommel se dirigèrent vers le « cœur du monde », les colonies juives ont sans aucun doute échappé à une mort certaine.

D’où est donc venu, en cet été 1942, l’ordre d’arrêter ces troupes ? Rommel était à l’époque à la tête de détachements surentraînés pour affronter le désert, et il ne fait aucun doute qu’elles auraient anéanti les soldats anglais se trouvant sur place. Après un contrôle total du continent européen le tyran voulait assujettir toute l’Afrique du Nord. C’est dans ce but qu’il envoya ses troupes et le renfort des blindés. Les troupes anglaises ne résistèrent pas longtemps à cette invasion, et les allemands arrivèrent aux portes d’Alexandrie, prêts à déferler sur Jérusalem et à livrer les juifs aux mains du mufti arabe. Les arabes en profitèrent pour maltraiter les juifs égyptiens, et c’est envahis par la haine, qu’ils se dirigèrent vers Damanhour où repose le sain et vénéré Rabbi Ya’acov ABIHSSIRA, de mémoire bénie. Ils saccagèrent la synagogue locale, brûlèrent un Séfer Tora et incendièrent le lieu de prières.

Cette même nuit, Rabbi Yitshak ALPIYA, de mémoire bénie, fit un rêve dans lequel apparut un homme vénérable qui l’interpella : 4‘puisque tu as l’habitude d’étudier sur les tombes des justes, pourquoi ne me rends-tu pas visite ?

Rabbi Yitshak répondit : qui est monseigneur ? La  réponse fut : Ya’acov ABIHSSIRA. Et où repose son honneur ? lui demanda Rabbi Yitshak. A Damanhour, en Egypte, et a présent dépêches-toi car de cela dépend le salut du peuple d’Israël.

Dès l’aube, Rabbi Yitshak se rendit à la synagogue de Beth-El (la synagogue des Cabbalistes dans la vieille ville de Jérusalem), et il raconta son rêve à ses compagnons d’étude.

Après la prière de Cha’hrit, il se rendit en compagnie de deux autres rabbins chez le gouverneur turc afin d’obtenir un laissez-passer pour l’Egypte, pour lui et neuf autres compagnons.

Le gouverneur lui répondit qu’il lui était interdit de délivrer un laissez-passer car un état d’urgence avait été décrété. C’est alors que Rabbi Yitshak lui raconta son rêve, en insistant sur le fait que l’objet de leur doléance était de prier sur la tombe du Saint.

Le gouverneur lui dit de voyager seul dans le train qui transportait les soldats vers le front, et de se débrouiller par ses propres moyens, à ses risques et périls. Lorsqu’il eut rejoint ses compagnons, et leur rapporta les propos du gouverneur, ils tentèrent de le dissuader d’entreprendre ce périlleux voyage.

Mais Rabbi Yisthak, poussé par sa foi inconditionnelle envers les Tsadikim, se mit en route. Le lendemain matin, muni de son talith et de ses téfilines, Rabbi Yitshak se dirigea vers la gare afin de se joindre au convoi des soldats. Arrivé à la gare, voilà que deux officiers s’avancèrent vers lui, lui demandèrent quel était son nom et aussitôt le hissèrent dans le wagon. Ils prirent place à côté de lui jusqu’à leur arrivée à destination, au Caire. Ils l’accompagnèrent jusqu’au quartier des juifs et disparurent.

Rabbi Yitshak fit son entrée dans la maison d’étude « Keter Torah » ce qui provoqua la stupéfaction des sages qui se trouvaient là. Est-il possible que ce soit Rabbi Yitshak ALPIYA de Jérusalem ? Et comment est-il parvenu jusqu’ici ?

Rabbi Yitshak leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son rêve extraordinaire. Dés qu’il termina son récit, plusieurs personnes décidèrent aussitôt de l’accompagner à Damanhour sur le tombeau du Tsadik. Ils se munirent de vivres et de tout le nécessaire pour ce voyage.

Lorsqu’ils arrivèrent enfin au lieu désiré, Rabbi Yitshak leur dit : « ici nous resterons et prierons jour et nuit jusqu’à ce que nos ennemis soient menés à la défaite grâce au mérite du Tsadik, car tout le peuple d’Israël est en péril. Ils firent le tiqoun du « Ta’anit dibour’’  jeûne de la parole qui consiste à lire trois fois le livre des Tehilim (Psaumes) depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, pendant deux jours et contournèrent le tombeau à sept reprises ; ils firent d’autres « tiqounim » pendant la nuit et lors de la troisième nuit un des disciples sortit à l’extérieur du mausolée. Il vit que toute la ville était illuminée (alors que le couvre-feu l’interdisait auparavant) et des cris de joie et d’allégresse se faisaient entendre au loin. Il s’empressa de rapporter la nouvelle aux autres rabbins, qui sortirent également. Ils apprirent aussitôt la grande nouvelle : victoire des troupes britanniques de Montgomery sur les troupes allemandes de Rommel à El־Alamein. C’était le 3 novembre 1942 (23 hechvan 5703).

Jérusalem était sur le point d’être conquise par les armées allemandes, lorsque la situation commença à changer. Pour la première fois, dans les annales militaires du 3ème Reich, les tanks allemands reculèrent au lieu d’avancer. Les détails de ce « miracle » sont inconnus, mais le major Peter W. RAINER a tenté, dans son livre « Pipeline to Battle », d’apporter un témoignage aussi fidèle que  possible .

Avec l’aide d’un bataillon juif, l’armée anglaise entra dans le désert égyptien pour combattre les troupes de Rommel. Afin de conserver de l’eau potable, les ingénieurs anglais testèrent des oléoducs avec de l’eau salée et, durant leur fuite face à l’arrivée des allemands, ils abandonnèrent les installations telles quelles. Quand, dans la chaleur étouffante du désert, les soldats allemands arrivèrent sur place, ils se jetèrent sur les réserves d’eau et se brûlèrent gravement la langue et l’estomac. Ils durent se résigner à se rendre. Quelle ne fut pas la surprise des anglais lorsqu’ils virent leurs ennemis condamnés à leur demander de l’aide ! Cet incident marqua le début de l’effondrement de la machine infernale.

A la suite de ce fait extraordinaire, les rabbins, imprégnés d’une immense joie, entonnèrent alors le hallel afin de remercier le Saint Béni soit-Il, libérateur d’Israël. Rabbi Yitshak raconta alors que pendant l’étude il aperçut une grande lumière sur la tombe du Tsadik ainsi qu’une colonne de feu qui montait du tombeau. Afin de faire connaître ce grand miracle à son retour à Jérusalem, Rabbi Yitshak fit l’acquisition d’un Sefer Torah majestueux. Et c’est, accompagné d’une foule fervente qu’il se rendit à Damanhour pour manifester sa joie et exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à l’Eternel notre D.ieu.

Lors de la cérémonie d’Introduction du Sefer Torah de nombreux dons furent versés et furent utilisés à l’achat de Teflilines et Mezouzot  pour les personnes nécessiteuses qui résidaient en Egypte.

Rabbi Yaacov Abihssira était pénétré du Rouah Hakodech, de l’Esprit Saint et avait le pouvoir d’accomplir des miracles. Les exemples en sont nombreux et sont illustrés par les récits authentiques qui se sont perpétués à travers le temps.Son corps, disait-on, était rattaché au sol, tandis que son esprit voguait dans les sphères supérieures.  


Rabbi Yaacov Abihssira est l’auteur de douze ouvrages. Certains y trouvent une allusion dans le verset : «Les fils de Yaacob furent au nombre de douze» (Béréchit 35;23). Parmi ses livres: Pitouhé Hotam, Mahsof Halavan et Lévona Zacca (des commentaires sur la Torah), Yorou Michpatékha Léyaacov (Responsa), Dorech Tov (receuil de Drachot), Bigdé Hassérad et Guinzé Hamélèkh (Cabbale). Ils ont tous été imprimés après la mort du Tsaddik.

Un jour, son fils, Rabbi Messod, demanda à son père l’autorisation de publier ses écrits.

Rabbi Yaacov lui répondit : «Mon fils ! Tu ne les imprimeras qu’après que j’aie rejoint l’autre monde. Là, je verrai s’ils ont l’agrément de D-ieu et je te le ferai savoir en rêve». Effectivement, après la mort du Tsaddik, Rabbi Messod vit son père dans un songe qui lui demandait de publier ses ouvrages, car il savait maintenant qu’ils étaient agréés par D-ieu.

Que les mérites du Tsadik nous protègent, ainsi que tout le peuple d’Israël

Les 6 jeûnes obligatoires de l’année juive

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Notre calendrier connaît six jeûnes obligatoires : le premier, ordonné par la Torah, c’est Kippour ; quatre jeûnes ont été institués par les prophètes, à l’époque de la destruction du premier Temple ; enfin le sixième a été institué à une époque plus récente, probablement celle des Gaonim, il est donc d’ordre rabbinique.

Ont été institués par les prophètes : le jeûne de Guédalya, le 10 Tévet, le 17 Tamouz et le 9 Av. Enfin le jeûne d’Esther ordonné à l’époque des Gaonim, a été fixé le 13 Adar, la veille de Pourim.

Les 4 jeûnes ordonnés par les derniers prophètes, doivent nous rappeler les malheurs qui ont frappé Israël, et dont le point culmi­nant a été la destruction du Temple et notre dispersion au milieu des nations, dans tous les pays du monde. Ainsi nous lisons dans Zacharie (8, 19) : « Le jeûne du quatrième mois et le jeûne du cin­quième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois seront changés pour la maison d’Israël en jours de joie… ». Le jeûne du quatrième mois, c’est le 17 Tamouz où fut prise d’assaut la ville de Jérusalem par les Romains (la prise de la ville par l’armée de Nabuchodonosor eut lieu le 9 du même mois.

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La traduction des Septante

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Dans une première période de plus de 150 ans, la Judée était une satrapie du royaume de Perse. Puis elle fut conquise par Alexan­dre de Macédoine, qui construisit son empire sur les ruines de celui des Perses. Après la mort d’Alexandre le Grand et des luttes san­glantes durant plus de vingt ans entre ses successeurs, la Palestine devait faire partie du royaume des Ptolémées. Comme il a été précisé plus haut, le Roi Ptolémée II, esprit curieux, avide de s’instruire dans tous les domaines désira connaître également la Tora des Juifs. Il demanda donc au Grand Prêtre de Jérusalem de lui envoyer 72 Sages, capables de traduire la Tora de Moïse en grec.

Le Roi les installa chacun dans un appartement séparé, et leur demanda de traduire en grec la Tora ; et Dieu les inspira pour qu’ils donnent tous rigoureusement la même traduction du texte sacré, sans qu’ils aient eu la possibilité de se consulter à l’avance à ce sujet. Pour certains versets, les rabbins donnèrent une traduction non littérale du texte, afin d’éviter une interprétation erronée par les païens du texte divin. Ces passages furent également modifiés de façon identique dans les 72 versions !

Nous pouvons voir dans cette coïncidence un véritable miracle. L’intention secrète du Roi Ptolémée avait été sans aucun doute de mettre dans l’embarras les savants juifs au cas où tel pas­sage était présenté de manière différente par les différents traducteurs. Il en aurait conclu que la Tora n’est pas différente des œuvres litté­raires imaginées par un auteur humain, et dont le texte prête souvent à discussion. En inspirant les 72 savants pour qu’ils donnent des versions identiques, Dieu a donc « brisé les dents des méchants » (Ps. 3, 6) : Il a désarmé d’éventuels calomniateurs !

Cette traduction fut remise au roi le 8 Tevet. Bien que ce fut là une manifestation grandiose de l’origine divine de la Tora de Moïse, nos Sages ont néanmoins déclaré que ce jour était néfaste pour Israël comme le jour du veau d’or ! A ce sujet, la « Méguillat Taanit » s’exprime ainsi : « la Tora fut traduite en grec à l’époque du Roi Ptolémée, et le monde fut plongé dans les ténèbres trois jours durant ! A quoi peut-on comparer cet événement ? A un lion qui est capturé et mis en cage : avant sa capture, tout le monde avait peur de lui et s’enfuyait en le voyant; maintenant, tout le monde vient le contempler dans sa cage en demandant : où est sa force?

Ainsi en est-il de la Torah : tant qu’elle est confiée à Israël seu­lement, interprétée par les Sages d’Israël, le monde entier l’admire et ne songe pas à mettre en doute sa véracité, sa supériorité ! Main­tenant qu’elle est traduite en toute langue, on discutera son texte, on le critiquera, on le corrigera…

La comparaison avec le veau d’or s’explique facilement : de même que cette idole n’avait aucun pouvoir, aucune existence réelle, de même la traduction comparée au texte divin, est restée lettre morte !

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Le mois de Tevet

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Le nom de ce mois, le dixième de l’année en comptant à partir de Nissan, est mentionné dans le livre d’Esther, chapitre 2, 16 : Esther fut conduite au Roi Assuérus dans son palais royal, le dixième mois qui est le mois de Tévet.

MOIS D’ÉPREUVES ET DE PEINES

La tradition nous apprend que trois événements tristes se sont produits en Tévet, et en conséquence trois jeûnes y ont été fixés : le 8, le 9 et le 10 du mois. Les deux premiers, appelés jeûnes des Tsaddikim, ne sont observés que par des volontaires; le 10 est un jeûne public (Taanit Tsibour).

Le 8 Tévet est le jour funeste (à certains égards tout au moins) où la Torah fut traduite en grec, sur ordre de Ptolémée II (Philadelphos) roi d’Egypte, dont dépendait la province de Judée à cette époque (3° siècle avant l’ère chrétienne). Ce jour-là, est-il dit dans Méguillat Taanit, fut aussi funeste pour Israël que celui où fut fabriqué le veau d’or. Effectivement les Juifs d’Égypte se réjouirent beaucoup de la facilité qui leur fut donnée ainsi de lire la Torah en traduction  grecque; mais ils finirent par oublier leur attachement a la croyance de  leurs ancêtres, et s’hellénisèrent rapidement!

Le 9 Tevet est  le jour anniversaire de la mort d’Ezra et de Néhémie selon la même  tradition (Méguilat Taanit).

 Enfin le 10 Tévet a été institué par les prophètes comme jeûne public parce que ce jour־là, Nabuchodonosor, Roi de Babylone, commença a investir   Jérusalem, qui fut prise d’assaut un an et demi plus tard.

Une autre épreuve a frappé le peuple d’Israël au cours de ce mois. Selon la tradition, c’est le 1er Tévet que le Roi de Babylone emmena en captivité le Roi Joïachim (avant-dernier roi de Juda) et avec lui, l’élite du peuple, dix mille exilés en tout (parmi eux, Mardochée comme nous lisons dans le chapitre II du Livre d’Esther).

 C’est le 23 Tévet qu’eut lieu en l’an 5258, l’expulsion des Juifs du Portugal, quelques années seulement après celle des Juifs d’Espagne (9 Av 5252). Une minorité d’entre eux accepta le baptême pour la forme et continua à pratiquer en secret les lois de la Torah.

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Parachat Vayera 5776 – Comment l’Homme peut-il être supérieur aux anges?

Parachat Vayera 5776 – Comment l’Homme peut-il être supérieur aux anges?

« Et voici que trois hommes se tenaient debout à côté de lui » (Genèse 18, 2).

En réalité, ces trois hommes étaient des anges. Pourquoi vinrent-ils chez Avraham au nombre de trois ? Pour nous enseigner, dit Rachi, qu’un ange n’effectue jamais deux missions à la fois. Le Maharal explicite ce commentaire de Rachi : lorsqu’un ange, un malakh, remplit une mission, il l’accomplit toujours de façon totale et absolue. Il ne peut donc en effectuer qu’une seule et unique à la fois.

On peut également se demander dans quel but D.ieu a trouvé nécessaire de faire régner ce jour-là une chaleur surnaturelle en sortant le soleil de son orbite et pour quelle raison II a envoyé à Avraham des anges au lieu des voyageurs habituels.

Au début de la Genèse, le midrach nous raconte que les anges ont cherché à empêcher le Tout-Puissant de créer l’homme. Un autre midrach nous apprend qu’ils ont voulu empêcher D.ieu de donner la Torah à Moïse notre maître. Pour réduire les anges au silence, D.ieu transforma les traits du visage de Moïse notre maître en ceux d’Avraham. Quelle est le sens de ces deux midrachim ?

A deux reprises – au moment de la création et lors du don de la Torah – les anges ont dit à D.ieu : « Un ange accomplit toujours la volonté divine de façon absolue et infaillible. Par contre, un être humain doté de libre arbitre sera confronté à des situations qui mettront en jeu de nombreux impératifs parfois inconciliables. N’en viendra-t-il pas à se contenter de compromis ? Vaut-il la peine de le créer ? De plus, est-il judicieux de lui donner la Torah ?

D.ieu leur montra donc qu’après l’accomplissement de la circoncision à un âge avancé, [effort maximum dans le domaine des mitsvot envers son Créateur,] Avraham notre patriarche fut prêt à s’investir avec le même dévouement dans l’accomplissement des mitsvot envers les hommes. Encore souffrant de la circoncision, il se posta à l’entrée de sa tente dans la chaleur torride du jour pour guetter la présence de voyageurs à inviter chez lui. A travers Avraham, D.ieu a prouvé aux anges que l’homme était capable, lui aussi, d’accomplir de façon absolue la volonté divine même s’il est confronté à des difficultés.

Il est donc supérieur aux anges et c’est pourquoi il occupe une place centrale dans la création : la marche des astres dépend de lui (le soleil fut sorti de son écrin) et même les anges sont à son service (ils furent envoyés à Avraham notre patriarche sous l’apparence de voyageurs). C’est donc pour justifier la création de l’homme et le don de la Torah que D.ieu envoya les anges chez Avraham.

Nous devons donc être conscients que, pour accomplir notre mission sur terre et donner un sens à notre existence, c’est cet effort maximum dans l’accomplissement de la volonté divine que nous devons fournir.

(adapté à partir de Imré Cohen)

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PARACHAT LEKH LEKHA 5776 – COMMENT UNE MINORITE PEUT ECLAIRER TOUTE L’HUMANITE?

     L’alliance entre les morceaux (Genèse 15) à laquelle D.ieu convie Avraham n’est, d’après l’ensemble des commentateurs, que la préfiguration de l’histoire du peuple juif.

   La génisse, la chèvre et le bélier qu’Avraham découpe en leur milieu correspondent aux grands empires qui s’attaqueront tour à tour à la Communauté d’Israël et qui s’effondreront les uns après les autres. “Et l’oiseau, il ne le fendit point”. La colombe, symbole d’Israël, ne disparaît pas. Elle résiste à toutes les épreuves de l’histoire et le peuple juif se perpétue, intact, à travers les âges. Cette vision extraordinaire qui s’offre à Avraham n’a pas seulement une portée historique, c’est toute une conception philosophique du monde que D.ieu révèle à notre patriarche.

   La destinée d’Israël se place entièrement en dehors des notions de force matérielle et numérique. Le Tout-Puissant dit, en effet, à Avraham (Rachi sur Genese15, 5) : « Sors des conceptions [astrologiques] qui étaient les tiennes jusqu’à présent. Tu considérais, jusqu’à maintenant, que tu ne pourrais pas avoir de descendant. Effectivement, Abram n’aura pas de fils mais Avraham engendrera… »

       Pourquoi ceci sera-t-il possible précisément par l’adjonction de la lettre « Hé » ? Il est écrit, à ce propos, dans Genèse 2, 4 : Behibaream = Be « Hé » beraam – C’est avec un « Hé » qu ’11 les créa. Le « Hé » est la lettre qui se prononce avec le moins d’effort comme si le Saint béni soit-il avait voulu montrer aux êtres humains que Sa Toute Puissance est telle que la Création de notre Univers, aux dimensions et aux structures infinies, ne Lui a demandé absolument aucune peine. Tel est le signe dont seront porteurs les descendants d’Avraham : s’efforcer de vivre en tenant compte le moins possible des notions de force numérique, physique, matérielle ; c’est avant tout s’affirmer le témoin permanent du fait que c’est D.ieu et D.ieu seul qui, dans Son infinie grandeur, régit partout et toujours le développement de l’histoire du monde. Appartenir à la minorité spirituelle que représente le peuple juif, c’est réunir en ses mains des atouts décisifs pour approfondir sa Foi, pour reconnaître véritablement son Créateur.

Cependant, D.ieu a voulu assurer à Son peuple un autre avantage en concluant cette Alliance avec Avraham. Orienter l’histoire d’un peuple qui ne représentera, selon les valeurs des nations, qu’une minorité numérique quasi dérisoire, c’est assurer d’emblée une objectivité totale, un caractère de vérité absolue au message que ce Peuple apportera à l’humanité.

Si les nations, soucieuses de préserver leur influence et leur position de force, font fi de tout souci de vérité ou de justice pour ne chercher à préserver que leurs intérêts propres, certaines autorités spirituelles en font tout autant. Voulant conserver, par opportunisme politique, leur influence dans telle ou telle autre partie du monde, elles ont couvert, par leur silence complice, les crimes les plus atroces perpétrés contre l’humanité. Le peuple juif, “le moins nombreux parmi les peuples” s’est dégagé de ces contingences. La voix qu’il peut élever pour faire entendre la Vérité est une voix pure.

C’est cette voix décisive que l’Humanité, cherchant au fond d’elle-même cette Vérité, attend pour trouver son chemin. Au temps de la rédemption, lorsque cette Vérité sera révélée aux yeux de tous, Israël pourra alors devenir « nombreux comme les étoiles du Ciel ».

(adapté à partir de Imré Cohen )

teva noa'h

Parachat Noa’h 5776

Ceci est l’histoire de Noa’h. Noa’h fut un homme juste, parfait dans ses générations: il marchait avec D.ieu.

(Genèse 6, 9)

 »Parfait dans ses générations »: Celles qui précédèrent et celles qui suivirent le déluge. Cette indication du texte est-elle restrictive de l’éloge fait à Noa’h ?

Nos Maîtres en ont discuté et Rachi rapporte l’opinion favorable d’après laquelle Noa’h fut un juste même à son époque dépravée et l’opinion péjorative qui considère Noa’h comme un juste, mais relativement à son époque immorale. Cependant, les deux opinions peuvent être valables toutes les deux.

Le combat que Noa’h eut à livrer peut, en effet, laisser quelques empreintes sur la force de caractère. Mais une conduite morale et irréprochable à une telle époque pèse bien plus lourd dans la balance divine que celle, même plus parfaite réalisée en des meilleures conditions. L’expression : Noa’h marchait avec D.ieu, qui complète la caractéristique, sous-entend également une légère critique que Rachi formule ainsi: «Tandis que pour Abraham on dit: Marche devant Moi (16, 1). Noa’h avait besoin d’un appui pour le soutenir, Abraham était assez fort et marchait dans sa piété de lui-même ».

La tradition se demande pourquoi Noa’h, qui fut pourtant couvert d’éloges par la Torah et qui inaugura un nouveau monde, ne put devenir un Abraham et être, à partir de la renaissance de l’humanité, le grand prophète de la croyance monothéiste. Les observations précédentes ont déjà répondu en partie à cette question. Mais les Sages remarquent, en outre, que Noa’h ne sut pas lutter avec une énergie suffisante contre le courant d’immoralité de son époque. Il ne sut pas convaincre ses contem­porains, comme Abraham sut le faire. Il n’intercéda pas auprès de l’Eternel en faveur de sa génération comme Abraham le fit en faveur des habitants de Sodome. Enfin, il accepta d’être sauvé seul de la mort, lui et sa famille, tandis que Moïse, entendant l’Eternel menacer Israël d’anéantissement pour faire de lui « un grand peuple », se récria immédiatement : « O ! Pardonne leur faute ! Sinon, efface-moi du livre que tu as écrit» (Exode 32, 32). Il ne voulut en aucun cas survivre à son peuple et préféra partager son sort (Midrach et Zohar). Bref, Noa’h était l’homme qui s’enferma dans son « arche », demeurant un juste pour lui et les siens, laissant les autres à leur destin.

Certes, répondent ceux de « nos Sages qui jugent Noa’h du côté favorable » (Rachi), Noa’h ne cessa pendant les cent vingt ans que dura la construction de l’Arche de répri­mander, d’avertir et d’éclairer ses contemporains (Rachi 6, 14), en vue de les inciter à la pénitence. Il ne craignit pas d’essuyer leurs sarcasmes, leurs propos malveillants, menaçants et injurieux. Mais il s’imposa néanmoins une certaine réserve à leur égard et jugea opportun de garder ses distances afin de ne pas risquer de subir lui-même une influence néfaste dans sa fidélité à D.ieu. Il alla même jusqu’à s’abstenir de fonder une famille avant l’âge de 500 ans, alors que tous ses ancêtres et contemporains étaient devenus pères de famille beaucoup plus tôt. Il craignait de mettre au monde des enfants au milieu d’une société complètement pervertie et de ne pas avoir la possibilité de leur donner une éducation morale et saine. Ce ne fut que 20 ans après la proclamation de l’anéantissement définitif et après s’être exercé pendant 500 ans à « marcher avec D.ieu », seul et sans famille, qu’il eut le courage d’être père, après que Dieu lui eut fait comprendre que la perpétuation de la race humaine lui incom­berait.

Ainsi, quelles que soient les critiques qui lui furent adressées, la Torah, en décernant à Noa’h le titre d’honneur de tsadik, approuve la conduite de cet homme, qui, exposé à la pire catastrophe que l’humanité ait connue, fut trouvé digne de sauver le genre humain. On a reproché à Noa’h de n’avoir pas imploré D.ieu de sauver sa génération comme le fit Abraham à propos des habitants de Sodome, mais il trouve sa justification dans le fait que le nombre des justes de son époque n’atteignait pas la dizaine. Noa’h et sa famille qui survécurent dans l’arche n’étaient que huit personnes. Or tout comme Abraham, Noa’h savait que le minimum de dix justes est requis en pareil cas.   (texte adapté a partir de la Voix de la Torah )

A nous de choisir notre modèle Noa’h ou Abraham. Dans l’impossibilité de le faire pour des raisons diverses, soutenons activement ceux qui ont choisi le modèle d’ Abraham en diffusant le message universel de la Torah.

rambam

LES PRINCIPES DE MAÏMONIDE – Le troisième Principe (3/13)

Les fondements de la foi juive

Je croie d’une foi parfaite que D.ieu n’est pas un corps. Les concepts qui se rattachent au corps ne s’appliquent pas à Lui et absolument rien ne Lui ressemble.

 Ygdal

Il n’a aucune apparence de corps. Il n’est pas un corps.

Rien ne peut se mesurer à Sa sainteté.

Commentaires sur la Michna

Le troisième Principe est que D.ieu est totalement non-physique.

Nous croyons que cette Unité [que nous appelons D.ieu] n’est pas un corps ou une force physique.

Rien de ce qui est associé au physique ne peut s’appliquer à Lui d’aucune manière.

Nous ne pouvons pas dire, par conséquent, que D.ieu se meut, réside ou existe en un lieu donné. De telles choses ne peuvent ni lui arriver, ni former une partie de Sa nature intrinsèque.

Lorsque nos Sages parlent de D.ieu, ils enseignent que des concepts tels que combinaison ou séparation ne s’appliquent pas a Lui.

Ils disent dans le Talmud : Il n’y a là-haut ni station assise ni station debout ni, combinaison ni séparation (‘Haguiga 15a).

Le prophète dit : “A qui donc M’assimilerez-vous, à qui vais-Je ressembler, dit le Saint ? (Isaïe 40,25)”. Si D.ieu était physique, Il ressemblerait aux autres objets physiques.

Il est vrai que dans beaucoup d’endroits nos Ecritures saintes parlent de D.ieu en termes physiques. C’est ainsi que nous trouvons des concepts comme : marcher, se tenir debout, être assis et parler, employés à Son propos. Nos Sages nous enseignent que l’Ecriture, dans tous ces cas, ne parle que métaphoriquement, d’où leur adage : “La Torah parle dans le langage de l’homme (Berakhot 31b).”

La Torah nous enseigne ce troisième Principe en disant : “Vous n’avez vu aucune figure (Deutéronome 4,15).” Nous ne pouvons concevoir D.ieu comme possédant une image ou une forme. Ceci parce qu’il n’est pas un être physique ou une force, comme nous l’avons vu plus haut.

Code, Fondements de la Torah

(Yad, Yessodé haTorah) :

1,8. Il est clairement indiqué, tant dans la Torah que dans les Prophètes, que D.ieu n’a ni corps ni aucun autre attribut physique.

C’est ainsi qu’il est écrit : “Hachem, votre D.ieu, est D.ieu en haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre (Josué 2,11).”

Un corps physique, par contre, ne peut être en deux endroits en même temps.

La Torah déclare de même : « Vous n’avez vu aucune figure (Deutéronome 4,15) ».
D.ieu a dit de surcroît à Son prophète : “A qui donc M’assimilerez-vous, à qui vais-Je ressembler ? ” (Isaïe 40,25). Si D.ieu était un être physique, Il ressemblerait aux autres objets physiques.

1,9. Une fois ceci tenu pour vrai, il se peut que nous ayons du mal à comprcndre certains passages de la Torah. Nous y trouvons des         expressions comme: « Sous Ses pieds » (Exode 24, 10) et « écrites par le doigt de D.ieu » (Ibid. 31,18) ou bien  »1a main de D.ieu » , « les yeux de Dieu  » ou « les oreilles de D.ieu ».

Toutes ces expressions constituent en fait des adaptations à l’intellect humain, qui ne peut penser qu’en termes physiques. C’est pourquoi la Torah parle dans le langage de l’homme.

Elles sont toutes des métaphores. Nous trouvons par exemple dans la Torah des expressions comme : “J’aiguiserai l’éclair de Mon glaive! ” (Deutéronome 32,41). Pouvons-nous dire que D.ieu a une épée, ou qu’iL a besoin d’une épée pour donner la mort? Nous comprenons bien que l’expression est employée allégoriquement. Il en est de même de toutes les formules similaires.

Nous pouvons justifier cette opinion en rappelant que les différents prophètes décrivent D.ieu sous des formes diverses. C’est ainsi que l’un d’eux dit avoir vu D.ieu “avec un vêtement de la blancheur de la neige” (Daniel 7,9), et un autre avec des vêtements teints de rouge” (Isaïe 63,1). Moïse lui- même a vu D.ieu à la Mer Rouge comme un homme puissant menant le combat alors qu’au Sinaï il a eu la vision d’un officiant à la prière enveloppé [dans son Talit ].

De tout ceci, nous déduisons que D.ieu n’a ni forme ni figure, et que ces descriptions ne sont rien d’autre que des visualisations prophétiques. :

La véritable nature de D.ieu est hors d’atteinte de l’intellect humain. L’homme est totalement incapable de saisir ou de comprendre D.ieu. Nous lisons ainsi : « Prétends tu pénétrer le secret insondable de D.ieu, saisir la perfection du Tout-Puissant ? (Job 11, 7)

1.10. Aussi nous faut-il comprendre ce que Moïse voulait dire en demandant à D.ieu : “Laisse-moi voir, je Te prie, Ta Gloire” (Exode 33,18).

Moïse voulait saisir la véritable nature de D.ieu. Il voulait comprendre cela de la même manière qu’une personne en connaît une autre quand elle voit son visage. Ses traits sont alors gravés dans l’esprit de l’observateur, et elle est perçue comme un individu, distinct de tous les autres.

Voilà ce que désirait Moïse. Il voulait appréhender la nature de Dieu à un degré tel que son esprit l’aurait distinguée de tout le reste dans l’existence.

D.ieu a répondu à Moïse que c’était impossible. L’intellect d’un homme vivant, composé du corps et de l’âme, ne peut en aucun cas appréhender cela. [C’est pourquoi II a répondu à Moïse : “Tu ne saurais voir Ma face ; car nul homme ne peut Me voir, et vivre. (Ibid. 33,20)”]

Toutefois, D.ieu a révélé à Moïse des choses qui n’avaient jamais été révélées auparavant, et qui ne seront plus jamais révélées. De sorte que Moïse a acquis l’aptitude à distinguer D.ieu de tout ce qui existe d’autre. Mais c’était comme contempler une personne de dos, où tout ce que l’on voit est son corps et son habillement. On peut tout de même le distinguer comme individu [mais ce n’est pas comme si on le voyait de face]. La Torah y fait allusion lorsqu’elle indique [que D.ieu a dit à Moïse] : “Tu Me verras par derrière ; mais Ma face ne peut être vue (Ibid. 33,23).”

1.11 : Du moment que D.ieu n’est pas un corps ni aucune sorte d’entité physique, il est évident que rien de ce qui est associé au physique ne peut s’appliquer à Lui.

Nous ne pouvons pas lui appliquer des concepts comme combinaison et séparation, position et taille, en haut et en bas, droite et gauche, devant et derrière, assis et debout.

Il n’existe pas non plus dans le temps. Des concepts comme début, fin et âge ne peuvent donc s’appliquer à Lui.

D.ieu n’est pas davantage sujet à changement, puisque rien ne peut faire qu’il change.

Nous ne pouvons donc pas lui appliquer des concepts comme la vie et la mort au sens physique. Nous ne pouvons pas employer des termes comme sagesse et sottise dans le sens où nous en usons en parlant d’un être humain. Des états comme le sommeil ou l’éveil, la colère ou le rire, la joie ou la tristesse, ne s’appliquent à Lui d’aucune manière. Il ne reste pas silencieux pas plus qu’il ne parle comme le fait une personne.

C’est pourquoi nos Sages nous enseignent : “Il n’y a là-haut ni station assise ni station debout, ni combinaison ni séparation.”

1,12. Il nous faut donc comprendre que toutes les fois que la Torah ou les Prophètes parlent de D.ieu, ils le font d’une façon métaphorique et allégorique.

Ceci est vrai des expressions ci-dessus mentionnées. Ceci est vrai également des expressions comme : “Celui qui réside dans les cieux en rit (Psaumes 2,4).”, “Ils M’ont irrité par des dieux nuls”.(Deutéronome 32,21). et “Autant D.ieu se réjouit… (Ibid. 28,63). »

A propos de telles expressions, nos Sages disent que la Torah parle dans le langage de l’homme.” D.ieu d’ailleurs a dit Lui-même à Son prophète : “Est-ce vraiment Moi qu’ils irritent? (Jérémie 7,19).”

D.ieu à dit a Son prophète : “Je suis Dieu, Je ne change pas (Malachie 3,6).Or, si D.ieu était heureux par moments et irrité à d’autres, Il serait de fait changeant. [Il est donc évident qu’aucun de ces états ne peut s’appliquer à Lui de quelque manière.]

Tous ces états n’existent que chez les êtres physiques, qui vivent dans le monde d’ici-bas. Nous “vivons dans des maisons d’argile, dont les fondations sont dans la poussière.” . D.ieu, par contre, est au-dessus de toutes ces choses.

 Code repentance

(Yad, Techouva)

3,7 :Cinq catégories de personnes font partie des mécréants: Celui qui admet qu’il existe un Maitre, mais qui prétend qu’Il est physique ou qu’Il a une forme.

(extrait des Principes de Maïmonide du Rav Aryeh Kaplan zatsal)

colombes

PARACHAT VAET’HANANE 5775 – Pourquoi doit-on porter les téfilines ?

«Tu les attacheras en s6igne sur ta main, et elles seront fronteau entre tes yeux.»

( Deutéronome 6,9)

Après la mitsva de croire en l’unité de D.ieu, la Torah mentionne que D.ieu nous a donné des signes par lesquels nous nous rappelons notre lien avec lui.

Un de ces « signes » sont les téfiline. Ce sont des boîtes noires cubiques en cuir, dont l’une, placée sur le bras, contient un parchemin roulé et l’autre, placée sur la tête, contient quatre parchemins, chacun dans un compartiment qui lui est propre.

Les parachiyot suivantes doivent être écrites à la fois sur le parchemin unique et sur les quatre pachemins (une paracha sur chacun).

  1. Kadéch li col békhor (Exode13,1-10 ). La Torah ordonne que nous mettions ce paragraphe dans nos téfiline car il mentionne l’Exode, qui nous a montré que D.ieu est le créateur et le maître du monde.
  2. Véhaya ki Yéviakha, (Exode13,11-16). Ce paragraphe nous demande également de nous rappeler l’Exode.
  3. Chéma’ Israël (Deutéronome 6,4-9), qui mentionne la mitsva de croire en l’unité divine.
  4. Véhaya im Chamoa’(Deutéronome 11,13-21).Cette paracha comporte le commandement d’accepter toutes les Les quatre paragraphes expriment ainsi les fondements de notre foi.

Les téfilines ne sont cachers que s’ils ont été écrits par un sofer (scribe) qualifié, de la même manière qu’un Sefer Torah, en respectant toutes les conditions stipulées par la halakha[1]

Les téfilines ont été accordés au peuple juif comme des ornements divins.

Ils révèlent la présence de la Majeste divine (Chékhina) parmi nous, comme il est dit: « Et toutes les nations sur la terre verront que vous êtes appelés par le Nom d’Hachem » (Deutéronome 28,10).

Chaque jour, un Juif doit enrouler les lanières noires autour de son bras gauche, puis attacher les téfilines de la tête.

Notre Tradition Orale enseigne que le mot « entre tes yeux » (6,9) se réfère à la partie supérieure de la tête, au-dessus de la racine des cheveux.

Celui qui a placé ses téfilines, ne serait-ce qu’en partie, au-dessous de la racine des cheveux, n’a pas accompli la mitsva et a récité en vain la bénédiction sur les téfilines.

Les téfilines devaient à l’origine être portés toute la journée. Comme on n’a pas le droit, en les portant, de divertir son attention, et que l’on doit les traiter avec le respect qui s’impose, nous ne les portons qu’au moment de la prière. (Mais il y a toujours eu des tsaddikim, dans toutes les générations jusqu’à aujourd’hui, qui les portent en permanence).

Entre autres conditions, l’on ne doit rien avoir d’impur sur le corps tandis qu’on les porte, condition qui était parfaitement remplie par le tsaddik Elicha.

Le gouvernement romain promulgua un jour un décret stipulant que tout Juif découvert portant des téfilines aurait pour châtiment d’avoir la cervelle broyée.

Mais un grand tsaddik, Elicha, persista à les porter au dehors. Il fut aperçu par un officier romain qui se lança à sa poursuite. Elicha courut mais, voyant que le Romain allait le rattraper, il enleva le téfilines de sa tête et le cacha dans sa main. Dès que l’officier l’eut rejoint, il lui demanda: « Que tiens-tu dans les mains? » Elicha lui répondit calmement: « Des ailes de colombe ». (Il faisait allusion au fait que le peuple juif, comparé à la colombe, est protégé par les mitsvot qu’il accomplit. La colombe, lorsqu’un danger la menace, étend les ailes pour s’enfuir, ou bat de l’aile devant son prédateur. De même, les mitsvot protègent les Juifs du mal.)

« Ouvre la main », ordonna l’officier.

A sa stupéfaction, il vit qu’il s’y trouvait des ailes de colombe, et fut contraint de relâcher Elicha, qui dès lors fut appelé « Elicha ailé ».(Talmud Traité Chabbat 130)

adapté à partir de « Le Midrash raconte »

[1] Des milliers de téfilines en provenance d’Israël ou des Etats-Unis se trouvent actuellement sur le marché. Quand on achète une paire de téfilines , il ne faut pas faire confiance aux assertions de celui qui la vend, et qui assure que les téfilines sont cachers. Il faut les faire examiner par un sofer indépendant et digne de confiance.

bereshit

Parachat Béréchit 5776 – Comment transformer la rivalité en harmonie ?

« Au commencement D.ieu créa les cieux et la terre. »

(Genèse 1,1)

Ce n’est, bien sûr, pas un hasard si la Torah commence par la lettre beth du mot Béréchit [Au commencement….] : la lettre beth a été choisie par le Saint béni soit-il au terme d’une compétition très serrée. Le Midrach nous raconte en effet que les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque sont venues solliciter du Tout-Puissant l’honneur d’être «La Lettre» par laquelle la Torah allait commencer. Mais le Tout-Puissant, les renvoie dos à dos, en expliquant à chacune la raison de son éviction, ainsi que la fonction particulière qui lui est réservée, et ne garde que la lettre beth.

Des différentes explications que les exégètes ont données à ce choix, nous en retiendrons une qui va servir de base à notre exposé.

Les lettres de l’alphabet hébraïque sont dotées chacune d’une valeur numérique. La lettre beth a comme valeur numérique : deux. C’est ainsi que la Torah commence sous le signe de la «dualité», de la coexistence de deux éléments de nature différente : nous allons bientôt comprendre que cette «dualité», cette vie commune ensemble, à deux, harmonieuse et fertile est la condition sine qua non de l’existence et de la survie de ce monde.

A partir du moment où la dualité n’est plus vécue harmonieusement, la Création n’est plus justifiée par rapport au chaos initial.

La première section du Pentateuque nous fournit plusieurs exemples de cette dualité mal vécue, mal assumée, qui est porteuse de désastre.

L’expérience à deux la plus tragique est sans doute celle de Caïn et Abel. Les premiers frères de l’histoire de la Création ont tout pour réussir ; le monde riche de toutes les jouissances et de toutes les merveilles leur appartient. Ces conditions optimales ne les empêcheront cependant pas d’être précipités dans l’un des drames les plus sombres de l’humanité : Caïn tue son frère Abel. Nous sommes tentés de penser que Caïn a commis son acte odieux, par dépit, parce que D.ieu n’avait pas agréé son offrande, comme II l’avait fait pour celle d’Abel. Mais nous comprenons assez vite qu’il ne s’agit là que d’un prétexte, le mobile profond et véritable du crime de Caïn nous est révélé un peu plus loin, dans la section de Noa’h : Rachi nous apprend dans son commentaire (9, 25) que ‘Ham, le troisième fils de Noa’h, s’était opposé à ce que son père mette au monde un quatrième fils, en disant : Adam, le premier homme, n’avait que deux fils : le premier a tué le second, parce qu’il voulait être le seul à hériter du monde et notre père qui a déjà trois fils en désire un quatrième ?

Caïn a tué Abel, mû par le refus de coexister avec l’autre, fût-il son propre frère. Il voulait être le maître absolu, incontesté, et jouir seul de toutes les richesses du monde, sans avoir à partager ou à mettre en commun.

Nous rencontrons dans cette paracha d’autres manifestations d’un tel refus de cohabitation. C’est la vie impossible entre la lumière et les ténèbres, qui ne peuvent fondamentalement ni coexister, ni être mêlés ensemble : ils n’existeront que séparés, chacun dans le domaine qui lui est imparti et qui est inaccessible à l’autre : c’est ainsi que la lumière régnera pendant le jour et les ténèbres seront maîtres de la nuit.

Nous assistons également à la rivalité qui oppose le soleil à la lune. Les deux astres ont été créés pour diffuser une lumière d’égale clarté. Mais la lune, se sentant très vite mal à l’aise, se présente devant le Créateur avec l’objection suivante : «Mais deux rois ne peuvent régner sous la même couronne ! — C’est vrai, lui répond le Créateur, alors accepte d’être réduite par rapport au soleil!» (ibid. 1, 16)

Que dire d’Adam et d’Eve? Les deux premiers êtres que D.ieu a façonnés, sont loin de donner le modèle de l’harmonie idéale. Eve, passant outre aux avertissements de son mari, mange du fruit défendu. Mais comme la première femme craint — nous dit Rachi — de subir seule la peine de mort et d’être ainsi remplacée auprès d’Adam par une autre épouse, elle offre à son mari le fruit, l’entraînant ainsi dans une chute fatale.

La lumière et les ténèbres, la terre et les deux, le soleil et la lune, Caïn et Abel, Adam et Eve, autant d’exemples de la difficulté, voire de l’impossibilité de vivre la dualité en symbiose, en harmonie.

Dans son commentaire, Rachi explique la faute de chacun de ces personnages en particulier. Le facteur commun de leurs actes est d’avoir remis en question le but ultime de la Création, et par là, d’avoir nié le principe de dualité harmonieuse du monde. Imbus de l’idée que le monde avait été créé pour eux seuls, à leur convenance et pour leur profit personnel, ils convoitèrent et voulurent s’arroger ce qui ne leur était pas destiné, dans le mépris le plus absolu des droits d’autrui. Or, celui qui agit ainsi, proclame par là même que ce monde n’est pas fait pour lui et donc, ne mérite aucun bien de cette création; il n’y a pas de place pour celui qui refuse le fondement même de la Création : la vie à deux, dans la plus parfaite harmonie. C’est la raison pour laquelle leur châtiment fut d’être privé des biens de ce monde, et de l’objet même de leur convoitise.

Nous comprenons à présent clairement que le Créateur ait établi, de façon significative, la lettre beth, en lettre initiale de la Torah, comme la nécessité absolue de vivre ensemble, à deux, en harmonie et, dans le respect de l’autre, de ses valeurs, de ses principes et de ses biens. Sans cette harmonie préalable, le monde ne peut se maintenir et court au désastre.

Toute l’histoire de l’humanité est une succession de guerres, de rivalités et de conflits pour affirmer la volonté de l’un sur l’autre, pour établir le pouvoir de l’un sur l’autre, pour dominer et anéantir l’autre.

La Torah vient nous enseigner qu’un homme seul, qui vivrait dans le monde que par et pour lui seul, qui considère que la Création n’a de sens que par lui, un tel homme sera contestation vivante de sa venue au monde. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui donner une compagne pour l’aider. La Création se justifie dans la plénitude de la dualité harmonieuse lorsque chacun fait abstraction de sa propre personne, pour respecter son prochain et ce qui lui appartient.

« Le monde se maintiendra par la bonté » (Psaumes 89,3). Celui qui ne respecte pas la règle de coexistence harmonieuse de la Création, est voué à la ruine. Par contre, celui qui veut réparer le mal causé par la dissension devra œuvrer en faveur de la coexistence et pour le bien des autres. C’est en multipliant les actes de bonté envers autrui, que la Création sera maintenue. Pour que le monde existe, il faut que le quotidien soit pétri d’amour du prochain, d’acceptation et d’abnégation, de don de soi sans limite pour satisfaire les besoins de l’autre.

C’est là, l’un des enseignements majeurs du commencement de la Torah, du commencement du monde: beth, première lettre de la Bible, signe de la dualité harmonieuse constructive et riche de promesses.

(adapté à partir des Leçons Chabbatiques)

CHABBAT CHALOM