Archives de l’auteur : Rav Yaacov Amsellem

tsedaka

 PARACHAT REE 5775 – Comment et pourquoi faut-il donner la tsedaka ?

Un philosophe demanda à Rabban Gamliel: « Votre Torah vous ordonne de donner encore et encore, sans craindre de compromettre votre sécurité financière. Une telle crainte n’est-elle pas naturelle? Comment peut-on donner son argent sans penser que on aurait peut-être dû le mettre de côté pour les mauvais jours? »

Rabban Gamliel s’enquit alors: « Si on te demandait de faire un prêt, accepterais-tu? »

« Cela dépend à qui,  » répondit le philosophe. « S’il s’agissait d’un inconnu, j’aurais peur de perdre mon argent.  »

« Et si celui qui demande avait des garants? » demanda Rabban Gamliel.

« Eh bien, si j’étais sûr qu’on peut leur faire confiance, je se- rais d’accord,  » répondit le philosophe.

« Permets-moi de te demander encore: « Et s’il te proposait pour garant le chef du gouvernement, qu’en penserais-tu? »

« Je n’hésiterais certainement pas à lui prêter de l’argent, car je serais pleinement assuré de recouvrer mes fonds,  » dit le philosophe.

Rabban Gamliel lui expliqua alors: « Lorsque l’on donne la tsedaka, on consent un prêt dont le Créateur de l’Univers se porte garant. L’Ecriture affirme: « Celui qui donne de bon cœur au pauvre fait, si l’on peut parler ainsi, un prêt à D.ieu, Qui ren- dra tout ce qui est dû.  » (D.ieu remboursera au bienfaiteur dans ce monde-ci en lui rendant le montant du prêt, et lui gardera sa pleine récompense pour le Monde à Venir). Nul n’est plus digne de confiance que le Créateur; puisqu’il promet de rendre l’argent au donateur, comment pourrait-on encore hésiter à donner la tsedaka?  »

Personne n’est jamais devenu pauvre en donnant la tsedaka.

En fait, c’est le contraire qui est vrai, en accord avec le verset: « Celui qui donne la tsedaka au pauvre ne manquera de rien, mais celui qui ferme les yeux souffrira de nombreuses malédictions » (Proverbes 28,27).

Voici d’autres lois concernant le don de tsedaka:

  • Si l’on a des membres de notre famille qui sont pauvres, il faut les aider en priorité. En second viennent les voisins pauvres, puis les pauvres de la ville où l’on habite. Si l’on a le choix entre les pauvres d’une autre ville et des pauvres en Erets Israël, ceux d’Erets Israël ont priorité.
  • La mitsva de tsedaka comprend l’argent comme la nourriture.
  • Si un pauvre demande la charité afin de se vêtir, il est permis de faire une enquête pour savoir si sa requête est justifiée.

Mais s’il la demande afin de se nourrir, nous devons lui faire un don immédiatement.

  • La tsedaka doit être donnée d’une manière amicale, accompagnée de paroles encourageantes. Celui qui donne avec mauvaise humeur, même si son don est important, perd le mérite qui lui est attaché.
  • L’accomplissement optimal de la mitsva consiste à ce que le donateur ne connaisse pas l’identité du récipiendaire et inversement, (ce qui évite à ce dernier d’être embarrassé).

Dans un tel cas, bien entendu, il est nécessaire de s’assurer que le collecteur est digne de confiance, qu’il connaît personnellement les parties en cause, et veillera à ce que l’argent de la tsedaka parvienne à ceux auxquels il est destiné.

  • La plus grande tsedaka consiste à permettre à un Juif de ne pas devoir y recourir. S’il peut lui trouver un emploi qui lui convienne, s’associer avec lui, ou lui prêter de l’argent afin de lui permettre de devenir indépendant financièrement, le donateur accomplit le meilleur acte de tsedaka.
  • Quel usage doit-on faire de sa contribution personnelle à la tsedaka? On doit l’affecter en premier lieu aux personnes nécessiteuses qui œuvrent à l’étude de la Torah. De même que les ma’asserot (dîmes) d’antan étaient déstinés à soutenir les Cohanim et les Lévites qui servaient dans le Temple, nous devrions prélever le dixième de nos gains pour les disciples de la Torah qui sont dans le besoin.

Trois actions ont le pouvoir d’abolir les décrets célestes :

1) La techouva ou repentir

2)La tsedaka ou dons aux nécessiteux

3)Les prières

(adapté à partir de « Le Midrash raconte »)

bircat cohanim

PARACHAT NASSO 5775 – COMMENT BÉNIR SES ENFANTS 2

« יְבָרֶכְךָ ה’ וְיִשְׁמֶרְךָ »

« Que D.ieu te bénisse et te protège »

« יָאֵר ה’ פָּנָיו אֵלֶיךָ וִיחֻנֵּךָּ »

« Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant »

« יִשָּׂא ה’ פָּנָיו אֵלֶיךָ וְיַשֵּׂם לְךָ שָׁלוֹם »

« Que D.ieu tourne Sa face vers toi… et t’accorde la paix »

(Nombres 6, 24-26)

Que D.ieu te bénisse et te protège!

Rachi explique : «Que ta fortune soit bénie et que ne t’attaquent pas des brigands pour voler ta fortune ;

Car celui qui fait un cadeau à son esclave ne pourra pas le protéger contre tout le monde, et, si des brigands l’attaquent, quel profit en aura-t-il ? Mais le Saint, béni soit-il, est à la fois Celui qui donne et Celui qui protège. »

Cette première bénédiction se rapporterait donc aux biens matériels ; donner et protéger sont ici l’essentiel : quand on donne à quelqu’un un bien matériel, encore faut-il le protéger de toutes les influences destructrices, מן המזיקין ! sinon il y a le risque que : « celui, qui acquiert l’opulence par un procédé inique, au beau milieu de ses jours devra l’abandonner, et sa fin sera misérable» (Jérémie17,11). Nous avons donc, pour commencer, des bénédictions d’ordre tant physique que financier ou matériel.

Le chemin suivi va « de bas en haut » selon l’expression de Ba’hya, puisqu’on en arrive ensuite aux bénédictions spirituelles dans le sens le plus élevé, pour atteindre leur sommet sous la forme la plus perfectionnée, qui est le שלום, la paix. Telle est la conception idéale, qui réunit toutes les bénédictions, spirituelles et matérielles, en un seul faisceau. Mais Na’hmanide estime que les bénédictions cheminent « du haut vers le bas », car la première bénédiction de chaque membre de la trilogie est une émanation du Ciel, la dernière comblant l’homme en bas. « Que D.ieu te bénisse, qu’il fasse rayonner Sa face vers toi, qu’il tourne Sa face vers toi » sont des bénédictions qui s’exercent au niveau du ciel ; tandis que « D.ieu te protège, te soit bienveillant, t’accorde la paix » s’exerce sur terre.

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi…

Rachi explique : « Qu’Il te fasse voir une face souriante et rayonnante ». Ceci est une très haute bénédiction, complétée dans le Midrach par les précisions suivantes : « Qu’Il te prête de la lumière de la Chekhina, de celle de la Torah, et te donne des enfants qui soient érudits en Torah ». Cette bénédiction se traduit par des dons sur le plan spirituel.

…et Te soit bienveillant!

Comme dit Rachi : « Qu’Il te soit favorable », textuellement « qu’Il te donne du חן » c’est-à-dire du charme personnel. Cette distinction est réservée à ceux qui ont le mieux su mériter l’amitié de D.ieu, même si elle ne repose pas toujours sur un motif rationnel.

Aussi cette bénédiction comporte-t-elle l’évanouissement du עין הרע, « le mauvais œil » qui peut faire du tort à l’homme; elle se meut dans l’irrationnel. Quand D.ieu donna à Israël la Torah, Il le fit en grand public, ce qui eut pour résultat que les deux tables de la Loi furent brisées au pied de la montagne sous une trop forte influence du « mauvais regard ». C’est pourquoi, pour l’inauguration du Tabernacle, D.ieu procéda autrement : Il donna d’abord Sa bénédiction à Israël, ce qui dissipa les effets du « mauvais œil» et permit l’achèvement de l’érection du Tabernacle.״. (Nombres Rabba, 12, 4).

Dans cet ordre d’idées, la bénédiction pastorale a également le pouvoir de dissiper les effets d’un mauvais rêve. Le midrach dégage cela de l’image contenue dans le Cantique des Cantiques (3,7-8) : «Voyez, c’est la litière de Salomon ! Elle es: entourée de soixante braves, d’entre les héros d’Israël ; ils sont tous armés du glaive, experts dans les combats ; chacun porte le glaive au flanc, à cause des terreurs nocturnes. » Les soixante braves, dont parlent ces versets, sont les soixante lettres de la bénédiction ; elles représentent, toutes, les héros d’Israël, et sont armées de glaive, expertes dans les combats, parce que toutes les lettres combattent ensemble avec nom de D.ieu. C’est pourquoi, si quelqu’un a eu un mauvais rêve et qu’il sente comme une épée lui rentrer dans le flanc, il doit se lever et écouter la bénédiction des prêtre. Alors aucun mal ne lui arrivera. Il suffit que les prêtres prononcent la bénédiction ; pour que les effets (des mauvais rêves) se dissipent. (Nombres Rabba 11,)

Que D.ieu tourne Sa face vers toi… et t’accorde la paix!

Rachi commente : « En réprimant Sa colère » . Celui gui est courroucé contre quelqu’un détourne son visage : lever les yeux vers une personne indique qu’on ne lui veut pas du mal. Ce geste de paix semble donc une véritable bénédiction : la paix peut résulter de données naturelles, mais, qu’un individu la désire et soit empêché par son mauvais voisin de l’acquérir, alors la paix ne peut être l’effet que d’un acte providentiel.

Il est possible aussi que l’intervention providentielle se manifeste dans le sens du midrach cité plus bas. Il est dit ici : « que D.ieu tourne Sa face vers toi »; comment concilier ces termes avec ce qu’on trouve au Deutéronome 10,17, dans une description des qualités divines : « D.ieu ne tourne Sa face vers qui que ce soit » ? D.ieu, répond le midrach (Nombres Rabba, 11,14), ne saurait rester insensible ; mais II ne tourne Sa face vers Israël que si celui-ci fait un geste qui Lui soit agréable : si, au lieu de te contenter de rendre grâce à D.ieu comme le demande la Torah « quand tu auras mangé et seras rassasié », tu le fais dès après avoir consommé la mesure d’une olive ou d’un œuf, alors D.ieu se montrera bienveillant à son tour en te gratifiant du plus beau cadeau qui puisse se trouver sur terre, la paix.

….et t’accorde la paix!

Cette bénédiction s’applique aussi bien à la paix individuelle qu’à celle qui doit régner dans la famille et dans la nation, et même à la paix universelle.

L’exemple de cette paix nous est fourni dans le firmament qui nous entoure עושה שלום במרומיו : D.ieu institue la paix parmi les milliers d’étoiles qui se trouvent là-haut, et aussi parmi les éléments qui sont des adversaires déclarés : le feu et l’eau. Nous levons nos regards vers les cieux ; chaque jour nous admirons cette harmonie.

Mais alors se pose la question : pourquoi dans le domaine humain la paix figure-t-elle toujours en fin de prière ? Car, comme c’est le cas ici, ainsi en est-il dans les « chemoné esré », dans le Qaddich, dans les actions de grâces après les repas ; c’est également le cas dans l’éniunération des sacrifices, où les שלמים sont cités en dernier (Lévitique. 7,37).

La paix apparaît comme l’objectif suprême, puisque les שלמים, dont le nom dérive de שלום, sont destinés à rétablir la paix entre la créature et son Créateur, entre l’homme et son prochain, entre l’individu et sa conscience. Pour nos Sages, la paix n’est pas une simple donnée de la création, ni une loi de la nature ; elle n’est pas davantage une doctrine morale de pacifisme à outrance, consistant à la rechercher à n’importe quel prix, que ce soit en abandonnant des principes sacrés ou en renonçant catégoriquement à l’emploi de la force. Elle suppose, au contraire, un effort permanent de la part de l’homme pour parvenir à une situation où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société soient enfin surmontés, et où les éléments qui sont à leur base deviennent les composantes du vaste système d’harmonie universelle, couronné par le Royaume de Dieu sur terre. Voilà donc pourquoi la paix apparaît dans nombre de nos prières comme l’ultime bénédiction (d’après Ikkarim, 4,51).

Rabbi Josué ben Lévi la compare au ferment dans la pâte ; il la considère comme l’élément promoteur du mouvement et du progrès au sein de la société. Depuis que la paix et l’harmonie, qui régnaient au Paradis, ont été brisées par suite du péché originel, les hommes ont la tâche permanente de les reconstituer dans leur splendeur initiale et de consacrer à cette tâche le meilleur d’eux-mêmes. La paix demeure le grand idéal universel dont la réalisation dépend de la volonté des hommes et de la bénédiction divine.

(adapté a partir de LA VOIX DE LA TORAH)

calendrier

PARACHAT NITSAVIM 5775 – Comment vivre le changement d’année ?

« Vous voici aujourd’hui tous debout devant Hachem votre D.ieu, vos chefs de tribus, vos préposés et tout homme dIsraël ; vos enfants, vos femmes et 1יétranger qui est au milieu de ton camp du fendeur de bois au puiseur d’eau »

                                               ( Deutéronome 29, 9-10).

Pourquoi avoir rassemblé le peuple d’Israël au complet ?

 

« [Les Enfants d’Israël] allaient passer sous l’égide d’un autre guide, de Moïse à Josué, explique Rachi (29, 12). C’est pourquoi il les a convoqués pour les exhorter. Josué a fait de même ainsi que Samuel lorsque les Enfants d’Israël sont passés de son autorité à celle de Saul . »

Le Sefath Emeth dit que ce Rachi s’applique également à la période de l’année où nous nous trouvons, au seuil de Roch Hachana.

En effet, passer d’une année à l’autre, c’est comme passer d’un chef spirituel à un autre chef spirituel.

Chaque année a sa Providence particulière et les conditions qui lui sont propres. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les années se suivent mais ne se ressemblent pas.

 

Sur le plan personnel comme sur le plan général, tout, absolument tout est remis en question à chaque Roch hachana, du moindre détail sur la terre jusqu’à la situation des sphères supérieures !

 

Nous voyons qu’avant cette « transmission de pouvoir », Moïse a rassemblé le peuple juif au grand complet, sans omettre une seule personne, pour lui rappeler les conditions de l’Alliance et le but de la destinée d’Israël… Avant de passer sous l’égide de la nouvelle année.

 

Chacun d’entre nous, sans exception, est appelé à se tenir devant le Tribunal d’En-Haut car tous les facteurs de son existence sont remis en cause. Il serait bien qu’il aille écouter les cours des Rabbanim qui l’éveilleront à la réflexion, à la conscience du Bien et du Mal et à leurs conséquences, de la même manière que, dans notre paracha, chaque fils d’Israël a entendu les exhortations de Moise notre maitre.

Souhaitons que, face à notre effort de techouva, Dieu, dans Sa bonté, nous accorde les conditions les meilleures pour la nouvelle année.

(adapté à partir de Imré Cohen)

bikourim

PARACHAT KI TAVO 5775 – Comment doit-on témoigner sa gratitude à D.ieu ?

Maïmonide commente ainsi la mitsva de l’offrande des prémices :

« Les prémices du blé, du vin et de l’huile (Deutéronome 18,4), les prémices de la pâte (Nombres 15,20), celles des fruits (Exode 23, 19), les prémices de la toison des brebis (Deutéronome18,4), autant de pratiques qui consacrent à D.ieu le premier produit de toute chose, ont pour but de développer chez l’homme la générosité, le sens de la gratitude et de diminuer chez lui le désir de nourriture et l’instinct de propriété… La récitation du texte qui accompagne l’offrande contribue, elle aussi, à développer des sentiments d’humilité : elle fait savoir à l’homme qui proclame, la corbeille sur l’épaule, les bontés de D.ieu, qu’il se trouve à Son service, elle lui rappelle, dans la prospérité, les difficultés et les épreuves qu’il, a traversées. A plusieurs reprises nous voyons la Torah mettre l’accent sur ce point «Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte », (Deutéronome 5,15) par crainte des défauts bien connus qu’engendrent la richesse et la facilité : l’insolence, l’orgueil, l’abandon des bons principes.

C’est pour prévenir cela que D.ieu a ordonné que, chaque année, ces versets de rappel soient récités devant Lui lors de l’offrande des prémices. La Torah, dans le même esprit, insiste sur la nécessité de rappeler perpétuellement les plaies qui frappèrent les Egyptiens : « afin que tu te souviennes toute ta vie du jour où tu es sorti du pays d’Egypte» (ibid. 16,3); «pour que tu racontes à ton fils… ce que J’ai fait aux Egyptiens» (Exode 10,2). Son attitude s’explique et se justifie ici par la nature des événements rappelés: ils attestent la vérité de la prophétie et de la doctrine de la rémunération.» (Guide des Egarés 111,39).

L’auteur de Aqédat Yits’haq développe avec plus de netteté un point de vue analogue :

Reconnaître l’existence de D.ieu, c’est avant tout confesser qu’il est la source de tout bien et que la force de l’homme et la puissance de son bras ne sont pour rien dans sa réussite. Penser différemment, c’est rejeter du même coup le joug et la crainte de D.ieu et s’exposer à toutes les conséquences funestes résultant de cette attitude. Aussi la Torah met-elle en garde contre l’idée, qui, après un séjour prolongé dans le pays, pourrait faire dire en Israël : « c’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras qui m’a valu cette richesse» (Deutéronome 8,17), lorsque les nouvelles générations auraient oublié les prodiges accomplis par D.ieu pour amener Israël sur sa terre. C’est la raison pour laquelle fut institué un rite destiné à rappeler à jamais qu’« à D.ieu appartient la terre et tout ce qu’elle renferme» Psaumes 24,,1), qu’elle est un don gracieux accordé par Lui à Israël, et que sa prospérité est, à tout instant, Son œuvre…

L’offrande des prémices et toute offrande du même ordre manifestent, en effet, la souveraineté du D.ieu suprême.

Le but de ce rite est d’amener l’homme à maîtriser ses appétits. Etant donné qu’il a une prédilection pour les premiers fruits « comme les premiers fruits d’un figuier» ( Osée 9,10), «comme une primeur qu’on aperçoit avant la récolte, et qui, à peine dans la main, est aussitôt avalée» (Isaïe 28,4), D.ieu lui ordonne de dominer ses instincts, de s’abstenir de manger ces fruits et de les consacrer au Très-Haut. Le texte même de la Torah marque la correspondance entre le bienfait accordé par D.ieu, «Il nous a amenés dans ce lieu» (Deutéronome 26,9), et l’offrande des prémices, «et maintenant, voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que Tu m’as donné, ô Eternel ».

Quant à S. R. Hirsch, il décrit le sens du commandement des prémices de la manière suivante : « Aucun autre passage de notre Bible ne démontre mieux le caractère spécifique du paysan de la terre     juive, que ces quelques phrases prononcées à un moment imprégné d’une joie intense et d’une satisfaction que seuls le laboureur et le moissonneur peuvent éprouver

Et c’est à ce moment où, partout ailleurs, domineraient la fierté et l’orgueil, le sentiment d’une dure conquête et d’une possession légitime, que le paysan juif s’incline devant son D.ieu et dit humblement : « Mes ancêtres ont été esclaves en Egypte, D.ieu les a libérés, nous n’avions ni terre ni bonheur, D.ieu nous les a donnés». C’est en gardant conscience de ses origines misérables, de la glorieuse épopée de sa naissance nationale et de                                        l’Alliance qui fut le ciment de l’édifice de l’indépendance juive, que le peuple                   pourra conserver la seule attitude qui lui garantira son avenir.

Chaque année il se présentera au Temple, la tête haute, les épaules fortes, animé d’un magnifique souffle de confiance et d’espoir, sachant qu’il n’a pas failli à son devoir et que cette certitude le conduira vers des lendemains clairs et ensoleillés.

La conscience du paysan devait encore s’affermir par la scrupuleuse obéissance aux lois sur les pauvres. Tout un système de répartition de ces dons a été établi. Relevons tout simplement le passage typique de celui qui a accompli ses devoirs de paysan juif, et qui déclare devant D.ieu : «J’ai fait vivre à mes côtés le lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve… je n’ai pas transgressé Tes lois, je ne les point oubliées… ».

Rabbi Abraham Saba donne, une interprétation toute différente de la signification de la mitsva des prémices. Pour lui, il y a un rapport immédiat entre le passage consacré au souvenir d’Amalek et celui de la présente mitsva. Ce rapport est exprimé dans la qualification du peuple d’Amalek, qui est caractérisé dans la prophétie de Bilaam (Nombres 24,20) : la première des nations à attaquer Israël par pur antisémitisme fut Amalek.

Or, l’époque à laquelle intervint le devoir de livrer une guerre de destruction à Amalek se situe après la conquête et le partage du pays (Sanhedrine 20 b). C’est à cette même époque que commence l’obligation d’offrir avec joie et allégresse «les prémices» des fruits de la nouvelle récolte. Cette offrande, qui appartient aux prêtres (Nombres 18,13), représente en quelque sorte un défi à Amalek.

Présentée annuellement entre Chavouot et Souccot, elle semble vouloir dire à travers les paroles de celui qui l’offre : « Je déclare en ce jour que je suis arrivé dans le pays que D.ieu a promis à nos pères de nous donner ».

(adapté a partir de la Voix de la Torah)

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PARACHAT DEVARIM 5775 – COMMENT JUGER SON PROCHAIN AVEC BIENVEILLANCE

PARACHAT DEVARIM 5775

COMMENT JUGER SON PROCHAIN AVEC BIENVEILLANCE

Nos sages ont enseigné : Celui qui juge son prochain avec bienveillance sera jugé lui-même avec bienveillance.

Un jour, un homme vint de Haute-Galilée et s’engagea pour trois ans comme salarié chez un patron du sud du pays.

La veille du Grand Pardon, il dit à son maître :

  • « Donne-moi mon salaire, je vais rentrer pour faire vivre ma famille et mes enfants.
  • Je n’ai pas d’argent.
  • Alors paie-moi en vivres.
  • Je n’ai rien.
  • Alors paie-moi en terres.
  • Je n’en ai pas.
  • En bétail, alors.
  • Je n’en ai pas.
  • Paie-moi en meubles.
  • Je n’en ai pas. »

Le travailleur prit alors ses outils sur son épaule et rentra le cœur navré:

Quand le jour saint fut passé, le patron prit le salaire de l’homme ; il prit aussi trois ânes, l’un chargé de victuailles, l’autre de boissons et le troisième de toutes sortes de produits fins, et il se rendit chez son ouvrier.

Après qu’ils eurent bu et mangé ensemble, il lui donna son salaire.

  • « Lorsque tu m’as demandé ton salaire et que je t’ai répondu que je n’avais pas d’argent, qu’as-tu pensé de moi demanda-t-il.
  • Je me suis dit que peut-être une bonne affaire s’était présentée à toi et que tu y avais investi ton argent.
  • Et lorsque tu m’as demandé de te payer en bétail et que t’ai répondu que je n’en avais pas, qu’as-tu pensé de moi ?
  • Je me suis dit que tu avais dû louer tes bêtes.
  • Et lorsque tu m’as demandé de te payer en terres et qu t’ai répondu que je n’en avais pas, qu’as-tu pensé de moi ?
  • Je me suis dit que tu avais sans doute donné ta terre à ferme.
  • Et lorsque je t’ai dit que je n’avais pas de quoi te payer en vivres ?
  • J’ai pensé que tu n’avais pas encore payé tes dîmes.
  • Et lorsque je t’ai dit que je n’avais pas de meubles ?
  • J’ai pensé que tu avais peut-être voué tout ton bien au Ciel. »

Le maître dit alors :

  • « C’était le cas.
  • Je m’étais détaché de mes biens parce ce que mon fils Hyrcanus ne voulait pas étudier la Torah. Puis je suis allé chez mes associés dans le Sud, et ils m’ont fait annuler mon vœu. Quant à toi, tu m’as jugé avec bienveillance, c’est avec bienveillance aussi que Dieu te jugera. »

Talmud, Chabbat, 127b

equilibre

PARACHAT MATOT-MASS’È 5775 – NE PAS CONFONDRE L’ESSENTIEL ET L’ACCESSOIRE

« Alors ils s’approchèrent de Moïse et dirent : “Nous construirons ici des parcs à brebis pour notre bétail et des villes pour nos enfants” » ( Nombres 32, 16).

Rachi commente : « Ils se souciaient plus de leur argent que de leurs fils et leurs filles car ils ont mentionné leur bétail avant leurs enfants. Moïse leur dit : « Ne vous conduisez pas ainsi. Occupez-vous d’abord de l’essentiel et que l’accessoire vienne en seconde place. Construisez d’abord des villes pour vos enfants et ensuite seulement des parcs pour votre bétail » (voir verset 24).

Le midrach ajoute : « C’est ce qui est écrit (Ecclésiaste 10, 2) : “Le sage a le cœur à droite [il s’agit de Moïse] et le cœur du sot est à sa gauche [ce sont les membres des tribus de Gad et Reouven]. »

Il est dit, en effet, à propos de la Torah : « Elle porte la longévité à sa droite, et en sa gauche, la richesse et l’honneur » (Proverbes 3, 16). La gauche représente les biens matériels. Il est à remarquer dans ce verset que dans l’alphabet, les lettres du mot cœur/ lèv placées à la droite des lettres lamèd et vèth sont le caf et le aleph et forment le mot akh / seulement . Akh désigne une restriction (mi’out ). Les lettres situées à leur gauche sont le mèm et le guimel qui forment le mot gam/aussi, terme employé pour ajouter (lérabot). Est-ce à dire que lorsque le cœur est à droite, il tend à réduire la recherche de biens matériels et quant il est à gauche, il aspire à en accumuler toujours davantage ?

Chaque père de famille doit se poser la question. Lui faut-il concentrer ses efforts sur son gagne-pain ou sur l’éducation de ses enfants ? Faut-il en premier lieu assurer leur avenir professionnel ou leur formation solide en tant que Juifs ? La Torah ne dit certes pas qu’il faut négliger le gagne-pain mais l’important est de faire la juste part des choses : les enfants et leur réussite spirituelle ont priorité sur toutes les préoccupations d’ordre matériel.

Comment les hommes de la tribu de Gad et Reouven ont-ils pu commettre une telle erreur ? Peut-être pensaient-ils que leur long séjour dans le désert où ils étaient nourris miraculeusement de manne prenait fin et que cette époque d’aide surnaturelle était révolue ? La responsabilité du gagne-pain incomberait désormais à l’homme et devait donc primer sur ses autres préoccupations.

Dans sa réponse, Moïse leur a signifié que telle n’était pas la conception de la Torah. Même en temps normal, c’est D.ieu et Lui seul qui accorde à l’homme sa nourriture, exactement comme à l’époque de la manne. Certes, l’homme « doit manger son pain à la sueur de son front » c’est-à-dire peiner et fournir des efforts (dans le travail… et dans la prière) car c’est ainsi que D. l’a décrété pour réparer la faute d’Adam. Cependant, notre gagne-pain, lui, est fixé par le Tout-puissant depuis Roch Hachana.

Par conséquent, comme il est uniquement dans les mains de D.ieu, le véritable croyant ne doit pas considérer son gagne-pain comme le premier de ses soucis. Il aura l’esprit libre pour se préoccuper d’abord de son « bien-être » spirituel et de celui de ses enfants, au présent et dans l’avenir.

Le message que Moïse a transmis aux premières tribus qui ont commencé à s’installer sur leurs terres est clair : l’important, dans un foyer, est de ne pas confondre l’essentiel et l’accessoire.

9av

Spécial 9 Av 5775

SPECIAL TICH’A BEAV

Règles relatives au mois de Av

1. Achats / Travaux

Il est d’usage de diminuer les manifestations de joie à partir de Roch ‘Hodech. On s’abstiendra d’acheter des bijoux, ainsi que de s’occuper des préparatifs de mariage. Il est cependant permis d’acheter des meubles en cas de nécessité, des livres, ou même une voiture pour des besoins professionnels. On s’abstiendra de faire des travaux de peinture ou de tapisserie dans son domicile. Il est aussi permis de déménager si nécessaire

 2. Fiançailles / Mariages

On ne célèbre pas de mariages. On ne fait pas de repas de fiançailles, même sans danses. [Une collation simple est permise en cas d’accord entre deux familles en vue de fiançailles ultérieurs.

 3. Consommation de viande

A partir de Roch ‘Hodech, on ne consommera pas de viande bovine ou de volaille. Le jour même de Roch ‘Hodech, seules les communautés séfarades ont l’usage de consommer de la viande.

EXCEPTIONS :

a. Les enfants, garçons moins de douze ans ou filles moins de onze ans

b. Femmes dans le mois qui suit l’accouchement.

c. Malades, même si l’état ne présente pas de danger.

d. Les jours de Chabbat

e. Repas associés à une mitsva : Brit Milah, Pidyon Haben,Bar mitsva (à date réelle), Siyoum Massekhet

 

4. Consommation de vin

Il est d’usage de ne pas consommer de vin, sauf pendant Chabbat. Les communautés séfarades ont l’usage de consommer du vin à la sortie du Chabbat (havdala). Les communautés ashkénazes donnent à goûter le vin de la havdala à un enfant.

5. Couture de vêtements

Il convient de ne pas coudre de vêtements neufs, ni de broder, à partir de Roch ‘Hodech. Cependant, il est permis de faire des retouches ou de coudre un bouton.

6. Semaine du jeûne

Cette année, le 9 av tombe un chabbat, et le jeûne est reporté au lendemain. Il n’y a donc pas de « semaine du jeûne ». Il est donc permis, pour les communautés séfarades, de se couper les cheveux, de se raser, de laver son linge, de se laver à l’eau chaude pendant la semaine précédant le jeûne.

Règles relatives au Chabbat 9 av

1. Kiddouch -Prières- Repas

Le jeûne étant reporté au lendemain, le kiddouch et les prières se déroulent comme à l’accoutumée. Les chants chabbatiques sont récités normalement. Au cours des trois repas chabbatiques, on peut consommer de la viande et du vin.

2. Office de Min’ha- Se’ouda Chlichit

L’office de Min’ha est avancé en milieu d’après midi, pour pouvoir terminer le troisième repas avant le coucher du soleil. On ne récite pas Tsidkatkha après la Amida. Le troisième repas est consommé normalement sans aucune restriction. En raison de l’honneur dû au Chabbat, on s’assoit à table, sur des chaises, et on se conduit normalement comme pour un Chabbat ordinaire.

3. Fin du repas- Début du jeûne

On doit cesser de manger et de boire quelques minutes avant le coucher du soleil. Il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau.

A partir du coucher du soleil, les restrictions concernant le lavage des mains entrent en vigueur. Mais tant que le Chabbat n’est pas terminé, on n’enlèvera pas les chaussures en cuir, on ne pourra pas se changer de vêtements.

On s’efforcera de fixer l’office de Arvit au moins un quart d’heure après la sortie du Chabbat, pour permettre à tous les fidèles de se changer de vêtements et de chaussures, sans profaner le Chabbat

4. L’interdit de préparation du Chabbat pour un jour de semaine

On doit veiller à ne rien préparer pendant la journée du Chabbat pour le lendemain. On ne pourra pas poser des tapis par terre, ordonner les chaises, sortir des placards les livres de Tich’a beav etc. avant la sortie du Chabbat.

5. Havdala

Du fait qu’avec la sortie du Chabbat débute le jeûne, il est impossible de faire la havdala avec un verre de jus de raisin ou de vin, ce qui implique :

a. Personnes en bonne santé.

Dans la Amida on récite ata ‘honanetanou. Et avant la lecture des Lamentations (ékha), l’officiant récite la bénédiction sur une bougie (boré méoré haéch) et rendra quitte toute l’assemblée.

[Note : Celui qui ne se trouve pas à la synagogue à ce moment (y compris les femmes qui se trouvent chez elles), devra lui-même faire la bénédiction sur une bougie ou l’écouter d’une tierce personne.]

[Note : Celui qui a oublié de dire ata ‘honanetanou, ainsi que les femmes qui ne prient pas Arvit devront dès la sortie du Chabbat, dire Baroukh hamavdil ben kodech le’hol (Bénis soit Celui Qui différencie le saint du profane).

b. Malades

Un malade qui est dispensé de jeûner, devra faire la havdala à la sortie du Chabbat, comme suit : Il commencera directement par la prière sur le vin ou le jus de raisin. Puis il récitera la prière sur la bougie, et enfin la prière proprement dite de la havdala (hamavdil etc.). Il ne récitera pas la prière sur les herbes ou plantes odorantes (bessamim). Cette règle concerne aussi bien les hommes que les femmes. Celui qui fait la havdala le samedi soir, peut rendre quittes tous ceux qui sont présents près de lui.

c. Cas particuliers :
  1. Un malade qui n’est pas sûr de pouvoir jeûner, ne fera pas la havdala samedi soir, mais avant de manger.
  2. Un malade qui boit uniquement de l’eau, ne fera la havdala que le lendemain soir, à l’issue du jeûne.
  3. Les enfants qui sont dispensés de jeûner, doivent faire la havdala le samedi soir, s’ils sont en âge de pouvoir la faire

 

Règles relatives au jour du jeûne : le 10 Av

Toute personne en bonne santé homme ou femme, doit jeûner. Nos Sages ont prescrit cinq interdictions le jour du jeûne.

  1. Il est interdit de manger et de boire.
  2. Il est interdit de se laver même une partie du corps avec de l’eau froide, a fortiori avec de l’eau chaude. Le matin au lever, ou pour tout lavage des mains, on ne se lavera que les premières phalanges.
  3. Toute friction avec de l’huile ou une crème est interdite. Mais il est permis d’utiliser un spray déodorant.
  4. Il est interdit de porter des chaussures en cuir, même si la semelle n’est pas en cuir. Tous types de chaussures en caoutchouc ou en toile sont permis.
  5. Les relations conjugales sont interdites.

 

Questions Réponses : Les réponses du R.O.Y

(Rav Ovadia Yossef chlita)

1 Quelles sont les personnes dispensées de jeûner ?

Cette année, le jeûne étant reporté, les femmes enceintes ainsi que les femmes qui allaitent, sont dispensées de jeûner.

Une femme dans le mois qui suit l’accouchement, est dispensée de jeûner. Une femme qui a cessé d’allaiter, doit jeûner si son état de santé lui permet.

 Les personnes âgées, dont l’état est faible sont dispensées de jeûner.

Les enfants, jusqu’à 13 ans et un jour pour un garçon, et 12 ans et un jour pour une fille, sont dispensés de jeûner.

2 Les personnes dispensées de jeûner, peuvent–elles manger ou boire normalement ?

Les malades, les femmes enceintes, les personnes âgées, peuvent manger et boire normalement (après avoir fait la havdala).

Cependant si les médecins prescrivent à une personne non malade de jeûner dans un but préventif, cette personne devra manger en consommant des petites quantités, espacées les unes des autres de 7 minutes au moins.

Il en est de même pour toute personne qui jeûne, soumise a un traitement quotidien. Si elle ne peut avaler ses médicaments sans eau, elle devra boire par petites gorgées espacées.

3 Quelles sont les modifications dans la Amida ?

Dans les trois offices, Arvit, Cha’hrit, et Min’ha on ajoute deux passages : Na’hem dans Tichcon..et. ‘Anenou dans Chema’ Kolénou. En cas d’oubli, on ne reprend pas la bénédiction concernée.

4 Peut-on saluer les personnes que l’on rencontre pendant Tich’a Beav ?

Non, il est recommandé de ne dire ni bonjour, ni bonsoir. Si une personne vous salue, vous lui répondrez à voix basse.

5 Quand doit-on mettre le talit et les tefilines ?

Il est d’usage à Jérusalem de prier l’office du matin avec le talit et les tefilines. Cependant, on respectera l’usage de chaque lieu de prières, sans se démarquer de sa communauté. Celui qui a prié le matin avec talit et tefilines, et prie l’office de min’ha dans une communauté dont les fidèles portent le talit et les tefilines devra les porter de nouveau, pour ne pas se démarquer de la communauté.

6 A l’issue du jeûne, comment doit-on faire la havdala ?

Sans réciter les versets préliminaires usuels, on ne récite que la bénédiction sur le vin ou jus de raisin (boré péri haguéfen) suivie de celle de la havdala (hamavdil…).

7 Qu’est-il permis de faire cette année à l’issue du jeûne ?

Il est permis de se couper les cheveux, se raser, se laver, manger de la viande et boire du vin, et réciter la bénédiction usuelle sur un fruit nouveau ou un vêtement neuf (chéhé’hiyanou).

Puisse D. consoler Son peuple et rebâtir le Temple de Jérusalem bientôt de nos jours. Amen

lune

PARACHAT PIN’HAS 5775 – LA LUNE ET SON INFLUENCE

« Le Saint, béni soit-il, dit : Faites une expiation pour Moi (devant Moi) Qui ai amoindri la grandeur de la lune. » (‘Houline 60 b).

Rachi se réfère ici à ce passage : « A l’origine, le soleil et la lune avaient été créés égaux, mais la lune a été diminuée pour avoir protesté en ces termes : « Deux rois ne peuvent pas se servir de la même couronne, » (Genèse Rabba).

Le Talmud marque en marge de cette observation qu’il s’agit, d’un secret que seule la Cabbale peut élucider et qui n’est pas à prendre à la lettre. On peut évidemment comprendre que la lune a été «diminuée» et que la lumière qu’elle reflète vient du soleil, sans quoi elle ne serait jamais visible.

Mais Ba’hya Ibn Pakouda nous explique, au nom de la Cabbale, que depuis lors la lune a été frappée par l’interruption du courant divin de la bénédiction et ce fait nous est connu aujourd’hui en plusieurs sens.

En effet, la lune est « l’astre mort » par rapport aux autres astres qui peuplent le firmament et qui ont conscience d’eux-mêmes et conscience de leur Créateur (Maïmonide Yessodé Ha-Thora 12,9).

Son influence sur les événements humains est défavorable depuis qu’elle a été privée du « courant divin ». Ainsi l’auteur du ‘Hinoukh (§ 403) écrit comme une chose allant de soi et n’ayant pas besoin de preuves : «Lorsque les coupeurs d’arbres travaillent, ils opèrent une interruption qui va de la nouvelle lune au cinquième jour du mois. Ceux qui voyagent en mer ne partent pas avant le cinq du mois, après le renouvellement de la lune. On ne fait pas de saignée aux environs de la nouvelle lune. On ne fait pas bouillir le lin dans une cuve pendant l’époque du changement de lune, car cette opération ne réussit pas. Il y a encore une quantité d’autres exemples qu’il serait enfantin de citer. »

Nous ajouterons néanmoins que les jeunes couples préfèrent se marier à l’époque de la lune croissante, d’après l’indication du Choulhan Aroukh (Yoré Déa § 179). En vertu du fait que la réduction de la lune s’est produite, d’après le récit de la création, le quatrième jour, celui-ci est un jour de malédiction où la diphtérie menace les petits enfants. C’est ainsi que le Talmud enseigne: «Le quatrième jour (de la semaine), on jeûnait pour que la diphtérie ne frappe pas les petits enfants. » Si, de nos jours, nous ne nous rendons pas compte de cette influence néfaste de la lune, c’est parce que notre monde est hautement technicisé.

Un autre domaine, en revanche, où l’influence de la lune se fait encore sentir, c’est celui de la différence des sexes.

La néoménie est appelée le «jour de fête des femmes» (Ora’h Hayim § 417), car elle marque le renouvellement mensuel de la femme à l’égard de son mari. Le cycle menstruel, auquel la femme est assujettie en raison de sa nature biologique, a son unique modèle dans le cycle mensuel tracé par la lune et ses phases au firmament. La renaissance de la lune, en vue de présenter sa face obscure au soleil une nouvelle fois et de recevoir le rayonnement de sa brillante lumière, est l’unique occasion dans le royaume de la nature où apparaît le principe cosmique qui inscrit dans les astres la renaissance mensuelle de la femme.

Lorsque D.ieu a, au début de la création, châtié la lune, Il lui a infligé le sort d’être l’astre féminin et II l’a marquée, en même temps, de la faiblesse mensuelle caractéristique des femmes. Il a institué ainsi, depuis les astres jusqu’aux créatures les plus minuscules, le principe des sexes qui s’opposent puis se complètent l’un l’autre. Même l’homme fut créé unicellulaire. Ce ne fut que plus tard que les sexes se différencièrent aussi en lui, et que se manifesta, avec cette différenciation, la faiblesse mensuelle de la femme.

Une conséquence de la position de la lune est le phénomène connu sous le nom de marée. La Genèse nous rapporte que D.ieu a dit au troisième jour de la création : « Que les eaux répandues sous le ciel soient rassemblées en un même point. » Et Rachi note que D.ieu les a rassemblées dans l’océan, qui est la plus grande de toutes les mers. Mais le Midrach applique les mots : « ce qui est tordu ne peut être redressé » (Ecclésiaste 1,15) aux eaux de l’océan, disant que depuis qu’elles sont rassemblées en un endroit, il n’y a plus moyen de les redresser. Or, d’après le Deutéronome Rabba (5,3) c’est avec des pleurs que les eaux d’en bas et les eaux d’en haut se sont séparées. C’étaient les eaux inférieures qui versaient des larmes de dépit pour avoir été ainsi éloignées du trône céleste de D.ieu. Peut-être sont-ce ces sanglots, expression de la rage des eaux rassemblées dans l’océan, que représentent les hautes vagues de la marée montante ? Quand la lune est au-dessus des eaux de la mer, elle les oblige, par attraction, à s’élever jusqu’à une certaine hauteur : c’est ce qui produit le flux ou marée montante. Après ce passage de la lune, les eaux retombent : c’est ce qu’on appelle le reflux ou marée descendante. Lorsque les eaux ont atteint leur plus grande élévation, elles restent stationnaires pendant quelque temps : c’est le moment de la pleine mer.

L’influence de la lune sur notre calendrier est directe et, par conséquent, elle fournit un indice important sur l’exil. Le calendrier lunaire n’a jamais pu rattraper le calendrier solaire et le Midrach Rabba (Ecclésiaste 1,15) s’en afflige, en évoquant à ce sujet la phrase : « Ce qui manque ne peut entrer en compte. »

Les rapports entre la lune et le soleil au firmament servent de modèle aux relations entre Israël et les nations. De même que le soleil rayonne avec majesté au firmament, ainsi les nations dirigent leurs pas sur terre avec splendeur. Mais Israël, marchant dans l’obscurité, ressemble à la lune qui avance sans cesse à travers les planètes et qui montre sa lumière argentée après que le soleil s’est couché. Dès le début même, il a été institué qu’Israël et les nations ne peuvent pas porter en même temps la couronne de la suprématie. C’est pourquoi Israël, comme la lune devant le ciel, doit réduire son format devant les autres nations, jusqu’à ce qu’arrive le jour dont il est dit : « La lune alors brillera du même éclat que le soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus vive, comme la lumière des sept jours, à l’époque où D.ieu pansera les blessures de Son peuple et guérira les meurtrissures qui l’ont atteint. » (Isaïe 30,26).

Jusque-là, la néoménie demeurera un temps où Israël expie Ses fautes, en chaque génération, les péchés resteront pour tout avenir puisqu’ils sont dépendants de la nature et que D.ieu lui-même s’en est rendu responsable. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la sentence que « l’expiation est pour le Seigneur lui-même». Il est dit, en effet, dans notre prière pour le renouvellement de la néoménie, que la défectuosité de la lune sera un jour entièrement réparée.

(La Voix de la Torah)

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Parachat Balak 5775

Points essentiels de la section hebdomadaire

Balak roi de Moab prend peur de l’avance spectaculaire du peuple d’Israël, peuple issu d’esclaves sortis d’Egypte, qui veut recouvrir son statut d’indépendance dans sa marche vers le pays de Canaan.

Il préssent que la vielle promesse de D.ieu à Abraham est en train de s’accomplir: « Et la quatrième génération viendra ici car le péché de l’Amoréen n’était pas encore complet jusque là. »(Genèse 15, 16).

Or le territoire qu’Israël avait conquis était précisément celui qu’avaient peuplé les Amoréens.

Pour freiner cette avance, Balak loue les services de Bileam prophète des nations et père de la sorcellerie araméenne, ennemi juré du peuple juif et de son chef Moïse. Le seul recours de ces deux nouveaux alliés Balak et Bileam restait la parole de la malédiction pour contrer efficacement le projet ambitieux d’Israël.

Balak décide alors d’envoyer des messagers à Bileam avec toutes espèces de sortilèges.

D.ieu intervient en apparaissant en songe à Bileam et lui demande qui sont ces messagers. Bileam, induit en erreur, conclut que D.ieu n’est peut-être pas omniscient et qu’il est possible de trouver une faille pour pouvoir mener à bien son projet.

Après lui avoir refusé le droit dans un premier temps.D. ieu permet enfin à Bileam de rejoindre Balak roi de Moab,

Nulle part la puissance de D.ieu ne se manifeste avec autant de grandeur que lorsqu’elle oblige Ses ennemis à Lui rendre hommage et à s’incliner devant Lui. C’est ce qui se produisit avec Bileam, le prophète type des nations.

Après l’épisode malheureux de Bileam et son ânesse, celui-ci demande à Balak de lui dresser sept autels afin d’y offrir sept taureaux et sept béliers. C’est alors que D.ieu se présentant à Bileam, lui ordonne de retourner vers Balak pour lui proférer son oracle en présence de tous les princes de Moab en disant :

« Il ne regarde pas l’iniquité en Jacob, Il ne voit pas de mal en Israël

L’Eternel son D.ieu est avec lui, et l’amitié d’un Roi le protège »

Rachi commente: « Il ne regarde pas de trop près l’iniquité de Jacob, s’il transgresse des commandements. Il ne cherche pas à bien distinguer leurs fautes en infraction envers Sa loi »

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L’enseignement de la semaine : Rabbi Yossef Zoundel de Salant zatsal

Si le Saint béni soit-Il, -explique Rabbi Yossef Zoundel – qui connaît les secrets et les pensées de chaque être humain, feint de ne pas voir les impies, et ne voit aucune iniquité dans l’assemblée d’Israël , combien l’homme doit s’abstenir de tout jugement et de tout soupçon injustifié envers son prochain.

Rabbi Yossef Zoundel de Salant fut l’élève assidu de Rabbi ‘Hayim de Volozhyn.

Il mena une vie sobre. Il mangeait peu, dormait peu et consacrait la majeure partie de son temps à l’étude de la Torah et à l’étude du moussar (éthique et morale juive).

Lorsque Rabbi Yossef quitta la yechiva , son maître Rabbi ‘Hayim lui donna sa bénédiction en ces termes: «Puisse être la volonté du ciel que les deux temidim (sacrifices quotidiens du matin et de l’après midi ) soient réalisés selon leurs lois.»

Apparemment perplexe, Rabbi Yossef eut du mal à comprendre la teneur de cette bénédiction.

Rabbi ‘Hayim enchaîna alors l’explication. «Le premier chapitre du Code de la loi énonce cette règle  »Je fixe constamment mes regarda sur D.ieu… »   (Psaumes 16,8), alors que le dernier chapitre se termine par le verset « Qui a le cœur content est perpétuellement en fête » » (Proverbes 15,15) .

Nous devons – dit le maître- prendre garde que ces deux principes soient appliqués scrupuleusement, sans que l’un ne vienne empiéter sur l’autre. La santé du corps et celle de l’âme sont toutes deux indispensables, pour l’accomplissement du service divin.

CHABBAT CHALOM

 

 

 

13principes

LES PRINCIPES DE MAÏMONIDE – Le deuxième Principe

Les fondements de la foi juive

Je crois d’une foi parfaite que D.ieu est Unique, d’une Unicité comme il n’en existe absolument aucune autre. Lui seul est notre D.IEU. Il a été, Il est et Il sera.

 Ygdal

Il est Un et Son Unité est sans pareille. Il est caché et son Unité est infinie.

Commentaires sur la Michna

Le deuxième Principe a trait à l’unité de D.ieu. Nous croyons que la Cause de toutes choses est Une.

Il n’est pas un, toutefois, comme un membre d’une paire ou d’une espèce.

Il n’est pas non plus comme un objet unique, qui peut être divisé en un certain nombre d’éléments.

Il n’est pas même comme l’objet physique le plus simple, que l’on peut encore diviser à l’infini.

D.ieu est Un d’une manière unique. Il n’y a pas d’autre unité que la Sienne.

La Torah nous enseigne ce deuxième Principe en stipulant : « Ecoute, Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un » (Deutéronome 6,4).

 Code, Fondements de la Torah

(Yad, Yessodé haTorah)

1,6 : Si quelqu’un va jusqu’à se permettre de penser qu’il existe une divinité autre que D.ieu, il transgresse le commandement : “Tu n’auras point d’autres dieux que Moi (Exode 20,3).”

Une telle personne est considérée comme reniant le principe fondamental (cofère bé ’Ikar), puisque c’est de ce grand principe que dépend tout le reste.

1,7 : D.ieu est unique. Il n’est pas deux ni davantage, mais Un.

Son unité, toutefois, ne ressemble à aucune autre dans le monde.

Il n’est pas un comme une espèce, qui renferme beaucoup d’individus.

Il n’est pas un comme un objet physique, qui peut être divisé en parties et en dimensions.

Il est un, et Son unité est absolument unique.

S’il existait plusieurs divinités, celles-ci devraient avoir des corps et une existence physique. Ceci parce que des choses semblables ne peuvent être différenciées que par leurs qualités physiques.

Si D.ieu était physique, Il serait alors nécessairement fini. Car il est impossible à ce qui est physique d’être infini. Et si Son corps était fini, Sa puissance le serait alors également.

Mais nous savons que la puissance de D.ieu est infinie et continue. Elle n’est donc associée à rien de physique. Et du moment qu’il n’est pas physique, il ne peut exister de qualités physiques Le distinguant d’un autre être similaire.

Il ne peut donc y avoir qu’un D.ieu.

Croire en cela constitue l’obéissance a un commandement de la Torah, comme il est écrit :Ecoute Israël : Hachem est notre D.ieu , Hachem est Un (Deutéronome 6, 4).

Code, Repentance

(Yad, Techouva)

3,7 : Cinq catégories de personnes font partie des mécréants: Celui qui admet que le monde a un Maître mais qui dit qu’il y en deux ou plus.

(extrait des Principes de Maïmonide du Rav Aryeh Kaplan zatsal)