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eclair

Parachat Kora’h 5775 – Jusqu’où la jalousie peut-elle nous mener ?

Ils s’attroupèrent autour de Moïse et Aharon et leur dirent : « C’en est trop de votre part ! Car tous les fidèles sont tous saints, D.ieu règne parmi eux et pourquoi vous placez-vous au-dessus de la communauté de D-ieu ? »

(Nombres 16, 3)

Rachi explique : Tous sont saints. Tous ont entendu au Sinaï les paroles prononcées par le Tout-Puissant. Le commentateur Sfomo commente : Tous sont saints : Chacun d’eux est saint de la plante des pieds jusqu’à la tête, selon la recommandation divine disant,  vous serez saints pour votre D.ieu.

Il vaut la peine d’examiner le milieu où l’émeute prend sa source. Les trois chefs, Kora’h, Datane et Aviram, sont originaires des tribus de Lévi et de Ruben. Ces deux tribus, pour des raisons différentes, mais apparemment valables, avaient toujours formulé des revendications précises portant sur la direction de la nation : Ruben en vertu de son droit de premier-né, Lévi en raison de son rôle de tribu des prêtres. Or ce n’est ni à l’une ni à l’autre que D.ieu a effectivement décerné ce privilège.  Cette décision, dont déjà Jacob dévoila la raison, ne peut manquer de laisser une certaine amertume, surtout dans l’âme d’individus ambitieux, tels que ceux qui prennent ici la tête du soulèvement.

C’est ainsi que Kora’h jalouse son cousin Aharon, qui avait pris le poste de Grand-Prêtre, et son autre cousin, Elitsaphan fils d’Ouziël, à qui avait été offerte l’administration de sa tribu familiale, celle des fils de Kehat. « Que fit-il alors ? Il convoqua deux cent cinquante dirigeants de sanhédrin, la plupart appartenant à la tribu voisine,  de Ruben, tels Elitsour fils de  Chedéour et ses compagnons. »   (Rachi).

Elitsour — chef de la tribu de Ruben —-, avec la majorité des dirigeants de sanhédrin, et Datane et Aviram étaient, tous, mécontents de l’attribution des prérogatives de premiers-nés aux Lévites. Ces prérogatives leur avaient été enlevées deux fois de suite, des membres de la tribu de Ruben s’irritant de voir celle-ci privée de son droit d’aînesse au profit de Joseph : Ils soupçonnaient Josué, le serviteur de Moïse (qui était de la tribu d’Ephraïm), d’avoir manigancé, grâce à ses relations personnelles, l’avantage accordé à sa tribu sur toutes les autres. (Ibn Ezra).

 

La jalousie a motivé la colère de Kora’h contre Moïse. C’est là une vérité établie. Nous sommes tentés de classer cette jalousie dans la catégorie des sentiments louables, celle qui favorise l’émulation. La jalousie des scribes accroît la sagesse, déclarent nos Sages. En effet, Kora’h envie les qualités morales de Moïse et désire les acquérir. Caïn aussi avait jalousé les qualités de son frère Abel. Ce sont elles qui avaient valu l’acceptation du    sacrifice de ce dernier par l’Eternel.

Caïn désirait également que son sacrifice soit admis. Dans notre sujet aussi, la conduite de Kora’h semble compréhensible. Et en effet, Na’hmanide précise qu’Aharon, le frère de Moïse, était enclin à donner raison à Kora’h.  Na’hmanide puise sa thèse dans le verset   :  « Et il (Moïse) tomba sur sa face.».  La Torah ne dit pas qu’ils (Moïse et Aharon) tombèrent sur leur face. Car Aharon, homme de valeur morale inégalée, ne s’est pas jugé concerné par cette querelle. Il a gardé le silence, comme pour signifier que la valeur de Kora’h est supérieure à la sienne.

 

Pourquoi la Torah a-t-elle alors condamné Kora’h?

 

«Une femme sage construit sa maison, mais une femme stupide la détruit de ses propres mains» (Proverbes 16, 1)

 

Même la femme de One Ben Pélette, que nos Sages louent pour sa conduite, a tout fait pour dissuader son mari de suivre Kora’h. Comment s’y est-elle prise ? Elle dit à One, son mari :  » Si Moïse est le maître, tu es le disciple. Si c’est Kora’h qui est le maître, toi tu resteras disciple. Qu’as-tu à gagner si tu prends position pour l’un ou pour l’autre ? Tu n’as aucun intérêt à te mêler de cette polémique. » Par contre, la femme de Kora’h n’a pas cessé de fomenter les querelles et les intrigues. Elle s’adressait ainsi à Kora’h, son mari : « Comment peux-tu accepter que Moïse prenne tous les pouvoirs et pourvoie tous les postes importants aux membres de sa famille ? »

Cette intervention de la femme de Kora’h nous indique que nous ne sommes pas confrontés ici à une « jalousie de scribes », mais à de la jalousie pure et simple. Une jalousie condamnable, qui conduit à l’ambition des pouvoirs, à la recherche des honneurs. C’est pourquoi même les nouveaux-nés ont été engloutis par la terre, à cause de leur participation, même inconsciente, à ce soulèvement. La « jalousie des scribes » ne peut avoir pour résultat que la sanctification du Nom de D.ieu et non un châtiment quel qu’il soit.

 

Moïse notre maître s’est élevé au-dessus de toutes ces querelles. Il ne recherchait point les honneurs. Sa personnalité était appréciée par D.ieu et toute l’humanité. Au point que, comme le disent nos Sages, s’il avait pénétré en Terre d’Israël, le Saint Temple n’aurait jamais été détruit, car les raisons de la destruction du Temple n’auraient jamais existé si un homme de la stature de Moïse se trouvait là. Cela témoigne bien que les être parfaits entraînent la sanctification du Nom de l’Eternel.

 

La direction du peuple d’Israël est vouée au succès, si elle est assumée par des personnes qui se distinguent par leur abnégation, leur dévouement, et pas seulement par leur grande science ou leurs facultés intellectuelles impressionnantes. L’abnégation suppose le raffinement des aspirations du dirigeant. Ce raffinement s’acquiert par une lutte constante contre la jalousie, les honneurs, la rancune et autres mauvaises tendances.

La jalousie est la manifestation du souci d’affirmer sa valeur personnelle. Elle doit s’effacer et céder la place à la jalousie née du désir d’affirmer la valeur divine et le règne de D.ieu.

Ce Dvar Torah est dedie à l’élévation de l’âme de Guezala Julie bat Toutou Esther zal
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Introduction aux 13 principes de Maïmonide

Les fondements de la foi juive

L’une des affirmations les plus claires de la conscience juive est celle contenue dans les Treize Principes de Foi de Maïmonide. Ils ont été énoncés en premier lieu dans son commentaire sur la Michna et on les trouve, sous une forme abrégée, dans presque tous les livres de prières. Ils forment également la base du Yigdal, l’hymne synagogal familier de tous les fidèles.

Pour formuler ces fondements, Maïmonide a parcouru en long et en large l’ensemble de la littérature juive, afin de déterminer les principes qui ont toujours été tenus pour acquis et qui sont spécifiques au Judaïsme. Il les a ensuite rédigés, dans une expression claire et concise, sous la forme bien connue des Treize Principes. Ces principes ont été débattus au cours des huit siècles écoulés, et ils continuent d’être acceptés par tous les Juifs comme la seule profession de foi non ambiguë du Judaïsme.

Pour le Juif, cependant, professer simplement la foi n’a jamais été suffisant. On peut croire, mais si l’on n’agit pas sur la base de sa croyance, sa profession de foi ne représente rien d’autre que des mots vides. Inversement, on ne peut pratiquer le Judaïsme en aucune manière si l’on ne comprend pas les racines dont il est issu et si l’on n’y croit pas.

Toutes les fois que nous nous référons au “Commentaire sur la Michna ”, c’est cette première formulation de ces principes que nous désignons. Nous nous référerons également à d’autres endroits où cette même Michna est citée dans le Commentaire. Nous la désignerons comme : “Commentaire sur la Michna, Sanhédrin 10, 1”.

Maïmonide, qui s’était associé avec son frère David dans un commerce de bijouterie, employait chacun de ses moments de liberté à son Commentaire sur la Michna.

Il l’acheva en 1168 et il fut publié sous le titre, en arabe, de Kitab asSiraj (le livre de l’Illumination).

Bien qu’il fût occupé à la fois par sa charge de médecin de la Cour et par ses activités médicales au profit de sa propre communauté, il trouva le temps d’entreprendre un autre projet monumental : la codification de toutes les lois du Talmud.

Maïmonide passa douze ans à extraire du Talmud chaque décision et chaque loi, puis à les ordonner toutes dans quatorze volumes systématiques. Il acheva son œuvre en 1180 et elle fut appelée Michné Torah, ou “Code de la Torah”. On lui a également donné le nom de Yad ’Hazakah ou “Main forte”. Le mot hébreu Yad (main) s’écrit exactement comme le nombre 14, allusion aux 14 volumes de l’ouvrage. On l’appelle souvent plus brièvement “le Yad”, ou simplement “le Rambam”.

Cette codification consacra Maïmonide comme l’autorité juive suprême de sa génération.

Bien que les Treize Principes ne soient pas évoqués explicitement dans ce Code, ils jouent un rôle important dans beaucoup de domaines. Ceci est particulièrement vrai de la première section, qui traite des “Fondements de la Torah”, et de celle relative à la “Repentance”, qui concerne la condition de l’homme en général. Un siècle environ après la mort de Maïmonide, Rabbi Daniel bar Yehoudah de Rome transcrivit les Treize Principes en vers. Connu sous le nom de Yigdal, ce poème figure dans tous les livres de prières et on le chante dans toutes les synagogues du monde.

Les Treize Principes

  1. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu est le Créateur et le Maître de toutes choses. Lui seul a fait, fait et fera toutes choses.
  2. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu est Unique, d’une Unicité comme il n’en existe absolument aucune autre. Lui seul est notre D.ieu – Il a été, Il est et II sera.
  3. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu n’est pas un corps. Les concepts qui se rattachent au corps ne s’appliquent pas à Lui et absolument rien ne Lui ressemble.
  4. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu est le Premier et le Dernier.
  5. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu est exclusivement le seul digne de prières et que personne ni rien d’autre ne l’est.
  6. Je crois d’une foi parfaite que les paroles des prophètes sont vérité.
  7. Je crois d’une foi parfaite que la prophétie de Moïse est absolument vraie, qu’il a été le plus grand de tous les prophètes, de ceux qui l’ont précédé comme de ceux qui l’ont suivi.
  8. Je crois d’une foi parfaite que la Torah que nous possédons maintenant est celle qui a été donnée à Moïse.
  9. Je crois d’une foi parfaite que la Torah ne sera jamais changée, qu’aucune autre ne sera jamais donnée par le Créateur.
  10. Je crois d’une foi parfaite que le Créateur connaît toutes les actions et toutes les pensées de l’homme, comme il est dit : “Il a formé leur cœur à tous, et connaît toutes leurs actions” (Psaumes 33,15) .
  11. Je crois d’une foi parfaite que D.ieu récompense ceux qui observent Ses commandements, et qu’il punit ceux qui les transgressent.
  12. Je crois d’une foi parfaite en la venue du Messie. Et même s’il tarde, malgré cela, je l’attendrai chaque jour.
  13. Je crois d’une foi parfaite que se réalisera la résurrection des morts, lorsque telle sera la Volonté du Créateur.

Yigdal

  1. Que soit exalté et glorifié le Dieu Vivant. Il est, et Son Existence n’a ni temps ni limite.
  2. Il est Un et Son Unité est sans pareille. Il est caché et son Unité est infinie.
  3. Il n’a aucune apparence de corps. Il n’est pas un corps. Rien ne peut se mesurer à Sa sainteté.
  4. Antérieur à tout ce qu’il a créé. Il est le Premier et II n’a point de commencement.
  5. Il est le Maître de tout l’univers et de toute créature. Toutes témoignent de Sa Grandeur et de Sa Royauté.
  6. Aux hommes de son choix et de Sa Gloire. Il a donné l’épanchement de Sa prophétie.
  7. Jamais il ne s’éleva en Israël. Un prophète semblable à Moïse, qui contempla Sa face.
  8. Par l’entremise de Son prophète, de Son fidèle serviteur. D.ieu a donné Sa Torah de Vérité à Son peuple.
  9. D.ieu ne transformera jamais cette Loi. Il ne la changera jamais pour une autre.
  10. Il voit et connaît nos secrets. Dès le commencement, Il aperçoit la fin.
  11. Il dispense le bien à l’homme selon sa conduite. Et au méchant, le mal selon sa méchanceté.
  12. Au terme des jours, Il enverra notre Messie. Pour délivrer ceux qui attendent les délais de Son Salut.
  13. Par Sa grande miséricorde, D.ieu fera revivre les morts. Béni soit Son Nom glorieux à tout jamais !

(extrait des Principes de Maïmonide du Rav Aryeh Kaplan zatsal)

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LES PRINCIPES DE MAÏMONIDE – Le premier Principe

Les fondements de la foi juive

Je crois d ‘une foi parfaite que D.ieu est le Créateur et le Maître de toutes choses. Lui seul a fait, fait et fera toutes choses.

Yigdal

Que soit exalté et glorifié le D.ieu Vivant. Il est, et Son Existence n’a ni temps ni limite.

Commentaire sur la Michna :

Le premier Principe porte sur la croyance en l’existence de D.IEU. Il existe un Etre, parfait au possible, qui est la cause ultime de toute existence. Toute existence dépend de Lui et émane de Lui. Il est inconcevable qu’Il puisse ne pas exister. S’il n’existait pas, tout le reste cesserait également d’exister et rien ne resterait.

S’il n’existait pas d’autre existence, cela n’abolirait et ne diminuerait en aucune manière Son Existence. D.ieu seul se suffit totalement à Lui-même. L’unité et le pouvoir n’appartiennent qu’à Lui. Il possède en Lui-même tout qu’il lui faut et n’a besoin d’absolument rien d’autre.

Toute autre créature, par contre, qu’elle soit ange, étoile, ou toute créature, qui leur est associée d’en haut ou d’en bas, dépend de Lui pour son existence même.

La Torah nous enseigne ce premier Principe dans le premier des Dix Commandements : “Je suis l’Eternel ton D.ieu (Exode 20,2).”

CODE, Fondements de la Torah – (YAD, Yéssodé haTorah)

Le pilier, le fondement ultime de la sagesse, c’est de se faire une idée précise qu’il existe un Etre premier qui a fait exister tout le reste. L’existence de tout le reste – dans le ciel et sur la terre – n’est que le résultat de la réalité de Sa propre existence.

Si l’on pouvait concevoir qu’Il n’existe pas, rien d’autre alors n’existerait non plus.

Si, par contre, on pouvait concevoir que rien d’autre n’existe, Il n’en continuerait pas moins d’exister seul. Il ne cesserait pas d’exister le reste ayant cessé ; car toutes choses dépendent de Lui, mais Lui ne dépend pas d’elles. C’est pourquoi rien n’est aussi réel que Lui.

Aussi le prophète a-t-il dit : “Hachem, D.ieu, est réel (Jérémie 10,10).” Lui seul est réel. Rien d’autre n’a de réalité au sens où II la possède. La Torah dit de même : « Hachem seul est D.ieu, il n’en est point d’autre » (Deutéronome 4,35). « Rien d’autre ne partage Sa réalité ultime ».

Cet Etre est D.ieu du monde, Seigneur de toute la terre… Son pouvoir n’a ni fin ni limite.

Savoir cela constitue l’un des commandements de la Torah, qui nous a ordonné : « Je suis l’Eternel ton Dieu » (Exode 20, 2).

Code, Repentance – (Yad, Téchouva)

Cinq catégories de personnes font partie des mécréants: Celui qui dit qu’il n’y a pas de D.ieu et que le monde n’a pas de Maître …

(extrait des Principes de Maïmonide du Rav Aryeh Kaplan zatsal)

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Parachat Chela’h Lekha 5775 – Pourquoi doit-on porter des Tsitsit aux quatre coins de nos vêtements ?

D.ieu parla à Moïse en disant : « Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux ailes de leurs vêtements, dans toutes générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur. ״ Cela formera pour vous des franges, vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de D.ieu, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité. Afin que vous vous rappeliez et vous accomplissiez tous mes commandements et vous serez saints pour votre D.ieu».

Rachi : « Le mot ציצת (tsitsit) a pour valeur numérique six cents et si l’on y ajoute les huit fils et les cinq nœuds (qui les composent) on obtient un total de six cent treize. »

Mais pour Na’hmanide, le rappel des commandements dépend du fil d’azur, selon la remarque de Rabbi Méir: « En quoi la couleur תכלת (bleu azur) se distingue-t-elle de toutes les autres ? Parce qu’elle ressemble à la mer, la mer au firmament, et le firmament au trône de la Gloire divine.» Chaque frange se compose de quatre fils blancs, dont l’un était à moitié passé au bleu, si bien qu’une fois les fils attachés au coin du vêtement, on obtenait sept fils blancs et un bleu.

Dans les habits sacerdotaux et dans le Tabernacle cette dernière couleur était dominante, aussi était-elle réputée comme la teinte privilégiée du Seigneur, unie au blanc dans les tsitsiot. Celles-ci représentent le «sceau du Roi sur ses esclaves.» Ainsi chaque matin en revêtant les tsitsiot, les Israélites se rappellent qu’ils sont les serviteurs de D.ieu, qu’ils ont accepté Ses commandements par serment et par proclamation solennelle (Sfomo). Le Zohar commente ce verset de la manière suivante. La Torah emploie, pour désigner la plaque qui ornait le front du Grand-Prêtre, le mot tsits est masculin . Grâce à elle, il pouvait «voir» les hommes et nul n’échappait à cet examen qui pénétrait au fond de la conscience. Tsitsit par contre, est au féminin et permet à l’homme d’«entrevoir la Divinité», d’appréhender la Justice de Dieu. Le fil bleuâtre symbolise le Trône divin, selon le processus indiqué par Rabbi Méir (voir ci-dessus), et plus spécialement le Trône d’où les hommes sont jugés pour leurs crimes» — dont leur vie dépend. Mais par rapport au blanc, le bleuâtre a une valeur huit fois moindre, car le blanc représente le principe d’amour du Trône divin, comme cela ressort du verset (Ezéchiel 24, 10) « sous les pieds du Trône divin comme une œuvre de blanc de saphir». Cette expression décrit bien les tsitsiot : le fil bleu s’attache aux fils blancs avec la même tendance que la rigueur de la Justice cherche l’amour de D.ieu. Voilà pourquoi les Sages prescrivent de réciter le Chema le matin à partir du moment où l’œil humain peut distinguer le blanc du bleuâtre. Enfin, ces deux couleurs doivent se comporter entre elles comme la droite avec la gauche, le blanc à droite devant dominer à gauche le fil bleuâtre.

De nos jours, il faut renoncer au fil bleuâtre dans l’observance de la mitsva des tsitsiot. La Michna (Mena’hoth. 38 a) assure, en effet, que l’absence du fil bleuâtre n’amoindrit pas la valeur du commandement accompli avec des fils blancs seulement, et Rabbi Méir — qui nous avait enseigné la valeur du fil bleuâtre — déclare que la sanction qui frappe la négligence de la mitsva des fils blancs est plus grave que pour le fil bleuâtre. Les tsitsiot uniquement composées de fils blancs symbolisent la Justice divine sous la forme de l’amour et de la grâce — et c’est cela qui remplit le Juif de joie ! Rabbi ‘Hayim ben Attar affirme que c’est pour cette raison que D.ieu a exigé de choisir une couleur qui n’existe plus de nos jours. Lorsqu’on s’enveloppe du talit, on exprime son exaltation par les mots du Psaume (36,8 et 11) : « Qu’elle est précieuse, ô Dieu, Ta grâce ! Les hommes se protègent à l’ombre de Tes ailes. Etends Ta grâce à ceux qui Te connaissent, et Ta charité à ceux dont le cœur est droit. »

Telles sont les considérations qui motivent et animent notre action au service de D.ieu.

(adapté à partir de la Voix de la Torah)

lachone hara

PARACHAT BEHA’ALOTEKHA 5775 – POURQUOI FAUT-IL S’ÉLOIGNER DE LA MÉDISANCE ?

Myriam et Aharon parlèrent contre Moïse, à cause de la femme éthiopienne qu’il avait épousée, car il avait épousé une femme couchite. Et ils dirent :Est-ce uniquement à Moïse que D.ieu a parlé? D.ieu les entendit.

(Nombres 18, 1-2)

Comment comprendre que de grands personnages comme Myriam et Aharon aient pu dire du mal de leur frère ?

Il est évident que leur intention était pure. Le midrach nous éclaire sur le motif de leur conduite. Le ‘Hokhma ‘im na’hala explique ce verset à partir du commentaire de Rachi :

Ayant appris fortuitement que Moïse vivait séparé de sa femme (Rachi 12, 1), Myriam pensa qu’il ne pourrait pas remplir son rôle de chef et d’exemple s’il adoptait un mode de vie trop saint, trop élevé pour le peuple.

Un homme détaché de toute passion humaine ne peut servir de guide, estima-t-elle. Et c’est ainsi que l’on peut comprendre le verset est-ce seulement et uniquement : « [les commandements] que D. n’a dits qu’à Moïse, les a-t-Il dits seulement et uniquement pour lui ? N’ont-ils pas été dits pour nous aussi ? ». D.ieu a enseigné les lois à Moïse pour les transmettre à tous les Enfants d’Israël. Or il ne pouvait les inculquer que s’il expliquait à tous que la Torah est accessible aux hommes, en leur montrant qu’il est un homme comme eux et non un ange. Sinon, ils risqueraient de tomber dans le péché en disant, de nouveau, comme avant de commettre la faute du veau d’Or : «Moïse, cet homme qui nous a fait monter d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu » (Exode 32, 1), c’est-à-dire Moïse que nous avons connu comme “homme” lorsqu’il nous a fait sortir d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui. Nous ne pouvons pas le suivre car il est devenu un ange. C’est donc uniquement par souci du peuple, que Myriam et Aharon ont émis des réserves sur leur frère.

D.ieu leur a alors répondu : « S’il n’était que votre prophète, moi Hachem, Je me manifesterais à lui par une vision… Il n’en est pas ainsi de Moïse, Mon serviteur. De toute Ma maison il est le plus fidèle. Je lui parle face à face, dans une apparition claire et sans énigmes… » (12, 6-8).

Si le rôle de Moïse n’avait été que d’être un prophète, un guide, on aurait pu penser qu’il n’aurait pas dû se comporter ainsi ; mais il a une autre fonction : il est le serviteur le plus proche de D.ieu qui ne sera jamais. De toutes les façons, sa relation avec D.ieu est au-delà de toute conjoncture humaine. De plus « pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre Mon serviteur, contre Moïse ? » Cela signifie que s’il s’est séparé de sa femme, c’est sur Mon ordre, pour être Mon serviteur, lorsque Je lui ai dit au mont Sinaï : « Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes mais toi, tiens- toi ici, avec Moi… »

Myriam a fait une erreur en parlant ainsi, mais son intention était bonne. Et pourtant, elle a été sévèrement punie. A plus forte raison, celui qui médit de son prochain pour lui faire du tort le sera-t-il. Son châtiment sera encore plus grave s’il s’agit d’un maître, d’un Rav. Peut-être cette explication doit-elle nous mettre en garde, toutes proportions gardées, contre la tendance de reprocher au Rav d’être trop rigoureux, trop au- dessus du peuple et de proclamer qu’il est, par cela, responsable des problèmes religieux de sa communauté. N’oublions pas que l’exigence de la loi ne provient pas de lui. Il ne fait que transmettre la volonté de D.ieu à laquelle il est lui-même soumis.

Souvenons-nous de l’épisode de Myriam pour nous éloigner de toute médisance comme nous le demande la Torah. Ainsi serons-nous protégés du châtiment de ceux qui, comme les explorateurs, n’ont pas tiré la leçon du châtiment de Myriam.

(adapté à partir de Imré Cohen)

colombe olivier

PARACHAT BEHAR-BE’HOUKOTAÏ 5775 – COMMENT FAIRE RESIDER LA PAIX ET LA BÉNÉDICTION ?

Je fixerai Ma résidence au milieu de vous et Mon esprit ne vous rejettera pas (Lévitique 26, 38).

Les deux parties de ce verset semblent difficilement compatibles. Pourquoi viendrait-il à l’idée que D.ieu rejette Son peuple alors qu’il installe Sa résidence au milieu d’eux ? Le Tabernacle n’a-t-il pas été édifié en accord rigoureux avec les directives du plan divin et dans le seul but de révéler la Grâce Divine ? Comment dans ce cas l’idée de rejeter le peuple d’Israël peut-il se justifier ?

Na’hmanide donne l’explication suivante : l’Esprit divin étant une émanation supérieure, certaines circonstances peuvent conduire à ce qu’il ne puisse pas cohabiter avec la contingence matérielle. L’incompatibilité entre les valeurs spirituelles et les éléments matériels peut provoquer le retrait de la Grâce Divine. Ici, D.ieu promet de dompter cette incompatibilité et de continuer à résider au milieu du peuple sans que Sa Grâce n’éprouve de répulsion du voisinage corporel humain. Na’hmanide précise que cette thèse constitue l’un des secrets les plus profonds de la Torah.

 Le commentateur Sforno avance une interprétation différente : Mon esprit ne vous rejettera pas : à jamais. D.ieu nous promet aujourd’hui, que même si, dans l’avenir, notre conduite parvenait à soulever Sa colère, Il maintiendrait sa Grâce au milieu de nous et ne nous rejetterait pas pour toujours. Sforno rappelle à ce propos le serment divin, exprimé par le prophète: Que les montagnes chancellent, que les collines s’ébranlent, Ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni Mon alliance de paix ne sera ébranlée, dit Celui qui t’aime, D.ieu (Isaïe 54, 10). Cette promesse accompagne tout au long des siècles le peuple d’Israël: il a été rejeté, éprouvé mais pas pour toujours.

 La conduite de la Providence Divine est conforme à la loi de « mesure contre mesure ». Nous devons nous demander de quelle façon se révèle la notion de « mesure contre mesure », dans la conduite divine qui refuse d’abandonner pour toujours Israël? Force nous est de conclure que le lien spirituel entre D.ieu et Israël n’est jamais rompu. Il existe toujours au sein du peuple, des Justes, qui sont attachés sans réserve, et en dépit de tous les obstacles et de toutes les adversités, aux valeurs de la Torah, à l’observance rigoureuse de ses commandements, tant dans le domaine des devoirs de l’homme envers D.ieu que dans celui des rapports entre humains. Une « mesure » d’un homme juste vaut d’innombrables « mesures » en faveur de tout le peuple. Nos Sages ont déclaré : Une bonne « mesure » entraîne une « mesure » cinq cents fois plus grande de miséricorde (Sota 11a) et ailleurs : la « mesure » de miséricorde se manifeste beaucoup plus vite que la mesure de châtiment (Chabbat 97a). Il en résulte qu’en cas de conduite condamnable du peuple d’Israël, la bonne « mesure » des Justes a devancé le mal et suscité la miséricorde divine bien plus intensément et bien avant que soit considérée la mauvaise conduite.

Le dirigeant spirituel au sein du peuple juif agit, activement et avec bonne grâce, en faveur du peuple. Son action contribue à l’instauration de la paix entre les différents membres de la communauté. C’est bien l’idée exprimée dans notre section: Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et si vous les exécutez — c’est bien l’oeuvre des Justes du peuple—Je ferai régner la paix dans ce pays (Lévitique. 26, 3).

Nous avons tendance à croire que la paix évoquée dans ce verset, est celle souhaitée entre Israël et les autres peuples. Mais les commentateurs bibliques, tels Ibn Ezra, Na’hmanide, et d’autres, interprètent différemment : Je ferai régner la paix entre vous et que ne vous adonniez pas à des querelles intestines, entre frères. La paix entre frères, entre membres du même peuple, est le résultat le plus bénéfique de l’accomplissement des mitsvoh, c’est cela la bénédiction. Cette bénédiction rejaillit sur tout le peuple, autant sur ceux qui observent les mitsvot que sur ceux qui les négligent, ce qui soulève le problème de la solidarité mutuelle entre tous les enfants du peuple. C’est cette solidarité qui vaut à la multitude de profiter de la bonne « mesure » méritée par le Juste.

 Nos Sages disent encore : Heureux sont les Justes car, leur mérite est considéré non seulement en leur faveur mais aussi en faveur de leurs enfants et descendants jusqu’à la fin des générations. (Yoma 87 a). Et ailleurs : Heureux sont les Justes, car c’est grâce à eux que la Grâce Divine réside sur la terre (Pesikta Rabati 5, 7).

Les paroles du verset par lequel nous avons commencé, s’éclairent. Je fixerai Ma résidence au milieu de vous, et Mon esprit ne vous rejettera pas ; c’est par le mérite des Justes qui sont parmi vous, ceux-là qui se sacrifient sans cesse pour étudier la Torah, et qui par là, instaurent la paix entre vous. L’abondance et la bénédiction de D.ieu sont accordées au peuple par le mérite des Justes et c’est ce que nous disons quotidiennement dans notre rituel : Les Talmidé Hakhamim les disciples des Sages instaurent une paix considérable dans le monde.

(adapté à partir des Leçons Chabbatiques )

maimonide restrictions

DOIT-ON S’IMPOSER PLUS D’INTERDICTIONS QUE N’EN A PRÉVU LA TORAH ?

Peut-être se dira-t-on : « Puisque l’envie, le désir, l’ambition et toutes les passions qui leur ressemblent, constituent la mauvaise voie et abrègent la vie de l’homme, je m’en vais y renoncer totalement et je m’en éloignerai jusqu’à l’extrême qui en est la négation. » Si bien que l’on ne consommera ni viande, ni vin, que l’on ne se mariera pas, que l’on ne consentira pas à habiter un logis avenant, que l’on portera non pas une élégante vêture, mais seulement un sac et de la bure à la façon des prêtres idolâtres.

Or cette voie est, elle aussi, mauvaise et il est interdit de la suivre. Celui qui l’emprunte mérite le nom de pécheur. La Torah, en effet, dit du nazir (abstème): « Et il fera propitiation sur lui parce qu’il a péché contre lui-même » (Nombres 6,11).Or, disent les sages, si un nazir, qui n’a renoncé qu’au vin, a besoin qu’il soit fait propitiation sur lui, l’homme qui s’est privé de toutes les jouissances sans exception requiert a fortiori le même traitement. C’est pourquoi, ils ont pres­crit de ne se priver que de ce qui tombe sous une interdiction de la Loi, sans aller s’interdire encore par vœux ou serments ce que la Loi autorise. « Trouverais-tu insuffisantes, s’écrient les Sages, les interdictions que comporte la Loi que tu t’en imposes d’inédites »?

Ces paroles visent également les personnes qui jeûnent perpé­tuellement : elles ne sont pas dans la bonne voie. Aussi les sages ont-ils interdit de se torturer par des jeûnes. Et c’est la pensée de tels excès ou d’excès analogues qui a dicté à Salomon ce conseil « Ne sois pas juste à l’excès et ne t’ingénie pas trop à être sage, pour­quoi t’exposeras à la ruine ? » (Ecclésiaste 7,16)

Il est nécessaire que l’homme oriente son esprit et toutes ses actions vers la connaissance de D.ieu, béni soit-il, et vers elle seulement. Qu’il s’assoie, se lève ou parle, il ne fait rien qu’avec cette fin en vue. De quelle manière ? Eh bien, commerçant ou salarié, il ne pensera pas uniquement au fait qu’il amasse ainsi de l’argent, mais il se livrera à ces occupations avec le sentiment que, par leur moyen, il pourra satisfaire aux exigences fondamentales du corps telles que la nourriture et la boisson, le toit, le mariage. De même, au moment de manger, de boire ou d’avoir des rapports intimes, il ne pensera pas uniquement à la jouissance qu’il va en tirer au point de n’admettre en fait de nourriture ou de boisson que ce qui flatte le palais et de ne rechercher dans l’union conjugale que le plaisir, mais il se dira qu’il mange pour entretenir seulement la santé de son corps et de ses organes. Voilà pourquoi, il ne se fourrera pas dans la bouche tout ce que lui dicte son appétit, à l’instar du chien ou de l’âne. Il ne consommera que des aliments salutaires au corps sans s’inquiéter de leur saveur amère ou douce, et s’abstiendra, au contraire, des produits qui sont nuisibles au corps en dépit de leur goût agréable.

Celui qui n’assigne à sa conduite que le seul objectif curatif, qui ne pense qu’à s’assurer une parfaite santé physique ou à avoir des enfants qui exercent son métier et subviennent à ses besoins, celui-là n’agit pas bien.

Pour être sur la bonne voie, il devra avoir conscience qu’il faut que son corps soit intact et fort, pour que son âme puisse accéder à la connaissance de D.ieu. En effet, il est impossible que l’homme comprenne ce qui lui est enseigné, ou réfléchisse personnellement sur les problèmes lorsqu’il a faim, lorsqu’il est malade ou lorsque l’un de ses organes le fait souffrir.

De même, il voudra avoir un fils dans l’espoir que ce dernier deviendra un savant ou un Israélite éminent.

L’homme qui suivra un tel chemin toute sa vie, servira en fait le Seigneur constamment, même au moment de l’union conjugale, puisqu’il ne fera rien qu’avec la pensée de subvenir à ses besoins de manière à ce que son corps soit parfaitement apte à servir le Créateur.

On pourra en dire autant même de son sommeil : S’il s’y abandonne avec l’intention d’assurer grâce à lui, du repos à son esprit et à son corps et d’éviter, en tombant malade, d’être incapable de servir D.ieu, un tel sommeil peut être considéré comme un véritable service de Dieu.

Voilà le sens de la prescription des Sages : « Que toutes tes actions soient entreprises au nom de D.ieu », et c’est là aussi, ce qu’entend Salomon lorsqu’il dit en son style figuré :

«Connais D.ieu en toutes tes voies et Lui, il aplanira tes sentiers». (Proverbes 3, 6)

MAÏMONIDE, Le livre de la Connaissance

education

PARACHAT A’HARE-MOT/ KEDOCHIM 5775 – COMMENT REUSSIR L’EDUCATION DE SES ENFANTS ?

«Vous serez saints car Je suis Saint, Moi, Hachem votre D.ieu. Honorez, chacun votre mère et votre père et observez mes Chabbat . Je suis Hachem votre D.ieu. »                                               (Lévitique 19, 2-3)

Rachi explique le rapport entre ces deux mitsvot, le respect dû aux parents et   l’observance du Chabbat : « Si la Torah nous enseigne le respect des parents, il n’en est pas moins vrai que si ton père t’ordonnait de profaner le Chabbat , tu n’aurais pas le droit de lui obéir. Et il en est de même de tous les autres commandements.  » Je suis Hachem votre D.ieu  » Toi et ton père vous êtes, tous les deux, astreints à M’honorer, c’est pourquoi, s’il s’agit d’enfreindre Mes paroles, ne l’écoute pas».

La paracha de Kédochim qui nous donne les directives essentielles de notre existence, nous précise ici un point très important dans le domaine de l’éducation de nos enfants. Educateurs et parents se trouvent, en effet, et aujourd’hui plus que jamais, devant un problème ardu : les bouleversements historiques et d’autres circonstances ont eu pour effet que nombre de nos familles ont abandonné plus ou moins les actes religieux même les plus importants. Or, comme ces parents veulent néanmoins rester juifs et sont pleinement conscients de leurs responsabilités, ils confient leurs enfants à des maîtres. Cependant, ces éducateurs savent bien qu’une éducation digne de ce nom ne peut être disjointe d’une éducation à la pratique des mitsvot. Par conséquent, sur le chemin de sa pratique religieuse, l’enfant se trouvera très souvent en butte à l’indifférence, sinon à l’opposition de son milieu familial. Cela peut provoquer un déséquilibre qui risque ou bien de détacher l’enfant de sa famille ou bien de lui faire tourner le dos à toute éducation religieuse.

Comment résoudre cette difficulté ?

Il est certain que l’éducateur devra faire preuve du maximum de doigté pour éviter les heurts entre parents et enfants. Néanmoins, sa tâche se trouvera compliquée du fait qu’en tant qu’éducateur honnête, il ne pourra pas outrepasser certains impératifs religieux. Les parents, de leur côté, doivent être conscients du problème et réaliser en premier lia qu’ils sont les intermédiaires de D.ieu vis-à-vis des enfants qu’il leur as confiés. Les Tables de la Loi portent sur une moitié les devoirs des hommes envers D.ieu. Or le cinquième commandement « Honore ton père et ta mère » fait précisément partie des devoirs de l’homme envers D.ieu !

 

Pour assumer pleinement leur rôle, les parents doivent donc se préparer à suivre l’évolution de leurs enfants dans la voie du Judaïsme, même si cela devait entraîner un sacrifice de leur part. Ils éviteront ainsi de creuser un fossé qui ne manquera de s’élargir entre eux et leurs enfants, s’ils persistent dans une attitude négative ou hostile à leur égard.

Existe-t-il un plus grand bonheur qu’une famille où règne l’harmonie, la bonne entente, et qui s’épanouit dans le cadre que D.ieu nous a tracé ?

 

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PARACHAT TAZRIA-METSORA 5775 – COMMENT LE MAL SE TRANSFORME EN BIEN ?

« Lorsque les Enfants d’Israël eurent connaissance de la paracha sur les plaies de la lèpre, nous apprend le Midrach, ils furent saisis de peur. Moïse leur dit alors : « Ne craignez rien ! Ces plaies sont destinées aux nations du monde et vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir, comme il est dit : « Les souffrances de l’impie sont nombreuses alors que celui qui a confiance en D.ieu est entouré de bonté » ».

Quel est le sens de ce midrach ? Là se trouve posé le problème du Bien et du Mal. Il est dit dans la première bénédiction du Chéma : « Tu es source de bénédictions Hachem Qui a formé la lumière et créé les ténèbres… ». Cela signifie que même les ténèbres, le Mal, sont une création de D.ieu.

D’une part, il est écrit, dans les versets de la Genèse « Et D.ieu appela la lumière jour et l’obscurité nuit » et d’autre part, le midrach nous fait remarquer : « D.ieu n’a pas voulu associer Son Nom aux ténèbres. » (C’est pourquoi Eloqim est juxtaposé au mot Or, (lumière), mais il est éloigné du mot ‘hochekh (obscurité). Comment expliquer cette contradiction ?

En réalité, tout vient de D.ieu et rien n’existe en dehors de Lui, même le Mal. Cependant, ce qui émane de D.ieu c’est uniquement le Bien, la bénédiction. C’est pourquoi, Son Nom n’a pas été associé au mot ‘hochekh (obscurité). La malédiction, le Mal est, en fait, un Bien qui se transforme en Mal au contact de l’homme à cause de sa conduite. Les actions de l’homme, si elles sont mauvaises, nécessitent que le Bien prenne la forme de plaies, de souffrances, pour remettre l’homme sur le droit chemin ou expier ses fautes. Au début, même les eaux du déluge étaient des pluies de bénédiction avant de devenir des eaux en furie, à cause du refus de la génération de faire techouva (repentir).

Les peuples du monde ne possèdent pas le même dynamisme de repentir, qu’Israël. Ils s’estiment si accablés par « le péché originel » qu’il n’y a pas lieu d’essayer de réagir, ou bien ils se sentent en état de « grâce » indépendamment de leurs efforts. Leur position est passive, ils se sentent déterminés par leur nature, leur caractère. C’est pourquoi, s’ils commettent des fautes, l’action de D.ieu prendra sur eux la forme de plaies indélébiles, inéluctables car ils ne sont pas capables de s’amender

Il en est tout autrement pour le peuple d’Israël. Le Talmud Meguila nous dit que pour Israël, la solution, la guérison est déjà prévue avant même que vienne le coup. En effet, explique le Maharal, pour Israël, le but de l’épreuve, c’est de provoquer le repentir, car Israël est capable de faire techouva. C’est pourquoi la guérison lui est préparée avant même qu’il ne soit frappé (par exemple : Esther fut nommée reine avant que Haman ne monte au pouvoir, etc.)

Ceci n’est pas le cas pour les autres nations Le mal qui affecte ces peuples n’a pas la même essence car ils ne reconnaissent pas la puissance de la techouva. Le mal est la conséquence inéluctable de leurs actes.

Les Enfants d’Israël furent effrayés d’entendre la paracha des plaies : Le fait même d’en avoir peur les éloigne de la faute et leur évite d’en être frappés. C’est pourquoi le midrach nous apprend que Moïse leur répondit : « Ne craignez rien ! Ces plaies sont destinées aux nations du monde et vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir, comme il est dit : « Les souffrances de ‘ sont nombreuses alors que celui qui a confiance en D.ieu est entouré de bonté ». Si, grâce aux avertissements de cette paracha, vous prenez garde de ne pas vous laisser aller à la médisance, non seulement ces plaies ne vous affecteront pas, mais, comme une guérison, une refoua, vous bénéficierez de la plus grande bénédiction : La plaie (nega’) se transformera en plaisir (‘oneg) (ces deux mots sont formés exactement des mêmes lettres ‘ayin, noun, guimel mais inversées) et la lèpre (tsara’at) se transformera en fête(‘atséret) (les lettres sont également les mêmes dans les deux termes). C’est pourquoi, Moïse rassura les Enfants d’Israël : « Vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir ».

(adapté à partir d’Imré Cohen)

le merite des femmes et rosh hodesh

PARACHAT VAYIKRA –PARACHAT HA’HODECH 5775- ROCH ‘HODECH NISSANE

LE MERITE DES FEMMES ET ROCH’HODECH

Nos Sages sont en désaccord sur la date de la création du monde. Rabbi Yehochoua pense que le monde a été créé en Nissan et Rabbi Eleazar est d’avis qu’il a été créé en Tichri.

Prenant position dans cette discussion, le Sefath Emeth émet l’opinion qu’en fait, nous nous trouvons en face de deux Créations distinctes : l’une en Nissan et l’autre en Tichri.

Celle de Tichri, point de départ du déroulement continu des lois de la nature (téva), est liée au destin des nations du monde tandis que la création de Nissan, mois de rupture des lois naturelles (Ness) est le propre d’Israël.

Or, la spécificité de D.ieu par rapport à l’homme ne réside pas tant dans la « Nature » mais bien plus dans le renouvellement, le jaillissement inattendu de Son Intervention. D’après le Sefath Emeth, les lois naturelles ne sont qu’une sorte de restriction (tsimtsoum) que le Saint Béni soit-Il s’est imposé à Lui-même. Il a voulu que l’homme, confronté à l’éternel recommencement des phénomènes, puisse trouver le fil conducteur qui lui fera découvrir Sa grandeur et l’amènera jusqu’à Lui.

Mais il s’agit là du cheminement des peuples du monde, dans l’optique de Tichri.

La communauté d’Israël possède, quant à elle, une « voie directe » pour atteindre le Créateur : «… Qui saute par dessus les montagnes » (Cantique des cantiques).

C’est la voie de la Torah : « le mois de Nissan sera pour vous le premier des mois… »

Le premier Nissan de la deuxième année de la Sortie d’Egypte, jour   réunit dix couronnements, entre autres l’inauguration du Tabernacle, l’apparition de la Majesté divine au-dessus du Sanctuaire, la consomption des sacrifices par le feu sacré descendu du ciel. (Chabbat 87b)

Les femmes s’étaient empressées d’apporter les premières leurs dons pour la construction du Tabernacle, comme il est dit « Et les hommes vinrent après les femmes » (35, 22). Or, soulignent nos Sages, nous savons que lors de la faute du veau d’or, les femmes avaient refusé de donner leurs bijoux, conformément au rôle qui leur fut assigné depuis la Création (Genèse 2, 18). «D.ieu dit: ce n’est pas bon que l’homme soit seul, Je vais lui faire une aide – qénégdo - face à lui [ou contre lui] ». Rachi explique le sens de qénégdo : « Si l’homme est méritant, elle sera une aide face à lui mais s’il ne l’est pas, elle luttera contre lui ». Devant le refus des femmes, les hommes ont dû donc se défaire de leurs propres pendentifs pour confectionner leur idole (32, 2-3). Il en fut autrement pour la construction du Sanctuaire. Les femmes furent les premières à offrir ce qu’elles avaient de plus précieux. C’est pour cette raison, rapporte le Choul ‘han Aroukh (et le Talmud Meguila 22) que les femmes ont droit à une fête supplémentaire : Roch ‘Hodech où elles n’effectuent pas certains travaux.

Pourquoi justement Roch ‘Hodech ? Comme nous le savons, le Michcan fut inauguré le jour de Roch ‘Hodech Nissan et c’est la raison pour laquelle chaque Roch ‘Hodech reste une fête réservée aux femmes.

Mais nous pouvons également établir un autre lien entre les femmes et Roch ‘Hodech :

Lorsque dans le désert, elles firent don pour le Tabernacle des miroirs de cuivre dont elles se servaient en Egypte, Moïse ne voulut pas les accepter. Toutefois, D. lui demanda expressément de les prendre pour la confection du Kiyor, le bassin servant à l’ablution des Cohanim. (Rachi 38, 8). En effet, c’est au moyen de ces miroirs que ces femmes courageuses avaient redonné une raison de vivre à leurs maris qui, abattus par le terrible esclavage, étaient dans un état de découragement complet. Tout au long de l’histoire, le rôle des femmes fut déterminant au moment où tout semblait perdu. Lorsque le Gadol hador, Amram, décida de ne plus avoir d’enfant, puisqu’on jetait les garçons dans le fleuve, tous les Hébreux l’imitèrent. Ce fut grâce à Myriam, qui réunit à nouveau ses parents, que non seulement Moïse vint au monde mais que le peuple juif fut sauvé de la disparition complète ! Il en fut de même à ‘Hanoucca avec Yehoudith, à Pourim avec Esther et tout au long des générations jusqu’à la Rédemption qui, à l’instar de la Sortie d’Egypte, arrivera comme on le sait par le mérite de notre mère Ra ‘hel et des femmes justes (tsadkaniot).

Telle est la signification profonde de Roch ‘Hodech : subitement, le premier jour du mois, la lune renaît après une absence totale de clarté. Auparavant dans l’obscurité complète, le monde semblait plongé dans des ténèbres éternelles. Ce moment de renaissance de la lumière reste réservé aux femmes, c’est leur fête particulière car ce sont elles qui possèdent, par la force de leur foi le don de l’espoir, le pouvoir du renouveau.

(adapté a partir de Imre Cohen)