Archives de l’auteur : Rav Yaacov Amsellem

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Pessah – Quizz 2

בס »ד

Questions – Réponses

Les décisions du R.O.Y (Rav Ovadia Yossef) chlita

     

Le ‘hamets,  définition, recherche et annulation

 

1.  Qu’appelle-t-on ‘hamets ?

On appelle ‘hamets tous les dérivés fermentés des cinq céréales suivantes : le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle et l’avoine.

Exemples : pains, gâteaux, bière, whisky, etc.

2.  Quelle est la particularité du ‘hamets ?

L’interdiction du ‘hamets pendant toute la fête de Pessah est particulière. En effet, il est non seulement interdit de consommer, mais il est aussi interdit de le posséder ou d’en tirer profit.

Un juif qui garde du ‘hamets en sa possession pendant Pessah, transgresse à chaque instant l’ordonnance qui défend de voir ou de conserver  du ‘hamets chez soi, et il sera interdit à jamais, de tirer profit de ce ‘hamets, même si on a prononcé la formule d’annulation du ‘hamets.

3.  Qu’est-ce que la vente du ‘hamets ?  

Une vente du ‘hamets est organisée par les autorités rabbiniques dans chaque communauté, pour tous commerces ou particuliers ne pouvant éliminer toute trace de ‘hamets chez eux avant Pessa’h.

Après Pessa’h, on prendra soin d’acheter des produits contenant du ‘hamets exclusivement dans des boutiques ayant vendu le ‘hamets selon la halakha, car le ‘hamets d’un juif qui n’a pas vendu son ‘hamets est interdit à la consommation même après Pessa’h.

4.  Quand, comment et où faut-il rechercher le ‘hamets ?

  • Le 13 nissan au soir, cette année le jeudi 5 Avril,  dès la tombée de la nuit, on cessera toute activité, pour faire la recherche du ‘hamets ou bedikat ‘hamets.
  • Elle se fait à l’aide d’une bougie mais il n’est pas nécessaire d’éteindre la  lumière électrique.
  • Elle s’effectue dans toutes les pièces où l’on peut craindre d’avoir introduit le ‘hamets au cours de l’année. On aura pris soin longtemps à l’avance, de se débarrasser de tout type de ‘hamets. Il faudra examiner les poches des vêtements, les cartables des enfants, les coins et recoins de la maison, ainsi que  tous les lieux susceptibles de contenir du ‘hamets.
  • Il est d’usage de déposer avant cette recherche, dix   morceaux de pain inférieurs à 27 g, enveloppés soigneusement de papier, en divers endroits de la maison où celui qui fait la recherche peut les trouver.

5.  Doit-on faire la recherche du ‘hamets dans sa voiture ?

Après avoir fait la recherche dans son appartement, il faut aussi faire la recherche dans sa voiture avec une lampe électrique sans réciter de nouveau la bénédiction.

6. Celui qui voyage pour Pessa’h et quitte son domicile quelques jours auparavant, que doit-il faire ?

La veille de son départ, il devra faire la recherche du ‘hamets à la tombée de la nuit, mais sans réciter de bénédiction.

Il devra aussi le moment venu faire le bitoul.

7. Jusqu’à quand peut-on consommer le ‘hamets ?

On peut consommer le ‘hamets la veille de Pessa’h jusqu’à la fin de la quatrième heure [saisonnière] depuis le lever du jour.

Note : Il s’agit de compter le nombre d’heures depuis l’aube jusqu’à la nuit et de diviser ce nombre par douze. On obtient alors la valeur de l’heure saisonnière.

8. Jusqu’à quand est-il permis d’en profiter sans pouvoir le consommer ?

 On peut tirer profit du ‘hamets jusqu’à la fin de la cinquième heure [saisonnière]  depuis le lever du jour.

9.  Quelle bénédiction doit-on à réciter avant la recherche ?  

  • Avant de commencer la recherche, on placera les dix morceaux qu’on aura minutieusement enveloppés, dans les quatre coins de la maison.
  •  On allumera une bougie, et on récitera la bénédiction suivante :

Tu es source de bénédictions Hachem

בָּרוּךְ אַתָּה ה’

notre D.ieu

אֱלֹהֵינו

Roi de l’univers

מֶלֶךְ הָעוֹלָם

Qui nous as sanctifiés

par Ses commandements

et nous as ordonnés

de faire disparaître le ‘hamets.

אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ

 בְּמִצְוֹתָיו

וְצִוָּנו עַל בִּעוּר

חָמֵץ

  • Apres la bénédiction, on vérifie systématiquement toutes les pièces dans les coins et les recoins, en récupérant au passage les morceaux de pain dispersés.
  • On évitera de parler pendant toute la durée de la recherche du ‘hamets.
  • Après avoir fini la recherche du ’hamets, on fera la déclaration du bitoul.

10.  Qu’est ce que le bitoul ‘hamets ? Quand faut-il le faire ?

Après cette recherche, on procédera à l’annulation du ‘hamets (bitoul ‘hamets).

L’essentiel de cette annulation se fait dans le cœur, c’est-à-dire que l’on décide intérieurement que tout ‘hamets que l’on possède soit considéré comme nul, dénué de toute valeur, semblable à la poussière de la terre.

Nos Sages nous imposent d’énoncer la formule suivante trois fois de suite:

כָּל חֲמִירָא דְּאִכָּא בִּרְשׁוּתִי. דְּלָא חֲזִיתֵיהּ וּדְלָא בִיעַרְתֵּהּ, לִבְטִיל וְלֶהֱוֵי כְּעַפְרָא דְאַרְעָא

« Que tout  levain ou produit fermenté qui se trouve en ma possession, que je n’ai ni vu ni fait disparaître, soit considéré comme nul, et devienne semblable à la poussière de la terre.»

Cette formule rédigée en araméen par nos Sages, n’a de sens que si elle est comprise. Dans le cas contraire, il vaut mieux la réciter dans sa langue d’usage.

CAS PARTICULIERS :

Si vous entreprenez un voyage dans les 30 jours avant Pessa’h vous êtes tenus de faire la bedikat ‘hamets la veille de votre départ, mais sans bénédiction.

En voyage, la formule du bitoul peut être récitée n’importe où.

Attention : ne pas dépasser le délai [fin de la cinquième heure depuis le lever du jour] pour faire le bitoul  sans quoi, le ‘hamets ne pourra être annulé conformément a la halakha.

11Quand faut-il brûler le ‘hamets ?

Avant le début de la sixième heure, car pendant la sixième heure [saisonnière], il est interdit d’en tirer profit.

Rappelons que le ‘hamets est interdit à la consommation après le premier tiers de la journée du 14 nissan (cette année le vendredi 6 Avril), veille de Pessa’h.

Bien que la veille au soir on ait déjà annulé le ‘hamets après la recherche, le lendemain matin, après l’avoir brûlé, on l’annulera de nouveau, en incluant le ‘hamets se trouvant en notre possession à notre insu.

On récitera cette formule trois fois de suite:

כָּל חֲמִירָא דְאִכָּא בִרְשׁוּתִי. דַּחֲזִיתֵיהּ וּדְלָא חֲזִיתֵיהּ

וּדְלָא בִעַרְתֵּיהּ. לִבְטִיל וְלֶהֱוֵי כְּעַפְרָא דְאַרְעָא  דְּבִעַרְתֵּיהּ

Cette formule rédigée en araméen par nos Sages, n’a de sens que si elle est comprise. Dans le cas contraire, il vaut mieux la réciter dans sa langue d’usage.

 « Que tout levain ou produit fermenté qui se trouve en ma possession, que j’ai vu ou que je n’ai pas vu, que j’ai détruit ou que je n’ai pas détruit, soit considéré comme nul, et devienne semblable à la poussière de la terre.»

Ce qu’il faut faire, après avoir brûlé et annulé le ‘hamets :

  • Se brosser les dents minutieusement, pour éliminer toute    trace de ’hamets dans la bouche.
  • Les porteurs de prothèses amovibles devront nettoyer minutieusement leurs prothèses dentaires.
  • Il n’est pas nécessaire de les nettoyer à l’eau bouillante, mais ceux qui veulent adopter une attitude plus stricte, verseront sur les prothèses dentaires de l’eau bouillante.
etoile jaune

PARACHAT TETSAVE 5776: COMMENT COMBATTRE L’ANTISEMITISME ?

Ce Chabbat, nous allons lire dans un deuxième rouleau de la loi, la parachat Zakhor. Cette section doit nous rappeler, chaque année, que la guerre contre Amalek n’est pas terminée et que se poursuit : « le combat pour D.ieu contre Amalek de génération en génération » (Exode 17, 16).

«Aussi, lorsque l’Eternel ton D.ieu t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour… tu effaceras la mémoire d’Amalek… ne l’oublie point ! » (Deutéronome 25, 19). Quel est le sens de ce verset essentiel ? Pourquoi nous souvenir d’Amalek précisément au moment où D.ieu nous aura délivré de nos tourments ?

Nos Sages nous enseignent à propos de l’histoire de Pourim que c’est à partir de ce moment-là que nos ancêtres ont réellement accepté la Torah de plein gré. Jusqu’alors, une grande partie des Juifs l’avaient observée « parce qu’il le fallait ». Pourquoi Pourim a-t-il fondamentalement modifié cet état d’esprit ?

Si nous interrogeons l’Histoire, nous voyons que l’épisode de Pourim est le premier drame que le peuple juif ait vécu après l’exil de Babylone, époque à laquelle il a été dispersé parmi les nations. C’est en effet la première fois que notre peuple a été mis en contact avec les peuples et c’est en cela que l’histoire de Pourim prend toute sa signification.

La Perse, qui dominait en ces temps-là tout le monde connu, « de l’Inde à l’Ethiopie », était un pays hautement civilisé. N’était-ce pas le berceau de la civilisation indo-européenne ? Son niveau culturel et moral était très élevé ; on allait même jusqu’à ne plus faire de discrimination, si bien que tous les Juifs furent invités au festin d’Assuérus comme des citoyens à part entière.

Esther n’est-elle pas devenue reine ? Nombreux ont dû être ceux des nôtres qui disaient : « La Torah ? Oui, bien sûr, elle était nécessaire dans le temps, il y a quelques centaines d’années, lorsque les peuplades d’alentour étaient barbares. Il fallait nous séparer d’eux, nous distinguer de leur mode de vie primitif. Aujourd’hui, des progrès considérables ont été faits ! La civilisation perse est un modèle d’ouverture, tous les droits nous sont accordés ! »

Et c’est à ce moment-là que  »le sort tomba ». Comme un éclair, le décret d’extermination de tous les Juifs en un seul jour fut décidé. Le peuple d’Israël comprit alors ce que valaient les lois démocratiques, la société moderne, la civilisation et la culture. Non ! Les juifs ne peuvent plus se bercer d’illusions. Il n’existe qu’une voie pour les conduire et les sauver : la voie de la Torah. A l’époque de Pourim, tous es Juifs sans exception l’ont acceptée de plein gré : cette Loi qui nous vient de D.ieu est la seule qui soit véritablement morale, la seule que nous puissions suivre.

A présent, nous comprenons le sens du verset « lorsque D.ieu t aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour», c’est alors que «n’oublie pas ! » Lorsque D.ieu t’aura délivré et que tout ira bien pour toi, arrivera le moment le plus dangereux où tu risqueras d’être séduit par telle ou telle théorie, telle ou telle culture étrangère. Souviens-toi alors que tu as en face de toi, le même Amalek « qui ne rapproche autrui que pour son profit ».

Hélas! Combien de fois Israël a-t-il oublié de lire parachat Zakhor ! Nombreux furent ceux qui, il y a quelques dizaines d’années, après que D.ieu t’aura débarrassé de tous tes ennemis », ont cru à l’émancipation des pays occidentaux, à leur culture attirante, à leur prétendue moralité. Il les ont imaginés au-dessus des crimes des époques passées. Comme le démenti que D.ieu nous a envoyé durant cette dernière guerre a été brutal !

Même après le terrible holocauste, lorsque D.ieu nous a délivrés de nos ennemis nazis, combien des nôtres ont naïvement cru que l’antisémitisme était désormais révolu ! Combien ont placé leur confiance dans le grand peuple qui fut le premier à reconnaître l’Etat juif ! Combien ont mis leurs espoirs dans la nation qui soutenait militairement le jeune état !

Combien d’autres ont pensé que, dans le domaine spirituel, la fin de l’antisémitisme dépendait d’une alliance des esprits, d’une union entre les « penseurs » du Judaïsme et ceux des « religions-sœurs » ! Nous avons encore oublié de lire parachath Zakhor : «N’oublie pas!» Nous enregistrons dans toutes les directions des démentis cinglants à tous les chemins que nous pensions suivre. Le seul, authentique, qui nous reste est celui de la Torah.

Restons les fidèles descendants de Mordekhaï et de ses contemporains qui ont compris que notre seule issue est d’accepter la Torah « de plein gré ». Comme à Pourim, D.ieu nous enverra alors la délivrance totale!

(adapté à partir d’IMRE COHEN)

mishkane

PARACHAT TEROUMA 5776- Comment faire résider D.ieu en nous ?

«Ils me feront un sanctuaire et Je résiderai en eux.»

(Exode 25, 8)

Comment la Chékhina, la présence divine, pouvait-elle résider dans le petit espace compris entre les deux chérubins qui surplombaient le couvercle de l’Arche sainte alors que « toute la terre est remplie de Sa Gloire » ?

Pour répondre à cette question, il nous faut comprendre la requête du Saint béni soit-Il en nous ordonnant de construire le Sanctuaire, le Mikdach.

Il est vrai que D.ieu est partout et qu’il emplit l’univers entier à l’exception d’une petite partie : le cœur de l’homme, comme il est dit : « Tout provient du Ciel sauf la crainte du Ciel !»

D.ieu ne pénétrera à l’intérieur de l’homme que s’il le Lui permet. La tâche que chacun doit se fixer est donc d’introduire la crainte du Ciel en son cœur comme l’indique le verset : « Ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en eux » [en les Enfants d’Israël et non « Je résiderai en lui », dans le sanctuaire]. C’est dans leur cœur que Je désire résider !

Nous touchons là à l’un des fondements du Judaïsme. Pour nous, il n’existe qu’un moyen d’amener D.ieu dans notre cœur, c’est-à-dire de ressentir Sa présence. Tandis que les religions préconisent l’isolement, la chasteté, le recueillement ou autres moyens artificiels de ce genre, D.ieu nous enjoint uniquement de réaliser l’accomplissement intégral de Ses commandements. « Ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en eux ». « Lorsqu’ils auront construit le Tabernacle, Je serai parmi eux. »

La construction du Mikdach n’est autre que le symbole de cette action : l’accomplissement de la parole de D.ieu.

Or cet acte doit répondre exactement à l’ordre divin : les objets du Tabernacle devaient avoir une mesure extrêmement précise, l’encens devait être fabriqué selon une composition bien définie, les sacrifices ne devaient présenter absolument aucun défaut. L’exactitude dans l’accomplissement des mitsvot, le diqdouq hamitsvot, est la condition première de la résidence de la présence divine dans le monde, de la hachraath haChékhina.

Prenons les tephilines à titre d’exemple. De même qu’une connexion radio ne peut être captée qu’à un endroit défini, si les phylactères n’ont pas été placés sur la tête à l’endroit précis déterminé par la halakha, c’est comme si elles étaient restées dans leur sac !

De plus, pendant l’accomplissement de la mitsva, la pensée de l’homme doit être pure et désintéressée. « Ils feront pour Moi un sanctuaire. » Rachi dit : « Pour Moi, c’est-à-dire pour mon Nom ». Aucun intérêt personnel d’honneur ou d’argent ne doit déterminer nos actes pour D.ieu.

Pour nous, aujourd’hui, la tâche n’a pas changé. Le Talmud dit : « Toute génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme le témoin de sa destruction ».

Pour mériter que se concrétise le verset : « Je résiderai parmi vous » nous devons nous acquitter de notre tâche : « Ils Me feront un sanctuaire ». Au sens large, cela signifie pratiquer les mitsvot selon toutes les règles édictées par D.ieu et les observer de façon désintéressée.

Lorsque nous serons parvenus à faire résider D.ieu dans notre cœur, nous mériterons de voir la reconstruction du Sanctuaire.

(adapté à partir de Imré Cohen)

liberte

Parachat Michpatim 5776- L’oreille: Prix de la liberté

«Si l’esclave dit : …Je ne veux pas être affranchi…son maître lui percera l’oreille avec un poinçon et il le servira indéfiniment»

Lorsqu’un homme est vendu comme esclave, que ce soit sur sa propre initiative, ou par le tribunal, la Torah y voit une défaillance de cet homme, elle le considère comme quelqu’un qui a trébuché. L’esclavage n’a pas fonction de châtiment, mais cherche à éveiller la conscience de l’homme et à l’inciter au repentir. Dans ce cas, il n’y a pas encore de raison de poinçonner son oreille. Il a trébuché, comme cela arrive au commun des mortels. Mais lorsque cet homme se complaît dans son état d’esclave et décide de son plein gré de rester esclave, cela signifie qu’il n’a pas compris la leçon, qu’il ne saisit pas la portée du drame que cache l’éloignement de D.ieu. Il ne désire pas se réconcilier avec son Créateur. Il reste insensible à l’enseignement que son oreille avait entendu au Mont Sinaï. C’est alors qu’il faut le remuer, qu’il faut poinçonner son oreille, lui faire comprendre la gravité de la situation spirituelle à laquelle il s’est laissé entraîner. Et si, par malheur, ses oreilles restaient sourdes au message, néanmoins les personnes qui le croisent dans la rue et le regardent, seront, elles, en mesure de tirer la leçon de la condition humaine et de comprendre la nécessité et l’urgence de prêter une oreille toujours attentive à la voix de la Torah et à l’enseignement de nos Sages.

C’est par l’intermédiaire de l’oreille que se construit tout le service sacré. Cela commence par la profession de foi, récitée deux fois par jour et dont le premier mot est : « Ecoute ». Ecoute Israël FEternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un. Ecoute, cela signifie prête l’oreille. Bien d’autres versets présentent la même exigence: Si vous écoutez….parce que tu as écouté la voix de ta femme…, Yitro entendit… notre fils n’écoute pas notre voix et bien d’autres exemples encore. Yitro a entendu la sortie d’Egypte, il en est parvenu à se rapprocher du peuple juif. Par contre, Balak a vu la grandeur du peuple mais il a cherché à le maudire. Le sens de l’ouïe de Yitro a eu des conséquences bien plus bénéfiques que le sens de la vue de Balak.

Lorsque le prophète Nathan voulut attirer l’attention du roi David sur l’acte répréhensible qu’il avait commis dans l’histoire de son mariage avec Bath-Shéva, il lui raconta l’anecdote de deux hommes, l’un riche, et l’autre pauvre. Le riche avait préféré prendre à son frère pauvre le peu qu’il avait, en l’occurrence une brebis, plutôt que de risquer de réduire son immense fortune personnelle. Le roi David, révolté par la conduite odieuse du riche, décréta qu’il méritait la peine de mort. Or, selon les lois de la Torah, l’auteur d’un tel méfait aurait dû être seulement condamné à payer une amende de quatre fois la valeur de la brebis abattue, mais, ici, le riche avait été condamné à mort ! C’est que sa conduite infâme dénotait une immoralité profonde qui devait être réprimée. Au terme de son récit, le prophète Nathan attira alors l’attention du roi David sur le verdict qu’il venait de prononcer et lui demanda d’écouter ce que sa propre bouche venait de prononcer et lui déclara : «Cet homme, c’est toi-même !» ( Samuel 12, 1).

Avant de clore le livre du Pentateuque, D.ieu a voulu que cette faculté de l’ouïe soit utilisée pour le bien d’Israël et II a pris à témoins les cieux et la terre -.Ecoutez, cieux, Je veux parler et que la terre entende les paroles de Ma bouche (Deutéronome 32, 1). Il faut que même les cieux et la terre « prêtent l’oreille », qu’ils écoutent l’enseignement divin afin qu’il soit respecté et suivi par le peuple d’Israël pour assurer le bien de tout l’univers. Le rôle de l’oreille est primordial dans l’accomplissement du service divin.

L’oreille est un organe essentiel : elle établit le lien entre l’homme et le milieu environnant. Celui qui n’entend pas, n’a pas de relation avec le monde qui l’entoure et ne peut recevoir aucun enseignement. C’est l’oreille qui permet à l’homme d’entendre et de capter le message de la Torah. Si l’oreille est fermée à l’enseignement, elle doit être percée. En effet, en refusant le message qui lui est livré par le truchement de l’oreille, cet homme – esclave – refuse, renie l’enseignement de la Torah et rompt tout lien avec les commandements. Car, à partir du moment où l’homme assume la condition d’esclave, il est dispensé de faire les mitsvot. Son oreille doit donc être percée pour le rappeler à tout moment, à la réalité, à ses devoirs envers D:ieu et son peuple.

(Adapté à partir des Leçons Chabbatiques)

matane torah

PARACHAT YITRO 5776- LE DON DE LA TORAH : DOUBLE TABLE D’ALLIANCE

Comme on le sait, les commandements de la Torah sont divisés en deux catégories : celles de l’homme envers D.ieu et celles de l’homme envers son prochain. Les Tables de la loi étaient composées de deux Tables semblables, l’une comportant des devoirs entre l’homme et D.ieu, l’autre les devoirs entre l’homme et son prochain. Cette distinction se retrouve dans deux catégories de lois : les ‘houqim et les michpatim. Les ‘houqim, inaccessibles à l’entendement humain, sont des lois entre l’homme et D.ieu. Les michpatim désignent des lois logiques régissant les rapports entre l’homme et son prochain. Rachi explique que, contrairement aux ‘houqim qui sont des « décrets du Roi », les michpatim auraient pu être émis par les peuples eux-mêmes. Tout le monde admet aujourd’hui que ces lois constituent le fondement de l’ordre social de l’humanité.

Lorsque nous lisons la paracha de Yitro – la grandeur du don de la Torah, de la Révélation du Sinaï, l’importance des préparatifs, la purification des enfants d’Israël et leur attente que D.ieu Lui-même s’adresse à eux pour leur révéler Sa Loi – on est presque déçu, pourrait-on dire, de constater que l’homme aurait pu découvrir par lui-même plus de la moitié des dix commandements !

La preuve en est que lorsqu’en étudiant la Torah, on aurait pu trouver une halakha par la déduction logique, le Talmud pose la question : pourquoi la Torah cite-t-elle cette loi que nous aurions pu la découvrir par nous-mêmes».

La question se pose, a fortiori, lors du don de la Torah où D.ieu Lui-même est descendu sur le Mont Sinaï pour nous donner des lois que nous aurions pu instituer nous-mêmes !

Le Tout-Puissant avait une intention bien précise en nous donnant des ‘houqim et des michpatim gravés une Table double : les deux Tables n’étaient pas distinctes mais indissolublement liées. Nous comprenons bien que les ‘houqim sont à accomplir car D.ieu nous les a ordonnés puisque nous n’en saisissons pas le sens. Or, D.ieu nous a aussi ordonné les michpatim pour que nous les accomplissions exactement dans le même esprit, pour obéir à Sa Volonté et non pas parce que ces mitsvot sont bonnes pour nous-mêmes ou pour la société.

Qu’avons-nous gagné à ce que ces derniers commandements soient décrétés par D.ieu ?

Au niveau du mérite : « Celui qui agit parce qu’il en a reçu l’ordre est plus grand que celui qui agit sans en avoir reçu l’ordre » disent nos Sages. Quiconque fait une bonne action non pas par tendance naturelle ou par intérêt mais tout simplement parce que c’est un commandement divin, accomplit la mitsva de façon plus désintéressée. Son acte sera donc d’autant plus méritoire.

Au niveau de la perfection de l’acte : sachant que la mitsva émane de la volonté de D.ieu l’homme l’accomplira de façon intégrale exactement D.ieu l’a demandé sans l’accommoder au gré de ses besoins ou de son bon vouloir.

Les michpatim, les commandements logiques tels que « tu ne tueras point, tu ne voleras point… » ne sont pas soumis à l’appréciation de chacun selon la flexibilité aléatoire de sa conscience !

On comprend aisément la difficulté des peuples à accepter les ‘houqim, ces décrets incompréhensibles à l’entendement humain. Ce que nous saisissons mal c’est pourquoi ont-elles refusé la Torah en se déclarant incapables de se soumettre à des michpatim tels que « Tu ne tueras point, Tu ne voleras point… » !

Ces lois élémentaires ne sont-elles pas les règles sociales indispensables à toute société sous peine de sombrer dans l’anarchie et la loi de la jungle ? En réalité, les nations ne s’attendaient pas à ce que ces michpatim qu’elles pouvaient très bien instituer elles-mêmes leur soient dictés par D.ieu « S’il en est ainsi, pensèrent-elles, nous ne pourrons pas nous contenter d’observer ces commandements en les adaptant à nos intérêts. Il nous faudra les accomplir scrupuleusement et à la lettre ! » Cela, les peuples du monde ne pouvaient l’accepter. Or, c’était pour leur démontrer la nécessité d’une loi révélée et absolue, que D.ieu a choisi de présenter justement cette catégorie de mitsvot aux nations. Il désirait leur prouver que, vu la subjectivité des législateurs, toute législation d’origine humaine ne pourra jamais s’imposer comme justice absolue. Elle sera toujours contestable par définition

Seules les lois d’origine divine, dégagées de toute subjectivité peuvent maintenir une ligne réellement morale. Mais les nations sollicitées, refusant de soumettre leurs lois sociales à l’étalon de l’absolu divin, ont rejeté la Torah.

Nous, Juifs, qui avons dit « Na ‘assé vénichma »- nous ferons et nous écouterons », accomplissons les michpatim au même titre que les ‘houqim. Pour nous, les deux Tables de la Loi sont étroitement liées. Nous devons accomplir chaque commandement envers notre prochain de façon intégrale selon toutes les règles que D.ieu nous a édictées pour la seule et unique raison qu’il nous l’a ordonné. L’interdiction de voler s’applique à chaque centime. « Tu ne tueras point ! » tranche implacablement les controverses à propos de l’avortement et de l’euthanasie…

Seul le peuple juif a compris la nécessité d’une loi révélée et c’est pourquoi il est le seul à détenir un système de lois qui resteront à jamais morales et infaillibles.

(adapté à partir de Imré Cohen)

mer rouge

PARACHAT BECHALA’H 5776- LA LIMITE ENTRE NATURE ET MIRACLE

Le midrach rapporte qu’au moment où les flots de la mer engloutissaient les Egyptiens, les anges de service entreprirent d’entonner un cantique de louange en l’honneur de l’Eternel. Le Tout-Puissant interrompit les anges en disant : « Comment cela ? Ceux que Mes mains ont formés se noient dans la mer, et vous vous permettez de chanter ! » Le sens de ce midrach n’apparaît pas clairement d’autant plus que la Chira, ce « cantique de la Mer» qu’il est interdit aux anges de chanter a finalement été entonné par les Enfants d’Israël.

Le cantique de la mer (chirat hayam) semble revêtir une importance plus grande que le miracle de l’ouverture de la mer Rouge puisqu’il a été choisi pour faire partie de notre liturgie quotidienne où il occupe une place de choix.

Le passage de la Mer Rouge permet de mieux comprendre la notion de miracle. Il est difficile de définir le miracle comme une intervention exceptionnelle de D.ieu par opposition au déroulement naturel des événements. En effet, la limite entre miracle et nature se réduit à bien peu de choses. Maïmonide ne dit-il pas qu’une loi naturelle est constituée d’un nombre infini de miracles juxtaposés. Peut-on dire qu’il existe une différence fondamentale entre l’ouverture de la Mer Rouge et le miracle de la germination d’une graine, par exemple ? L’intervention divine est-elle moins merveilleuse dans un cas que dans l’autre ? La différence entre ces deux prodiges s’établit selon la rareté ou la fréquence de leur apparition. La germination est un phénomène qui se produit des milliards de fois chaque jour mais la Mer Rouge s’est fendue une seule fois depuis la création du monde. C’est donc ce dernier phénomène qui, par sa rareté, s’impose à nous en tant que miracle. Objectivement, miracle? Les phénomènes naturels se confondent mais le miracle est subjectif n’existe que dans la mesure où nous, hommes, l’interprétons et l’acceptons comme tel.

La Chira occupe une place prépondérante dans la liturgie car chanter le Cantique de la Mer Rouge, c’est reconnaître l’intervention de D.ieu dans tous les événements, c’est rejeter l’interprétation pseudo scientifique d’un déroulement  »accidentel » des faits. Non seulement nous reconnaissons le miracle mais nous l’authentifions. Ce cantique peut seulement être chanté par l’homme, détenteur du libre arbitre car lui seul a la possibilité d’accepter ou de refuser d’admettre l’intervention de D.ieu dans le monde.

L’ange, lui, ne doit pas chanter ce cantique, car son chant est fondamentalement différent de celui de l’homme. Tandis que l’homme interprète un événement comme surnaturel puis compose un cantique à l’Eternel, le chant de l’ange n’est que le prolongement, la projection, de l’œuvre de D.ieu dans ses multiples formes et manifestations.

Le midrach rapporte que D.ieu a empêché les anges de chanter un cantique car la séparation des eaux de la Mer Rouge, considérée objectivement comme un miracle (que les anges voulaient célébrer par un cantique), n’a pas plus de valeur pour Lui que le miraculeux agencement du corps humain. La disparition de « l’œuvre de Mes mains » dans les flots a causé une grande souffrance à D.ieu.

Les Egyptiens n’ont pas voulu voir et ressentir les miracles opérés par la Providence et ils ont été engloutis dans les flots. Cependant les enfants d’Israël les ont reconnus et attestés en chantant le Cantique de la Mer.

Ce qui importe le plus pour D.ieu, ce sont les choix que l’homme fait dans ce monde pour sanctifier Son Nom.

Lamb

PARACHAT BO 5776- COMMENT VAINCRE LA PEUR ?

La Torah commande aux enfants d’Israël d’offrir le sacrifice de l’agneau et leur dicte la manière de le consommer ensuite : N’en mangez pas qui soit à demi-cuit, ni bouilli dans l’eau; mais seulement rôti au feu, la tête avec les jarrets et les entrailles. Vous n’en laisserez rien pour le matin (Exode, XII, 9).

Le commentateur Ibn Ezra voit dans ce verset une sorte de discussion entre  notre maître Moïse et les Hébreux. Moïse transmet l’ordre divin d’immoler l’agneau pascal. Les Hébreux disent : il vaut mieux ne pas provoquer la colère des Egyptiens : mangeons-le à demi-cuit, pour ne pas éveiller l’attention. – N’en mangez pas qui soit à demi-cuit. – Mettons-le à bouillir dans l’eau, car, cuit ainsi dans une marmite couverte, il ne dégagera pas d’odeurs fortes. – Ni bouilli dans l’eau, mais seulement rôti au feu. – Alors, rôtissons- le au feu par petits morceaux pour que sa cuisson ne fasse pas beaucoup de fumée dans le pays d’Egypte. - La tête avec les jarrets et les entrailles. – Il faut que toute l’Egypte soit couverte par la fumée qui se dégage du rôtissage de ces innombrables agneaux et vous verrez que les Egyptiens seront incapables de lever le petit doigt contre vous. – Alors, nous le consommerons lentement, en partie seulement, afin d’en garder une part pour plus tard. – Vous n’en laisserez rien pour le matin. Il est également commandé aux Hébreux de ne pas briser les os, comme le font les gens affamés, mais de le manger à la manière de riches qui ne regardent pas à la dépense.

Ce sont donc des mesures draconiennes qui sont imposées aux enfants d’Israël pour extirper complètement la peur de leur cœur. Les voilà libérés de toutes les servitudes, de tous les mauvais traitements. Désormais, les Egyptiens ne sont plus leurs maîtres. Mais les Hébreux ne peuvent jouir de la délivrance, tant qu’ils sont passifs, sans initiative, ni dynamisme. Il faut qu’ils participent activement à leur propre libération. C’est ainsi qu’ils sont appelés à se livrer à des exercices tendant à extirper la peur qui les domine. Ce n’est que lorsqu’ils auront prouvé, par leurs actes leur confiance absolue en D.ieu que la bienveillance divine se manifestera et qu’ils seront délivrés.

Ce n’était certes pas tâche facile, car, la crainte des Egyptiens était si profondément ancrée en eux, qu’il leur aura fallu par la suite, pas moins de quarante années dans le désert, jusqu’à l’arrivée des nouvelles générations, pour avoir le courage de partir à la conquête de leur future patrie et être aptes à assumer le gouvernement. Dans le désert, à la première difficulté, ils expriment leur mécontentement en disant : Mieux vaudrait pour nous continuer à vivre asservis par les Egyptiens que de mourir en ce désert. Il faut beaucoup de temps à ce peuple, beaucoup d’actes répétés pour extirper complètement la peur enracinée en lui pendant plus de deux siècles, et pour qu’il se constitue une nouvelle nature, débarrassée de la gangue égyptienne, ouverte et prête au service de D.ieu.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les multiples commandements relatifs à la fête de Pessa’h. Nous avons l’obligation de consommer des matsot  et du maror, de boire quatre coupes de vin, de réciter des prières bien spécifiques, de faire le récit détaillé de la sortie d’Egypte.

Pourquoi avons-nous besoin de tant de symboles pour nous remémorer la sortie d’Egypte ? Un seul d’entre eux ne serait-il pas suffisant, comme c’est le cas pour les autres fêtes ? A ce sujet, le Séfer Ha’hinoukh (mitsva 16) explique : Ne pense pas mon fils à demander pourquoi il faut tant de signes pour nous souvenir du miracle de la délivrance. Ne crois pas qu’un seul signe serait suffisant. C’est là une pensée puérile. Sache que la nature de l’homme est forgée par ses actes. Son coeur et ses pensées sont attachés aux actions qu’il exécute, que ce soit pour le bien ou pour le mal Même un mécréant absolu, s’il décide pour une raison quelconque de commencer à faire et à refaire les bonnes actions, sentira clairement que ses actes influent sur sa nature et, inévitablement, il redeviendra un bon croyant. De même, une personne juste et intègre qui s’est consacrée à plusieurs reprises à des exercices douteux, verra sa nature influencée par ses actes, et deviendra méchante. En nous commandant d’accomplir plusieurs mitsvot  pour nous souvenir de la sortie d’Egypte, D.ieu a voulu que ces mitsvot  forgent notre âme et notre nature et nous aide à devenir des hommes meilleurs.

C’est en nous livrant sans cesse à des actes imprégnés de la crainte de D.ieu, que s’affermira   notre confiance en Dieu, comme l’a dit le roi David :

De David, Hachem est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur? D.ieu est le rempart qui protège ma vie : Qui redouterais-je ? (Psaume 27).

Multiplier les mitsvot, accomplir de nombreuses bonnes actions, renforcer constamment sa foi en D.ieu, voilà les moyens de dominer la peur.

But du jeûne : Réparer ses fautes

בס »ד

Le 10 Tévet — comme toutes les dates fixes d’abstinence où la Communauté entière jeûne en mémoire des malheurs qui nous ont accablés à ces dates — a été institué afin de réveiller nos cœurs au retour vers Dieu et de frayer la voie à la pénitence. Ce jeûne doit nous rappeler notre mauvaise conduite et celle de nos pères, conduite semblable à la nôtre, qui a amené aux uns et aux autres les épreuves dont nous souffrons encore aujourd’hui. Ce souvenir nous incitera à faire téchouva, ainsi qu’il est dit (Lev. 26, 40) : « …ils confesseront leurs péchés et les péchés de leurs frères  » (Maimonide,  lois sur la Téchouva, chap. 5).

En effet nos Sages ont dit (Yérouchalmi Yoma chap. I) : « Toute génération qui ne voit pas le Temple reconstruit est fautive comme si elle en avait causé la destruction Car chaque génération peut, en revenant vers D.ieu de tout son cœur, hâter par sa téchouva —   agissante qui ne se contente pas de verbalisme —, la venue du Libérateur et le rassemblement de tous nos frères dispersés. Tant que la Gueoula tarde à venir, c’est le signe que nous n’avons pas encore vraiment fait pénitence et nous sommes en quelque sorte responsables de ce que le Temple reste en ruines !

Mais en aucun cas, nous ne devons renoncer à l’espoir de le voir bientôt reconstruit ! Car Dieu n’a pas « répudié Son peuple par un acte de divorce » (selon Isaïe 50, 1); Il n’a pas décrété un bannisse­ment perpétuel à son égard, ni un abandon définitif de son pays et de son Sanctuaire ! L’exil, la ruine, les souffrances ne sont que des manifestations passagères de son courroux (Is. 54, 7)! Chaque jour qui se lève peut être le jour de notre Libération, si nous le voulons.

Tous les jeûnes obligatoires, Yom Kippour et le 9 Av exceptés, il est permis de manger et de boire pendant la nuit qui précède le Taanit, le jeûne ne commençant qu’à l’aube du jour. Toutefois celui qui, après avoir dormi veut prendre une collation, avant l’aube, doit en exprimer l’intention avant de se coucher le soir.

Les personnes malades, même si leur vie n’est pas en danger, les femmes enceintes ou allaitant leur bébé, sont en principe dis­pensées du jeûne ; de même les enfants : au-dessous de 13 ans pour les garçons, 12 ans pour les filles. Ceux qui, pour des raisons de santé sont dispensés du jeûne, doivent cependant se contenter d’une nour­riture frugale, de ce qui est indispensable pour conserver leurs forces.

Tous les jeûnes institués par les prophètes en mémoire des malheurs qui ont frappé nos ancêtres et qui finalement ont amené la destruction du Temple, seront à l’avenir transformés en jours de joie, selon le passage de Zacharie (8, 19). « Ainsi parle D.ieu Cebaot le jeûne du quatrième mois et du cinquième, celui du septième et du dixième mois, seront transformés pour la maison de Juda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles… Mais chérissez la vérité et la paix. »

Dans les Communautés de rite séfarade, il est d’usage, le chabbat qui précède le 10 Tévet et le 17 Tammouz, après la lecture de la Haftara, de faire annoncer par l’officiant : « Frères de la maison d’Israël, écoutez ! Le jeûne du quatrième (ou du dixième) mois tombera tel et tel jour cette semaine. Que le Saint béni soit-Il le transforme en jour de joie et d’allégresse ! »

                                                                                                                 (adapté a partir des Ephemerides de l’année juive)

Le jeûne du 10 Tevet

בס »ד

Durant 850 ans, le peuple d’Israël a habité le pays de Canaan depuis le jour où ils y étaient entrés sous les ordres de Josué. Plus de 20 générations s’y sont succédées jusqu’à l’époque où Nabuchodonosor, Roi de Babylone, conquit le pays et emmena captifs les habitants, en Mésopotamie Sur ces huit siècles et demi, 440 années se sont écoulées jusqu’à la construction du Temple de Salomon, et 410 années jusqu’à sa destruction par les Chaldéens.

D.ieu avait promis à Abraham « Tout le pays que tu aperçois, Je te le donne, et  à ta descendance, à perpétuité ! » (Genèse. 13, 15). Mais cette promesse était assortie d’une condition (Lévitique  20, 22) : « obser­vez toutes Mes lois et tous Mes statuts, et les exécutez, afin qu’il ne vous rejette point, ce pays où Je vous mène pour vous y établir » ! de même Lévitique 18, 28 : « craignez que cette terre ne vous vomisse si vous la souillez, comme elle a vomi le peuple qui l’habitait avant vous » ! Rachi remarque à ce propos : « on peut comparer cela à un fils du Roi à qui l’on fait manger une chose répugnante : elle ne se conserve pas dans ses intestins, ceux-ci la rejettent ! » ainsi le Saint béni soit-Il ne garde pas ceux qui transgressent Sa loi !

On sait que sur les 20 générations qui ont séjourné en Érets Israël avant que « la terre les rejette », nombreuses étaient celles qui n’ont pas observé l’alliance, qui ont souillé le pays en y pratiquant l’idolâtrie, adorant le Baal, l’Astarté et les dieux de tous les peuples… » De même, tous les chefs des prêtres et le peuple multi­plièrent leurs félonies, en se livrant à toutes les abominations des peuples, et souillèrent la Maison de l’Éternel, sanctifiée par Lui à Jérusalem… Ils raillaient les messagers de Dieu, dédaignaient ses paroles et tournaient en dérision ses prophètes, jusqu’à ce que le courroux du Seigneur s’accrut contre son peuple, de façon irrémé­diable » (II Chroniques 36). « Alors dans la neuvième année du règne de Sédécias, le dixième mois, le dixième jour de ce mois, Nabuchodonosor roi de Babylone, marcha avec toute son armée contre Jérusalem. Il campa sous ses murs, et on éleva des retranchements tout autour. La ville subit le siège jusqu’à la onzième année du règne de Sédécias… Le neuf du quatrième mois, la ville fut ouverte par une brèche » (II Rois, 25, 1-3).

« Le dixième jour du cinquième mois… Nébouzaradan chef des gardes, entra dans Jérusalem, il mit le feu au Temple du Sei­gneur… » (Jérémie 52, 12-13).

Ainsi, le commencement du châtiment, eut lieu le 10 Tévet, jour funeste où Jérusalem fut investie par Nabuchodonosor ! C’est la raison pour laquelle le jeûne de Tévet a été fixé.