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PARACHAT VAYETSE 5780 – L’ECHELLE DE LA VIE

Il (Yaakov) vit dans son songe : une échelle dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel ; et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle (Genèse 28, 12).

Nos Sages ont souligné l’importance de l’échelle dans ce récit biblique.  . Nous voudrions comprendre la dimension symbolique de l’échelle elle-même, de cet objet qui permet aux hommes de monter et de descendre.

Au début de la sidra, il est dit : Yaakov part pour ‘Haran, sur l’ordre de ses parents pour prendre une épouse parmi les filles de son oncle Laban. Ayant fait halte en chemin, il s’endort et fait un rêve lourd de sens : il y voit une échelle plantée en terre, dont le sommet atteint le ciel et sur laquelle montent et descendent des Anges célestes.

Quelle est la signification d’un tel rêve à un moment où Yaakov se trouve à la croisée des chemins ? Yaakov quitte Erets Israël, sa famille, son milieu et ses habitudes pour s’engager dans une voie nouvelle, tout à fait différente de celle qu’il a connue jusqu’à présent. Il va fonder un foyer, élever des enfants, travailler et vivre auprès de son beau-père, rencontrer Esau son frère, autant d’épreuves qui exigent une force de caractère peu commune ; la vie se présente à Yaakov comme une échelle, qu’il peut gravir ou descendre, à sa guise, et selon ses forces. S’il est en mesure de surmonter les difficultés et les tentations avec la force morale requise, il connaîtra l’ascension spirituelle mais si, au contraire, il se montre trop faible, il risque la déchéance.

C’est ainsi que doit être envisagée toute épreuve morale, toute expérience humaine, toute vie : dans le sens d’une descente ou d’une montée. Dans le premier cas, c’est la chute morale, la perte des valeurs. Dans le second cas, c’est l’élévation spirituelle, la progression dans les valeurs morales de sainteté, de pureté et d’attachement à D.ieu. L’homme, quel qu’il soit, risque, à tout moment au cours de son ascension, de trébucher et de tomber, et cela même s’il est parvenu à la perfection spirituelle du Juste.

Dans notre texte, Yaakov nous est présenté comme un tsadik, un fait qui est confirmé à deux reprises par le commentaire de nos Sages : tout d’abord au verset 10, à propos de son départ de Béér Chéva, Rachi rapporte :

Dans quel but nous parler de son départ ? C’est pour nous dire que le départ d’un d’un Juste, fait impression dans la ville. Tant que le Juste est dans la ville, c’est lui qui est sa beauté, c’est lui qui est son éclat, c’est lui qui est sa majesté…. Au verset 17 : Le Saint béni soit Son Nom a dit : « Ce tsadik — ce Juste — viendrait dans Ma demeure et s’en irait sans y passer la nuit ! » C’est D.ieu Lui-même qui confère à Yaakov le titre de tsadik. Mais l’homme, lui, n’aura jamais, à aucun moment de sa vie, la certitude de sa perfection morale, de son «succès» spirituel : D.ieu seul peut juger et trancher.

Yaakov a compris le sens du message qui lui est adressé dans le songe de l’échelle. Il sait qu’il va devoir affronter maintes difficultés et surtout se mesurer à un ordre de choses tout à fait nouveau. Aussi, avant d’arriver à ‘Haran, il fait un détour par la Yéchiva de ‘Ever : il y passe quatorze années entières à étudier la Torah et y puise les forces spirituelles nécessaires pour affronter Laban, puis, plus tard, son frère Esau. Les richesses spirituelles qu’il a acquises durant ces intenses années d’étude lui seront également essentielles pour établir son foyer et élever ses nombreux enfants dans ce milieu hostile qu’est la maison de Laban.

Yaakov s’est fixé encore un signe, un point de repère pour ne jamais trébucher sur cette voie semée d’embûches : il se promet de ne jamais oublier le sens véritable des événements et de toujours voir en toutes choses la marque de la Providence Divine. Yaakov prononça un vœu en ces termes : si D.ieu est avec moi, et qu’il me protège dans la voie où je marche, s’il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir, si je retourne en paix à la maison de mon père, et que !Eternel soit pour moi D.ieu, alors, cette pierre que je viens d’ériger en monument deviendra la maison de D.ieu et, tous les biens que Tu m’accorderas, je veux T’en offrir la dîme. (ibid. 20)

Est-ce là tout le sacrifice que Yaakov est prêt à faire ? Est-ce tout ce qu’il est prêt à payer en retour de tous les bienfaits, qu’il souhaite recevoir de D.ieu ? Cela s’appelle-t-il de la générosité ? Alors qu’il est en proie au dénuement le plus total au plus profond de la détresse, il se tourne vers D.ieu pour Lui demander de l’aider. Et que Lui promet-il en retour ? La dîme ! un dixième de ce qu’il recevra ! Imaginerions-nous une personne, démunie de tout, qui solliciterait l’aumône, et exprimerait sa grandeur d’âme en suppliant son bienfaiteur : «Accorde-moi un million ! En reconnaissance, je te donnerai cent mille !»

Très souvent, les hommes sont tellement convaincus que tous leurs biens, leurs acquisitions et leurs réussites matérielles sont le fruit de leurs efforts personnels, de leur intelligence supérieure, de leur zèle et de leur sens inné des affaires qu’ils finissent par avoir le sentiment inébranlable de leur maîtrise et de leur supériorité… au point d’oublier le principal instigateur de toutes choses, le Maître du monde. Ils sont sûrs en leur for intérieur que : C’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras qui m’a valu cette richesse (Deutéronome 8, 17). Mais la Torah met en garde énergiquement contre une telle attitude : Garde-toi d’oublier Hachem, ton D.ieu, de négliger Ses préceptes, Ses institutions et Ses lois… (ibid. 8, 11).

Aux yeux de Yaakov, telle ou telle somme d’argent n’a pas d’intérêt.

Sa pensée est beaucoup plus profonde et se situe à un autre niveau : donner la dîme n’est ni une expression de générosité, ni de reconnaissance. La somme n’a ici aucune importance. Ce qu’il veut affirmer, c’est l’idée de la suprématie divine sur toute chose, sur tout bien, sur tout événement : je suis conscient que Tu es Celui qui donnes. Tout ce que j’ai, me vient de Toi seul ; rien n’est dû à mon pouvoir ou à mes capacités personnelles. Ce sont là les pensées de Yaakov en ce moment de profonde détresse. A cet instant même il prend la ferme décision de demeurer en communion avec D.ieu, malgré tout, et de donner la dîme de tout ce qu’il gagnera. Yaakov exprime ainsi sa foi inébranlable envers D.ieu.

(adapté a partir des Leçons Chabbatiques)

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PARACHAT TOLDOT 5780 : LE POUVOIR DE LA PRIERE

Yits’hak implora D.ieu au sujet de sa femme, parce qu’elle était stérile (Genèse 25, 21).

Nous sommes frappés, en lisant ce verset, par l’ordre inhabituel du récit : en effet, avant même de nous annoncer que Rivkah est stérile, la Torah nous raconte qu’Yits’hak a imploré D.ieu en sa faveur. Notre habitude des textes bibliques nous laissait attendre un ordre inverse dans la suite des événements: l’annonce de la stérilité de Rivcah aurait dû logiquement précéder celle de la prière d’Yits’hak.

Nous trouvons le phénomène analogue dans la section Vayétsé : Il [Yaakov] arriva dans cet endroit et il y passa la nuit, parce que le soleil s’était couché (ibid. 28, 11). Rachi explique ainsi : Le soleil s’était couché subitement, avant son heure, afin que Yaakov soit obligé de passer la nuit. Là aussi, l’ordre logique aurait dû être que le soleil se couche d’abord et qu’ensuite, Yaakov s’installe pour passer la nuit. Il nous faut donc admettre que les relations de cause à effet, telles qu’elles apparaissent dans la Torah, ne sont pas forcément conformes à la notion que nous avons du déroulement événementiel. Yits’hak n’a pas imploré D.ieu parce que Rivkah n’avait pas encore conçu ; la stérilité de Rivkah n’est pas la cause de la prière. En réalité, elle en est l’effet : pour qu’Yits’hak prie, il fallait que Rivkah soit stérile. De même, Yaakov ne s’est pas installé en ce lieu parce que le soleil se coucha ; mais c’est parce qu’il fallait que Yaakov passât la nuit en cet endroit, que le soleil se coucha subitement. Le coucher du soleil n’est pas la cause de l’installation de Yaakov en ce lieu, il en est l’effet, il fallait que Yaakov soit amené à faire là, sa prière.

Ces remarques nous conduisent à poser une question d’ordre plus général, qui touche à un point fondamental de notre foi : quelle est la signification profonde de cette stérilité qu’ont connue, tour à tour, les aïeules du peuple, Sarah, Rivkah, Ra’hel et plus tard, ‘Hanna et d’autres encore ? Quel était le dessein de la Volonté Divine ? C’est la question que le Talmud présente, en y apportant aussitôt sa réponse : Pourquoi nos aïeules étaient-elles stériles ? Rabbi Yits’hak dit : c’est parce que D.ieu, Béni soit Son Nom, aspire à la prière des Justes (Yévamoth 64). Ce texte, qui nous révèle la raison de la souffrance des aïeules, nous éclaire en même temps sur un point essentiel : la prière est la cause de la stérilité ; autrement dit, le Saint béni soit Son Nom a causé la stérilité, a créé une occasion, pour que l’homme prie; la stérilité est la conséquence et non la cause du besoin de la prière.

Pourquoi D.ieu aspire-t-Il à la prière des Justes, au point de leur causer de graves tourments, qui ne sont ni toujours compréhensibles, ni explicables ? Nous lisons dans le Talmud : «Rabbi Yichmaél Ben Elicha dit: Lorsque je suis entré une fois dans le sanctuaire du Temple pour présenter l’encens sacré, j’ai vu devant moi la Grâce Divine, installée sur un siège surélevé. Le Saint béni soit Son Nom s’adressa à moi en ces termes : « Yichmaél, Mon fils, bénis-Moi”. J’ai répondu: ”Que par Ta Grâce, Ta Miséricorde surmonte Ton courroux, que Ta pitié ‘cache Ton mécontentement et que Tu Te conduises avec Tes enfants avec indulgence et bienveillance ». Alors, le Tout-Puissant acquiesça d’un signe de tête (comme pour dire Amen, dit Rachi). D.ieu répond Amen à la bénédiction de RabbiYichmaél» (Bérakhot 7). Nous en concluons qu’il apprécie la prière des Justes.

Si nous nous en tenions à la logique exprimée par nos Sages, la prière ne devrait pas avoir de place en ce monde : celui qui a fauté mérite d’être puni et toutes les prières du monde ne devraient rien y changer. Au contraire, si le méchant ne reçoit pas le châtiment qu’il mérite, cela revêt l’allure de l’injustice. Il est donc naturel que nous nous demandions quel pouvoir, quelle force extraordinaire peut bien avoir la prière au point de changer la réalité, de rompre totalement avec la logique la plus élémentaire !

La réponse nous est fournie encore une fois dans la section de Toldot . Yits’hak et Rivkah prient de tout leur cœur, chacun de leur côté. D.ieu exauce en premier lieu la prière d’Yits’hak et agrée celle de Rivkah ensuite. Pourquoi une telle préférence ? Rachi explique : la prière d’un tsadik, (juste) fils de tsadik, est préférable à celle d’un tsadik, fils de racha (méchant). Rivkah eut l’immense mérite d’épouser Yits’hak. elle s’est engagée dans la voie spirituelle et religieuse de son mari, mais sa prière ne parvient pas à la pureté de la prière de son époux, car elle est fille de Laban, l’idolâtre. Yits’hak, lui, est fils d’Avraham. Il a puisé les enseignements et la foi de son père qui affirmait : Et moi je ne suis que terre et que cendres. Le caractère essentiel de la prière d’Yits’hak consiste dans l’effacement de toute aspiration personnelle au moment où il prie : tout son être, sa volonté et ses préoccupations personnelles, se réduisent au point de s’effacer complètement devant la Gloire infinie du Créateur : toutes les pensées, tous les projets, les comptes personnels s’effacent au moment où s’élève la prière de l’homme vers le Tout-Puissant.

C’est dans cette perspective que se situe le tsadik : sa prière dépasse toutes les autres prières parce qu’elle est pure, détachée de toute sollicitation personnelle, débarrassée de tout intérêt égoïste. Le tsadik fait abnégation de lui-même, pour ne rechercher que le bien d’autrui. Yits’hak n’a d’autre préoccupation que le bien-être de Rivcah. Son père, Avraham, nous nous en souvenons, ne poursuivait qu’un seul et unique but ; sauver Sodome de l’anéantissement total, en adressant une ardente prière à Dieu. Dans l’épisode rapporté plus haut, Rabbi Yichmael Ben Elicha recherche le bonheur de son peuple, et un meilleur sort pour les enfants d’Israël, il implore la bienveillance divine en faveur de ses frères.

C’est à cette prière-là que D.ieu aspire : celle qui s’occupe d’autrui et qui sollicite pour autrui. Nous comprenons alors cette tradition ancestrale, si profondément ancrée dans le peuple juif, qui consiste à se tourner vers le tsadik pour lui demander de prier, d’intercéder auprès du Tout-Puissant pour obtenir la grâce divine pour les malheureux. Seul, le tsadik est en mesure de faire abstraction totale de sa propre personne, de ses propres problèmes pour demander à D.ieu la délivrance et le salut pour les autres. L’homme qui est capable d’une telle prière a de plus grandes chances d’être entendu.

(adapté à partir des Leçons Chabbatiques)

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Règles relatives à la Téchouva, Chapitre 7, Maïmonide

La dignité de la Téchouva et des pénitents (Ba’alé Téchouva)

  1. Puisque, comme nous l’avons expliqué, tout homme en a la faculté, il doit s’efforcer de se convertir au bien, de faire la confession orale de ses péchés, de secouer ses mains pour refuser de les commettre encore, afin de mourir pénitent et d’obtenir la vie du monde à venir.
  2. L’homme se considérera toujours comme à l’article de la mort, de peur de mourir à un moment où il se trouverait encore en état de péché. C’est pourquoi il se convertira de ses péchés sur-le- champ et ne se dira point : « Une fois devenu vieux je me convertirai au bien », car il mourra peut-être avant que de vieil C’est ce que le Roi Salomon donne allusivement à entendre lorsqu’il déclare : « Qu’à tout moment tes vêtements soient blancs.» (Ecclésiaste 9,8)
  3. Ne pense pas que l’on ne doive se convertir que des transgressions qui comportent une exécution matérielle, telles que débauche, brigandage, vol. En fait, de même que l’homme est tenu de se repentir de ces fautes-là, il lui faut également scruter les mauvais penchants qu’il peut porter en lui et se convertir de la colère et de la haine, de la jalousie et de la moquerie, de la passion de l’argent et des honneurs, de la gourmandise et de toutes les autres tendances vicieuses du même genre, auxquelles il renoncera par le moyen de la conversion au bien. Du reste, de telles dispositions sont plus malignes que des transgressions qui comportent une exécution matérielle. En effet, lorsque l’homme est submergé par ces passions mauvaises, c’est une rude tâche pour lui que de s’en défaire. Le verset du prophète confirme bien la nécessité de la conversion pour les deux classes de transgressions puisqu’il déclare :« Que le méchant abandonne sa voie Et l’homme d’iniquité ses pensées.» (Isaïe 55,7)
  4. Que l’on ne pense pas que le pécheur repenti est bien éloigné du degré des justes, en raison des fautes et des transgressions qu’il a commises. Il n’en est pas ainsi : qui s’est converti au bien est aimable et agréable aux yeux de D.ieu, comme s’il n’avait jamais été coupable. Qui plus est, grande est sa récompense, car ayant goûté à la saveur du péché, il a renoncé à sa faute en maîtrisant son instinct. Les Sages ont dit : « Au lieu où se tiennent les pécheurs repentis, les justes accomplis ne sauraient se tenir.» (Berakhot 34 b). En d’autres termes, le degré des pénitents est supérieur à celui des justes qui n’ont jamais fauté, car les premiers maîtrisent leurs penchants plus que les seconds.
  5. Tous les Prophètes sans exception ont ordonné la conversion à D.ieu, et Israël n’obtiendra la rédemption que par une telle pénitence. La Loi assurait déjà qu’Israël était destiné à faire pénitence jusque dans les pays les plus éloignés de son exil et qu’il en serait alors rédimé sur-le-champ. L’Écriture, en effet, déclare : « Lors donc que t’arriveront toutes ces choses, la bénédiction et la malédiction que j’ai exposées devant toi, si tu les rappelles en ton cœur, parmi toutes les nations où t’aura chassé Hachem ton D.ieu, si tu reviens vers le Hachem, ton D.ieu, et que tu écoutes Sa voix, suivant tout ce que je te commande aujourd’hui, toi avec tes fils, de tout ton cœur et de toute ton âme, alors Hachem ton D.ieu, ramènera tes captifs et aura pitié de toi, il se remettra à te rassembler de chez tous les peuples où t’aura dispersé Hachem, ton D.ieu. » (Deutéronome 30, 1-3).
  6. Grande est la repentance car elle rapproche l’homme de la Présence Divine. Nous lisons, en effet, dans l’Écriture : « Reviens donc Israël vers Hachem ton D.ieu » (Osée 12, 2) et encore : « Et vous n’êtes pas revenus vers moi, parole de D.ieu » (Amos 4, 6) ; et enfin : « Si tu reviens, Israël, parole de D.ieu, à moi tu reviendras » (Jérémie 4 1). Autrement dit, en te convertissant au bien par la repentance, c’est à Moi que tu t’attaches. La repentance rapproche de D.ieu ceux qui en étaient éloignés. Cet homme qui, hier soir encore, était haïssable aux yeux de Dieu, éloigné de lui et l’objet de son dégoût, de son abomination, le voilà aujourd’hui aimé et agréable, proche de D.ieu et son ami. Tu remarqueras, en effet, que les formules par lesquelles le Saint, béni soit-il, déclare qu’il éloigne de lui les pécheurs, il les emploie aussi d’une manière antithétique pour annoncer qu’il rapproche de lui les pénitents, particuliers ou communautés. L’Écriture déclare, en effet : « Au lieu qu’il leur soit dit : « Vous n’êtes pas mon peuple !» on les appellera : « Enfants du Dieu vivant ! » (Osée 2 1), et au sujet du roi Yekhonia, tandis qu’il était égaré par la malice, elle dit : « Inscrivez cet homme privé d’enfants comme un homme dont les jours ne seront pas prospères » (Jérémie 22, 30) et aussi : « Quand Conia, fils de Joyakim, roi de Juda, serait un sceau à ma main droite (6) je t’arracherais de là » (Jérémie 32, 4) ; mais lorsqu’il se fut repenti, au lieu de son exil, elle déclare au sujet de Zorobabel son fils : « En ce jour-là, parole du D.ieu des Armées, je te prendrai Zorobabel, fils de Shaltiel, mon serviteur, parole du D.ieu, et je te mettrai comme un sceau » (Aggée 2,23).
  7. Qu’elle est éminente la vertu de la repentance ! Hier au soir encore, le pécheur était séparé de Hachemieu d’Israël : nous lisons, en effet, dans l’Écriture : « Vos fautes mettaient une séparation entre vous et votre D.ieu » (Isaïe, 59,2) ; il implorait et n’était pas exaucé, comme le montre le verset : « Quand vous multipliez les prières, Je n’écoute pas » (Isaïe 1,15); il accomplissait les commandements et ils étaient mis en pièces à ses propres yeux, car nous lisons dans l’Écriture : « Qui a demandé à vos mains ces offrandes, pour que vous fouliez mes parvis ? » (Isaïe 1,12), et : « Lequel d’entre vous fermera les portes pour que vous n’allumiez pas en vain le feu sur mon autel ? Je ne me complais point en vous, dit le D.ieu des Armées, et ne veux point d’offrande de vos mains » (Malachie, 10). Aujourd’hui voilà le même homme uni à la Présence Immanente, comme le déclare l’Écriture : « Mais vous, qui êtes unis à Hachem votre D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui » (Deutéronome 4, 4) ; il est exaucé aussitôt qu’il implore, comme le montre le verset : « Avant qu’ils ne m’invoquent, moi Je les aurai exaucés » (Isaïe 65, 24). Lorsqu’il accomplit des commandements ils sont agréés avec aise et liesse, comme le prouve ce passage de l’Écriture : « Car D.ieu agrée déjà ce que tu fais » (Ecclésiaste 9, 7) ; mieux même : D.ieu les désire ardemment, selon les termes du verset : « Agréable au Seigneur sera l’offrande de Juda et de Jérusalem, comme aux jours d’autrefois, aux années de jadis » (Malachie 3, 4).
  8. Il est de la nature des pénitents d’être humbles et excessivement mortifiés. Si des imbéciles les insultent en leur rappelant leurs actions passées et qu’ils leur disent : « Hier tu agissais de telle ou telle sorte, hier tu disais ceci ou cela », ils ne devront pas éprouver de ressentiment contre leurs interlocuteurs mais écouter leurs paroles joyeusement en sachant bien qu’une telle attitude est pour eux méritoire. En effet, chaque fois qu’ils rougissent des transgressions qu’ils ont commises et en ressentent de la confusion leur mérite s’accroît et leur dignité grandit. De plus, c’est un péché formel que de dire à un pénitent : « Souviens-toi donc de ta pratique première ! » ou de la rappeler en sa présence afin de l’embarrasser; ou de mentionner des paroles ou des actes analogues à la conduite passée du pénitent, de manière à l’en faire souvenir. Toutes ces façons d’agir sont interdites, et cette interdiction est incluse dans la défense que la Loi fait de nuire au prochain par ses paroles. Nous y lisons, en effet : « Vous ne vous léserez point l’un l’autre » (Lévitique 25, 14 et 17).
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POURQUOI FAUT-IL MANGER CACHER?

Voici, après le vol et l’inconduite, la faute qui vient en troisième place : la transgression des lois alimentaires, qu’il s’agisse de viande ou de mélanges défendus, du mélange lait et viande, de la graisse défendue, du sang, d’aliments préparés par un non-juif, des ustensiles de cuisine, du vin destiné au culte idolâtre ou récolté par un païen.

Pour être intègre au regard de cette obéissance rituelle, il faut une attention minutieuse, un grand effort de volonté, en raison de notre désir de mets succulents et interdits, aussi bien qu’en raison des frais supplémentaires qu’impose la cuisine rituelle. Or, les détails de ces lois nombreux et variés, sont soigneusement expliqués dans livres des casuistes.

S’accorder des facilités là où les Docteurs exigent la sévérité revient à se perdre soi-même. Dans le commentaire du Lévitique nous lisons à propos du verset : « Ne vous souillez pas par elles, vous en contracteriez la souillure. » (Lévitique 11, 43)

« Si vous touchez à leur souillure, elle se communiquera à vous. »(Midrach Sifra)

Les aliments interdits introduisent, en effet, positivement souillure dans le cœur et l’âme de l’homme au point d’en chas­ser et d’en éloigner la sainteté divine.

Commentant le même verset, le Talmud dit : « Le péché bouche pour ainsi dire le cœur de lhomme. Il en chasse la connaissance véritable et l’esprit de sagesse que D.ieu donne à ses pieux serviteurs.»(Yoma 39 a)

« Car c’est D.ieu qui dispense la Sagesse . » (Proverbes 2, 6)

Aussi l’homme devient-il, dans cet état, semblable à l’animal, prisonnier de la matière, plongé dans les plaisirs grossiers de ce monde.

Les défenses alimentaires sont à cet égard plus importantes encore que les autres, car l’aliment défendu, pénétrant dans le corps de l’homme, y devient la chair de sa chair.

Les animaux impurs, les bêtes répugnantes ne sont pas seuls défendus : la viande décla­rée impropre à la consommation, bien qu’elle provienne d’une bête pure, entraîne la même souillure. A propos du verset : « Pour distinguer le pur de l’impur» (Lévitique 11, 46), les Sages expliquent : «Il n’était évidemment pas utile de te dire de distinguer une vache d’un âne. »

Sur quoi porte donc la distinction ? Sur ce qui est pur et impur pour toi, lorsqu’il s’agit d’un cas délicat d’abattage rituel, où la décision dépend de ï épaisseur d’un cheveu. » ». (Midrach Sifra)

Cette dernière expression, mise par eux en fin de phrase, n’a pas d’autre but que de te rendre sensible l’essence mystérieuse de l’ordre : il n’y a, vois-tu, que l’épaisseur d’un cheveu entre le pur et l’impur.

Aussi, pour peu qu’un homme ait un grain de bon sens, il assimilera les mets prohibés à des poisons ou à des mets empoisonnés.

Est-ce que, dans un cas de ce genre, un homme serait assez insouciant pour en manger? Il est bien évident qu’aussi longtemps qu’il subsisterait en lui quelque doute ou même le plus petit soupçon, il s’abstiendrait d’en manger. S’il n’y prenait pas garde, on le considérerait comme fou.

Or les mets défendus constituent, nous l’avons déjà expliqué, un véritable poison pour le cœur et l’âme. Quel homme doué de raison irait donc, en cas de doute, faire bon marché d’une défense alimentaire? N’est-ce pas à ce sujet qu’il a été dit :

«Tu t’enfonceras un couteau dans la gorge, si tu te comportes en glouton » ? ( Proverbes 23,2)

Rabbi Hayim Lussato, Messilate Yécharim

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Santé et bien-être selon Maimonide – Cours diététique 3

1) Il existe d’autres produits nuisibles, quoique moins que précédents. Ce sont le gibier d’eau, les pigeonneaux, les dattes, le pain grillé dans l’huile ou le pain pétri dans l’huile, la fleur farine blutée à fond, au point de ne contenir plus trace de son ou divers jus ou sauces. On ne devra pas abuser de toutes ces nourritures. L’homme sage, qui dompte ses passions, et ne se laisse entraîner par sa convoitise, qui ne mange aucun des mets mentionnés ci-dessus si ce n’est par nécessité thérapeutique, a droit au nom de héros.

2) On se restreindra toujours sur les fruits des arbres, et l’on ne multipliera pas même l’usage des fruits secs, pour ne rien dire des fruits frais. C’est que, avant qu’ils aient parfaitement mûri, les fruits sont pour le corps aussi griefs que des glaives. Les caroubes sont toujours nuisibles. Tous les fruits acides le sont également et l’on n’en consomme qu’en petites quantités, l’été, dans les pays chauds. En revanche, les figues, les raisins, les amandes sont toujours excellents, frais ou secs, et l’on peut s’en repaître à satiété. Toutefois, on évitera d’en faire une consommation continue, bien qu’il s’agisse ici des fruits les meilleurs parmi tous ceux que fournissent les arbres.

3) Le miel et le vin sont nuisibles pour les jeunes enfants, mais salutaires pour les vieillards et surtout à la mauvaise saison. Une fois l’été venu, on doit réduire sa ration ordinaire d’un tiers, par rapport à ce que l’on mange à la mauvaise saison.

4) L’on tâchera toujours d’avoir des selles régulièrement et presque un peu liquides molles C’est que, selon une importante constatation médicale, chaque fois que l’évacuation ne se produit pas, ou ne se produit qu’avec peine, de graves maladies se déclarent.

5) Et quels remèdes emploie-t-on pour soigner une constipation légère ? Si le malade est jeune, il prend, chaque matin, de la sauge bouillie assaisonnée d’huile d’olive, de sauce de poisson ou de sel, mais sans pain. Il peut boire aussi de l’eau où auront bouilli des épinards, ou manger du chou assaisonné d’huile d’olive, de sauce de poisson et de sel. S’il s’agit d’un malade âgé, on lui fera boire le matin du miel dilué dans de l’eau chaude quatre heures environ avant qu’il prenne son repas. La cure durera un jour, trois jours ou quatre jours si nécessaires, jusqu’à ce que les selles deviennent régulières.

6) Selon une autre observation médicale, aussi longtemps que l’on pratique de l’exercice physique et qu’on se dépense beaucoup, mais sans avoir l’estomac trop rempli et en ayant des selles régulières, on échappe aux prises de toute maladie et l’on voit sa vigueur s’accroître, quand bien même l’on mangerait des nourritures malsaines. Au contraire, celui qui ne se dépense pas et ne se livre à aucun exercice, qui tarde à satisfaire ses besoins ou est affligé de constipation, celui-là, aura beau manger des nourritures saines et observer les règles de l’hygiène, tous ses jours ne seront que souf­frances et ses forces déclineront.

7) Une nourriture surabondante est pour le corps de chaque homme comme un poison mortel et c’est elle qui est à l’origine de toutes les maladies. En effet, la majeure partie des maladies qui attaquent l’homme n’ont d’autre raison que l’ingestion d’aliments malsains ou des excès de table consistant en la consommation exagérée, même d’aliments sains. C’est là ce qu’entendait Salomon lorsque, en son style allusif, il disait : « Qui est un gardien pour sa bouche et sa langue, se garde aussi du malheur». Par « qui est un gardien pour sa bouche », il faut entendre « qui l’empêche d’ingérer un aliment malsain ou une nourriture trop copieuse » et par « qui est un gardien pour sa langue » celui qui ne lui laisse proférer que des paroles indispensables.

Le livre de la connaissance : Principes de diététique

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Tout savoir sur le prélèvement de la ‘Hala

La mitsva de la ‘hala

 

1. Quelle l’origine de la mitsva de la ‘hala ?

La Torah relate ainsi la prescription de prélever la ‘hala : «D.ieu parla à Moïse en ces termes: Parle aux enfants d’Israël et dis leur: A votre arrivée dans le pays où je vous conduirai, lorsque vous mangerez du pain de la contrée, vous en prélèverez un tribut à D.ieu. Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez la ‘hala à l’instar du tribut de la grange, ainsi vous la prélèverez. Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à D.ieu dans vos générations futures [1].»

La ‘hala ayant le même statut que la térouma [2], elle revient au Cohen [3].

A notre époque étant tous impurs [4], on prélève la ‘hala et on la brûle parce qu’elle est impure [5].

En cas d’impossibilité de la brûler, on peut l’envelopper de deux épaisseurs de papier ou de plastique et la déposer dans une poubelle.

 

2. La mitsva de la ‘hala est-elle à notre époque une mitsva d’ordre rabbinique ou de la Torah ?

Nos Sages déduisent de l’expression employée « A votre arrivée dans le pays » que cette mitsva ne nous incombe que lorsque la majorité des juifs habitent en Israël. C’est ce que nous enseigne le Choul’hane ‘Aroukh :

 »La mitsva de la Torah ne nous incombe que dans le pays d’Israël à condition que la totalité ou la majorité des juifs résident en Israël. Ainsi à notre époque, même du temps d’Ezra] après le retour d’une partie des exilés de Babel] en Israël la mitsva de la ‘hala n’était que d’ordre rabbinique [6]. »

 

3. En dehors d’Israël, y a-t-il une obligation de prélever la ‘hala ?

L’obligation de prélever la ‘hala en dehors d’Israël est strictement d’ordre rabbinique, afin que cette mitsva ne tombe pas dans l’oubli auprès des juifs de l’exil [7].

Conditions requises pour prélever la ‘hala

1. Quantité de farine
Quelle est la quantité de farine minimale requise pour prélever la ‘hala avec bénédiction ?

Maïmonide ainsi que l’auteur du Choul’hane ‘Aroukh mentionnent un poids équivalent à 520 dhrames.

Dans son livre[8] le Rav ‘Hayim Naé après avoir procédé à plusieurs mesures dut conclure que le poids correspondant à cette mesure était de 520×3.2= 1.666 kg de farine [9]. Dans le même chapitre, l’auteur relate l’usage des communautés ashkénazes anciennes de prélever la ‘hala à partir de 1.200kg.

Il recommandé donc de prélever sans bénédiction entre 1.2kg et 1.666 kg de farine.

Il est à noter que certaines communautés ashkénazes se fondent sur le ‘Hazon Ich et requièrent une quantité de farine de 2.250 kg pour réciter la bénédiction.

Selon l’avis du rav Ovadia Yossef zatsal on peut réciter la bénédiction à partir de 1.560 kg de farine [10].

 

Conseils pratiques:

Evitez si possible de pétrir une quantité de farine comprise entre 1 et 2 kg. Pour 1 kg de farine la pâte obtenue est toujours dispensée de ‘hala tant qu’elle n’est pas associée à d’autres pâtes.

Pour une quantité de 2 kg de farine, la majorité des décisionnaires pensent qu’il faut prélever la ‘hala avec bénédiction.

 

****A PARTIR DE 1,2 Kg DE FARINE PRELEVEZ LA ‘HALA SANS BENEDICTION

 

****A PARTIR DE 1.660 Kg DE FARINE PRELEVEZ LA ‘HALA AVEC BENEDICTION

 

2. Composition de la pâte: farine et liquide

La farine doit être à base de l’une ou d’une association des 5 céréales suivantes: le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle ou l’avoine.

Le liquide utilisé pour pétrir la pâte doit appartenir à la catégorie des liquides suivants: le vin, le miel, l’huile, le lait, la rosée, l’eau.

 

Dans quel cas pourra t-on prélever la ‘hala avec bénédiction ?

On pourra prélever la ‘hala avec bénédiction si on pétrit une pâte composée avec une farine à base d’une ou de plusieurs des 5 céréales, et un des liquides mentionnés (2) plus haut.

EXCEPTION : Une pâte composée de farines de riz et de blé peut être imposable de ‘hala si elle a le goût d’une pâte de blé, même si elle est composée majoritairement de riz [11].

 

Dans quel cas prélèvera t-on la ‘hala sans bénédiction ?

Si on pétrit une pâte avec des œufs ou du pur jus de fruit (sans ajouter de l’eau), on prélèvera la ‘hala sans bénédiction même si la quantité de farine requise est présente dans le mélange [12].

 

3. Mode de cuisson

La pâte obtenue devra être cuite au four ou sur une poêle, sans liquide.

Si la pâte épaisse est cuite dans l’eau ou frite dans l’huile profonde, devra t-on prélever la ‘hala ?

Si une pâte même de consistance épaisse est préparée dans l’intention d’être frite ou cuite dans l’eau, elle est dispensée de ‘hala car elle n’a pas le statut de pain [13].

Dans le cas ou une partie de cette même pâte est cuite au four, on pourra prélever la ‘hala avec bénédiction si la quantité de farine utilisée au départ est requise pour l’imposition de la ‘hala.

A noter que si la pâte est liquide [14] et frite dans l’huile profonde, elle est dispensée de ‘hala, selon tous les avis (beignets).

Une pâte pétrie avec du lait sans adjonction d’eau, est elle imposée de ‘hala ?

Elle est imposée de ‘hala avec bénédiction [15].

 

4. Cas particuliers: Pâte que l’on prévoit de partager.

Une personne pétrit une pâte à partir de 2kg de farine mais prévoit de partager la pâte en deux parties égales avant cuisson, et de donner à sa fille 1 kg de pâte et d’enfourner 1kg, doit-elle prélever la ‘hala ?

L’intention première de partager cette pâte en deux, revient à pétrir individuellement deux pâtes de 1kg chacune. Cette pâte est donc dispensée de ‘hala.

 

Une personne pétrit une pâte à partir de 2kg de farine et la fait cuire au four avec l’intention de partager les pains cuits avec sa fille. Doit-elle prélever la ‘hala sur cette pâte ?

Elle doit prélever la ‘hala avec bénédiction du fait que la quantité imposable de ‘hala est enfournée intégralement par la même personne.


Association de pâtes pétries

Dans quel cas peut-on associer plusieurs pâtes pour obtenir la quantité requise pour prélever la ‘hala ?

Rappelons que seuls 5 types de céréales sont imposables de ‘hala: le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle et l’avoine.

De manière générale, le principe de l’association de pâtes consiste à considérer les pâtes comme une seule entité. Ce qui signifie que deux pâtes qui sont fondamentalement différentes ne peuvent pas s’associer même en les collant.

 

Plusieurs conditions sont à remplir :

 

1) Les espèces doivent être susceptibles de s’associer:

Si on pétrit deux pâtes distinctes de 1kg avec deux des cinq céréales, elles peuvent s’associer, uniquement dans l’ordre suivant:

Le blé n’est associable qu’avec l’épeautre.

L’épeautre est associable avec toutes les autres.

L’orge est associable avec toutes les autres céréales sauf avec le blé.

Le seigle n’est associable qu’avec l’orge et l’épeautre.

L’avoine n’est associable qu’avec l’orge et l’épeautre[16].

 

2) L’association ne peut se faire que dans le cas où les pâtes sont de même composition ou de composition susceptibles de s’associer:

Une pâte salée et une pâte sucrée ne peuvent être associées même si elles sont faites à partir de la même céréale [17].

 

3) L’association ne peut se faire que dans le cas où les deux pâtes appartiennent à la même personne [18].

 

Comment peut se faire l’association ?

L’association peut se faire de deux manières:

 

1) La morsure des pâtes ou néchikha

Deux pâtes posées côte à côte peuvent s’associer en se collant.de façon à ce qu’en soulevant une des pâtes, l’autre se tire un peu, comme si elle ‘mordait’ l’autre [19] .

 

2) L’association par un récipient, ou panier ou serviette recouvrant entièrement les pâtes ou tsirouf sal [20]

Le tsirouf sal permet d’associer deux pâtes entreposées dans un même récipient, à une seule condition : les deux pâtes doivent être de même composition ou de composition susceptible de s’associer c’est à dire qu’il n’y ait aucune contre-indication à les mélanger complètement. Mais si leurs compositions sont différentes, elles ne peuvent pas s’associer pour être imposées de ‘hala car généralement on ne désire pas qu’elles se mélangent.

Les pâtes ou les pains à associer doivent être déposés dans un récipient dont les parois recouvrent leur contenant.

Remarques :

1) Deux pâtes de blé identiques, l’une épicée et l’autre non épicée ne peuvent s’associer par aucun moyen puisqu’elles ne sont pas susceptibles de s’associer en une même pâte [21].

2) Deux pâtes, l’une de farine complète et l’autre de farine blanche, ne peuvent s’associer par aucun moyen puisqu’elles ne sont pas susceptibles de s’associer en une même pâte [22].

 

Note importante :

Le tsirouf sal permet d’associer:

  • les pâtes pétries avant cuisson
  • les pains cuits dans le cas où on aurait oublié de prélever la ‘hala au stade de la pâte
  • les biscuits faits à partir d’une pâte liquide dont l’obligation de ‘hala n’intervient qu’après cuisson pour une quantité de farine imposable
  • les matsots après cuisson puisqu’a priori on pétrit pendant Pessa’h ou même la veille de Pessa’h, une pâte inférieure à celle imposable de ‘hala.

 

Bénédiction et prélèvement

 

Avant de prélever la pâte on récite la bénédiction suivante:

 

בָּרוּךְ/ אַתָּה/ ה’ / אֱלֹהֵינוּ/ מֶֽלֶך/ הָעוֹלָם / אֲשֶר / קִדְּשָנוּ

/kidéchanou/ achér / ha-‘olam /mélékh / élohénou / Adonaï / ata /baroukh

בְּמִצְוֹתָיו / וִצִוָּנוּ / לְהַפְרִישׁ / חַלָּה / תְּרוּמָה /

/ térouma / ‘hala / léhafrich / vétsivanou/ bémitsvotav

 

 »Tu es source de bénédictions, Hachem, notre D.ieu, Roi de l’Univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements, et nous as commandés de prélever la ‘hala ».

 

Après le prélèvement on dit:

הַרֵי זוּ חַלָּה

haré zou ‘hala

« Ceci est la ‘hala »

 

Quelle quantité de ‘hala doit-on prélever ?

Selon la Torah, une quantité infime de ‘hala peut suffire comme tribut pour une très grande quantité de farine.

A l’époque ou la ‘hala était consommée par le Cohen, le boulanger devait prélever 1/48 de la pâte, et le particulier devait en prélever 1/24 sauf si la pâte devenait impure involontairement, auquel cas il devait prélever 1/48 [23].

A notre époque où il n’y a pas de pâte pure à cause de l’impureté générale (toum-at met), on prélève 1/48 de la pâte selon Rambam et l’auteur du Choul’hane ‘Aroukh et on la brûle.

Les décisionnaires divergent sur la quantité de ‘hala a prélever actuellement.

Selon certains il faut prélever environ 30g, mais selon de nombreux décisionnaires séfarades notamment le rav ‘Hida [24], le Ben Ich ‘Haï [25], et le rav Ovadia Yossef zatsal, une quantité infime de pâte suffit.

 

Que faire de la ‘hala ?

Rappel important

1) A l’origine la ‘hala était prélevée et donnée au Cohen. L’absence de moyens de purification de l’impureté (toum-at met) fait que nous sommes impurs et le contact de la ‘hala la rend impure.

2) La ‘hala a le statut de térouma impure, il ne faut pas qu’elle entre en contact direct avec une plaque du four ou une grille de la cuisinière, car la chaleur provoquera l’absorption de térouma qui reste interdite à la consommation.

3) La ‘hala dès son prélèvement doit être mise de coté, pour éviter qu’elle ne se mélange à la pâte.


** S’il est possible de la brûler, on donnera priorité à cette solution, en prenant certaines précautions.

1) ne pas la brûler dans le four sur une plaque

2) ne pas la brûler sur les grilles de la cuisinière

3) on pourra la brûler sur le brûleur (gaz) directement

4) on pourra l’envelopper de deux feuilles d’aluminium et la brûler dans le four (après avoir terminé la cuisson du pain)

5) de préférence on la brûlera sur le gaz ou sur une plaque électrique dans un boite à conserve

Dans le cas ou le mélange pâte liquide ne contient que des jus de fruits ou des oeufs sans adjonction d’eau, il faudra humecter la ‘hala avant de la brûler.

 

** S’il est impossible de la brûler, on l’enveloppera d’une couche double de plastique ou d’aluminium et on la déposera dans la poubelle.

Chabbat Chalom !

 Ra Yaacov Amsellem

 


[1] Nombres 15, 17-21

[2] Prélèvement sur les céréales.

[3] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 322, 1

[4] Le procede de purification avec les cendres de la vache rousse n’étant pas actuel, nous sommes tous considérés comme impurs au degré le plus extrême ou tamé mét.

[5] Maimonide Bicourim Chap.5, 9

[6] Yoré Dé’a chap. 322, 2

[7] Idem chap. 322, 3

[8] Chi’ouré Torah vol.1 p. 168

[9] Ce poids est obtenu à partir de l’unité du drhamme équivalent à 3.2g (520×3.2).

[10] Ce poids est obtenu à partir de l’unité du drhamme équivalent à 3 g (520×3). Le Rav Ovadia Yossef zatsal se base sur les travaux du Rav Hadar Yéhouda Margoulin parus en Adar 5758 (1998) qui prouvent que dans tous les musées visités contenant des pièces de tous les temps y compris celle de Maïmonide, la pièce la plus grande ne dépassait pas 3 g.

[11] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 324, 9

[12] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 225

[13] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 224

Notons que certains décisionnaires préconisent de prélever la ‘hala sans bénédiction dans ce cas.

[14] Une pâte est appelée liquide si elle s’étale sur une surface plane.

[15] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 225

Le lait ayant le même statut que l’eau, l’huile, le miel, le vin, la ‘hala doit être prélevée avec bénédiction.

 

 

[16] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 324, 2

[17] Idem 326, 1

[18] Idem

[19] Idem 325, 1

[20] Idem

[21] Idem 326, 1

[22] Idem

[23] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 322, 1

[24] Birqué Yossef 322, 2

Chioré berakha 322, 1

[25] Chémini 2e année 3

hafets hayim

Le Livre de la vie 1/10 – Comment soigner son parler ?

Partie I – Les lois de la médisance

 Chapitre 2 – Le Lachon Hara devant trois personnes

  1. Le nombre d’auditeurs

Il est interdit de médire, quelque soit le nombre d’auditeurs. Cependant, plus le public est nombreux, plus la faute est grave.

  1. Ce qu’il est permis de dire en présence de trois personnes

Certaines déclarations ambiguës sont toutefois autorisées en présence de trois auditeurs ou plus, si on peut les interpréter en bien ou en mal.

Néanmoins, cette autorisation s’applique aux déclarations les plus neutres. Il va de soi que si les gestes, le ton ou la manière dont le message est véhiculé trahissent les intentions malveillantes de l’auteur, celui-ci enfreint l’interdiction de « Avak Lachon Hara » (littéralement, poussière de médisance).

  1. Lachon Hara de notoriété publique

Si trois personnes ou plus ont entendu ensemble une déclaration diffamatoire et la répètent à d’autres, elles ne transgressent pas les lois du Lachon Hara, étant entendu que ce qui est connu de trois personnes finira par se savoir et que l’interdiction de médire ne s’applique pas à ce qui est notoire.

Cependant, il sera défendu de le répéter si cela risque d’accroître le préjudice qui est porté à la victime de la médisance.

Certains avis se montrent plus stricts à ce sujet et interdisent dans tous les cas de répéter ce qui aura été dit devant trois auditeurs.

  1. Porter préjudice

Si les propos malveillants sont émis dans le but d’aggraver le préjudice porté à la victime de la médisance, il y a infraction même si l’on omet de citer le nom de la personne qui a rapporté l’information.

  1. Témoin direct

Cette autorisation ne s’applique qu’à celui qui a entendu les propos médisants au moment où ils ont été émis en présence de trois personnes. Mais s’il l’apprend par un tiers qui lui donne l’assurance que le Lachon Hara a été proféré en présence de trois personnes ou plus, il lui est interdit de le répéter.

  1. Lorsqu’un des trois auditeurs ne répète pas le Lachon Hara

Si un des trois auditeurs est un homme craignant D.ieu qui veille à sa langue et ne répètera pas les propos malveillants, il sera interdit aux deux autres de les divulguer plus loin.

Ce principe s’applique également au cas où l’un des trois auditeurs est apparenté à la personne visée, puisqu’il y a lieu de croire qu’il ne le dévoilera à personne.

  1. Retransmission dans une autre ville

 En outre, cette permission concerne uniquement les cas où la médisance est répétée dans la ville où elle a été entendue et sera, par conséquent, ébruitée. De ce fait, il est interdit de la diffuser dans une grande agglomération.

Lorsque le locuteur ne veut pas que ses paroles soient répétées

 Si celui qui a émis du Lachon Hara devant trois personnes a exprimé le souhait que ses propos ne soient pas répétés, il est interdit à chacun des trois auditeurs de les dévoiler.

De plus, si l’un ou deux des auditeurs répétait malgré tout ces paroles malveillantes, il demeurerait interdit au troisième d’en faire autant.

La manière de le demander

Peu importe la manière dont l’auteur de la médisance exhorte ses trois auditeurs ou plus à la discrétion: cela reste interdit.

La faute est pire encore si ses propos sont répétés à la personne concernée.

En outre, cette autorisation ne s’applique que dans les cas où la médisance est émise devant trois personnes ou plus et non aux cas où deux médisants parleraient à deux auditeurs, par exemple.

  1. Retransmission fidèle

Cette permission n’est accordée qu’à condition de retransmettre l’information avec la plus grande fidélité, sans ajouter le moindre détail ni modifier le moindre fait.

Par exemple, il est interdit de révéler les fautes passées d’une personne qui, entre temps, s’est repentie, puisque cela risque de lui porter préjudice.

De même, une information médisante émise devant trois personnes ne peut être répétée à quiconque viendrait ajouter des commentaires ou des détails malveillants.

En conclusion :

Nous l’aurons compris, cette permission particulière de répéter une information compromettante émise devant trois personnes est soumise à de nombreuses conditions qui ne sont remplies que très rarement.

Précisons que cette opinion est réfutée par de nombreux décisionnaires. Mieux vaut donc ne jamais divulguer une information dénigrante, aussi notoire soit-elle !

  1. Réunions au sommet

Il est interdit aux personnes qui participent à une réunion, un comité de directeurs ou autre, de divulguer les opinions émises par chacun au détriment ou en faveur des personnes concernées. Cette interdiction subsiste même si les participants subissent des pressions, que les débats aient été tenus secrets ou non.

  1. Interdiction de dénigrer un orateur

Les gens se permettent souvent de faire des commentaires sur un cours ou une allocution. On entend fréquemment des remarques du genre : « Il ne comprend pas ce qu’il dit… » ou « il n’a pas préparé son discours… » etc. Ces observations sont absolument interdites puisque l’orateur risque de subir des humiliations ou perdre sa bonne renommée voire même son emploi.

  1. Information privée

Lorsqu’on nous fait part d’une information personnelle sur ses affaires ou autre domaine privé, il est interdit de la divulguer, même sans malveillance ni risque de préjudice.

Cependant, si la personne transmet l’information la concernant en présence de trois auditeurs sans les prier pour autant de la garder secrète, il leur est permis de la propager en respectant les conditions rapportées plus haut.