Archives de catégorie : La section hebdomadaire

Paroles de Torah sur la section lue chaque semaine

Lamb

PARACHAT BO 5776- COMMENT VAINCRE LA PEUR ?

La Torah commande aux enfants d’Israël d’offrir le sacrifice de l’agneau et leur dicte la manière de le consommer ensuite : N’en mangez pas qui soit à demi-cuit, ni bouilli dans l’eau; mais seulement rôti au feu, la tête avec les jarrets et les entrailles. Vous n’en laisserez rien pour le matin (Exode, XII, 9).

Le commentateur Ibn Ezra voit dans ce verset une sorte de discussion entre  notre maître Moïse et les Hébreux. Moïse transmet l’ordre divin d’immoler l’agneau pascal. Les Hébreux disent : il vaut mieux ne pas provoquer la colère des Egyptiens : mangeons-le à demi-cuit, pour ne pas éveiller l’attention. – N’en mangez pas qui soit à demi-cuit. – Mettons-le à bouillir dans l’eau, car, cuit ainsi dans une marmite couverte, il ne dégagera pas d’odeurs fortes. – Ni bouilli dans l’eau, mais seulement rôti au feu. – Alors, rôtissons- le au feu par petits morceaux pour que sa cuisson ne fasse pas beaucoup de fumée dans le pays d’Egypte. - La tête avec les jarrets et les entrailles. – Il faut que toute l’Egypte soit couverte par la fumée qui se dégage du rôtissage de ces innombrables agneaux et vous verrez que les Egyptiens seront incapables de lever le petit doigt contre vous. – Alors, nous le consommerons lentement, en partie seulement, afin d’en garder une part pour plus tard. – Vous n’en laisserez rien pour le matin. Il est également commandé aux Hébreux de ne pas briser les os, comme le font les gens affamés, mais de le manger à la manière de riches qui ne regardent pas à la dépense.

Ce sont donc des mesures draconiennes qui sont imposées aux enfants d’Israël pour extirper complètement la peur de leur cœur. Les voilà libérés de toutes les servitudes, de tous les mauvais traitements. Désormais, les Egyptiens ne sont plus leurs maîtres. Mais les Hébreux ne peuvent jouir de la délivrance, tant qu’ils sont passifs, sans initiative, ni dynamisme. Il faut qu’ils participent activement à leur propre libération. C’est ainsi qu’ils sont appelés à se livrer à des exercices tendant à extirper la peur qui les domine. Ce n’est que lorsqu’ils auront prouvé, par leurs actes leur confiance absolue en D.ieu que la bienveillance divine se manifestera et qu’ils seront délivrés.

Ce n’était certes pas tâche facile, car, la crainte des Egyptiens était si profondément ancrée en eux, qu’il leur aura fallu par la suite, pas moins de quarante années dans le désert, jusqu’à l’arrivée des nouvelles générations, pour avoir le courage de partir à la conquête de leur future patrie et être aptes à assumer le gouvernement. Dans le désert, à la première difficulté, ils expriment leur mécontentement en disant : Mieux vaudrait pour nous continuer à vivre asservis par les Egyptiens que de mourir en ce désert. Il faut beaucoup de temps à ce peuple, beaucoup d’actes répétés pour extirper complètement la peur enracinée en lui pendant plus de deux siècles, et pour qu’il se constitue une nouvelle nature, débarrassée de la gangue égyptienne, ouverte et prête au service de D.ieu.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les multiples commandements relatifs à la fête de Pessa’h. Nous avons l’obligation de consommer des matsot  et du maror, de boire quatre coupes de vin, de réciter des prières bien spécifiques, de faire le récit détaillé de la sortie d’Egypte.

Pourquoi avons-nous besoin de tant de symboles pour nous remémorer la sortie d’Egypte ? Un seul d’entre eux ne serait-il pas suffisant, comme c’est le cas pour les autres fêtes ? A ce sujet, le Séfer Ha’hinoukh (mitsva 16) explique : Ne pense pas mon fils à demander pourquoi il faut tant de signes pour nous souvenir du miracle de la délivrance. Ne crois pas qu’un seul signe serait suffisant. C’est là une pensée puérile. Sache que la nature de l’homme est forgée par ses actes. Son coeur et ses pensées sont attachés aux actions qu’il exécute, que ce soit pour le bien ou pour le mal Même un mécréant absolu, s’il décide pour une raison quelconque de commencer à faire et à refaire les bonnes actions, sentira clairement que ses actes influent sur sa nature et, inévitablement, il redeviendra un bon croyant. De même, une personne juste et intègre qui s’est consacrée à plusieurs reprises à des exercices douteux, verra sa nature influencée par ses actes, et deviendra méchante. En nous commandant d’accomplir plusieurs mitsvot  pour nous souvenir de la sortie d’Egypte, D.ieu a voulu que ces mitsvot  forgent notre âme et notre nature et nous aide à devenir des hommes meilleurs.

C’est en nous livrant sans cesse à des actes imprégnés de la crainte de D.ieu, que s’affermira   notre confiance en Dieu, comme l’a dit le roi David :

De David, Hachem est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur? D.ieu est le rempart qui protège ma vie : Qui redouterais-je ? (Psaume 27).

Multiplier les mitsvot, accomplir de nombreuses bonnes actions, renforcer constamment sa foi en D.ieu, voilà les moyens de dominer la peur.

ciel

Parachat Vayera 5776 – Comment l’Homme peut-il être supérieur aux anges?

Parachat Vayera 5776 – Comment l’Homme peut-il être supérieur aux anges?

« Et voici que trois hommes se tenaient debout à côté de lui » (Genèse 18, 2).

En réalité, ces trois hommes étaient des anges. Pourquoi vinrent-ils chez Avraham au nombre de trois ? Pour nous enseigner, dit Rachi, qu’un ange n’effectue jamais deux missions à la fois. Le Maharal explicite ce commentaire de Rachi : lorsqu’un ange, un malakh, remplit une mission, il l’accomplit toujours de façon totale et absolue. Il ne peut donc en effectuer qu’une seule et unique à la fois.

On peut également se demander dans quel but D.ieu a trouvé nécessaire de faire régner ce jour-là une chaleur surnaturelle en sortant le soleil de son orbite et pour quelle raison II a envoyé à Avraham des anges au lieu des voyageurs habituels.

Au début de la Genèse, le midrach nous raconte que les anges ont cherché à empêcher le Tout-Puissant de créer l’homme. Un autre midrach nous apprend qu’ils ont voulu empêcher D.ieu de donner la Torah à Moïse notre maître. Pour réduire les anges au silence, D.ieu transforma les traits du visage de Moïse notre maître en ceux d’Avraham. Quelle est le sens de ces deux midrachim ?

A deux reprises – au moment de la création et lors du don de la Torah – les anges ont dit à D.ieu : « Un ange accomplit toujours la volonté divine de façon absolue et infaillible. Par contre, un être humain doté de libre arbitre sera confronté à des situations qui mettront en jeu de nombreux impératifs parfois inconciliables. N’en viendra-t-il pas à se contenter de compromis ? Vaut-il la peine de le créer ? De plus, est-il judicieux de lui donner la Torah ?

D.ieu leur montra donc qu’après l’accomplissement de la circoncision à un âge avancé, [effort maximum dans le domaine des mitsvot envers son Créateur,] Avraham notre patriarche fut prêt à s’investir avec le même dévouement dans l’accomplissement des mitsvot envers les hommes. Encore souffrant de la circoncision, il se posta à l’entrée de sa tente dans la chaleur torride du jour pour guetter la présence de voyageurs à inviter chez lui. A travers Avraham, D.ieu a prouvé aux anges que l’homme était capable, lui aussi, d’accomplir de façon absolue la volonté divine même s’il est confronté à des difficultés.

Il est donc supérieur aux anges et c’est pourquoi il occupe une place centrale dans la création : la marche des astres dépend de lui (le soleil fut sorti de son écrin) et même les anges sont à son service (ils furent envoyés à Avraham notre patriarche sous l’apparence de voyageurs). C’est donc pour justifier la création de l’homme et le don de la Torah que D.ieu envoya les anges chez Avraham.

Nous devons donc être conscients que, pour accomplir notre mission sur terre et donner un sens à notre existence, c’est cet effort maximum dans l’accomplissement de la volonté divine que nous devons fournir.

(adapté à partir de Imré Cohen)

etoile

PARACHAT LEKH LEKHA 5776 – COMMENT UNE MINORITE PEUT ECLAIRER TOUTE L’HUMANITE?

     L’alliance entre les morceaux (Genèse 15) à laquelle D.ieu convie Avraham n’est, d’après l’ensemble des commentateurs, que la préfiguration de l’histoire du peuple juif.

   La génisse, la chèvre et le bélier qu’Avraham découpe en leur milieu correspondent aux grands empires qui s’attaqueront tour à tour à la Communauté d’Israël et qui s’effondreront les uns après les autres. “Et l’oiseau, il ne le fendit point”. La colombe, symbole d’Israël, ne disparaît pas. Elle résiste à toutes les épreuves de l’histoire et le peuple juif se perpétue, intact, à travers les âges. Cette vision extraordinaire qui s’offre à Avraham n’a pas seulement une portée historique, c’est toute une conception philosophique du monde que D.ieu révèle à notre patriarche.

   La destinée d’Israël se place entièrement en dehors des notions de force matérielle et numérique. Le Tout-Puissant dit, en effet, à Avraham (Rachi sur Genese15, 5) : « Sors des conceptions [astrologiques] qui étaient les tiennes jusqu’à présent. Tu considérais, jusqu’à maintenant, que tu ne pourrais pas avoir de descendant. Effectivement, Abram n’aura pas de fils mais Avraham engendrera… »

       Pourquoi ceci sera-t-il possible précisément par l’adjonction de la lettre « Hé » ? Il est écrit, à ce propos, dans Genèse 2, 4 : Behibaream = Be « Hé » beraam – C’est avec un « Hé » qu ’11 les créa. Le « Hé » est la lettre qui se prononce avec le moins d’effort comme si le Saint béni soit-il avait voulu montrer aux êtres humains que Sa Toute Puissance est telle que la Création de notre Univers, aux dimensions et aux structures infinies, ne Lui a demandé absolument aucune peine. Tel est le signe dont seront porteurs les descendants d’Avraham : s’efforcer de vivre en tenant compte le moins possible des notions de force numérique, physique, matérielle ; c’est avant tout s’affirmer le témoin permanent du fait que c’est D.ieu et D.ieu seul qui, dans Son infinie grandeur, régit partout et toujours le développement de l’histoire du monde. Appartenir à la minorité spirituelle que représente le peuple juif, c’est réunir en ses mains des atouts décisifs pour approfondir sa Foi, pour reconnaître véritablement son Créateur.

Cependant, D.ieu a voulu assurer à Son peuple un autre avantage en concluant cette Alliance avec Avraham. Orienter l’histoire d’un peuple qui ne représentera, selon les valeurs des nations, qu’une minorité numérique quasi dérisoire, c’est assurer d’emblée une objectivité totale, un caractère de vérité absolue au message que ce Peuple apportera à l’humanité.

Si les nations, soucieuses de préserver leur influence et leur position de force, font fi de tout souci de vérité ou de justice pour ne chercher à préserver que leurs intérêts propres, certaines autorités spirituelles en font tout autant. Voulant conserver, par opportunisme politique, leur influence dans telle ou telle autre partie du monde, elles ont couvert, par leur silence complice, les crimes les plus atroces perpétrés contre l’humanité. Le peuple juif, “le moins nombreux parmi les peuples” s’est dégagé de ces contingences. La voix qu’il peut élever pour faire entendre la Vérité est une voix pure.

C’est cette voix décisive que l’Humanité, cherchant au fond d’elle-même cette Vérité, attend pour trouver son chemin. Au temps de la rédemption, lorsque cette Vérité sera révélée aux yeux de tous, Israël pourra alors devenir « nombreux comme les étoiles du Ciel ».

(adapté à partir de Imré Cohen )

teva noa'h

Parachat Noa’h 5776

Ceci est l’histoire de Noa’h. Noa’h fut un homme juste, parfait dans ses générations: il marchait avec D.ieu.

(Genèse 6, 9)

 »Parfait dans ses générations »: Celles qui précédèrent et celles qui suivirent le déluge. Cette indication du texte est-elle restrictive de l’éloge fait à Noa’h ?

Nos Maîtres en ont discuté et Rachi rapporte l’opinion favorable d’après laquelle Noa’h fut un juste même à son époque dépravée et l’opinion péjorative qui considère Noa’h comme un juste, mais relativement à son époque immorale. Cependant, les deux opinions peuvent être valables toutes les deux.

Le combat que Noa’h eut à livrer peut, en effet, laisser quelques empreintes sur la force de caractère. Mais une conduite morale et irréprochable à une telle époque pèse bien plus lourd dans la balance divine que celle, même plus parfaite réalisée en des meilleures conditions. L’expression : Noa’h marchait avec D.ieu, qui complète la caractéristique, sous-entend également une légère critique que Rachi formule ainsi: «Tandis que pour Abraham on dit: Marche devant Moi (16, 1). Noa’h avait besoin d’un appui pour le soutenir, Abraham était assez fort et marchait dans sa piété de lui-même ».

La tradition se demande pourquoi Noa’h, qui fut pourtant couvert d’éloges par la Torah et qui inaugura un nouveau monde, ne put devenir un Abraham et être, à partir de la renaissance de l’humanité, le grand prophète de la croyance monothéiste. Les observations précédentes ont déjà répondu en partie à cette question. Mais les Sages remarquent, en outre, que Noa’h ne sut pas lutter avec une énergie suffisante contre le courant d’immoralité de son époque. Il ne sut pas convaincre ses contem­porains, comme Abraham sut le faire. Il n’intercéda pas auprès de l’Eternel en faveur de sa génération comme Abraham le fit en faveur des habitants de Sodome. Enfin, il accepta d’être sauvé seul de la mort, lui et sa famille, tandis que Moïse, entendant l’Eternel menacer Israël d’anéantissement pour faire de lui « un grand peuple », se récria immédiatement : « O ! Pardonne leur faute ! Sinon, efface-moi du livre que tu as écrit» (Exode 32, 32). Il ne voulut en aucun cas survivre à son peuple et préféra partager son sort (Midrach et Zohar). Bref, Noa’h était l’homme qui s’enferma dans son « arche », demeurant un juste pour lui et les siens, laissant les autres à leur destin.

Certes, répondent ceux de « nos Sages qui jugent Noa’h du côté favorable » (Rachi), Noa’h ne cessa pendant les cent vingt ans que dura la construction de l’Arche de répri­mander, d’avertir et d’éclairer ses contemporains (Rachi 6, 14), en vue de les inciter à la pénitence. Il ne craignit pas d’essuyer leurs sarcasmes, leurs propos malveillants, menaçants et injurieux. Mais il s’imposa néanmoins une certaine réserve à leur égard et jugea opportun de garder ses distances afin de ne pas risquer de subir lui-même une influence néfaste dans sa fidélité à D.ieu. Il alla même jusqu’à s’abstenir de fonder une famille avant l’âge de 500 ans, alors que tous ses ancêtres et contemporains étaient devenus pères de famille beaucoup plus tôt. Il craignait de mettre au monde des enfants au milieu d’une société complètement pervertie et de ne pas avoir la possibilité de leur donner une éducation morale et saine. Ce ne fut que 20 ans après la proclamation de l’anéantissement définitif et après s’être exercé pendant 500 ans à « marcher avec D.ieu », seul et sans famille, qu’il eut le courage d’être père, après que Dieu lui eut fait comprendre que la perpétuation de la race humaine lui incom­berait.

Ainsi, quelles que soient les critiques qui lui furent adressées, la Torah, en décernant à Noa’h le titre d’honneur de tsadik, approuve la conduite de cet homme, qui, exposé à la pire catastrophe que l’humanité ait connue, fut trouvé digne de sauver le genre humain. On a reproché à Noa’h de n’avoir pas imploré D.ieu de sauver sa génération comme le fit Abraham à propos des habitants de Sodome, mais il trouve sa justification dans le fait que le nombre des justes de son époque n’atteignait pas la dizaine. Noa’h et sa famille qui survécurent dans l’arche n’étaient que huit personnes. Or tout comme Abraham, Noa’h savait que le minimum de dix justes est requis en pareil cas.   (texte adapté a partir de la Voix de la Torah )

A nous de choisir notre modèle Noa’h ou Abraham. Dans l’impossibilité de le faire pour des raisons diverses, soutenons activement ceux qui ont choisi le modèle d’ Abraham en diffusant le message universel de la Torah.

colombes

PARACHAT VAET’HANANE 5775 – Pourquoi doit-on porter les téfilines ?

«Tu les attacheras en s6igne sur ta main, et elles seront fronteau entre tes yeux.»

( Deutéronome 6,9)

Après la mitsva de croire en l’unité de D.ieu, la Torah mentionne que D.ieu nous a donné des signes par lesquels nous nous rappelons notre lien avec lui.

Un de ces « signes » sont les téfiline. Ce sont des boîtes noires cubiques en cuir, dont l’une, placée sur le bras, contient un parchemin roulé et l’autre, placée sur la tête, contient quatre parchemins, chacun dans un compartiment qui lui est propre.

Les parachiyot suivantes doivent être écrites à la fois sur le parchemin unique et sur les quatre pachemins (une paracha sur chacun).

  1. Kadéch li col békhor (Exode13,1-10 ). La Torah ordonne que nous mettions ce paragraphe dans nos téfiline car il mentionne l’Exode, qui nous a montré que D.ieu est le créateur et le maître du monde.
  2. Véhaya ki Yéviakha, (Exode13,11-16). Ce paragraphe nous demande également de nous rappeler l’Exode.
  3. Chéma’ Israël (Deutéronome 6,4-9), qui mentionne la mitsva de croire en l’unité divine.
  4. Véhaya im Chamoa’(Deutéronome 11,13-21).Cette paracha comporte le commandement d’accepter toutes les Les quatre paragraphes expriment ainsi les fondements de notre foi.

Les téfilines ne sont cachers que s’ils ont été écrits par un sofer (scribe) qualifié, de la même manière qu’un Sefer Torah, en respectant toutes les conditions stipulées par la halakha[1]

Les téfilines ont été accordés au peuple juif comme des ornements divins.

Ils révèlent la présence de la Majeste divine (Chékhina) parmi nous, comme il est dit: « Et toutes les nations sur la terre verront que vous êtes appelés par le Nom d’Hachem » (Deutéronome 28,10).

Chaque jour, un Juif doit enrouler les lanières noires autour de son bras gauche, puis attacher les téfilines de la tête.

Notre Tradition Orale enseigne que le mot « entre tes yeux » (6,9) se réfère à la partie supérieure de la tête, au-dessus de la racine des cheveux.

Celui qui a placé ses téfilines, ne serait-ce qu’en partie, au-dessous de la racine des cheveux, n’a pas accompli la mitsva et a récité en vain la bénédiction sur les téfilines.

Les téfilines devaient à l’origine être portés toute la journée. Comme on n’a pas le droit, en les portant, de divertir son attention, et que l’on doit les traiter avec le respect qui s’impose, nous ne les portons qu’au moment de la prière. (Mais il y a toujours eu des tsaddikim, dans toutes les générations jusqu’à aujourd’hui, qui les portent en permanence).

Entre autres conditions, l’on ne doit rien avoir d’impur sur le corps tandis qu’on les porte, condition qui était parfaitement remplie par le tsaddik Elicha.

Le gouvernement romain promulgua un jour un décret stipulant que tout Juif découvert portant des téfilines aurait pour châtiment d’avoir la cervelle broyée.

Mais un grand tsaddik, Elicha, persista à les porter au dehors. Il fut aperçu par un officier romain qui se lança à sa poursuite. Elicha courut mais, voyant que le Romain allait le rattraper, il enleva le téfilines de sa tête et le cacha dans sa main. Dès que l’officier l’eut rejoint, il lui demanda: « Que tiens-tu dans les mains? » Elicha lui répondit calmement: « Des ailes de colombe ». (Il faisait allusion au fait que le peuple juif, comparé à la colombe, est protégé par les mitsvot qu’il accomplit. La colombe, lorsqu’un danger la menace, étend les ailes pour s’enfuir, ou bat de l’aile devant son prédateur. De même, les mitsvot protègent les Juifs du mal.)

« Ouvre la main », ordonna l’officier.

A sa stupéfaction, il vit qu’il s’y trouvait des ailes de colombe, et fut contraint de relâcher Elicha, qui dès lors fut appelé « Elicha ailé ».(Talmud Traité Chabbat 130)

adapté à partir de « Le Midrash raconte »

[1] Des milliers de téfilines en provenance d’Israël ou des Etats-Unis se trouvent actuellement sur le marché. Quand on achète une paire de téfilines , il ne faut pas faire confiance aux assertions de celui qui la vend, et qui assure que les téfilines sont cachers. Il faut les faire examiner par un sofer indépendant et digne de confiance.

bereshit

Parachat Béréchit 5776 – Comment transformer la rivalité en harmonie ?

« Au commencement D.ieu créa les cieux et la terre. »

(Genèse 1,1)

Ce n’est, bien sûr, pas un hasard si la Torah commence par la lettre beth du mot Béréchit [Au commencement….] : la lettre beth a été choisie par le Saint béni soit-il au terme d’une compétition très serrée. Le Midrach nous raconte en effet que les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque sont venues solliciter du Tout-Puissant l’honneur d’être «La Lettre» par laquelle la Torah allait commencer. Mais le Tout-Puissant, les renvoie dos à dos, en expliquant à chacune la raison de son éviction, ainsi que la fonction particulière qui lui est réservée, et ne garde que la lettre beth.

Des différentes explications que les exégètes ont données à ce choix, nous en retiendrons une qui va servir de base à notre exposé.

Les lettres de l’alphabet hébraïque sont dotées chacune d’une valeur numérique. La lettre beth a comme valeur numérique : deux. C’est ainsi que la Torah commence sous le signe de la «dualité», de la coexistence de deux éléments de nature différente : nous allons bientôt comprendre que cette «dualité», cette vie commune ensemble, à deux, harmonieuse et fertile est la condition sine qua non de l’existence et de la survie de ce monde.

A partir du moment où la dualité n’est plus vécue harmonieusement, la Création n’est plus justifiée par rapport au chaos initial.

La première section du Pentateuque nous fournit plusieurs exemples de cette dualité mal vécue, mal assumée, qui est porteuse de désastre.

L’expérience à deux la plus tragique est sans doute celle de Caïn et Abel. Les premiers frères de l’histoire de la Création ont tout pour réussir ; le monde riche de toutes les jouissances et de toutes les merveilles leur appartient. Ces conditions optimales ne les empêcheront cependant pas d’être précipités dans l’un des drames les plus sombres de l’humanité : Caïn tue son frère Abel. Nous sommes tentés de penser que Caïn a commis son acte odieux, par dépit, parce que D.ieu n’avait pas agréé son offrande, comme II l’avait fait pour celle d’Abel. Mais nous comprenons assez vite qu’il ne s’agit là que d’un prétexte, le mobile profond et véritable du crime de Caïn nous est révélé un peu plus loin, dans la section de Noa’h : Rachi nous apprend dans son commentaire (9, 25) que ‘Ham, le troisième fils de Noa’h, s’était opposé à ce que son père mette au monde un quatrième fils, en disant : Adam, le premier homme, n’avait que deux fils : le premier a tué le second, parce qu’il voulait être le seul à hériter du monde et notre père qui a déjà trois fils en désire un quatrième ?

Caïn a tué Abel, mû par le refus de coexister avec l’autre, fût-il son propre frère. Il voulait être le maître absolu, incontesté, et jouir seul de toutes les richesses du monde, sans avoir à partager ou à mettre en commun.

Nous rencontrons dans cette paracha d’autres manifestations d’un tel refus de cohabitation. C’est la vie impossible entre la lumière et les ténèbres, qui ne peuvent fondamentalement ni coexister, ni être mêlés ensemble : ils n’existeront que séparés, chacun dans le domaine qui lui est imparti et qui est inaccessible à l’autre : c’est ainsi que la lumière régnera pendant le jour et les ténèbres seront maîtres de la nuit.

Nous assistons également à la rivalité qui oppose le soleil à la lune. Les deux astres ont été créés pour diffuser une lumière d’égale clarté. Mais la lune, se sentant très vite mal à l’aise, se présente devant le Créateur avec l’objection suivante : «Mais deux rois ne peuvent régner sous la même couronne ! — C’est vrai, lui répond le Créateur, alors accepte d’être réduite par rapport au soleil!» (ibid. 1, 16)

Que dire d’Adam et d’Eve? Les deux premiers êtres que D.ieu a façonnés, sont loin de donner le modèle de l’harmonie idéale. Eve, passant outre aux avertissements de son mari, mange du fruit défendu. Mais comme la première femme craint — nous dit Rachi — de subir seule la peine de mort et d’être ainsi remplacée auprès d’Adam par une autre épouse, elle offre à son mari le fruit, l’entraînant ainsi dans une chute fatale.

La lumière et les ténèbres, la terre et les deux, le soleil et la lune, Caïn et Abel, Adam et Eve, autant d’exemples de la difficulté, voire de l’impossibilité de vivre la dualité en symbiose, en harmonie.

Dans son commentaire, Rachi explique la faute de chacun de ces personnages en particulier. Le facteur commun de leurs actes est d’avoir remis en question le but ultime de la Création, et par là, d’avoir nié le principe de dualité harmonieuse du monde. Imbus de l’idée que le monde avait été créé pour eux seuls, à leur convenance et pour leur profit personnel, ils convoitèrent et voulurent s’arroger ce qui ne leur était pas destiné, dans le mépris le plus absolu des droits d’autrui. Or, celui qui agit ainsi, proclame par là même que ce monde n’est pas fait pour lui et donc, ne mérite aucun bien de cette création; il n’y a pas de place pour celui qui refuse le fondement même de la Création : la vie à deux, dans la plus parfaite harmonie. C’est la raison pour laquelle leur châtiment fut d’être privé des biens de ce monde, et de l’objet même de leur convoitise.

Nous comprenons à présent clairement que le Créateur ait établi, de façon significative, la lettre beth, en lettre initiale de la Torah, comme la nécessité absolue de vivre ensemble, à deux, en harmonie et, dans le respect de l’autre, de ses valeurs, de ses principes et de ses biens. Sans cette harmonie préalable, le monde ne peut se maintenir et court au désastre.

Toute l’histoire de l’humanité est une succession de guerres, de rivalités et de conflits pour affirmer la volonté de l’un sur l’autre, pour établir le pouvoir de l’un sur l’autre, pour dominer et anéantir l’autre.

La Torah vient nous enseigner qu’un homme seul, qui vivrait dans le monde que par et pour lui seul, qui considère que la Création n’a de sens que par lui, un tel homme sera contestation vivante de sa venue au monde. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui donner une compagne pour l’aider. La Création se justifie dans la plénitude de la dualité harmonieuse lorsque chacun fait abstraction de sa propre personne, pour respecter son prochain et ce qui lui appartient.

« Le monde se maintiendra par la bonté » (Psaumes 89,3). Celui qui ne respecte pas la règle de coexistence harmonieuse de la Création, est voué à la ruine. Par contre, celui qui veut réparer le mal causé par la dissension devra œuvrer en faveur de la coexistence et pour le bien des autres. C’est en multipliant les actes de bonté envers autrui, que la Création sera maintenue. Pour que le monde existe, il faut que le quotidien soit pétri d’amour du prochain, d’acceptation et d’abnégation, de don de soi sans limite pour satisfaire les besoins de l’autre.

C’est là, l’un des enseignements majeurs du commencement de la Torah, du commencement du monde: beth, première lettre de la Bible, signe de la dualité harmonieuse constructive et riche de promesses.

(adapté à partir des Leçons Chabbatiques)

CHABBAT CHALOM

tsedaka

 PARACHAT REE 5775 – Comment et pourquoi faut-il donner la tsedaka ?

Un philosophe demanda à Rabban Gamliel: « Votre Torah vous ordonne de donner encore et encore, sans craindre de compromettre votre sécurité financière. Une telle crainte n’est-elle pas naturelle? Comment peut-on donner son argent sans penser que on aurait peut-être dû le mettre de côté pour les mauvais jours? »

Rabban Gamliel s’enquit alors: « Si on te demandait de faire un prêt, accepterais-tu? »

« Cela dépend à qui,  » répondit le philosophe. « S’il s’agissait d’un inconnu, j’aurais peur de perdre mon argent.  »

« Et si celui qui demande avait des garants? » demanda Rabban Gamliel.

« Eh bien, si j’étais sûr qu’on peut leur faire confiance, je se- rais d’accord,  » répondit le philosophe.

« Permets-moi de te demander encore: « Et s’il te proposait pour garant le chef du gouvernement, qu’en penserais-tu? »

« Je n’hésiterais certainement pas à lui prêter de l’argent, car je serais pleinement assuré de recouvrer mes fonds,  » dit le philosophe.

Rabban Gamliel lui expliqua alors: « Lorsque l’on donne la tsedaka, on consent un prêt dont le Créateur de l’Univers se porte garant. L’Ecriture affirme: « Celui qui donne de bon cœur au pauvre fait, si l’on peut parler ainsi, un prêt à D.ieu, Qui ren- dra tout ce qui est dû.  » (D.ieu remboursera au bienfaiteur dans ce monde-ci en lui rendant le montant du prêt, et lui gardera sa pleine récompense pour le Monde à Venir). Nul n’est plus digne de confiance que le Créateur; puisqu’il promet de rendre l’argent au donateur, comment pourrait-on encore hésiter à donner la tsedaka?  »

Personne n’est jamais devenu pauvre en donnant la tsedaka.

En fait, c’est le contraire qui est vrai, en accord avec le verset: « Celui qui donne la tsedaka au pauvre ne manquera de rien, mais celui qui ferme les yeux souffrira de nombreuses malédictions » (Proverbes 28,27).

Voici d’autres lois concernant le don de tsedaka:

  • Si l’on a des membres de notre famille qui sont pauvres, il faut les aider en priorité. En second viennent les voisins pauvres, puis les pauvres de la ville où l’on habite. Si l’on a le choix entre les pauvres d’une autre ville et des pauvres en Erets Israël, ceux d’Erets Israël ont priorité.
  • La mitsva de tsedaka comprend l’argent comme la nourriture.
  • Si un pauvre demande la charité afin de se vêtir, il est permis de faire une enquête pour savoir si sa requête est justifiée.

Mais s’il la demande afin de se nourrir, nous devons lui faire un don immédiatement.

  • La tsedaka doit être donnée d’une manière amicale, accompagnée de paroles encourageantes. Celui qui donne avec mauvaise humeur, même si son don est important, perd le mérite qui lui est attaché.
  • L’accomplissement optimal de la mitsva consiste à ce que le donateur ne connaisse pas l’identité du récipiendaire et inversement, (ce qui évite à ce dernier d’être embarrassé).

Dans un tel cas, bien entendu, il est nécessaire de s’assurer que le collecteur est digne de confiance, qu’il connaît personnellement les parties en cause, et veillera à ce que l’argent de la tsedaka parvienne à ceux auxquels il est destiné.

  • La plus grande tsedaka consiste à permettre à un Juif de ne pas devoir y recourir. S’il peut lui trouver un emploi qui lui convienne, s’associer avec lui, ou lui prêter de l’argent afin de lui permettre de devenir indépendant financièrement, le donateur accomplit le meilleur acte de tsedaka.
  • Quel usage doit-on faire de sa contribution personnelle à la tsedaka? On doit l’affecter en premier lieu aux personnes nécessiteuses qui œuvrent à l’étude de la Torah. De même que les ma’asserot (dîmes) d’antan étaient déstinés à soutenir les Cohanim et les Lévites qui servaient dans le Temple, nous devrions prélever le dixième de nos gains pour les disciples de la Torah qui sont dans le besoin.

Trois actions ont le pouvoir d’abolir les décrets célestes :

1) La techouva ou repentir

2)La tsedaka ou dons aux nécessiteux

3)Les prières

(adapté à partir de « Le Midrash raconte »)

bircat cohanim

PARACHAT NASSO 5775 – COMMENT BÉNIR SES ENFANTS 2

« יְבָרֶכְךָ ה’ וְיִשְׁמֶרְךָ »

« Que D.ieu te bénisse et te protège »

« יָאֵר ה’ פָּנָיו אֵלֶיךָ וִיחֻנֵּךָּ »

« Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant »

« יִשָּׂא ה’ פָּנָיו אֵלֶיךָ וְיַשֵּׂם לְךָ שָׁלוֹם »

« Que D.ieu tourne Sa face vers toi… et t’accorde la paix »

(Nombres 6, 24-26)

Que D.ieu te bénisse et te protège!

Rachi explique : «Que ta fortune soit bénie et que ne t’attaquent pas des brigands pour voler ta fortune ;

Car celui qui fait un cadeau à son esclave ne pourra pas le protéger contre tout le monde, et, si des brigands l’attaquent, quel profit en aura-t-il ? Mais le Saint, béni soit-il, est à la fois Celui qui donne et Celui qui protège. »

Cette première bénédiction se rapporterait donc aux biens matériels ; donner et protéger sont ici l’essentiel : quand on donne à quelqu’un un bien matériel, encore faut-il le protéger de toutes les influences destructrices, מן המזיקין ! sinon il y a le risque que : « celui, qui acquiert l’opulence par un procédé inique, au beau milieu de ses jours devra l’abandonner, et sa fin sera misérable» (Jérémie17,11). Nous avons donc, pour commencer, des bénédictions d’ordre tant physique que financier ou matériel.

Le chemin suivi va « de bas en haut » selon l’expression de Ba’hya, puisqu’on en arrive ensuite aux bénédictions spirituelles dans le sens le plus élevé, pour atteindre leur sommet sous la forme la plus perfectionnée, qui est le שלום, la paix. Telle est la conception idéale, qui réunit toutes les bénédictions, spirituelles et matérielles, en un seul faisceau. Mais Na’hmanide estime que les bénédictions cheminent « du haut vers le bas », car la première bénédiction de chaque membre de la trilogie est une émanation du Ciel, la dernière comblant l’homme en bas. « Que D.ieu te bénisse, qu’il fasse rayonner Sa face vers toi, qu’il tourne Sa face vers toi » sont des bénédictions qui s’exercent au niveau du ciel ; tandis que « D.ieu te protège, te soit bienveillant, t’accorde la paix » s’exerce sur terre.

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi…

Rachi explique : « Qu’Il te fasse voir une face souriante et rayonnante ». Ceci est une très haute bénédiction, complétée dans le Midrach par les précisions suivantes : « Qu’Il te prête de la lumière de la Chekhina, de celle de la Torah, et te donne des enfants qui soient érudits en Torah ». Cette bénédiction se traduit par des dons sur le plan spirituel.

…et Te soit bienveillant!

Comme dit Rachi : « Qu’Il te soit favorable », textuellement « qu’Il te donne du חן » c’est-à-dire du charme personnel. Cette distinction est réservée à ceux qui ont le mieux su mériter l’amitié de D.ieu, même si elle ne repose pas toujours sur un motif rationnel.

Aussi cette bénédiction comporte-t-elle l’évanouissement du עין הרע, « le mauvais œil » qui peut faire du tort à l’homme; elle se meut dans l’irrationnel. Quand D.ieu donna à Israël la Torah, Il le fit en grand public, ce qui eut pour résultat que les deux tables de la Loi furent brisées au pied de la montagne sous une trop forte influence du « mauvais regard ». C’est pourquoi, pour l’inauguration du Tabernacle, D.ieu procéda autrement : Il donna d’abord Sa bénédiction à Israël, ce qui dissipa les effets du « mauvais œil» et permit l’achèvement de l’érection du Tabernacle.״. (Nombres Rabba, 12, 4).

Dans cet ordre d’idées, la bénédiction pastorale a également le pouvoir de dissiper les effets d’un mauvais rêve. Le midrach dégage cela de l’image contenue dans le Cantique des Cantiques (3,7-8) : «Voyez, c’est la litière de Salomon ! Elle es: entourée de soixante braves, d’entre les héros d’Israël ; ils sont tous armés du glaive, experts dans les combats ; chacun porte le glaive au flanc, à cause des terreurs nocturnes. » Les soixante braves, dont parlent ces versets, sont les soixante lettres de la bénédiction ; elles représentent, toutes, les héros d’Israël, et sont armées de glaive, expertes dans les combats, parce que toutes les lettres combattent ensemble avec nom de D.ieu. C’est pourquoi, si quelqu’un a eu un mauvais rêve et qu’il sente comme une épée lui rentrer dans le flanc, il doit se lever et écouter la bénédiction des prêtre. Alors aucun mal ne lui arrivera. Il suffit que les prêtres prononcent la bénédiction ; pour que les effets (des mauvais rêves) se dissipent. (Nombres Rabba 11,)

Que D.ieu tourne Sa face vers toi… et t’accorde la paix!

Rachi commente : « En réprimant Sa colère » . Celui gui est courroucé contre quelqu’un détourne son visage : lever les yeux vers une personne indique qu’on ne lui veut pas du mal. Ce geste de paix semble donc une véritable bénédiction : la paix peut résulter de données naturelles, mais, qu’un individu la désire et soit empêché par son mauvais voisin de l’acquérir, alors la paix ne peut être l’effet que d’un acte providentiel.

Il est possible aussi que l’intervention providentielle se manifeste dans le sens du midrach cité plus bas. Il est dit ici : « que D.ieu tourne Sa face vers toi »; comment concilier ces termes avec ce qu’on trouve au Deutéronome 10,17, dans une description des qualités divines : « D.ieu ne tourne Sa face vers qui que ce soit » ? D.ieu, répond le midrach (Nombres Rabba, 11,14), ne saurait rester insensible ; mais II ne tourne Sa face vers Israël que si celui-ci fait un geste qui Lui soit agréable : si, au lieu de te contenter de rendre grâce à D.ieu comme le demande la Torah « quand tu auras mangé et seras rassasié », tu le fais dès après avoir consommé la mesure d’une olive ou d’un œuf, alors D.ieu se montrera bienveillant à son tour en te gratifiant du plus beau cadeau qui puisse se trouver sur terre, la paix.

….et t’accorde la paix!

Cette bénédiction s’applique aussi bien à la paix individuelle qu’à celle qui doit régner dans la famille et dans la nation, et même à la paix universelle.

L’exemple de cette paix nous est fourni dans le firmament qui nous entoure עושה שלום במרומיו : D.ieu institue la paix parmi les milliers d’étoiles qui se trouvent là-haut, et aussi parmi les éléments qui sont des adversaires déclarés : le feu et l’eau. Nous levons nos regards vers les cieux ; chaque jour nous admirons cette harmonie.

Mais alors se pose la question : pourquoi dans le domaine humain la paix figure-t-elle toujours en fin de prière ? Car, comme c’est le cas ici, ainsi en est-il dans les « chemoné esré », dans le Qaddich, dans les actions de grâces après les repas ; c’est également le cas dans l’éniunération des sacrifices, où les שלמים sont cités en dernier (Lévitique. 7,37).

La paix apparaît comme l’objectif suprême, puisque les שלמים, dont le nom dérive de שלום, sont destinés à rétablir la paix entre la créature et son Créateur, entre l’homme et son prochain, entre l’individu et sa conscience. Pour nos Sages, la paix n’est pas une simple donnée de la création, ni une loi de la nature ; elle n’est pas davantage une doctrine morale de pacifisme à outrance, consistant à la rechercher à n’importe quel prix, que ce soit en abandonnant des principes sacrés ou en renonçant catégoriquement à l’emploi de la force. Elle suppose, au contraire, un effort permanent de la part de l’homme pour parvenir à une situation où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société soient enfin surmontés, et où les éléments qui sont à leur base deviennent les composantes du vaste système d’harmonie universelle, couronné par le Royaume de Dieu sur terre. Voilà donc pourquoi la paix apparaît dans nombre de nos prières comme l’ultime bénédiction (d’après Ikkarim, 4,51).

Rabbi Josué ben Lévi la compare au ferment dans la pâte ; il la considère comme l’élément promoteur du mouvement et du progrès au sein de la société. Depuis que la paix et l’harmonie, qui régnaient au Paradis, ont été brisées par suite du péché originel, les hommes ont la tâche permanente de les reconstituer dans leur splendeur initiale et de consacrer à cette tâche le meilleur d’eux-mêmes. La paix demeure le grand idéal universel dont la réalisation dépend de la volonté des hommes et de la bénédiction divine.

(adapté a partir de LA VOIX DE LA TORAH)

calendrier

PARACHAT NITSAVIM 5775 – Comment vivre le changement d’année ?

« Vous voici aujourd’hui tous debout devant Hachem votre D.ieu, vos chefs de tribus, vos préposés et tout homme dIsraël ; vos enfants, vos femmes et 1יétranger qui est au milieu de ton camp du fendeur de bois au puiseur d’eau »

                                               ( Deutéronome 29, 9-10).

Pourquoi avoir rassemblé le peuple d’Israël au complet ?

 

« [Les Enfants d’Israël] allaient passer sous l’égide d’un autre guide, de Moïse à Josué, explique Rachi (29, 12). C’est pourquoi il les a convoqués pour les exhorter. Josué a fait de même ainsi que Samuel lorsque les Enfants d’Israël sont passés de son autorité à celle de Saul . »

Le Sefath Emeth dit que ce Rachi s’applique également à la période de l’année où nous nous trouvons, au seuil de Roch Hachana.

En effet, passer d’une année à l’autre, c’est comme passer d’un chef spirituel à un autre chef spirituel.

Chaque année a sa Providence particulière et les conditions qui lui sont propres. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les années se suivent mais ne se ressemblent pas.

 

Sur le plan personnel comme sur le plan général, tout, absolument tout est remis en question à chaque Roch hachana, du moindre détail sur la terre jusqu’à la situation des sphères supérieures !

 

Nous voyons qu’avant cette « transmission de pouvoir », Moïse a rassemblé le peuple juif au grand complet, sans omettre une seule personne, pour lui rappeler les conditions de l’Alliance et le but de la destinée d’Israël… Avant de passer sous l’égide de la nouvelle année.

 

Chacun d’entre nous, sans exception, est appelé à se tenir devant le Tribunal d’En-Haut car tous les facteurs de son existence sont remis en cause. Il serait bien qu’il aille écouter les cours des Rabbanim qui l’éveilleront à la réflexion, à la conscience du Bien et du Mal et à leurs conséquences, de la même manière que, dans notre paracha, chaque fils d’Israël a entendu les exhortations de Moise notre maitre.

Souhaitons que, face à notre effort de techouva, Dieu, dans Sa bonté, nous accorde les conditions les meilleures pour la nouvelle année.

(adapté à partir de Imré Cohen)

bikourim

PARACHAT KI TAVO 5775 – Comment doit-on témoigner sa gratitude à D.ieu ?

Maïmonide commente ainsi la mitsva de l’offrande des prémices :

« Les prémices du blé, du vin et de l’huile (Deutéronome 18,4), les prémices de la pâte (Nombres 15,20), celles des fruits (Exode 23, 19), les prémices de la toison des brebis (Deutéronome18,4), autant de pratiques qui consacrent à D.ieu le premier produit de toute chose, ont pour but de développer chez l’homme la générosité, le sens de la gratitude et de diminuer chez lui le désir de nourriture et l’instinct de propriété… La récitation du texte qui accompagne l’offrande contribue, elle aussi, à développer des sentiments d’humilité : elle fait savoir à l’homme qui proclame, la corbeille sur l’épaule, les bontés de D.ieu, qu’il se trouve à Son service, elle lui rappelle, dans la prospérité, les difficultés et les épreuves qu’il, a traversées. A plusieurs reprises nous voyons la Torah mettre l’accent sur ce point «Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte », (Deutéronome 5,15) par crainte des défauts bien connus qu’engendrent la richesse et la facilité : l’insolence, l’orgueil, l’abandon des bons principes.

C’est pour prévenir cela que D.ieu a ordonné que, chaque année, ces versets de rappel soient récités devant Lui lors de l’offrande des prémices. La Torah, dans le même esprit, insiste sur la nécessité de rappeler perpétuellement les plaies qui frappèrent les Egyptiens : « afin que tu te souviennes toute ta vie du jour où tu es sorti du pays d’Egypte» (ibid. 16,3); «pour que tu racontes à ton fils… ce que J’ai fait aux Egyptiens» (Exode 10,2). Son attitude s’explique et se justifie ici par la nature des événements rappelés: ils attestent la vérité de la prophétie et de la doctrine de la rémunération.» (Guide des Egarés 111,39).

L’auteur de Aqédat Yits’haq développe avec plus de netteté un point de vue analogue :

Reconnaître l’existence de D.ieu, c’est avant tout confesser qu’il est la source de tout bien et que la force de l’homme et la puissance de son bras ne sont pour rien dans sa réussite. Penser différemment, c’est rejeter du même coup le joug et la crainte de D.ieu et s’exposer à toutes les conséquences funestes résultant de cette attitude. Aussi la Torah met-elle en garde contre l’idée, qui, après un séjour prolongé dans le pays, pourrait faire dire en Israël : « c’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras qui m’a valu cette richesse» (Deutéronome 8,17), lorsque les nouvelles générations auraient oublié les prodiges accomplis par D.ieu pour amener Israël sur sa terre. C’est la raison pour laquelle fut institué un rite destiné à rappeler à jamais qu’« à D.ieu appartient la terre et tout ce qu’elle renferme» Psaumes 24,,1), qu’elle est un don gracieux accordé par Lui à Israël, et que sa prospérité est, à tout instant, Son œuvre…

L’offrande des prémices et toute offrande du même ordre manifestent, en effet, la souveraineté du D.ieu suprême.

Le but de ce rite est d’amener l’homme à maîtriser ses appétits. Etant donné qu’il a une prédilection pour les premiers fruits « comme les premiers fruits d’un figuier» ( Osée 9,10), «comme une primeur qu’on aperçoit avant la récolte, et qui, à peine dans la main, est aussitôt avalée» (Isaïe 28,4), D.ieu lui ordonne de dominer ses instincts, de s’abstenir de manger ces fruits et de les consacrer au Très-Haut. Le texte même de la Torah marque la correspondance entre le bienfait accordé par D.ieu, «Il nous a amenés dans ce lieu» (Deutéronome 26,9), et l’offrande des prémices, «et maintenant, voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que Tu m’as donné, ô Eternel ».

Quant à S. R. Hirsch, il décrit le sens du commandement des prémices de la manière suivante : « Aucun autre passage de notre Bible ne démontre mieux le caractère spécifique du paysan de la terre     juive, que ces quelques phrases prononcées à un moment imprégné d’une joie intense et d’une satisfaction que seuls le laboureur et le moissonneur peuvent éprouver

Et c’est à ce moment où, partout ailleurs, domineraient la fierté et l’orgueil, le sentiment d’une dure conquête et d’une possession légitime, que le paysan juif s’incline devant son D.ieu et dit humblement : « Mes ancêtres ont été esclaves en Egypte, D.ieu les a libérés, nous n’avions ni terre ni bonheur, D.ieu nous les a donnés». C’est en gardant conscience de ses origines misérables, de la glorieuse épopée de sa naissance nationale et de                                        l’Alliance qui fut le ciment de l’édifice de l’indépendance juive, que le peuple                   pourra conserver la seule attitude qui lui garantira son avenir.

Chaque année il se présentera au Temple, la tête haute, les épaules fortes, animé d’un magnifique souffle de confiance et d’espoir, sachant qu’il n’a pas failli à son devoir et que cette certitude le conduira vers des lendemains clairs et ensoleillés.

La conscience du paysan devait encore s’affermir par la scrupuleuse obéissance aux lois sur les pauvres. Tout un système de répartition de ces dons a été établi. Relevons tout simplement le passage typique de celui qui a accompli ses devoirs de paysan juif, et qui déclare devant D.ieu : «J’ai fait vivre à mes côtés le lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve… je n’ai pas transgressé Tes lois, je ne les point oubliées… ».

Rabbi Abraham Saba donne, une interprétation toute différente de la signification de la mitsva des prémices. Pour lui, il y a un rapport immédiat entre le passage consacré au souvenir d’Amalek et celui de la présente mitsva. Ce rapport est exprimé dans la qualification du peuple d’Amalek, qui est caractérisé dans la prophétie de Bilaam (Nombres 24,20) : la première des nations à attaquer Israël par pur antisémitisme fut Amalek.

Or, l’époque à laquelle intervint le devoir de livrer une guerre de destruction à Amalek se situe après la conquête et le partage du pays (Sanhedrine 20 b). C’est à cette même époque que commence l’obligation d’offrir avec joie et allégresse «les prémices» des fruits de la nouvelle récolte. Cette offrande, qui appartient aux prêtres (Nombres 18,13), représente en quelque sorte un défi à Amalek.

Présentée annuellement entre Chavouot et Souccot, elle semble vouloir dire à travers les paroles de celui qui l’offre : « Je déclare en ce jour que je suis arrivé dans le pays que D.ieu a promis à nos pères de nous donner ».

(adapté a partir de la Voix de la Torah)