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Paroles de Torah sur la section lue chaque semaine

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PARACHAT DEVARIM 5775 – COMMENT JUGER SON PROCHAIN AVEC BIENVEILLANCE

PARACHAT DEVARIM 5775

COMMENT JUGER SON PROCHAIN AVEC BIENVEILLANCE

Nos sages ont enseigné : Celui qui juge son prochain avec bienveillance sera jugé lui-même avec bienveillance.

Un jour, un homme vint de Haute-Galilée et s’engagea pour trois ans comme salarié chez un patron du sud du pays.

La veille du Grand Pardon, il dit à son maître :

  • « Donne-moi mon salaire, je vais rentrer pour faire vivre ma famille et mes enfants.
  • Je n’ai pas d’argent.
  • Alors paie-moi en vivres.
  • Je n’ai rien.
  • Alors paie-moi en terres.
  • Je n’en ai pas.
  • En bétail, alors.
  • Je n’en ai pas.
  • Paie-moi en meubles.
  • Je n’en ai pas. »

Le travailleur prit alors ses outils sur son épaule et rentra le cœur navré:

Quand le jour saint fut passé, le patron prit le salaire de l’homme ; il prit aussi trois ânes, l’un chargé de victuailles, l’autre de boissons et le troisième de toutes sortes de produits fins, et il se rendit chez son ouvrier.

Après qu’ils eurent bu et mangé ensemble, il lui donna son salaire.

  • « Lorsque tu m’as demandé ton salaire et que je t’ai répondu que je n’avais pas d’argent, qu’as-tu pensé de moi demanda-t-il.
  • Je me suis dit que peut-être une bonne affaire s’était présentée à toi et que tu y avais investi ton argent.
  • Et lorsque tu m’as demandé de te payer en bétail et que t’ai répondu que je n’en avais pas, qu’as-tu pensé de moi ?
  • Je me suis dit que tu avais dû louer tes bêtes.
  • Et lorsque tu m’as demandé de te payer en terres et qu t’ai répondu que je n’en avais pas, qu’as-tu pensé de moi ?
  • Je me suis dit que tu avais sans doute donné ta terre à ferme.
  • Et lorsque je t’ai dit que je n’avais pas de quoi te payer en vivres ?
  • J’ai pensé que tu n’avais pas encore payé tes dîmes.
  • Et lorsque je t’ai dit que je n’avais pas de meubles ?
  • J’ai pensé que tu avais peut-être voué tout ton bien au Ciel. »

Le maître dit alors :

  • « C’était le cas.
  • Je m’étais détaché de mes biens parce ce que mon fils Hyrcanus ne voulait pas étudier la Torah. Puis je suis allé chez mes associés dans le Sud, et ils m’ont fait annuler mon vœu. Quant à toi, tu m’as jugé avec bienveillance, c’est avec bienveillance aussi que Dieu te jugera. »

Talmud, Chabbat, 127b

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PARACHAT MATOT-MASS’È 5775 – NE PAS CONFONDRE L’ESSENTIEL ET L’ACCESSOIRE

« Alors ils s’approchèrent de Moïse et dirent : “Nous construirons ici des parcs à brebis pour notre bétail et des villes pour nos enfants” » ( Nombres 32, 16).

Rachi commente : « Ils se souciaient plus de leur argent que de leurs fils et leurs filles car ils ont mentionné leur bétail avant leurs enfants. Moïse leur dit : « Ne vous conduisez pas ainsi. Occupez-vous d’abord de l’essentiel et que l’accessoire vienne en seconde place. Construisez d’abord des villes pour vos enfants et ensuite seulement des parcs pour votre bétail » (voir verset 24).

Le midrach ajoute : « C’est ce qui est écrit (Ecclésiaste 10, 2) : “Le sage a le cœur à droite [il s’agit de Moïse] et le cœur du sot est à sa gauche [ce sont les membres des tribus de Gad et Reouven]. »

Il est dit, en effet, à propos de la Torah : « Elle porte la longévité à sa droite, et en sa gauche, la richesse et l’honneur » (Proverbes 3, 16). La gauche représente les biens matériels. Il est à remarquer dans ce verset que dans l’alphabet, les lettres du mot cœur/ lèv placées à la droite des lettres lamèd et vèth sont le caf et le aleph et forment le mot akh / seulement . Akh désigne une restriction (mi’out ). Les lettres situées à leur gauche sont le mèm et le guimel qui forment le mot gam/aussi, terme employé pour ajouter (lérabot). Est-ce à dire que lorsque le cœur est à droite, il tend à réduire la recherche de biens matériels et quant il est à gauche, il aspire à en accumuler toujours davantage ?

Chaque père de famille doit se poser la question. Lui faut-il concentrer ses efforts sur son gagne-pain ou sur l’éducation de ses enfants ? Faut-il en premier lieu assurer leur avenir professionnel ou leur formation solide en tant que Juifs ? La Torah ne dit certes pas qu’il faut négliger le gagne-pain mais l’important est de faire la juste part des choses : les enfants et leur réussite spirituelle ont priorité sur toutes les préoccupations d’ordre matériel.

Comment les hommes de la tribu de Gad et Reouven ont-ils pu commettre une telle erreur ? Peut-être pensaient-ils que leur long séjour dans le désert où ils étaient nourris miraculeusement de manne prenait fin et que cette époque d’aide surnaturelle était révolue ? La responsabilité du gagne-pain incomberait désormais à l’homme et devait donc primer sur ses autres préoccupations.

Dans sa réponse, Moïse leur a signifié que telle n’était pas la conception de la Torah. Même en temps normal, c’est D.ieu et Lui seul qui accorde à l’homme sa nourriture, exactement comme à l’époque de la manne. Certes, l’homme « doit manger son pain à la sueur de son front » c’est-à-dire peiner et fournir des efforts (dans le travail… et dans la prière) car c’est ainsi que D. l’a décrété pour réparer la faute d’Adam. Cependant, notre gagne-pain, lui, est fixé par le Tout-puissant depuis Roch Hachana.

Par conséquent, comme il est uniquement dans les mains de D.ieu, le véritable croyant ne doit pas considérer son gagne-pain comme le premier de ses soucis. Il aura l’esprit libre pour se préoccuper d’abord de son « bien-être » spirituel et de celui de ses enfants, au présent et dans l’avenir.

Le message que Moïse a transmis aux premières tribus qui ont commencé à s’installer sur leurs terres est clair : l’important, dans un foyer, est de ne pas confondre l’essentiel et l’accessoire.

lune

PARACHAT PIN’HAS 5775 – LA LUNE ET SON INFLUENCE

« Le Saint, béni soit-il, dit : Faites une expiation pour Moi (devant Moi) Qui ai amoindri la grandeur de la lune. » (‘Houline 60 b).

Rachi se réfère ici à ce passage : « A l’origine, le soleil et la lune avaient été créés égaux, mais la lune a été diminuée pour avoir protesté en ces termes : « Deux rois ne peuvent pas se servir de la même couronne, » (Genèse Rabba).

Le Talmud marque en marge de cette observation qu’il s’agit, d’un secret que seule la Cabbale peut élucider et qui n’est pas à prendre à la lettre. On peut évidemment comprendre que la lune a été «diminuée» et que la lumière qu’elle reflète vient du soleil, sans quoi elle ne serait jamais visible.

Mais Ba’hya Ibn Pakouda nous explique, au nom de la Cabbale, que depuis lors la lune a été frappée par l’interruption du courant divin de la bénédiction et ce fait nous est connu aujourd’hui en plusieurs sens.

En effet, la lune est « l’astre mort » par rapport aux autres astres qui peuplent le firmament et qui ont conscience d’eux-mêmes et conscience de leur Créateur (Maïmonide Yessodé Ha-Thora 12,9).

Son influence sur les événements humains est défavorable depuis qu’elle a été privée du « courant divin ». Ainsi l’auteur du ‘Hinoukh (§ 403) écrit comme une chose allant de soi et n’ayant pas besoin de preuves : «Lorsque les coupeurs d’arbres travaillent, ils opèrent une interruption qui va de la nouvelle lune au cinquième jour du mois. Ceux qui voyagent en mer ne partent pas avant le cinq du mois, après le renouvellement de la lune. On ne fait pas de saignée aux environs de la nouvelle lune. On ne fait pas bouillir le lin dans une cuve pendant l’époque du changement de lune, car cette opération ne réussit pas. Il y a encore une quantité d’autres exemples qu’il serait enfantin de citer. »

Nous ajouterons néanmoins que les jeunes couples préfèrent se marier à l’époque de la lune croissante, d’après l’indication du Choulhan Aroukh (Yoré Déa § 179). En vertu du fait que la réduction de la lune s’est produite, d’après le récit de la création, le quatrième jour, celui-ci est un jour de malédiction où la diphtérie menace les petits enfants. C’est ainsi que le Talmud enseigne: «Le quatrième jour (de la semaine), on jeûnait pour que la diphtérie ne frappe pas les petits enfants. » Si, de nos jours, nous ne nous rendons pas compte de cette influence néfaste de la lune, c’est parce que notre monde est hautement technicisé.

Un autre domaine, en revanche, où l’influence de la lune se fait encore sentir, c’est celui de la différence des sexes.

La néoménie est appelée le «jour de fête des femmes» (Ora’h Hayim § 417), car elle marque le renouvellement mensuel de la femme à l’égard de son mari. Le cycle menstruel, auquel la femme est assujettie en raison de sa nature biologique, a son unique modèle dans le cycle mensuel tracé par la lune et ses phases au firmament. La renaissance de la lune, en vue de présenter sa face obscure au soleil une nouvelle fois et de recevoir le rayonnement de sa brillante lumière, est l’unique occasion dans le royaume de la nature où apparaît le principe cosmique qui inscrit dans les astres la renaissance mensuelle de la femme.

Lorsque D.ieu a, au début de la création, châtié la lune, Il lui a infligé le sort d’être l’astre féminin et II l’a marquée, en même temps, de la faiblesse mensuelle caractéristique des femmes. Il a institué ainsi, depuis les astres jusqu’aux créatures les plus minuscules, le principe des sexes qui s’opposent puis se complètent l’un l’autre. Même l’homme fut créé unicellulaire. Ce ne fut que plus tard que les sexes se différencièrent aussi en lui, et que se manifesta, avec cette différenciation, la faiblesse mensuelle de la femme.

Une conséquence de la position de la lune est le phénomène connu sous le nom de marée. La Genèse nous rapporte que D.ieu a dit au troisième jour de la création : « Que les eaux répandues sous le ciel soient rassemblées en un même point. » Et Rachi note que D.ieu les a rassemblées dans l’océan, qui est la plus grande de toutes les mers. Mais le Midrach applique les mots : « ce qui est tordu ne peut être redressé » (Ecclésiaste 1,15) aux eaux de l’océan, disant que depuis qu’elles sont rassemblées en un endroit, il n’y a plus moyen de les redresser. Or, d’après le Deutéronome Rabba (5,3) c’est avec des pleurs que les eaux d’en bas et les eaux d’en haut se sont séparées. C’étaient les eaux inférieures qui versaient des larmes de dépit pour avoir été ainsi éloignées du trône céleste de D.ieu. Peut-être sont-ce ces sanglots, expression de la rage des eaux rassemblées dans l’océan, que représentent les hautes vagues de la marée montante ? Quand la lune est au-dessus des eaux de la mer, elle les oblige, par attraction, à s’élever jusqu’à une certaine hauteur : c’est ce qui produit le flux ou marée montante. Après ce passage de la lune, les eaux retombent : c’est ce qu’on appelle le reflux ou marée descendante. Lorsque les eaux ont atteint leur plus grande élévation, elles restent stationnaires pendant quelque temps : c’est le moment de la pleine mer.

L’influence de la lune sur notre calendrier est directe et, par conséquent, elle fournit un indice important sur l’exil. Le calendrier lunaire n’a jamais pu rattraper le calendrier solaire et le Midrach Rabba (Ecclésiaste 1,15) s’en afflige, en évoquant à ce sujet la phrase : « Ce qui manque ne peut entrer en compte. »

Les rapports entre la lune et le soleil au firmament servent de modèle aux relations entre Israël et les nations. De même que le soleil rayonne avec majesté au firmament, ainsi les nations dirigent leurs pas sur terre avec splendeur. Mais Israël, marchant dans l’obscurité, ressemble à la lune qui avance sans cesse à travers les planètes et qui montre sa lumière argentée après que le soleil s’est couché. Dès le début même, il a été institué qu’Israël et les nations ne peuvent pas porter en même temps la couronne de la suprématie. C’est pourquoi Israël, comme la lune devant le ciel, doit réduire son format devant les autres nations, jusqu’à ce qu’arrive le jour dont il est dit : « La lune alors brillera du même éclat que le soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus vive, comme la lumière des sept jours, à l’époque où D.ieu pansera les blessures de Son peuple et guérira les meurtrissures qui l’ont atteint. » (Isaïe 30,26).

Jusque-là, la néoménie demeurera un temps où Israël expie Ses fautes, en chaque génération, les péchés resteront pour tout avenir puisqu’ils sont dépendants de la nature et que D.ieu lui-même s’en est rendu responsable. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la sentence que « l’expiation est pour le Seigneur lui-même». Il est dit, en effet, dans notre prière pour le renouvellement de la néoménie, que la défectuosité de la lune sera un jour entièrement réparée.

(La Voix de la Torah)

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Parachat Balak 5775

Points essentiels de la section hebdomadaire

Balak roi de Moab prend peur de l’avance spectaculaire du peuple d’Israël, peuple issu d’esclaves sortis d’Egypte, qui veut recouvrir son statut d’indépendance dans sa marche vers le pays de Canaan.

Il préssent que la vielle promesse de D.ieu à Abraham est en train de s’accomplir: « Et la quatrième génération viendra ici car le péché de l’Amoréen n’était pas encore complet jusque là. »(Genèse 15, 16).

Or le territoire qu’Israël avait conquis était précisément celui qu’avaient peuplé les Amoréens.

Pour freiner cette avance, Balak loue les services de Bileam prophète des nations et père de la sorcellerie araméenne, ennemi juré du peuple juif et de son chef Moïse. Le seul recours de ces deux nouveaux alliés Balak et Bileam restait la parole de la malédiction pour contrer efficacement le projet ambitieux d’Israël.

Balak décide alors d’envoyer des messagers à Bileam avec toutes espèces de sortilèges.

D.ieu intervient en apparaissant en songe à Bileam et lui demande qui sont ces messagers. Bileam, induit en erreur, conclut que D.ieu n’est peut-être pas omniscient et qu’il est possible de trouver une faille pour pouvoir mener à bien son projet.

Après lui avoir refusé le droit dans un premier temps.D. ieu permet enfin à Bileam de rejoindre Balak roi de Moab,

Nulle part la puissance de D.ieu ne se manifeste avec autant de grandeur que lorsqu’elle oblige Ses ennemis à Lui rendre hommage et à s’incliner devant Lui. C’est ce qui se produisit avec Bileam, le prophète type des nations.

Après l’épisode malheureux de Bileam et son ânesse, celui-ci demande à Balak de lui dresser sept autels afin d’y offrir sept taureaux et sept béliers. C’est alors que D.ieu se présentant à Bileam, lui ordonne de retourner vers Balak pour lui proférer son oracle en présence de tous les princes de Moab en disant :

« Il ne regarde pas l’iniquité en Jacob, Il ne voit pas de mal en Israël

L’Eternel son D.ieu est avec lui, et l’amitié d’un Roi le protège »

Rachi commente: « Il ne regarde pas de trop près l’iniquité de Jacob, s’il transgresse des commandements. Il ne cherche pas à bien distinguer leurs fautes en infraction envers Sa loi »

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L’enseignement de la semaine : Rabbi Yossef Zoundel de Salant zatsal

Si le Saint béni soit-Il, -explique Rabbi Yossef Zoundel – qui connaît les secrets et les pensées de chaque être humain, feint de ne pas voir les impies, et ne voit aucune iniquité dans l’assemblée d’Israël , combien l’homme doit s’abstenir de tout jugement et de tout soupçon injustifié envers son prochain.

Rabbi Yossef Zoundel de Salant fut l’élève assidu de Rabbi ‘Hayim de Volozhyn.

Il mena une vie sobre. Il mangeait peu, dormait peu et consacrait la majeure partie de son temps à l’étude de la Torah et à l’étude du moussar (éthique et morale juive).

Lorsque Rabbi Yossef quitta la yechiva , son maître Rabbi ‘Hayim lui donna sa bénédiction en ces termes: «Puisse être la volonté du ciel que les deux temidim (sacrifices quotidiens du matin et de l’après midi ) soient réalisés selon leurs lois.»

Apparemment perplexe, Rabbi Yossef eut du mal à comprendre la teneur de cette bénédiction.

Rabbi ‘Hayim enchaîna alors l’explication. «Le premier chapitre du Code de la loi énonce cette règle  »Je fixe constamment mes regarda sur D.ieu… »   (Psaumes 16,8), alors que le dernier chapitre se termine par le verset « Qui a le cœur content est perpétuellement en fête » » (Proverbes 15,15) .

Nous devons – dit le maître- prendre garde que ces deux principes soient appliqués scrupuleusement, sans que l’un ne vienne empiéter sur l’autre. La santé du corps et celle de l’âme sont toutes deux indispensables, pour l’accomplissement du service divin.

CHABBAT CHALOM

 

 

 

eclair

Parachat Kora’h 5775 – Jusqu’où la jalousie peut-elle nous mener ?

Ils s’attroupèrent autour de Moïse et Aharon et leur dirent : « C’en est trop de votre part ! Car tous les fidèles sont tous saints, D.ieu règne parmi eux et pourquoi vous placez-vous au-dessus de la communauté de D-ieu ? »

(Nombres 16, 3)

Rachi explique : Tous sont saints. Tous ont entendu au Sinaï les paroles prononcées par le Tout-Puissant. Le commentateur Sfomo commente : Tous sont saints : Chacun d’eux est saint de la plante des pieds jusqu’à la tête, selon la recommandation divine disant,  vous serez saints pour votre D.ieu.

Il vaut la peine d’examiner le milieu où l’émeute prend sa source. Les trois chefs, Kora’h, Datane et Aviram, sont originaires des tribus de Lévi et de Ruben. Ces deux tribus, pour des raisons différentes, mais apparemment valables, avaient toujours formulé des revendications précises portant sur la direction de la nation : Ruben en vertu de son droit de premier-né, Lévi en raison de son rôle de tribu des prêtres. Or ce n’est ni à l’une ni à l’autre que D.ieu a effectivement décerné ce privilège.  Cette décision, dont déjà Jacob dévoila la raison, ne peut manquer de laisser une certaine amertume, surtout dans l’âme d’individus ambitieux, tels que ceux qui prennent ici la tête du soulèvement.

C’est ainsi que Kora’h jalouse son cousin Aharon, qui avait pris le poste de Grand-Prêtre, et son autre cousin, Elitsaphan fils d’Ouziël, à qui avait été offerte l’administration de sa tribu familiale, celle des fils de Kehat. « Que fit-il alors ? Il convoqua deux cent cinquante dirigeants de sanhédrin, la plupart appartenant à la tribu voisine,  de Ruben, tels Elitsour fils de  Chedéour et ses compagnons. »   (Rachi).

Elitsour — chef de la tribu de Ruben —-, avec la majorité des dirigeants de sanhédrin, et Datane et Aviram étaient, tous, mécontents de l’attribution des prérogatives de premiers-nés aux Lévites. Ces prérogatives leur avaient été enlevées deux fois de suite, des membres de la tribu de Ruben s’irritant de voir celle-ci privée de son droit d’aînesse au profit de Joseph : Ils soupçonnaient Josué, le serviteur de Moïse (qui était de la tribu d’Ephraïm), d’avoir manigancé, grâce à ses relations personnelles, l’avantage accordé à sa tribu sur toutes les autres. (Ibn Ezra).

 

La jalousie a motivé la colère de Kora’h contre Moïse. C’est là une vérité établie. Nous sommes tentés de classer cette jalousie dans la catégorie des sentiments louables, celle qui favorise l’émulation. La jalousie des scribes accroît la sagesse, déclarent nos Sages. En effet, Kora’h envie les qualités morales de Moïse et désire les acquérir. Caïn aussi avait jalousé les qualités de son frère Abel. Ce sont elles qui avaient valu l’acceptation du    sacrifice de ce dernier par l’Eternel.

Caïn désirait également que son sacrifice soit admis. Dans notre sujet aussi, la conduite de Kora’h semble compréhensible. Et en effet, Na’hmanide précise qu’Aharon, le frère de Moïse, était enclin à donner raison à Kora’h.  Na’hmanide puise sa thèse dans le verset   :  « Et il (Moïse) tomba sur sa face.».  La Torah ne dit pas qu’ils (Moïse et Aharon) tombèrent sur leur face. Car Aharon, homme de valeur morale inégalée, ne s’est pas jugé concerné par cette querelle. Il a gardé le silence, comme pour signifier que la valeur de Kora’h est supérieure à la sienne.

 

Pourquoi la Torah a-t-elle alors condamné Kora’h?

 

«Une femme sage construit sa maison, mais une femme stupide la détruit de ses propres mains» (Proverbes 16, 1)

 

Même la femme de One Ben Pélette, que nos Sages louent pour sa conduite, a tout fait pour dissuader son mari de suivre Kora’h. Comment s’y est-elle prise ? Elle dit à One, son mari :  » Si Moïse est le maître, tu es le disciple. Si c’est Kora’h qui est le maître, toi tu resteras disciple. Qu’as-tu à gagner si tu prends position pour l’un ou pour l’autre ? Tu n’as aucun intérêt à te mêler de cette polémique. » Par contre, la femme de Kora’h n’a pas cessé de fomenter les querelles et les intrigues. Elle s’adressait ainsi à Kora’h, son mari : « Comment peux-tu accepter que Moïse prenne tous les pouvoirs et pourvoie tous les postes importants aux membres de sa famille ? »

Cette intervention de la femme de Kora’h nous indique que nous ne sommes pas confrontés ici à une « jalousie de scribes », mais à de la jalousie pure et simple. Une jalousie condamnable, qui conduit à l’ambition des pouvoirs, à la recherche des honneurs. C’est pourquoi même les nouveaux-nés ont été engloutis par la terre, à cause de leur participation, même inconsciente, à ce soulèvement. La « jalousie des scribes » ne peut avoir pour résultat que la sanctification du Nom de D.ieu et non un châtiment quel qu’il soit.

 

Moïse notre maître s’est élevé au-dessus de toutes ces querelles. Il ne recherchait point les honneurs. Sa personnalité était appréciée par D.ieu et toute l’humanité. Au point que, comme le disent nos Sages, s’il avait pénétré en Terre d’Israël, le Saint Temple n’aurait jamais été détruit, car les raisons de la destruction du Temple n’auraient jamais existé si un homme de la stature de Moïse se trouvait là. Cela témoigne bien que les être parfaits entraînent la sanctification du Nom de l’Eternel.

 

La direction du peuple d’Israël est vouée au succès, si elle est assumée par des personnes qui se distinguent par leur abnégation, leur dévouement, et pas seulement par leur grande science ou leurs facultés intellectuelles impressionnantes. L’abnégation suppose le raffinement des aspirations du dirigeant. Ce raffinement s’acquiert par une lutte constante contre la jalousie, les honneurs, la rancune et autres mauvaises tendances.

La jalousie est la manifestation du souci d’affirmer sa valeur personnelle. Elle doit s’effacer et céder la place à la jalousie née du désir d’affirmer la valeur divine et le règne de D.ieu.

Ce Dvar Torah est dedie à l’élévation de l’âme de Guezala Julie bat Toutou Esther zal
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Parachat Chela’h Lekha 5775 – Pourquoi doit-on porter des Tsitsit aux quatre coins de nos vêtements ?

D.ieu parla à Moïse en disant : « Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux ailes de leurs vêtements, dans toutes générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur. ״ Cela formera pour vous des franges, vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de D.ieu, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité. Afin que vous vous rappeliez et vous accomplissiez tous mes commandements et vous serez saints pour votre D.ieu».

Rachi : « Le mot ציצת (tsitsit) a pour valeur numérique six cents et si l’on y ajoute les huit fils et les cinq nœuds (qui les composent) on obtient un total de six cent treize. »

Mais pour Na’hmanide, le rappel des commandements dépend du fil d’azur, selon la remarque de Rabbi Méir: « En quoi la couleur תכלת (bleu azur) se distingue-t-elle de toutes les autres ? Parce qu’elle ressemble à la mer, la mer au firmament, et le firmament au trône de la Gloire divine.» Chaque frange se compose de quatre fils blancs, dont l’un était à moitié passé au bleu, si bien qu’une fois les fils attachés au coin du vêtement, on obtenait sept fils blancs et un bleu.

Dans les habits sacerdotaux et dans le Tabernacle cette dernière couleur était dominante, aussi était-elle réputée comme la teinte privilégiée du Seigneur, unie au blanc dans les tsitsiot. Celles-ci représentent le «sceau du Roi sur ses esclaves.» Ainsi chaque matin en revêtant les tsitsiot, les Israélites se rappellent qu’ils sont les serviteurs de D.ieu, qu’ils ont accepté Ses commandements par serment et par proclamation solennelle (Sfomo). Le Zohar commente ce verset de la manière suivante. La Torah emploie, pour désigner la plaque qui ornait le front du Grand-Prêtre, le mot tsits est masculin . Grâce à elle, il pouvait «voir» les hommes et nul n’échappait à cet examen qui pénétrait au fond de la conscience. Tsitsit par contre, est au féminin et permet à l’homme d’«entrevoir la Divinité», d’appréhender la Justice de Dieu. Le fil bleuâtre symbolise le Trône divin, selon le processus indiqué par Rabbi Méir (voir ci-dessus), et plus spécialement le Trône d’où les hommes sont jugés pour leurs crimes» — dont leur vie dépend. Mais par rapport au blanc, le bleuâtre a une valeur huit fois moindre, car le blanc représente le principe d’amour du Trône divin, comme cela ressort du verset (Ezéchiel 24, 10) « sous les pieds du Trône divin comme une œuvre de blanc de saphir». Cette expression décrit bien les tsitsiot : le fil bleu s’attache aux fils blancs avec la même tendance que la rigueur de la Justice cherche l’amour de D.ieu. Voilà pourquoi les Sages prescrivent de réciter le Chema le matin à partir du moment où l’œil humain peut distinguer le blanc du bleuâtre. Enfin, ces deux couleurs doivent se comporter entre elles comme la droite avec la gauche, le blanc à droite devant dominer à gauche le fil bleuâtre.

De nos jours, il faut renoncer au fil bleuâtre dans l’observance de la mitsva des tsitsiot. La Michna (Mena’hoth. 38 a) assure, en effet, que l’absence du fil bleuâtre n’amoindrit pas la valeur du commandement accompli avec des fils blancs seulement, et Rabbi Méir — qui nous avait enseigné la valeur du fil bleuâtre — déclare que la sanction qui frappe la négligence de la mitsva des fils blancs est plus grave que pour le fil bleuâtre. Les tsitsiot uniquement composées de fils blancs symbolisent la Justice divine sous la forme de l’amour et de la grâce — et c’est cela qui remplit le Juif de joie ! Rabbi ‘Hayim ben Attar affirme que c’est pour cette raison que D.ieu a exigé de choisir une couleur qui n’existe plus de nos jours. Lorsqu’on s’enveloppe du talit, on exprime son exaltation par les mots du Psaume (36,8 et 11) : « Qu’elle est précieuse, ô Dieu, Ta grâce ! Les hommes se protègent à l’ombre de Tes ailes. Etends Ta grâce à ceux qui Te connaissent, et Ta charité à ceux dont le cœur est droit. »

Telles sont les considérations qui motivent et animent notre action au service de D.ieu.

(adapté à partir de la Voix de la Torah)

lachone hara

PARACHAT BEHA’ALOTEKHA 5775 – POURQUOI FAUT-IL S’ÉLOIGNER DE LA MÉDISANCE ?

Myriam et Aharon parlèrent contre Moïse, à cause de la femme éthiopienne qu’il avait épousée, car il avait épousé une femme couchite. Et ils dirent :Est-ce uniquement à Moïse que D.ieu a parlé? D.ieu les entendit.

(Nombres 18, 1-2)

Comment comprendre que de grands personnages comme Myriam et Aharon aient pu dire du mal de leur frère ?

Il est évident que leur intention était pure. Le midrach nous éclaire sur le motif de leur conduite. Le ‘Hokhma ‘im na’hala explique ce verset à partir du commentaire de Rachi :

Ayant appris fortuitement que Moïse vivait séparé de sa femme (Rachi 12, 1), Myriam pensa qu’il ne pourrait pas remplir son rôle de chef et d’exemple s’il adoptait un mode de vie trop saint, trop élevé pour le peuple.

Un homme détaché de toute passion humaine ne peut servir de guide, estima-t-elle. Et c’est ainsi que l’on peut comprendre le verset est-ce seulement et uniquement : « [les commandements] que D. n’a dits qu’à Moïse, les a-t-Il dits seulement et uniquement pour lui ? N’ont-ils pas été dits pour nous aussi ? ». D.ieu a enseigné les lois à Moïse pour les transmettre à tous les Enfants d’Israël. Or il ne pouvait les inculquer que s’il expliquait à tous que la Torah est accessible aux hommes, en leur montrant qu’il est un homme comme eux et non un ange. Sinon, ils risqueraient de tomber dans le péché en disant, de nouveau, comme avant de commettre la faute du veau d’Or : «Moïse, cet homme qui nous a fait monter d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu » (Exode 32, 1), c’est-à-dire Moïse que nous avons connu comme “homme” lorsqu’il nous a fait sortir d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui. Nous ne pouvons pas le suivre car il est devenu un ange. C’est donc uniquement par souci du peuple, que Myriam et Aharon ont émis des réserves sur leur frère.

D.ieu leur a alors répondu : « S’il n’était que votre prophète, moi Hachem, Je me manifesterais à lui par une vision… Il n’en est pas ainsi de Moïse, Mon serviteur. De toute Ma maison il est le plus fidèle. Je lui parle face à face, dans une apparition claire et sans énigmes… » (12, 6-8).

Si le rôle de Moïse n’avait été que d’être un prophète, un guide, on aurait pu penser qu’il n’aurait pas dû se comporter ainsi ; mais il a une autre fonction : il est le serviteur le plus proche de D.ieu qui ne sera jamais. De toutes les façons, sa relation avec D.ieu est au-delà de toute conjoncture humaine. De plus « pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre Mon serviteur, contre Moïse ? » Cela signifie que s’il s’est séparé de sa femme, c’est sur Mon ordre, pour être Mon serviteur, lorsque Je lui ai dit au mont Sinaï : « Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes mais toi, tiens- toi ici, avec Moi… »

Myriam a fait une erreur en parlant ainsi, mais son intention était bonne. Et pourtant, elle a été sévèrement punie. A plus forte raison, celui qui médit de son prochain pour lui faire du tort le sera-t-il. Son châtiment sera encore plus grave s’il s’agit d’un maître, d’un Rav. Peut-être cette explication doit-elle nous mettre en garde, toutes proportions gardées, contre la tendance de reprocher au Rav d’être trop rigoureux, trop au- dessus du peuple et de proclamer qu’il est, par cela, responsable des problèmes religieux de sa communauté. N’oublions pas que l’exigence de la loi ne provient pas de lui. Il ne fait que transmettre la volonté de D.ieu à laquelle il est lui-même soumis.

Souvenons-nous de l’épisode de Myriam pour nous éloigner de toute médisance comme nous le demande la Torah. Ainsi serons-nous protégés du châtiment de ceux qui, comme les explorateurs, n’ont pas tiré la leçon du châtiment de Myriam.

(adapté à partir de Imré Cohen)

colombe olivier

PARACHAT BEHAR-BE’HOUKOTAÏ 5775 – COMMENT FAIRE RESIDER LA PAIX ET LA BÉNÉDICTION ?

Je fixerai Ma résidence au milieu de vous et Mon esprit ne vous rejettera pas (Lévitique 26, 38).

Les deux parties de ce verset semblent difficilement compatibles. Pourquoi viendrait-il à l’idée que D.ieu rejette Son peuple alors qu’il installe Sa résidence au milieu d’eux ? Le Tabernacle n’a-t-il pas été édifié en accord rigoureux avec les directives du plan divin et dans le seul but de révéler la Grâce Divine ? Comment dans ce cas l’idée de rejeter le peuple d’Israël peut-il se justifier ?

Na’hmanide donne l’explication suivante : l’Esprit divin étant une émanation supérieure, certaines circonstances peuvent conduire à ce qu’il ne puisse pas cohabiter avec la contingence matérielle. L’incompatibilité entre les valeurs spirituelles et les éléments matériels peut provoquer le retrait de la Grâce Divine. Ici, D.ieu promet de dompter cette incompatibilité et de continuer à résider au milieu du peuple sans que Sa Grâce n’éprouve de répulsion du voisinage corporel humain. Na’hmanide précise que cette thèse constitue l’un des secrets les plus profonds de la Torah.

 Le commentateur Sforno avance une interprétation différente : Mon esprit ne vous rejettera pas : à jamais. D.ieu nous promet aujourd’hui, que même si, dans l’avenir, notre conduite parvenait à soulever Sa colère, Il maintiendrait sa Grâce au milieu de nous et ne nous rejetterait pas pour toujours. Sforno rappelle à ce propos le serment divin, exprimé par le prophète: Que les montagnes chancellent, que les collines s’ébranlent, Ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni Mon alliance de paix ne sera ébranlée, dit Celui qui t’aime, D.ieu (Isaïe 54, 10). Cette promesse accompagne tout au long des siècles le peuple d’Israël: il a été rejeté, éprouvé mais pas pour toujours.

 La conduite de la Providence Divine est conforme à la loi de « mesure contre mesure ». Nous devons nous demander de quelle façon se révèle la notion de « mesure contre mesure », dans la conduite divine qui refuse d’abandonner pour toujours Israël? Force nous est de conclure que le lien spirituel entre D.ieu et Israël n’est jamais rompu. Il existe toujours au sein du peuple, des Justes, qui sont attachés sans réserve, et en dépit de tous les obstacles et de toutes les adversités, aux valeurs de la Torah, à l’observance rigoureuse de ses commandements, tant dans le domaine des devoirs de l’homme envers D.ieu que dans celui des rapports entre humains. Une « mesure » d’un homme juste vaut d’innombrables « mesures » en faveur de tout le peuple. Nos Sages ont déclaré : Une bonne « mesure » entraîne une « mesure » cinq cents fois plus grande de miséricorde (Sota 11a) et ailleurs : la « mesure » de miséricorde se manifeste beaucoup plus vite que la mesure de châtiment (Chabbat 97a). Il en résulte qu’en cas de conduite condamnable du peuple d’Israël, la bonne « mesure » des Justes a devancé le mal et suscité la miséricorde divine bien plus intensément et bien avant que soit considérée la mauvaise conduite.

Le dirigeant spirituel au sein du peuple juif agit, activement et avec bonne grâce, en faveur du peuple. Son action contribue à l’instauration de la paix entre les différents membres de la communauté. C’est bien l’idée exprimée dans notre section: Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et si vous les exécutez — c’est bien l’oeuvre des Justes du peuple—Je ferai régner la paix dans ce pays (Lévitique. 26, 3).

Nous avons tendance à croire que la paix évoquée dans ce verset, est celle souhaitée entre Israël et les autres peuples. Mais les commentateurs bibliques, tels Ibn Ezra, Na’hmanide, et d’autres, interprètent différemment : Je ferai régner la paix entre vous et que ne vous adonniez pas à des querelles intestines, entre frères. La paix entre frères, entre membres du même peuple, est le résultat le plus bénéfique de l’accomplissement des mitsvoh, c’est cela la bénédiction. Cette bénédiction rejaillit sur tout le peuple, autant sur ceux qui observent les mitsvot que sur ceux qui les négligent, ce qui soulève le problème de la solidarité mutuelle entre tous les enfants du peuple. C’est cette solidarité qui vaut à la multitude de profiter de la bonne « mesure » méritée par le Juste.

 Nos Sages disent encore : Heureux sont les Justes car, leur mérite est considéré non seulement en leur faveur mais aussi en faveur de leurs enfants et descendants jusqu’à la fin des générations. (Yoma 87 a). Et ailleurs : Heureux sont les Justes, car c’est grâce à eux que la Grâce Divine réside sur la terre (Pesikta Rabati 5, 7).

Les paroles du verset par lequel nous avons commencé, s’éclairent. Je fixerai Ma résidence au milieu de vous, et Mon esprit ne vous rejettera pas ; c’est par le mérite des Justes qui sont parmi vous, ceux-là qui se sacrifient sans cesse pour étudier la Torah, et qui par là, instaurent la paix entre vous. L’abondance et la bénédiction de D.ieu sont accordées au peuple par le mérite des Justes et c’est ce que nous disons quotidiennement dans notre rituel : Les Talmidé Hakhamim les disciples des Sages instaurent une paix considérable dans le monde.

(adapté à partir des Leçons Chabbatiques )

education

PARACHAT A’HARE-MOT/ KEDOCHIM 5775 – COMMENT REUSSIR L’EDUCATION DE SES ENFANTS ?

«Vous serez saints car Je suis Saint, Moi, Hachem votre D.ieu. Honorez, chacun votre mère et votre père et observez mes Chabbat . Je suis Hachem votre D.ieu. »                                               (Lévitique 19, 2-3)

Rachi explique le rapport entre ces deux mitsvot, le respect dû aux parents et   l’observance du Chabbat : « Si la Torah nous enseigne le respect des parents, il n’en est pas moins vrai que si ton père t’ordonnait de profaner le Chabbat , tu n’aurais pas le droit de lui obéir. Et il en est de même de tous les autres commandements.  » Je suis Hachem votre D.ieu  » Toi et ton père vous êtes, tous les deux, astreints à M’honorer, c’est pourquoi, s’il s’agit d’enfreindre Mes paroles, ne l’écoute pas».

La paracha de Kédochim qui nous donne les directives essentielles de notre existence, nous précise ici un point très important dans le domaine de l’éducation de nos enfants. Educateurs et parents se trouvent, en effet, et aujourd’hui plus que jamais, devant un problème ardu : les bouleversements historiques et d’autres circonstances ont eu pour effet que nombre de nos familles ont abandonné plus ou moins les actes religieux même les plus importants. Or, comme ces parents veulent néanmoins rester juifs et sont pleinement conscients de leurs responsabilités, ils confient leurs enfants à des maîtres. Cependant, ces éducateurs savent bien qu’une éducation digne de ce nom ne peut être disjointe d’une éducation à la pratique des mitsvot. Par conséquent, sur le chemin de sa pratique religieuse, l’enfant se trouvera très souvent en butte à l’indifférence, sinon à l’opposition de son milieu familial. Cela peut provoquer un déséquilibre qui risque ou bien de détacher l’enfant de sa famille ou bien de lui faire tourner le dos à toute éducation religieuse.

Comment résoudre cette difficulté ?

Il est certain que l’éducateur devra faire preuve du maximum de doigté pour éviter les heurts entre parents et enfants. Néanmoins, sa tâche se trouvera compliquée du fait qu’en tant qu’éducateur honnête, il ne pourra pas outrepasser certains impératifs religieux. Les parents, de leur côté, doivent être conscients du problème et réaliser en premier lia qu’ils sont les intermédiaires de D.ieu vis-à-vis des enfants qu’il leur as confiés. Les Tables de la Loi portent sur une moitié les devoirs des hommes envers D.ieu. Or le cinquième commandement « Honore ton père et ta mère » fait précisément partie des devoirs de l’homme envers D.ieu !

 

Pour assumer pleinement leur rôle, les parents doivent donc se préparer à suivre l’évolution de leurs enfants dans la voie du Judaïsme, même si cela devait entraîner un sacrifice de leur part. Ils éviteront ainsi de creuser un fossé qui ne manquera de s’élargir entre eux et leurs enfants, s’ils persistent dans une attitude négative ou hostile à leur égard.

Existe-t-il un plus grand bonheur qu’une famille où règne l’harmonie, la bonne entente, et qui s’épanouit dans le cadre que D.ieu nous a tracé ?

 

bien

PARACHAT TAZRIA-METSORA 5775 – COMMENT LE MAL SE TRANSFORME EN BIEN ?

« Lorsque les Enfants d’Israël eurent connaissance de la paracha sur les plaies de la lèpre, nous apprend le Midrach, ils furent saisis de peur. Moïse leur dit alors : « Ne craignez rien ! Ces plaies sont destinées aux nations du monde et vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir, comme il est dit : « Les souffrances de l’impie sont nombreuses alors que celui qui a confiance en D.ieu est entouré de bonté » ».

Quel est le sens de ce midrach ? Là se trouve posé le problème du Bien et du Mal. Il est dit dans la première bénédiction du Chéma : « Tu es source de bénédictions Hachem Qui a formé la lumière et créé les ténèbres… ». Cela signifie que même les ténèbres, le Mal, sont une création de D.ieu.

D’une part, il est écrit, dans les versets de la Genèse « Et D.ieu appela la lumière jour et l’obscurité nuit » et d’autre part, le midrach nous fait remarquer : « D.ieu n’a pas voulu associer Son Nom aux ténèbres. » (C’est pourquoi Eloqim est juxtaposé au mot Or, (lumière), mais il est éloigné du mot ‘hochekh (obscurité). Comment expliquer cette contradiction ?

En réalité, tout vient de D.ieu et rien n’existe en dehors de Lui, même le Mal. Cependant, ce qui émane de D.ieu c’est uniquement le Bien, la bénédiction. C’est pourquoi, Son Nom n’a pas été associé au mot ‘hochekh (obscurité). La malédiction, le Mal est, en fait, un Bien qui se transforme en Mal au contact de l’homme à cause de sa conduite. Les actions de l’homme, si elles sont mauvaises, nécessitent que le Bien prenne la forme de plaies, de souffrances, pour remettre l’homme sur le droit chemin ou expier ses fautes. Au début, même les eaux du déluge étaient des pluies de bénédiction avant de devenir des eaux en furie, à cause du refus de la génération de faire techouva (repentir).

Les peuples du monde ne possèdent pas le même dynamisme de repentir, qu’Israël. Ils s’estiment si accablés par « le péché originel » qu’il n’y a pas lieu d’essayer de réagir, ou bien ils se sentent en état de « grâce » indépendamment de leurs efforts. Leur position est passive, ils se sentent déterminés par leur nature, leur caractère. C’est pourquoi, s’ils commettent des fautes, l’action de D.ieu prendra sur eux la forme de plaies indélébiles, inéluctables car ils ne sont pas capables de s’amender

Il en est tout autrement pour le peuple d’Israël. Le Talmud Meguila nous dit que pour Israël, la solution, la guérison est déjà prévue avant même que vienne le coup. En effet, explique le Maharal, pour Israël, le but de l’épreuve, c’est de provoquer le repentir, car Israël est capable de faire techouva. C’est pourquoi la guérison lui est préparée avant même qu’il ne soit frappé (par exemple : Esther fut nommée reine avant que Haman ne monte au pouvoir, etc.)

Ceci n’est pas le cas pour les autres nations Le mal qui affecte ces peuples n’a pas la même essence car ils ne reconnaissent pas la puissance de la techouva. Le mal est la conséquence inéluctable de leurs actes.

Les Enfants d’Israël furent effrayés d’entendre la paracha des plaies : Le fait même d’en avoir peur les éloigne de la faute et leur évite d’en être frappés. C’est pourquoi le midrach nous apprend que Moïse leur répondit : « Ne craignez rien ! Ces plaies sont destinées aux nations du monde et vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir, comme il est dit : « Les souffrances de ‘ sont nombreuses alors que celui qui a confiance en D.ieu est entouré de bonté ». Si, grâce aux avertissements de cette paracha, vous prenez garde de ne pas vous laisser aller à la médisance, non seulement ces plaies ne vous affecteront pas, mais, comme une guérison, une refoua, vous bénéficierez de la plus grande bénédiction : La plaie (nega’) se transformera en plaisir (‘oneg) (ces deux mots sont formés exactement des mêmes lettres ‘ayin, noun, guimel mais inversées) et la lèpre (tsara’at) se transformera en fête(‘atséret) (les lettres sont également les mêmes dans les deux termes). C’est pourquoi, Moïse rassura les Enfants d’Israël : « Vous, vous pouvez manger, boire et vous réjouir ».

(adapté à partir d’Imré Cohen)