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Paroles de Torah sur la section lue chaque semaine

enfants

Comment remédier à la jalousie ?

Tu sauras aujourd’hui, et tu Le reconnaîtras en ton coeur, que Hachem est D.ieu, dans les cieux en haut et sur la terre en bas, il n’y en a point d’autre.      

(Devarim 39, 4)

Où se trouve D.ieu ?

Cette question fut de tout temps posée aux jeunes et brillants élèves du Talmud Torah.

Lorsque le Rabbi de Kotsk était jeune enfant, on lui posa la question suivante : « Où se trouve le maître du monde ?»

Il répondit : «D.ieu se trouve là où on Le laisse entrer».

Cette même question fut posée à Rabbi Its’hak Méir de Gour dans son enfance, en ces termes : « Its’hak Méir, je te donne un louis d’or si tu me dis où se trouve le Saint béni soit-Il» lui dit-on. « Moi, — répondit sur le champ le jeune enfant—je te donnerai deux louis d’or si tu me dis où D.ieu ne se trouve pas».

Rabbi Akiva Iguer explique ce verset de la façon suivante : Il existe un principe universel, que l’homme éprouve toujours un sentiment de jalousie envers ses semblables. C’est en fait, la nature même de l’homme, et il est quasi impossible de l’en détacher.

Comment donc y remédier ?

Pour Rabbi Akiva Iguer, ce verset donne la solution au problème posé.

«Dans les cieux, en haut» fait allusion au spirituel et au service divin. Dans ce domaine, l’homme devra toujours regarder «en haut», c’est à dire prendre exemple de ceux qui sont supérieurs à lui, en aspirant à toujours faire mieux.  Mais dans le domaine matériel «sur la terre, en bas» il devra regarder ceux qui sont inférieurs à lui, en s’estimant bien heureux de la place qu’il occupe dans l’échiquier social, et en  glorifiant D.ieu pour tous Ses bienfaits.

Torah

Le message universel de la Torah

« Moïse se mit à expliquer cette Loi en ces termes… »

(Deutéronome 1, 5)

Rachi rapporte le midrach disant que le mot béèr (expliquer), éclaircir signifie que Moïse a traduit la Torah en soixante-dix langues. Il est donc indéniable que la Torah a une valeur universelle et que son message concerne l’humanité toute entière.

On peut cependant se demander pourquoi Moïse a attendu la fin de sa vie pour traduire la Torah au monde « Après qu’il ait frappé Si’hon roi des Amoréens qui résidait à ‘Hechbon, et ‘Og roi de Bachan qui résidait à ‘Achtaroth, à Edré’i ». (Deutéronome 1, 4)

 

Le Sfat Emet rapproche le mot béèr (expliquer) du mot bor (puits). Il s’agit du puits que Jacob notre ancêtre  aperçut lorsqu’il arriva à ‘Haran ainsi qu’il est écrit : «Et la pierre sur la margelle du puits était grosse » (Genèse 29, 2). Les troupeaux gardés par les bergers symbolisent les nations du monde et la pierre, c’est la montagne énorme que le géant ‘Og, roi de Bachan, a soulevée pour écraser les Enfants d’Israël. Cette pierre est l’arme terrible que les peuples brandissent pour anéantir, physiquement ou spirituellement, le peuple juif. Ce sont toutes ces civilisations, anciennes ou modernes, qui ont voulu nier et contrer le divin ou contester la vérité du D.ieu d’Israël et l’élection de Son peuple.

Finalement, nous raconte le midrach, cette montagne s’effondra sur ‘Og et il ne put s’échapper car D.ieu fit que ses dents poussèrent et s’insérèrent dans la montagne en l’y retenant prisonnier. C’est alors que Moïse  abattit le géant d’un coup de glaive sur la cheville.

 

Quand les nations seront-elles réceptives au message de la Torah traduite en soixante-dix langues à leur intention ?

Elles le seront lorsque leurs armes ou leurs théories, qui « obturent l’orifice du puits » de la Connaissance, et qui menacent l’accomplissement spirituel et physique d’Israël, se retourneront contre elles et s’effondreront sur les nations qui seront victimes de leur propre philosophie de vie, « après qu’il ait frappé Si’hon… et ‘Og » !

 

Quel est donc le rôle d’Israël ? Comment parviendra-t-il à détruire  ces mythes, édifices impressionnants avec lesquels les nations veulent rivaliser avec lui?

 

Notre combat contre les nations est essentiellement un combat idéologique et notre victoire dépend de notre victoire sur nous-mêmes. Le seul moyen d’y parvenir passe par l’accomplissement de la Torah qui nous apprend à lier, la pensée à l’acte ainsi que nous le rappelle la mitsva des Tephilines.

 

La Torah est supérieure à toutes les doctrines car elle mène l’homme à une maîtrise totale et harmonieuse de son esprit sur son corps. Elle lui apprend à « spiritualiser » la matière.

 

C’est ainsi que Jacob notre ancêtre, qui symbolise la Torah, a réussi d’un seul coup de pouce à soulever l’énorme pierre qui obturait le puits.

 

Notre paracha précède toujours la semaine du 9 Av, date de la destruction du Temple et de sa future reconstruction.

Pour écarter « l’énorme pierre » qui nous menace, nous devons apporter nos petites pierres à l’édifice, celles qui posées patiemment l’une sur l’autre, contribuent à la construction du troisième Temple dans le Ciel comme nous mentionnons dans la quatorzième bénédiction de la ‘Amida: «Tu es source de bénédictions Hachem qui construis (au présent) Jérusalem ». N’est-il pas dit que, lorsque le troisième Temple sera prêt dans le ciel, D.ieu nous le fera descendre tel quel, sur terre ?

Chaque génération poursuit la construction de la précédente et chaque individu y apporte sa part, à condition de ne pas le démolir ! Comment l’homme fabrique-t-il cette pierre? En réfléchissant avant d’agir, au gain immense de la mitsva, comparé à la difficulté de son accomplissement, et aux conséquences d’une transgression, en regard du plaisir qu’elle procure. C’est ainsi que l’homme parviendra à se dominer, et à poser sa pierre sur l’édifice.

Les nations du monde, constatant la faillite de leur système moral face à celui du peuple juif, reconnaîtront la supériorité de la Torah jadis traduite en soixante-dix langues à leur intention : « Et la terre sera recouverte de la connaissance de D.ieu ». (Isaïe 11, 9)

(adapté à partir de Imré Cohen )

Pin’has ou le précurseur du Messie

Le rapport entre le chapitre 28 des Nombres, qui ordonne la suite des sacrifices, et ce qui précède, est ainsi expliqué par Rachi : Qu’est-il dit auparavant ? Que l’Éternel institue un chef. Le Saint, béni soit-Il, lui dit : « Au lieu de Me faire des recommandations dans l’intérêt de Mes enfants, donne-leur des ordres en Mon honneur. » Moïse ici est comparable à une princesse qui, en quittant ce monde, fait à son époux des recommandations au sujet de ses enfants. Son mari lui répond : « Au lieu de me recommander les enfants, conseille-leur plutôt de ne pas se révolter ni me traiter à la légère. »

 Ainsi dit l’Éternel : « Dis plutôt à Mes enfants de ne jamais Me confondre avec des dieux étrangers. » (Sifré).

Le rapport des sacrifices avec le Pays d’Israël ressort déjà de la réponse donnée jadis à Abraham par l’Éternel, lorsqu’il Lui avait demandé, au moment de «l’alliance entre les morceaux »: « Comment saurai-je que je posséderai le Pays ? » (Genèse 15, 8) « Les sacrifices quotidiens en seront la garantie », répondit l’Éternel. En effet, les sacrifices qu’ils offriront tous les jours représentent le dévouement quotidien et personnel de chaque juif pour son idéal.

Dans notre rituel, et en particulier dans la Amida il est fait allusion à ces sacrifices des Justes en Israël, à la bénédiction « Retsé »: « Les offrandes d’Israël et ses prières, accueille-les avec bienveillance ».   Cette phrase fait écho aux innombrables victimes d’Israël qui tombent régulièrement en l’honneur de D.ieu.

Rabbi Chimchone Refael Hirsch, envisage la question dans la perspective suivante. « L’œuvre de Moïse, pour aussi importante qu’elle se présente, n’est pas fonction exclusivement de sa personnalité exceptionnelle. Son œuvre sera reprise, continuée et achevée par ses disciples, par le peuple tout entier. Ce n’est pas seulement la Torah de Moïse, mais c’est la Torah d’Israël qu’il s’agit de perpétuer. C’est peut-être pour cette raison que l’annonce de la succession de Moïse est suivie de l’énumération des sacrifices perpétuels. Ces sacrifices, dont certains sont quotidiens, symbolisent la perpétuité de la tradition de Moïse et la permanence de ses institutions. A vrai dire, ce chapitre de notre sidra sur les sacrifices est la fin de la partie législative proprement dite. C’est, nous enseigne-t-on, la dernière loi de l’époque du désert, car elle doit réunir toute l’expérience salutaire accumulée durant ces longues années.»

La raison pour laquelle, dans l’énumération qui suit, les sacrifices de Moussaf sont spécialement mentionnés, c’est que les sacrifices publics et collectifs sont sous la loi de la responsabilité collective.

Les Bné Israël commençaient à se rendre compte des charges et des droits de la responsabilité collective qu’ils allaient assumer dans leur patrie.

Enfin le commandement relatif aux sacrifices ouvrait aux Juifs des perspectives sur l’avenir messianique, et l’auteur du Chla  les détaille longuement. L’avenir messianique, en effet, réserve à Israël les «suppléments» de sainteté et de bénédiction auquel le moussaf, c’est-à-dire le « supplément » des jours de fête, fait allusion.

C’est à cause de ce rapport avec le messianisme que la lecture publique de la sidra de Pin’has  a lieu en général pendant les « trois semaines », entre le 17 Tamouz et le 9 Av, réveillant ainsi l’espérance en des temps meilleurs. En effet, D.ieu n’envoie jamais une plaie avant d’en avoir créé le remède (Meguila 13 b). Cette connexion se produit déjà dans la mention de Pin’has en tant que précurseur du Messie. C’est encore l’idée messianique qu’évoque la loi sur la succession puis le problème même de la succession de Moïse.

Enfin la législation des sacrifices nous fait entrevoir, à son tour, l’avènement de l’ère messianique dans les offrandes de Souccot.

Ainsi toute cette sidra et celles qui la suivent sont axées sur le Messie et apportent un message optimiste à l’époque où elles sont lues.

d’après La voix de la Torah

fleuve

Quand le ruisseau devient rivière

Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob, tes demeures, Ô Israël.Elles se developpent comme des vallées, comme des vergers le long d’un fleuve. D.ieu les a plantées comme des aloès, comme des cedres aux bord des eaux.

(Nombres 24, 5-6).

      Invité par Balak, roi de Moab, Bileam était arrivé dans le désert, avec la ferme intention de maudire le peuple juif, mais au lieu d’une malédiction, ce sont de magnifiques prophéties, présageant des bénédictions qu’il a prononcées à la gloire du peuple juif.

 

      Nos Sages ont cherché la relation qui existe entre les fleuves et les tentes dont parle Bileam : Pourquoi les tentes sont-elles évoquées après les fleuves ? C’est pour nous apprendre que comme les fleuves entraînent la purification de ceux qui s’y immergent, les tentes (allusion aux synagogues et aux maisons d’études talmudiques) favorisent pour l’homme qui les fréquente le passage d’un état condamnable à un état louable (Bérakhoth 16a) .

     Effectivement, nous constatons que des personnes qui ont longtemps séjourné à la yéchiva et au bet hamidrach, (centre d’études talmudiques) présentent : des traits de caractère plus purs, plus raffinés : elles parviennent à dominer leurs mauvais penchants, luttent contre leurs faiblesses, renforcent leurs vertus. Mais comment comprendre, le passage de l’état d’impureté à celui de pureté ? Par quel procédé, aboutit-on à cette métamorphose, à la suite de l’immersion dans le fleuve, ou dans un lieu que nous connaissons mieux et qui est le mikvé, le bain rituel ? De même, la personne qui s’éveille le matin, prend un récipient plein d’eau, et le verse par trois fois alternativement sur chacune de ses mains, chasse ainsi l’esprit impur qui l’a habitée pendant la nuit. Comment s’effectue cette opération ? On peut se poser la même question à propos d’autres actes rituels qui font passer l’homme de l’état d’impureté à celui de pureté.

Il est possible de donner à cette question une première réponse, qui est fort simple : les commandements divins sont inaccessibles à notre jugement humain limité.

 La Torah est d’essence divine, nous ne pouvons comprendre le sens et le pourquoi des mitsvot : nous devons nous contenter de les accomplir. L’effet purificateur du mikvé  est mentionné dans la Torah : Celui qui se purifie…, se baignera et deviendra pur. C’est un axiome. Mais nos Sages ont cherché en guise d’explication, à éveiller en l’homme, au moyen de symboles, l’aspiration à des qualités semblables aux caractéristiques de l’eau : l’eau se dirige des hauteurs vers des vallées, ce qui signifie que l’homme doit aspirer à la modestie, et à l’humilité. L’eau fait pousser les plantes, de même l’étude de la Torah garantit l’élévation de celui qui s’y consacre. L’eau descend du ciel par gouttes pour former des fleuves, de la même manière, l’homme étudie la Torah par petites doses suivies, jusqu’à devenir un grand savant.

L’eau, c’est la source de vie pour le monde, la Torah aussi assure la pérennité du monde.

(d’après Lectures Chabbatiques)

beth hamikdash

Le pouvoir de la parole

Et l’Eternel parla à Moïse en disant: « Prends le  bâton et assemble  la communauté,  toi ainsi qu’Aharon  ton frère, et parlez au  rocher en leur présence, et il donnera ses eaux.  Tu feras couler, pour eux,  de l’eau de ce rocher, et tu désaltéreras la communauté et son bétail. »

Moïse prit le bâton  de devant l’Eternel comme Il le lui avait ordonné.   » Puis Moïse et  et Aharon   rassemblèrent  l’assemblée devant le rocher, et il leur  dit: Or. ô rebelles ! Est-ce que de ce rocher nous pourrions faire sortir  de l’eau pour  vous? »  » Et Moïse leva la main, et il frappa le rocher de son bâton  par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance,  et la communauté et ses bêtes en burent.

Mais l’Eternel dit à Moïse et à Aharon: « Puisque vous n’avez pas eu  confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, aussi ne conduirez-vous pas ce peuple dans le pays que Je leur ai donné. » Ce sont là les eaux de Meriva, parce que les enfants d’Israël contestèrent  D.ieu, qui fit éclater Sa sainteté par elles.

 

Nos Sages nous enseignent que si Moïse notre maître était entré en  terre d’Israël, le Temple qu’il aurait construit aurait été éternel. Personne n’aurait pu le détruire. Le ‘Hatam Sofer étabit un lien entre la faute des  eaux de meriva(contestation) et la destruction du Temple.

D.ieu avait dit à Moïse : « Vous parlerez au rocher devant leurs yeux. Cependant, au lieu de lui parler, Moïse l’a frappé : « Il frappa le rocher de son bâton à deux reprises ». Par cela, Moïse a manqué l’occasion de mettre en évidence le pouvoir de la parole.

Le peuple pouvait en déduire que seul l’acte est effectif, la parole n’ayant pas suffisamment de puissance. Or, c’est justement à cause de cette optique erronée que l’homme se permet de fauter par la parole, de dire du lachone hara (médisance), par exemple. Jamais il n’oserait frapper son prochain, agir contre lui. Mais il lui semble que quelques paroles de médisance ne lui feront certainement aucun mal. Après tout, ce ne sont que des mots, pense-t-il.

Quelle terrible erreur ! En frappant le rocher au lieu de lui parler, Moïse a manqué l’opportunité de donner une leçon essentielle au peuple d’Israël pour toutes les générations : celle du pouvoir de la parole. Quelle en fut la conséquence ? La destruction du Temple causée, comme on le sait, par la faute de la haine gratuite et de la médisance.

Le pouvoir de la parole est également abordé dans la suite de notre section. Moïse a envoyé des messagers demander au roi d’Edom la permission de traverser son pays. En lui faisant le récit de leurs souffrances en Egypte, les messagers devaient dire au roi : « Nous avons imploré l’Eternel et Il a entendu notre voix » (20, 16). Rachi précise sur ce verset : « Notre père a donné à Ya’akov la bénédiction « la voix, c’est la voix de Ya’akov » (Genèse 27, 22). Cela veut dire que si nous prions, nous serons exaucés ». En adressant ce message au roi d’Edom, Moïse voulait lui faire entendre que notre force réside dans la voix, dans la prière.

Le roi le comprit si bien qu’il leur répondit : « Tu ne passeras pas par chez moi sinon je sortirai à ta rencontre avec l’épée » (20, 18). Rachi ainsi explique les propos du roi : « Vous vous vantez [du pouvoir] de la voix que votre père vous a légué en disant : « Nous avons crié vers D.ieu et Il a entendu notre voix », eh bien, moi Je sortirai contre vous avec ce que mon père m’a légué « Tu vivras de ton épée » ! (Genèse 27, 40) ».

La réponse du roi d’Edom suscite une question : S’il connaissait si bien le pouvoir des bénédictions de leur ancêtre commun, Isaac, ne savait-il pas que « lorsque la voix de Ya’akov retentit dans les synagogues et les maisons d’études, les mains de ‘Essav n’ont pas d’emprise » (Genèse Rabba 65, 16) ?   Comment le roi d’Edom a-t-il eu l’audace de menacer les enfants d’Israël de son épée?

Nous remarquons que, dans notre passage, le mot kolénou notre voix, est ‘manquant’ : il est écrit sans la lettre vav. Cela veut peut-être insinuer que s’il manque quelque chose à notre prière, les mains de ‘Essav peuvent avoir un pouvoir sur nous. C’est parce que nous ne sommes pas conscients du pouvoir de notre « voix », de notre prière que nous sommes distraits, et que nous n’y mettons pas la ferveur requise. Lorsque notre prière perd de son pouvoir, nous courons le risque de tomber sous la menace des mains d’Edom.

Rabbi ‘Hayim de Volozhyn dans son livre  »L’âme de la vie » explique qu’en fait  le monde est subdivisé en trois׃ le monde de l’action, le monde de la parole, et le monde de la pensée. La mitsva par excellence sera celle qui concernera les trois mondes.

Selon le Zohar, le Chabbat sera un chabbat idéal si les actes, les paroles et les pensées de ce jour saint seront sous notre contrôle absolu. Pour ce faire, des efforts constants et ardus sont nécessaires pendant de nombreuses années.

L’action bonne ou mauvaise est réelle, palpable, matérielle. Elle met en jeu tous les sens (ouie, odorat, toucher…) Elle correspond au monde le plus inférieur.

La parole a un impact sur des mondes supérieurs et la pensée sur des mondes encore plus supérieurs.

La mauvaise parole ou médisance a le pouvoir de détruire des mondes supérieurs outre les nombreux dégâts matériels qu’elle peut provoquer.

La bonne parole au contraire, comme l’étude de la Torah ou la prière a le pouvoir de construire des mondes supérieurs.

Selon le Zohar, la prière a un effet cosmique, car chaque mot de l’alphabet hébraïque est composé de lettres qui elles mêmes sont des compositions de lettres.

Pour exemple la lettre lamed est composée elle-même de trois lettres qui sont lamed, mem et dalet. A leur tour chacune de ces lettres peut être décomposée et ceci a l’infini.

Chaque mot de Torah ou de prière aura donc des répercussions favorables à l’infini.

Soyons conscients de la puissance cosmique de notre « voix » : Elle peut amener la plus grande destruction mais aussi la plus grande délivrance.

(adapté à partir de Imré Cohen)

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PARACHAT CHELA’H LEKHA 5774

L’Éternel parla à Moïse en ces termes:

« Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur.

Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité.

Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous mes commandements, et vous serez saints pour votre Dieu.

Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour devenir votre Dieu, moi, l’Éternel votre Dieu! »

(Nombres 15; 37-41)

Il se peut que nous sachions ce qui est bien, mais il existe tant de choses qui nous le font oublier. Il est parfois si difficile de se souvenir…

D.ieu sait tout cela, et c’est pourquoi II nous a donné, sous la forme d’un commandement, un signe permanent, ainsi que l’énonce clairement la Torah : « Cela formera pour vous des Tsitsit, dont la vue vous rappellera tous les commandements de D.ieu, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité ».

Ainsi, au sens le plus simple, les Tsitsit  servent à rappeler. Nous les attachons à nos vêtements comme l’on fixe un fil à son doigt ou à sa ceinture afin de se remémorer quelque chose. Pour d’autres, les Tsitsit  forment une réminiscence du fouet signe que nous serons un jour comptables de toutes nos actions, bonnes ou mauvaises, et ainsi, que nous devons obéir aux commandements de D.ieu sans nous laisser entraîner par nos désirs.

Outre ce bénéfice immédiat, la Torah nous parle également d’un effet à long terme. D.ieu s’adresse ici directement à nous : « Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous Mes commandements, et vous serez saints pour votre D.ieu. » Ce qui veut dire que si nous faisons des Tsitsit l’objet constant de nos pensées, apte à nous empêcher de nous laisser égarer par les tentations du monde, nous nous habituerons à nous souvenir des commandements de D.ieu. Et celle prise de conscience, par contrecoup, nous fera devenir « saints », c’est-à-dire immergés dans le divin, et non plus dans nos désirs matériels.

L’énoncé du commandement s’achève par un rappel de la sortie d’Egypte : « Je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour devenir votre D.ieu, Moi, l’Eternel votre D.ieu. »

La Torah vient souligner ici la raison pour laquelle la prescription des Tsitsit  à l’instar des autres mitsvot, a été donnée exclusivement aux enfants d’Israël et non à tous les peuples. C’est qu’il existe entre D.ieu et les enfants d’Israël une alliance spéciale qui a été forgée par l’Exode. Dieu dit ici : « Je vous ai fait sortir d’Egypte pour être votre D.ieu. » Les miracles de l’Exode comportaient un but bien spécifique, celui d’affermir cette relation à nulle autre pareille entre le Créateur et Israël. C’est pourquoi II répète : « Moi, l’Eternel votre D.ieu » – maintenant et à tout jamais.

L’Exode a été un événement unique dans les annales de l’humanité. Ce fut la seule fois où D.ieu se soit jamais révélé à un peuple tout entier, en changeant littéralement le cours de la nature et de l’histoire.

La Torah nous demande par conséquent : « Dieu s’est-Il jamais aventuré à aller se chercher un peuple au lieu d’un autre peuple, à force d’épreuves, de signes et de miracles […] comme l’Eternel votre D.ieu l’a fait pour vous, en Egypte, à vos yeux ? Vous avez là la preuve indiscutable que l’Eternel est votre D.ieu, et qu’il n’en est point d’autre (Deutéronome 4,34).

 

D.ieu a fait sortir d’Egypte tout le peuple juif, pour l’amener ensuite au pied du Mont Sinaï où il a, dans sa totalité, entendu Son message. Il est particulièrement significatif de relever que les tout premiers mots des Dix Commandements sont : « Je suis l’Eternel, ton D.ieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, d’une maison d’esclavage » (Exode 20, 2, Deutéronome 5, 6).

Ils constituent à la fois le point culminant et la réalisation de l’épopée de l’Exode. C’est à cause de cette alliance unique forgée au moment de l’Exode que le peuple juif est seul tenu d’observer les commandements de la Torah, destinés à le préserver et à le maintenir à un niveau élevé de spiritualité. C’est pourquoi D.ieu nous dit : « Je suis l’Eternel votre D.ieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte. Observez donc toutes Mes lois et tous Mes statuts, et accomplissez-les : Je suis l’Eternel »  {Lévitique 19, 36-37).

L’Exode place ainsi une responsabilité très particulière sur les épaules du  peuple juif. D.ieu nous a sauvés de l’esclavage, mais pour devenir notre Maître : « Car c’est à Moi que les enfants d’Israël appartiennent comme esclaves, à Moi qui les ai tirés du pays d’Egypte, Je suis l’Eternel votre D.ieu » {Lévitique 25,55).

Aussi les Tzitzit que nous portons constituent-ils d’une certaine manière un insigne, destiné à proclamer que nous sommes les sujets de Dieu.11 Cet assujettissement unique en son genre est le résultat de l’Exode.

La Torah y fait allusion en nous enjoignant de porter les Tsitsit  pour être « saints pour votre Dieu ». Le mot « saint » comporte deux significations : la première une proximité à D.ieu, la seconde une séparation de ce qui n’est pas dans l’ordre du divin.

Nous portons les Tsitsit comme signe de notre relation spéciale avec D.ieu, comme une marque d’acceptation de Sa Torah. Dieu réitère le concept de cette relation en déclarant : « Soyez saints pour Moi, car Je suis saint, Moi l’Eternel, et Je vous ai séparés d’avec les peuples pour que vous soyez à Moi » (Lévitique 20, 26).

Mais il nous faut comprendre la raison de tout ceci. Pourquoi le peuple juif détient-il  cette spécificité ? Pourquoi D.ieu a-t-Il dû choisir, au sein de l’humanité, un groupe particulier pour Le servir ?

D.ieu avait besoin d’un peuple distinct chargé de guider le reste de l’humanité et de lui montrer la voie. Jetant Son regard sur les générations qui allaient suivre Abraham, Il vit que l’humanité dans son ensemble ne parviendrait pas à maintenir un haut niveau moral et spirituel.

C’est pourquoi Il choisit Abraham et sa descendance pour être Ses représentants spécifiques et proclamer Ses enseignements à travers le monde entier. D.ieu nous a révélé ce projet par l’intermédiaire de Son prophète : « Moi, Dieu, Je t’ai appelé pour la justice […] et Je t’établis pour la fédération des peuples et la lumière des nations » {Isaïe 42,6).

Le peuple juif remplit constamment cette mission, mais c’est à l’ère messianique qu’elle portera ses fruits. Lorsque tout le peuple sera  ramené  à D.ieu par le Messie, il  exercera son influence sur toute l’humanité dans cette direction. Ceci constitue l’une des principales prophéties de l’époque messianique :

« Il arrivera, à la fin des temps,

Que la montagne de la maison de D.ieu

Sera affermie sur la cime des montagnes…

{Isaïe 2,2-4)

 

Ces versets nous enseignent que le peuple juif à l’ère messianique, jouira d’une position unique de direction morale. Mais qui, parmi eux, sera en mesure de pouvoir exercer une telle autorité ? Quels sont ceux qui seront jugés aptes à répandre la parole de D.ieu vers le reste du monde ?

Nos Sages nous enseignent que ces êtres d’élite seront ceux qui observeront avec soin le commandement des Tsitsit, comme l’a prédit le prophète : « En ces jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de l’habit [contenant les Tsitsit, porté par] un homme juif, en disant :  »Nous voulons aller avec vous, car nous avons entendu dire que D.ieu est avec vous » (Zacharie 8,23).

 

La Torah comporterait, non pas cinq, mais sept livres !

Et ils firent, à partir du mont de l’Eternel, un chemin de trois jours.  L’arche de D.ieu marcha à leur tête l’espace de trois journées, pour leur choisir une halte, et la nuée de D.ieu planait au-dessus d’eux, le jour, à leur départ du camp.

Or, lorsque l’arche partait, Moïse disait : « Lève-toi, D.ieu  afin que Tes ennemis soient dissipés et que Tes adversaires fuient de devant Ta face ! » Et lorsqu’elle faisait halte, il disait : « Reviens siéger, D.ieu parmi les myriades des milliers d’Israël ! »

(Nombres 10, 33-36)

 

Ces versets, récités dans nos synagogues les jours de lecture de la Torah  sont d’une importance particulière qui s’insère difficilement dans le contexte. A tel point que, d’après certaines opinions, ils constituent à eux seuls l’un des livres de la Loi. Ainsi, la Torah comporterait sept livres au lieu de cinq. Dans le texte de la Torah, ce passage est placé entre deux noune renversés qui forment une parenthèse. Rachi précise que ce passage se trouve à cet endroit pour marquer une interruption entre deux événements malheureux. Il s’agit du départ du Mont Sinaï qu’Israël effectua avec soulagement comme un enfant qui s’enfuit de l’école et du triste épisode des contestataires avides de viande.

Essayons à présent d’approfondir ce sujet.

Le Talmud rapporte : «Ce passage, D. l’a encadré de  »simanyot  » (signes en manière de parenthèses ou crochets) pour indiquer qu’il ne se trouve pas là à sa place. Rabbi dit que ce n’est pas à ce titre qu’ont été mis ces signes, mais parce que ce passage peut être considéré en soi comme un livre (de la Bible), ainsi que l’indique Rabbi Samuel bar Na’hman au nom de Rabbi Jonathan : «  La Sagesse s’est bâti une maison . Elle en a sculpté les sept colonnes» (Proverbes 9, 1), ce sont les sept livres de la Torah, conformément à la thèse de Rabbi. Contradictoirement à celle-ci, Rabban Siméon ben Garnliel estime que ce passage sera dans le futur retiré de là pour être remis à sa place et que, si (pour le moment) il figure ici, c’est pour établir une séparation entre deux défail­lances successives (d’Israël). Sa place véritable, selon Rav Achi, se situe à la descrip­tion des bannières » (Chabbat  115b, 116a). (De cette description jusqu’ici il y a cinquante paragraphes, nombre représenté par la lettreנ   que nous trouvons ici inversée).

Les parenthèses (ou crochets) en question ont la forme d’un  נrenversé, qui est, selon une opinion citée dans le Talmud celui qui manque dans l’acrostiche alphabétique du psaume 145 (couramment intitulé achré). Il signale la chute (nefila) aussi est-il repris au verset suivant  « Dieu soutient tous ceux qui tombent ». Si donc les נ qui apparaissent ici à l’envers annoncent le début de la chute d’Israël (dont la première défaillance était la fuite en vue de se dérober aux lois du Sinaï), ils marquent en même temps l’espoir du soutien divin.

Maintes interprétations ont été données à ces signes. Contentons-nous d’indiquer encore celle du Zohar, selon laquelle le נ   représente ici la Majesté divine (Chekhina), qui s’apprête à  soutenir  ceux  qui  vont  tomber.  Lorsque  l’Arche  s’éloigna  d’une  distance  de  trois journées — marquant le désir de s’écarter d’Israël qui se montrait ingrat — Moïse appela : «Lève-Toi, ô Eternel! Ne nous abandonne pas, fais halte et attends-nous. Retourne-Toi, regarde derrière l’Arche et vois Ton peuple ».  « Mon bien-aimé est pareil au chevreuil ou au faon des biches (qui se retourne tout en prenant de l’avance) (Cantique des cantiques 11, 9). Le voici qui se tient derrière notre muraille, qui regarde par les fenêtres, qui observe par le treillis!». Puis d’ajouter: «Reviens siéger, ô Eternel, parmi les myriades des milliers d’Israël ! »

Nous lisons dans le Talmud que la Majesté divine (Chekhina) ne repose jamais sur moins de vingt-deux mille âmes : vingt-deux mille était le nombre des légions célestes entourant le trône divin. C’était également, par ailleurs, le compte de la tribu des Lévites et Moïse implora D.ieu de revenir siéger parmi ceux-ci, qui étaient restés des justes en toutes circonstances (Yebamot. 64 a).

La conception, selon laquelle ces deux derniers versets doivent former un livre important à part, est étudiée par Rabbi Chimchon Refael Hirsch comme suit. «Cette marche à travers le désert s’accompagne, à chaque départ comme à chaque arrivée, d’une prière dont le texte figure dans les versets 35 et 36 du chapitre 10,   versets qui accompagnent aujourd’hui encore la sortie et la rentrée du sépher Torah lors des offices publics. Selon la tradition dont les textes hébraïques portent la trace, ces deux versets sont encadrés de deux « noune » renversés, placés là comme signes particuliers destinés à faire ressortir ces versets du contexte, ceux-ci formant ainsi un livre particulier. En conséquence, le quatrième livre de la Torah se composerait en réalité de trois parties : la première, du début des Nombres jusqu’au verset 34 (inclus) du chapitre 10, la deuxième constituée par les versets 35 et 36,  la troisième allant du chapitre 11 à la fin du livre.

La Torah comporterait donc, non pas cinq, mais sept livres, auxquels, selon Rabbi Jonathan, ferait allusion la phrase des Proverbes (9 ,1) «La Sagesse s’est bâti une maison et en a sculpté les sept colonnes. »

Il s’agit pour nous de comprendre le sens de cette indication particulière. Quel en est le contenu ? Chaque fois que l’Arche Sainte se met en mouvement, Moïse appelle la présence de D.ieu à la tête du dispositif de marche, pour assurer la dispersion des ennemis. Quand l’Arche marque un temps d’arrêt, Moïse invite la présence divine à rejoindre les milliers d’Israélites. Moïse sait que l’Arche, symbole de la Loi, rencon­trera au cours de sa marche à travers le monde d’innombrables ennemis, et que seule une aide divine permanente évitera à la Loi et à ses porteurs, de succomber sous les coups des assaillants. Il sait qu’aussi longtemps que cette Loi reposera sur les épaules du peuple, elle vivra victorieusement.

Autrement dit, le jour où l’Arche de D.ieu, incarnation de Sa volonté, aura trouvé la paix et la reconnaissance des hommes, Israël aussi pourra se grouper autour d’elle, dans une harmonie qui ne sera plus troublée, en une multitude qui dépassera de loin le nombre des fils d’Israël du passé. (Effectivement, le texte parle des « myriades de milliers » d’Israël, ce qui représente au minimum le nombre de vingt millions d’individus, chiffre qui ne fut jamais encore atteint durant l’histoire du peuple, mais qui pourra être celui des temps messianiques, auxquels cette vision se rapporte). Les deux versets ressortent de l’ensemble du récit, et sont extérieurement marqués dans leur caractère spécifique. Nous sommes en présence d’une prophétie extraordinaire, qui nous offre la vue la plus large sur l’avenir du peuple. Toute l’histoire d’Israël, si intimement liée au destin de la Loi, est devant nous.

L’identité totale de la volonté de D.ieu avec celle du peuple ressort de ces versets comme le but final à atteindre. Ces deux versets sont donc le véritable guide, qui, au delà des temps du désert, donnera sa direction à la marche de la nation.

kotel-Birkat-Cohanim

Lorsque Hachem nous demande de nous bénir mutuellement…

LA BENEDICTION DES PRETRES ou BIRCAT COHANIM

D.ieu parla à Moïse en ces termes : Parle ainsi à Aaron et à ses fils : Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël, vous leur direz :

Que D.ieu te bénisse et te protège ! 

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant !

Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix !

(Nombres 6, 22-26)

 

Le premier Nissan de la deuxième année de la Sortie d’Egypte, jour particulièrement faste et glorieux réunit dix couronnements, entre autres l’inauguration du Tabernacle, l’apparition de la Majesté divine au-dessus du Sanctuaire, la consomption des sacrifices par le feu sacré descendu du ciel (Chabbat 87b).

C’est en ce jour aussi, qu’Israël reçut pour la première fois la bénédiction des Cohanim selon la formule que D.ieu avait ordonnée.

Cette bénédiction céleste est devenue nécessaire à cause de la jalousie des peuples du monde envers Israël, qui ne concevaient pas qu’un peuple d’esclaves ait pu atteindre en quelques mois un niveau où la Chekhina semblait se confondre avec lui.

La haine, l’hostilité, l’envie allaient sévir contre Israël.

Et, au cours du trajet dans le désert, Bil’aam fils de Bé’or, allait tenter de l’anéantir par des paroles de malédiction. Prémunir le peuple contre cette sorte d’attaque, c’était le préserver. Le moment vint où, du haut des cieux, D.ieu s’écria à l’adresse de Bil’aam : Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni. (Nombres 22, 12).

C’est pourquoi D.ieu a confié aux patriarches successifs la tâche de bénir les enfants d’Israël – responsabilité dont l’exclusivité reviendra par la suite aux Cohanim.

L’objet de la bénédiction qu’un homme peut appeler sur son prochain demeure toujours obscur, car nous ignorons ce qui constitue réellement un bienfait.

Comment prévoir les conséquences éventuelles de la bénédiction que nous formulons ?

La Torah nous révèle à travers la bénédiction des Cohanim que la seule façon de concevoir une bénédiction qui soit profitable à notre condition humaine, consiste à implorer D.ieu afin qu’Il adresse à notre prochain

la bénédiction adéquate qu’Il est le seul à connaître.

Ainsi, bien qu’énoncée à la deuxième personne, la bénédiction générale s’adresse en particulier, à chacun de nous, sans avoir de signification strictement personnelle.

Elle n’est soumise à aucune condition. Au cours des nombreuses promesses de récompense de la Torah, nous sommes habitués à l’introduction : Si vous obéissez à Ma loi, si vous suivez Mes préceptes, etc.

Rien de semblable dans la bénédiction des Cohanim : elle est absolue et inconditionnelle. Elle nous laisse entrevoir qu’elle peut être accordée par D.ieu partiellement ou totalement – mais, qu’en tout cas, elle n’apporte que des bienfaits pour tous les membres de la nation. (La voix de la Torah, Nombres 6, 22)

 

Trois bénédictions composent la Bircat Cohanim :

 Que D.ieu te bénisse et te protège 

La première bénédiction se rapporte aux biens matériels de l’homme : donner et protéger sont ici l’essentiel. Quand on donne à quelqu’un des biens matériels encore faut-il le protéger de toutes les forces destructrices (maziquim), sinon « celui qui acquiert l’opulence par un procédé inique, devra l’abandonner au beau milieu de ses jours, et sa fin sera misérable » (Jérémie 17, 11).

 

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant

Cette bénédiction concerne la relation personnelle que l’homme entretient avec D.ieu.

 

Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix

Cette bénédiction s’applique aussi bien à la paix individuelle, qu’à celle qui doit régner dans la famille, dans la nation et dans tout l’univers.

L’exemple de cette paix nous est fourni dans le firmament qui nous entoure : D.ieu établit la paix parmi les milliers d’étoiles qui se trouvent dans les cieux et parmi les éléments qui sont des « adversaires déclarés » : le feu et l’eau. Nous levons nos regards vers les cieux et, chaque jour, nous admirons cette harmonie.

 

Pourquoi la bénédiction pour la paix entre les hommes figure t- elle toujours en fin de prière dans la ‘Amida, le Qadich, les actions de grâce après le repas et l’énumération des sacrifices où les Chelamim sont cités en dernier (Lévitique 7, 37) ?

La paix apparaît comme l’objectif suprême. Les Chelamim – dont le nom est un dérivé de chalom – sont destinés à rétablir la paix entre l’homme et son Créateur, entre l’homme et son prochain, entre l’individu et sa conscience.

 

Pour nos Sages, la paix n’est pas une simple donnée de la Création, ni une loi de la nature. Elle n’est pas une doctrine de pacifisme à outrance, consistant à rechercher la paix à n’importe quel prix en abandonnant des principes sacrés ou en renonçant catégoriquement à l’emploi de la force.

La paix suppose un effort permanent pour parvenir à une situation où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société sont enfin surmontés, et où les éléments qui les fondent deviennent les composantes du vaste système d’harmonie universelle couronné par le royaume de D.ieu sur terre. Voilà donc pourquoi la paix apparaît dans nombre de nos prières comme l’ultime bénédiction. (Sefer haIkarim 4, 51)

 

Rabbi Yehochoua ben Lévi compare la paix au ferment de la pâte, à l’élément promoteur du mouvement et du progrès au sein de la société. Depuis que la paix et l’harmonie, qui régnaient au Gan Eden, ont été brisées par la faute originelle, les hommes ont la mission de les rétablir dans leur splendeur initiale, en consacrant à cette tâche permanente le meilleur d’eux-mêmes.

La paix demeure le grand idéal universel dont la réalisation essentiellement dépend de la volonté des hommes.

 

tsahal

Discipline et ordre dans les légions d’Hachem

D.ieu parla à Moïse, dans le désert de Sinaï, dans la Tente d’assi­gnation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d’Egypte en disant : « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons pater­nelles, par dénombrement nominal de tous les mâles, comptés par tête. Depuis l’âge de vingt ans et au delà, tous ceux d’Israël qui partent pour l’armée, vous en ferez le compte selon leurs légions, toi et Aaron. Avec vous sera un homme par tribu, un homme qui soit le chef de sa famille paternelle. Et voici les noms des hommes qui se tiendront avec vous…. « Ceux-là sont les convoqués de la communauté, princes de leurs tribus paternelles. Ce sont les chefs des milliers d’Israël». Moïse et Aaron prirent ces hommes, désignés par leurs noms.

Puis ils convoquèrent toute la communauté, le premier jour du second mois  et ils furent enregistrés selon leurs familles et leurs maisons paternelles, en comptant par noms ceux qui avaient vingt ans et plus, chacun individuellement, ainsi que D.ieu l’avait prescrit à Moïse dans le désert de Sinaï.

(Nombres 1, 1-19)

«Ceux-là sont les chefs des milliers d’Israël». Ce sont les douze princes. Ces princes (représentants de chaque tribu) sont donc également nommés, dans le quatrième livre, pour seconder Moïse dans sa tâche écrasante. Chacun d’eux est appelé par son nom ainsi que par le nom de son père. Fait remarquable, ces vingt-quatre noms propres contiennent pour la plupart le Nom de D.ieu, soit sous sa forme directe soit par le terme «Rocher», soit encore sous la forme «Chaddaï». Ces variantes dénotent une relation et une proximité de chacun avec D.ieu qui procèdent du meilleur esprit juif. Ainsi trouvons-nous : « paix en D.ieu », « D.ieu est mon père », « D.ieu est ma récompense », « D.ieu a jugé », « peuple de Chaddaï », etc. Nous pouvons donc prétendre, contrairement à de nombreuses thèses, qui parlent d’un paganisme latent au sein d’Israël, que, dès les premiers moments de l’histoire de la collectivité d’Israël, les responsables du peuple (et non pas Moïse seulement) étaient pénétrés du lien solide existant entre D.ieu et la communauté d’Israël, entre la fidélité à la Loi et la prospérité nationale.

Ces douze chefs forment une véritable élite et deviennent les artisans qualifiés d’une vraie démocratisation. En effet, c’est par leur intermédiaire que la connaissance de la Loi s’est répandue, et c’est grâce à eux que le travail gigantesque de Moïse a été placé sur de solides assises. Un détail qui dénote le caractère de leur délégation : chaque fois la nomination d’un chef commence par : «pour» (Chim’on), «pour» (Yehouda), etc. Donc, chacun a été choisi aussi bien en raison de ses capacités individuelles qu’en raison de la confiance dont il était investi par le choix du peuple. Ces hommes ne se considéraient pas comme des potentats ayant en main le pouvoir absolu, mais ils restaient conscients, comme tout chef digne de ce nom, de la délégation reçue et de la responsabilité qui l’accompagne.

Notons d’ailleurs au passage que les premiers chapitres du livre Bamidbar présentent tous une analogie frappante avec certains faits d’origine militaire : formation des unités, nomination des chefs, ordre de marche, ordre du campement. Il en résulte que le Législateur, sans donner au peuple l’allure d’un groupe militarisé, accepte ce que ce mode contient de bon, à savoir : la discipline et l’ordre. Cela importe d’autant plus qu’Israël s’approchait de la phase de la conquête et devait donc se présenter non pas comme une horde d’esclaves échappés à leur maître, mais comme un corps solide obéissant aux consignes et respectant les ordres.

C’est à cette même occasion aussi que nous rencontrons pour la première fois l’établissement d’une généalogie précise, dont la tradition a conservé les grandes lignes. En effet, Israël forme un tout à travers les temps et les générations successives.

La tradition de la famille constitue l’un des éléments les plus solides de la structure nationale. L’héritage spirituel et matériel du père doit continuer à porter le nom de celui qui a commencé l’œuvre sans pouvoir l’achever. Ainsi la continuité et l’identité du travail des générations seront intégralement maintenues.

Dans notre génération où les progrès technologiques des moyens de communication ont tendance à fragiliser la cellule familiale, il est bon que chacun de nous puisse participer avec sagesse, persévérance et responsabilité,  à la construction d’un espace sain permettant aux membres de sa famille, de garantir la pérennité du peuple juif.

Adapté à partir de La Voix de la Torah

limoud torah yeshiva

BehoukotaÏ – Importance de l’étude de la Torah

La récompense de celui qui s’adonne à l’étude de la Torah

Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez,  Je vous donnerai les pluies en leur saison, et la terre livrera son produit, et l’arbre des champs donnera son fruit. Le battage de vos grains se prolongera jusqu’à la vendange et la vendange durera jusqu’aux semaille. Vous aurez du pain à manger à satiété, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans le pays, et nul n’y troublera votre repos. Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles, et le glaive ne traversera point votre territoire.            (Lévitique 26, 3-6)

Le début de la paracha Bé’houkotaï (26, 3) semble traiter, d’une façon générale, des récompenses promises à ceux qui observent les commandements divins. Rachi, de son côté, semble restreindre la portée de la première expression : « Si vous vous conduisez selon Mes lois… » pour ne la rapporter qu’à l’étude intensive de la Torah. Ainsi donc, c’est l’étude de la Torah qui fixerait l’octroi des récompenses célestes. Pourquoi donner tant d’importance à la mitsva de Talmud Torah alors qu’elle ne constitue qu’un élément, certes primordial, de l’ensemble des 613 commandements?

Par ailleurs, un midrach sur ce passage rapporte : « J’ai calculé mes voies et je ramène mes pas vers Tes préceptes ! » (Psaume 119) Voilà ce que le Roi David veut dire : « chaque jour, je me préparais à aller à tel endroit, dans telle maison, mais mes pieds me conduisaient spontanément aux maisons de prière et aux maisons d’étude. »

Le campement du peuple d’Israël dans le désert était conçu de telle façon que le sanctuaire se trouvait au centre.

La maison de D.ieu, celle qui contenait la Loi de D.ieu dans l’Arche de l’alliance, constituait le milieu géométrique de tous les chemins traversant le camp. Chacun, même celui qui résidait très loin du centre, était conscient d’appartenir à un système dont la Torah forme nécessairement le point central.

C’est cela que Rachi veut souligner : pour accomplir son devoir vis-à-vis du Créateur, il n’est pas indispensable de s’occuper exclusivement de l’étude de la Torah. Toutes les options de l’existence peuvent être valables à condition de prendre inconditionnellement ses références dans le Choul’han ‘Aroukh (code de la loi juive basé selon la Torah).

 

C’est dans ce sens que l’on peut également interpréter le midrach rapporté plus haut. Le Roi David dirigeait ses pas chaque jour vers les endroits les plus divers. L’éventail de ses activités était extrêmement large et varié, mais il savait que partout et toujours, le point central de sa vie se trouvait à la synagogue et dans la maison d’études (bet hamidrach). C’est dans la Torah, et la Torah seule qu’il trouvait les indications qui furent les jalons de son existence.

A l’intérieur du judaïsme, nombreux sont ceux qui « habitent loin du Centre », qui ont abandonné partiellement, en grande partie ou totalement, les pratiques ancestrales. Nous n’avons pas le droit de nous désintéresser d’un seul d’entre eux. Tous font partie du « campement », à condition toutefois qu’eux-mêmes considèrent qu’ils y sont inclus, c’est-à-dire que la Torah dont ils sont éloignés,  forme le centre de leur système de valeurs.

Cependant, s’ils essayaient de se rassembler en un groupe dont le noyau ne serait plus la Torah éternelle, ils se placeraient en dehors du « camp » et empêcheraient, par cela même, la suite du dialogue.

De nos jours, la Yéchiva remplace le Sanctuaire dans le désert. La Yechiva n’est pas seulement une maison d’études, elle est le carrefour de tous ceux qui, envers et contre tout, veulent maintenir intacte la chaîne plusieurs fois millénaire de la tradition juive.

Le dirigeant spirituel au sein du peuple juif agit, activement et avec bonne grâce, en faveur du peuple. Son action contribue à l’instauration de la paix entre les différents membres de la communauté. C’est bien l’idée exprimée dans notre section: Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et si vous les exécutez — c’est bien l’oeuvre des Justes du peuple—  Je ferai régner la paix dans le pays… . Nous avons tendance à croire que la paix évoquée dans ce verset, est celle souhaitée entre Israël et les autres peuples. Mais les commentateurs bibliques, tels Ibn Ezra, Na’hmanide, et d’autres, interprètent différemment : Je ferai régner la paix entre vous et que ne vous adonniez pas à des querelles intestines, entre frères.

La paix entre frères, entre membres du même peuple, est le résultat le plus bénéfique de l’accomplissement des mitsvot, c’est cela la bénédiction. Cette bénédiction rejaillit sur tout le peuple, autant sur ceux qui observent les mitsvot que sur ceux qui les négligent, ce qui soulève le problème de la garantie mutuelle entre tous les enfants du peuple. C’est cette solidarité qui vaut à la multitude de profiter de la bonne « mesure » méritée par le Juste.

Nos Sages disent encore : Heureux sont les Justes car, leur mérite est considéré non seulement en leur faveur mais aussi en faveur de leurs enfants et descendants jusqu’à la fin des générations (Yoma 87a). Et ailleurs : Heureux sont les Justes, car c’est grâce à eux que la grâce divine réside sur la terre (Pesikta Rabati 5, 7).

Les paroles du verset qui suit s’éclairent à présent. Je fixerai Ma résidence au milieu de vous, et Mon esprit ne vous rejettera pas (Lévitique 26, 11). C’est par le mérite des Justes qui sont parmi vous, ceux-là qui se sacrifient sans cesse pour étudier la Torah, et qui par là, instaurent la paix entre vous. L’abondance et la bénédiction de D.ieu sont accordées au peuple par le mérite des Justes et c’est ce que nous récitons quotidiennement dans notre rituel : Les Talmidé  ‘Hakhamim  (les disciples des Sages) instaurent une paix considérable dans le monde (Berakhot 64a).