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But du jeûne : Réparer ses fautes

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Le 10 Tévet — comme toutes les dates fixes d’abstinence où la Communauté entière jeûne en mémoire des malheurs qui nous ont accablés à ces dates — a été institué afin de réveiller nos cœurs au retour vers Dieu et de frayer la voie à la pénitence. Ce jeûne doit nous rappeler notre mauvaise conduite et celle de nos pères, conduite semblable à la nôtre, qui a amené aux uns et aux autres les épreuves dont nous souffrons encore aujourd’hui. Ce souvenir nous incitera à faire téchouva, ainsi qu’il est dit (Lev. 26, 40) : « …ils confesseront leurs péchés et les péchés de leurs frères  » (Maimonide,  lois sur la Téchouva, chap. 5).

En effet nos Sages ont dit (Yérouchalmi Yoma chap. I) : « Toute génération qui ne voit pas le Temple reconstruit est fautive comme si elle en avait causé la destruction Car chaque génération peut, en revenant vers D.ieu de tout son cœur, hâter par sa téchouva —   agissante qui ne se contente pas de verbalisme —, la venue du Libérateur et le rassemblement de tous nos frères dispersés. Tant que la Gueoula tarde à venir, c’est le signe que nous n’avons pas encore vraiment fait pénitence et nous sommes en quelque sorte responsables de ce que le Temple reste en ruines !

Mais en aucun cas, nous ne devons renoncer à l’espoir de le voir bientôt reconstruit ! Car Dieu n’a pas « répudié Son peuple par un acte de divorce » (selon Isaïe 50, 1); Il n’a pas décrété un bannisse­ment perpétuel à son égard, ni un abandon définitif de son pays et de son Sanctuaire ! L’exil, la ruine, les souffrances ne sont que des manifestations passagères de son courroux (Is. 54, 7)! Chaque jour qui se lève peut être le jour de notre Libération, si nous le voulons.

Tous les jeûnes obligatoires, Yom Kippour et le 9 Av exceptés, il est permis de manger et de boire pendant la nuit qui précède le Taanit, le jeûne ne commençant qu’à l’aube du jour. Toutefois celui qui, après avoir dormi veut prendre une collation, avant l’aube, doit en exprimer l’intention avant de se coucher le soir.

Les personnes malades, même si leur vie n’est pas en danger, les femmes enceintes ou allaitant leur bébé, sont en principe dis­pensées du jeûne ; de même les enfants : au-dessous de 13 ans pour les garçons, 12 ans pour les filles. Ceux qui, pour des raisons de santé sont dispensés du jeûne, doivent cependant se contenter d’une nour­riture frugale, de ce qui est indispensable pour conserver leurs forces.

Tous les jeûnes institués par les prophètes en mémoire des malheurs qui ont frappé nos ancêtres et qui finalement ont amené la destruction du Temple, seront à l’avenir transformés en jours de joie, selon le passage de Zacharie (8, 19). « Ainsi parle D.ieu Cebaot le jeûne du quatrième mois et du cinquième, celui du septième et du dixième mois, seront transformés pour la maison de Juda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles… Mais chérissez la vérité et la paix. »

Dans les Communautés de rite séfarade, il est d’usage, le chabbat qui précède le 10 Tévet et le 17 Tammouz, après la lecture de la Haftara, de faire annoncer par l’officiant : « Frères de la maison d’Israël, écoutez ! Le jeûne du quatrième (ou du dixième) mois tombera tel et tel jour cette semaine. Que le Saint béni soit-Il le transforme en jour de joie et d’allégresse ! »

                                                                                                                 (adapté a partir des Ephemerides de l’année juive)

Le jeûne du 10 Tevet

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Durant 850 ans, le peuple d’Israël a habité le pays de Canaan depuis le jour où ils y étaient entrés sous les ordres de Josué. Plus de 20 générations s’y sont succédées jusqu’à l’époque où Nabuchodonosor, Roi de Babylone, conquit le pays et emmena captifs les habitants, en Mésopotamie Sur ces huit siècles et demi, 440 années se sont écoulées jusqu’à la construction du Temple de Salomon, et 410 années jusqu’à sa destruction par les Chaldéens.

D.ieu avait promis à Abraham « Tout le pays que tu aperçois, Je te le donne, et  à ta descendance, à perpétuité ! » (Genèse. 13, 15). Mais cette promesse était assortie d’une condition (Lévitique  20, 22) : « obser­vez toutes Mes lois et tous Mes statuts, et les exécutez, afin qu’il ne vous rejette point, ce pays où Je vous mène pour vous y établir » ! de même Lévitique 18, 28 : « craignez que cette terre ne vous vomisse si vous la souillez, comme elle a vomi le peuple qui l’habitait avant vous » ! Rachi remarque à ce propos : « on peut comparer cela à un fils du Roi à qui l’on fait manger une chose répugnante : elle ne se conserve pas dans ses intestins, ceux-ci la rejettent ! » ainsi le Saint béni soit-Il ne garde pas ceux qui transgressent Sa loi !

On sait que sur les 20 générations qui ont séjourné en Érets Israël avant que « la terre les rejette », nombreuses étaient celles qui n’ont pas observé l’alliance, qui ont souillé le pays en y pratiquant l’idolâtrie, adorant le Baal, l’Astarté et les dieux de tous les peuples… » De même, tous les chefs des prêtres et le peuple multi­plièrent leurs félonies, en se livrant à toutes les abominations des peuples, et souillèrent la Maison de l’Éternel, sanctifiée par Lui à Jérusalem… Ils raillaient les messagers de Dieu, dédaignaient ses paroles et tournaient en dérision ses prophètes, jusqu’à ce que le courroux du Seigneur s’accrut contre son peuple, de façon irrémé­diable » (II Chroniques 36). « Alors dans la neuvième année du règne de Sédécias, le dixième mois, le dixième jour de ce mois, Nabuchodonosor roi de Babylone, marcha avec toute son armée contre Jérusalem. Il campa sous ses murs, et on éleva des retranchements tout autour. La ville subit le siège jusqu’à la onzième année du règne de Sédécias… Le neuf du quatrième mois, la ville fut ouverte par une brèche » (II Rois, 25, 1-3).

« Le dixième jour du cinquième mois… Nébouzaradan chef des gardes, entra dans Jérusalem, il mit le feu au Temple du Sei­gneur… » (Jérémie 52, 12-13).

Ainsi, le commencement du châtiment, eut lieu le 10 Tévet, jour funeste où Jérusalem fut investie par Nabuchodonosor ! C’est la raison pour laquelle le jeûne de Tévet a été fixé.

 

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RABBI YAACOV ABI’HSSIRA (1806-1880)

 

En 1816, alors qu’il n’avait que 10 ans, le Tafilalet et toute la région connurent une grande famine. Sa mère inquiète lui avoua qu’elle n’avait plus rien à lui donner et lui de répondre tout naturellement : « mère, je vais aller au marché et avec l’aide de D…, je trouverai de quoi nous alimenter ».

Elle tenta de le dissuader car le marché était vide, mais il insista pour tenter sa chance. Il sortit et en approchant du marché il vit un homme de peau noire (chose inhabituelle dans cette région), chevauchant un grand mulet chargé de deux grands sacs. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, l’étrange personnage demanda à notre Maître : « charmant enfant, désires-tu te procurer du blé ? En effet, répondit-il, c’est dans ce but que je me dirigeai vers le marché. L’étranger continua de le questionner : as-tu des parents ? Et où habitent-ils ? » L’enfant l’accompagna et tout enthousiaste alla annoncer à sa mère ébahie qu’il avait trouvé du blé.

Entre-temps l’homme d’ébène avait déposé deux grands sacs pleins de blé dans la cour puis avait disparu. Les parents de notre Maître sortirent pour le payer, mais ils ne trouvèrent que le mulet attaché. Pendant quatre jours ils attendirent son retour, mais en vain. Ils comprirent alors qu’il s’agissait du Prophète Elie, qui était venu les secourir.

Dès l’âge de 16 ans, après le décès de son père, il fut investi des fonctions de Rav et responsable de la communauté de Rissani sous l’impulsion du Grand-Rabbin Mordékhai Ben Chimol. Celui-ci fut ébahi par ses connaissances dans tous les domaines de la Torah, et impressionné par ses vertus et qualités.

Un petit détail le concernant : chaque nuit il apprenait, par cœur, 18 chapitres de Michna. Il est impossible de décrire la vie extraordinaire de ce Saint homme comme en témoigne son propre fils, Rabbi Aharon, dans la préface des livres Doréch Tov et Ma’agalé Tsedeq. Quiconque était en contact avec lui s’en trouvait imprégné à la mesure du degré de sa propre âme.

Son vœu le plus cher était d’aller vivre en Erets Israel. A cinq  reprises il fit ses préparatifs, mais ses fidèles réussirent à le dissuader. Pourtant à la sixième tentative, il ne recula pas. Ses fidèles le suivirent pendant trois semaines en le suppliant de ne pas les abandonner. Mais il leur expliqua que cette fois-ci il répondait à un appel des cieux.

En route pour la Terre Sainte il fit escale à Damanhour, en Egypte. Il comprit qu’il était arrivé à sa destination finale et il demanda à reposer dans ce village, où avait séjourné 3500 ans auparavant son ancêtre, le Patriarche Ya’acov et ses enfants, le pays de Gochen.

Nos sages nous enseignent que les mérites des justes nous protègent plus encore après leur mort : c’est vrai pour notre Patriarche Ya’acov et c’est aussi vrai pour son digne descendant, notre Maître Ya’acov, comme va le montrer le récit suivant.

La main divine protégeait notre peuple bien avant la création de l’état d’Israël. Lors de la deuxième guerre mondiale, quand les tanks de Rommel se dirigèrent vers le « cœur du monde », les colonies juives ont sans aucun doute échappé à une mort certaine.

D’où est donc venu, en cet été 1942, l’ordre d’arrêter ces troupes ? Rommel était à l’époque à la tête de détachements surentraînés pour affronter le désert, et il ne fait aucun doute qu’elles auraient anéanti les soldats anglais se trouvant sur place. Après un contrôle total du continent européen le tyran voulait assujettir toute l’Afrique du Nord. C’est dans ce but qu’il envoya ses troupes et le renfort des blindés. Les troupes anglaises ne résistèrent pas longtemps à cette invasion, et les allemands arrivèrent aux portes d’Alexandrie, prêts à déferler sur Jérusalem et à livrer les juifs aux mains du mufti arabe. Les arabes en profitèrent pour maltraiter les juifs égyptiens, et c’est envahis par la haine, qu’ils se dirigèrent vers Damanhour où repose le sain et vénéré Rabbi Ya’acov ABIHSSIRA, de mémoire bénie. Ils saccagèrent la synagogue locale, brûlèrent un Séfer Tora et incendièrent le lieu de prières.

Cette même nuit, Rabbi Yitshak ALPIYA, de mémoire bénie, fit un rêve dans lequel apparut un homme vénérable qui l’interpella : 4‘puisque tu as l’habitude d’étudier sur les tombes des justes, pourquoi ne me rends-tu pas visite ?

Rabbi Yitshak répondit : qui est monseigneur ? La  réponse fut : Ya’acov ABIHSSIRA. Et où repose son honneur ? lui demanda Rabbi Yitshak. A Damanhour, en Egypte, et a présent dépêches-toi car de cela dépend le salut du peuple d’Israël.

Dès l’aube, Rabbi Yitshak se rendit à la synagogue de Beth-El (la synagogue des Cabbalistes dans la vieille ville de Jérusalem), et il raconta son rêve à ses compagnons d’étude.

Après la prière de Cha’hrit, il se rendit en compagnie de deux autres rabbins chez le gouverneur turc afin d’obtenir un laissez-passer pour l’Egypte, pour lui et neuf autres compagnons.

Le gouverneur lui répondit qu’il lui était interdit de délivrer un laissez-passer car un état d’urgence avait été décrété. C’est alors que Rabbi Yitshak lui raconta son rêve, en insistant sur le fait que l’objet de leur doléance était de prier sur la tombe du Saint.

Le gouverneur lui dit de voyager seul dans le train qui transportait les soldats vers le front, et de se débrouiller par ses propres moyens, à ses risques et périls. Lorsqu’il eut rejoint ses compagnons, et leur rapporta les propos du gouverneur, ils tentèrent de le dissuader d’entreprendre ce périlleux voyage.

Mais Rabbi Yisthak, poussé par sa foi inconditionnelle envers les Tsadikim, se mit en route. Le lendemain matin, muni de son talith et de ses téfilines, Rabbi Yitshak se dirigea vers la gare afin de se joindre au convoi des soldats. Arrivé à la gare, voilà que deux officiers s’avancèrent vers lui, lui demandèrent quel était son nom et aussitôt le hissèrent dans le wagon. Ils prirent place à côté de lui jusqu’à leur arrivée à destination, au Caire. Ils l’accompagnèrent jusqu’au quartier des juifs et disparurent.

Rabbi Yitshak fit son entrée dans la maison d’étude « Keter Torah » ce qui provoqua la stupéfaction des sages qui se trouvaient là. Est-il possible que ce soit Rabbi Yitshak ALPIYA de Jérusalem ? Et comment est-il parvenu jusqu’ici ?

Rabbi Yitshak leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son rêve extraordinaire. Dés qu’il termina son récit, plusieurs personnes décidèrent aussitôt de l’accompagner à Damanhour sur le tombeau du Tsadik. Ils se munirent de vivres et de tout le nécessaire pour ce voyage.

Lorsqu’ils arrivèrent enfin au lieu désiré, Rabbi Yitshak leur dit : « ici nous resterons et prierons jour et nuit jusqu’à ce que nos ennemis soient menés à la défaite grâce au mérite du Tsadik, car tout le peuple d’Israël est en péril. Ils firent le tiqoun du « Ta’anit dibour’’  jeûne de la parole qui consiste à lire trois fois le livre des Tehilim (Psaumes) depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, pendant deux jours et contournèrent le tombeau à sept reprises ; ils firent d’autres « tiqounim » pendant la nuit et lors de la troisième nuit un des disciples sortit à l’extérieur du mausolée. Il vit que toute la ville était illuminée (alors que le couvre-feu l’interdisait auparavant) et des cris de joie et d’allégresse se faisaient entendre au loin. Il s’empressa de rapporter la nouvelle aux autres rabbins, qui sortirent également. Ils apprirent aussitôt la grande nouvelle : victoire des troupes britanniques de Montgomery sur les troupes allemandes de Rommel à El־Alamein. C’était le 3 novembre 1942 (23 hechvan 5703).

Jérusalem était sur le point d’être conquise par les armées allemandes, lorsque la situation commença à changer. Pour la première fois, dans les annales militaires du 3ème Reich, les tanks allemands reculèrent au lieu d’avancer. Les détails de ce « miracle » sont inconnus, mais le major Peter W. RAINER a tenté, dans son livre « Pipeline to Battle », d’apporter un témoignage aussi fidèle que  possible .

Avec l’aide d’un bataillon juif, l’armée anglaise entra dans le désert égyptien pour combattre les troupes de Rommel. Afin de conserver de l’eau potable, les ingénieurs anglais testèrent des oléoducs avec de l’eau salée et, durant leur fuite face à l’arrivée des allemands, ils abandonnèrent les installations telles quelles. Quand, dans la chaleur étouffante du désert, les soldats allemands arrivèrent sur place, ils se jetèrent sur les réserves d’eau et se brûlèrent gravement la langue et l’estomac. Ils durent se résigner à se rendre. Quelle ne fut pas la surprise des anglais lorsqu’ils virent leurs ennemis condamnés à leur demander de l’aide ! Cet incident marqua le début de l’effondrement de la machine infernale.

A la suite de ce fait extraordinaire, les rabbins, imprégnés d’une immense joie, entonnèrent alors le hallel afin de remercier le Saint Béni soit-Il, libérateur d’Israël. Rabbi Yitshak raconta alors que pendant l’étude il aperçut une grande lumière sur la tombe du Tsadik ainsi qu’une colonne de feu qui montait du tombeau. Afin de faire connaître ce grand miracle à son retour à Jérusalem, Rabbi Yitshak fit l’acquisition d’un Sefer Torah majestueux. Et c’est, accompagné d’une foule fervente qu’il se rendit à Damanhour pour manifester sa joie et exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à l’Eternel notre D.ieu.

Lors de la cérémonie d’Introduction du Sefer Torah de nombreux dons furent versés et furent utilisés à l’achat de Teflilines et Mezouzot  pour les personnes nécessiteuses qui résidaient en Egypte.

Rabbi Yaacov Abihssira était pénétré du Rouah Hakodech, de l’Esprit Saint et avait le pouvoir d’accomplir des miracles. Les exemples en sont nombreux et sont illustrés par les récits authentiques qui se sont perpétués à travers le temps.Son corps, disait-on, était rattaché au sol, tandis que son esprit voguait dans les sphères supérieures.  


Rabbi Yaacov Abihssira est l’auteur de douze ouvrages. Certains y trouvent une allusion dans le verset : «Les fils de Yaacob furent au nombre de douze» (Béréchit 35;23). Parmi ses livres: Pitouhé Hotam, Mahsof Halavan et Lévona Zacca (des commentaires sur la Torah), Yorou Michpatékha Léyaacov (Responsa), Dorech Tov (receuil de Drachot), Bigdé Hassérad et Guinzé Hamélèkh (Cabbale). Ils ont tous été imprimés après la mort du Tsaddik.

Un jour, son fils, Rabbi Messod, demanda à son père l’autorisation de publier ses écrits.

Rabbi Yaacov lui répondit : «Mon fils ! Tu ne les imprimeras qu’après que j’aie rejoint l’autre monde. Là, je verrai s’ils ont l’agrément de D-ieu et je te le ferai savoir en rêve». Effectivement, après la mort du Tsaddik, Rabbi Messod vit son père dans un songe qui lui demandait de publier ses ouvrages, car il savait maintenant qu’ils étaient agréés par D-ieu.

Que les mérites du Tsadik nous protègent, ainsi que tout le peuple d’Israël

Les 6 jeûnes obligatoires de l’année juive

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Notre calendrier connaît six jeûnes obligatoires : le premier, ordonné par la Torah, c’est Kippour ; quatre jeûnes ont été institués par les prophètes, à l’époque de la destruction du premier Temple ; enfin le sixième a été institué à une époque plus récente, probablement celle des Gaonim, il est donc d’ordre rabbinique.

Ont été institués par les prophètes : le jeûne de Guédalya, le 10 Tévet, le 17 Tamouz et le 9 Av. Enfin le jeûne d’Esther ordonné à l’époque des Gaonim, a été fixé le 13 Adar, la veille de Pourim.

Les 4 jeûnes ordonnés par les derniers prophètes, doivent nous rappeler les malheurs qui ont frappé Israël, et dont le point culmi­nant a été la destruction du Temple et notre dispersion au milieu des nations, dans tous les pays du monde. Ainsi nous lisons dans Zacharie (8, 19) : « Le jeûne du quatrième mois et le jeûne du cin­quième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois seront changés pour la maison d’Israël en jours de joie… ». Le jeûne du quatrième mois, c’est le 17 Tamouz où fut prise d’assaut la ville de Jérusalem par les Romains (la prise de la ville par l’armée de Nabuchodonosor eut lieu le 9 du même mois.

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La traduction des Septante

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Dans une première période de plus de 150 ans, la Judée était une satrapie du royaume de Perse. Puis elle fut conquise par Alexan­dre de Macédoine, qui construisit son empire sur les ruines de celui des Perses. Après la mort d’Alexandre le Grand et des luttes san­glantes durant plus de vingt ans entre ses successeurs, la Palestine devait faire partie du royaume des Ptolémées. Comme il a été précisé plus haut, le Roi Ptolémée II, esprit curieux, avide de s’instruire dans tous les domaines désira connaître également la Tora des Juifs. Il demanda donc au Grand Prêtre de Jérusalem de lui envoyer 72 Sages, capables de traduire la Tora de Moïse en grec.

Le Roi les installa chacun dans un appartement séparé, et leur demanda de traduire en grec la Tora ; et Dieu les inspira pour qu’ils donnent tous rigoureusement la même traduction du texte sacré, sans qu’ils aient eu la possibilité de se consulter à l’avance à ce sujet. Pour certains versets, les rabbins donnèrent une traduction non littérale du texte, afin d’éviter une interprétation erronée par les païens du texte divin. Ces passages furent également modifiés de façon identique dans les 72 versions !

Nous pouvons voir dans cette coïncidence un véritable miracle. L’intention secrète du Roi Ptolémée avait été sans aucun doute de mettre dans l’embarras les savants juifs au cas où tel pas­sage était présenté de manière différente par les différents traducteurs. Il en aurait conclu que la Tora n’est pas différente des œuvres litté­raires imaginées par un auteur humain, et dont le texte prête souvent à discussion. En inspirant les 72 savants pour qu’ils donnent des versions identiques, Dieu a donc « brisé les dents des méchants » (Ps. 3, 6) : Il a désarmé d’éventuels calomniateurs !

Cette traduction fut remise au roi le 8 Tevet. Bien que ce fut là une manifestation grandiose de l’origine divine de la Tora de Moïse, nos Sages ont néanmoins déclaré que ce jour était néfaste pour Israël comme le jour du veau d’or ! A ce sujet, la « Méguillat Taanit » s’exprime ainsi : « la Tora fut traduite en grec à l’époque du Roi Ptolémée, et le monde fut plongé dans les ténèbres trois jours durant ! A quoi peut-on comparer cet événement ? A un lion qui est capturé et mis en cage : avant sa capture, tout le monde avait peur de lui et s’enfuyait en le voyant; maintenant, tout le monde vient le contempler dans sa cage en demandant : où est sa force?

Ainsi en est-il de la Torah : tant qu’elle est confiée à Israël seu­lement, interprétée par les Sages d’Israël, le monde entier l’admire et ne songe pas à mettre en doute sa véracité, sa supériorité ! Main­tenant qu’elle est traduite en toute langue, on discutera son texte, on le critiquera, on le corrigera…

La comparaison avec le veau d’or s’explique facilement : de même que cette idole n’avait aucun pouvoir, aucune existence réelle, de même la traduction comparée au texte divin, est restée lettre morte !

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Le mois de Tevet

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Le nom de ce mois, le dixième de l’année en comptant à partir de Nissan, est mentionné dans le livre d’Esther, chapitre 2, 16 : Esther fut conduite au Roi Assuérus dans son palais royal, le dixième mois qui est le mois de Tévet.

MOIS D’ÉPREUVES ET DE PEINES

La tradition nous apprend que trois événements tristes se sont produits en Tévet, et en conséquence trois jeûnes y ont été fixés : le 8, le 9 et le 10 du mois. Les deux premiers, appelés jeûnes des Tsaddikim, ne sont observés que par des volontaires; le 10 est un jeûne public (Taanit Tsibour).

Le 8 Tévet est le jour funeste (à certains égards tout au moins) où la Torah fut traduite en grec, sur ordre de Ptolémée II (Philadelphos) roi d’Egypte, dont dépendait la province de Judée à cette époque (3° siècle avant l’ère chrétienne). Ce jour-là, est-il dit dans Méguillat Taanit, fut aussi funeste pour Israël que celui où fut fabriqué le veau d’or. Effectivement les Juifs d’Égypte se réjouirent beaucoup de la facilité qui leur fut donnée ainsi de lire la Torah en traduction  grecque; mais ils finirent par oublier leur attachement a la croyance de  leurs ancêtres, et s’hellénisèrent rapidement!

Le 9 Tevet est  le jour anniversaire de la mort d’Ezra et de Néhémie selon la même  tradition (Méguilat Taanit).

 Enfin le 10 Tévet a été institué par les prophètes comme jeûne public parce que ce jour־là, Nabuchodonosor, Roi de Babylone, commença a investir   Jérusalem, qui fut prise d’assaut un an et demi plus tard.

Une autre épreuve a frappé le peuple d’Israël au cours de ce mois. Selon la tradition, c’est le 1er Tévet que le Roi de Babylone emmena en captivité le Roi Joïachim (avant-dernier roi de Juda) et avec lui, l’élite du peuple, dix mille exilés en tout (parmi eux, Mardochée comme nous lisons dans le chapitre II du Livre d’Esther).

 C’est le 23 Tévet qu’eut lieu en l’an 5258, l’expulsion des Juifs du Portugal, quelques années seulement après celle des Juifs d’Espagne (9 Av 5252). Une minorité d’entre eux accepta le baptême pour la forme et continua à pratiquer en secret les lois de la Torah.