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Lois et coutumes du calendrier juif

Les 6 jeûnes obligatoires de l’année juive

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Notre calendrier connaît six jeûnes obligatoires : le premier, ordonné par la Torah, c’est Kippour ; quatre jeûnes ont été institués par les prophètes, à l’époque de la destruction du premier Temple ; enfin le sixième a été institué à une époque plus récente, probablement celle des Gaonim, il est donc d’ordre rabbinique.

Ont été institués par les prophètes : le jeûne de Guédalya, le 10 Tévet, le 17 Tamouz et le 9 Av. Enfin le jeûne d’Esther ordonné à l’époque des Gaonim, a été fixé le 13 Adar, la veille de Pourim.

Les 4 jeûnes ordonnés par les derniers prophètes, doivent nous rappeler les malheurs qui ont frappé Israël, et dont le point culmi­nant a été la destruction du Temple et notre dispersion au milieu des nations, dans tous les pays du monde. Ainsi nous lisons dans Zacharie (8, 19) : « Le jeûne du quatrième mois et le jeûne du cin­quième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois seront changés pour la maison d’Israël en jours de joie… ». Le jeûne du quatrième mois, c’est le 17 Tamouz où fut prise d’assaut la ville de Jérusalem par les Romains (la prise de la ville par l’armée de Nabuchodonosor eut lieu le 9 du même mois.

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La traduction des Septante

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Dans une première période de plus de 150 ans, la Judée était une satrapie du royaume de Perse. Puis elle fut conquise par Alexan­dre de Macédoine, qui construisit son empire sur les ruines de celui des Perses. Après la mort d’Alexandre le Grand et des luttes san­glantes durant plus de vingt ans entre ses successeurs, la Palestine devait faire partie du royaume des Ptolémées. Comme il a été précisé plus haut, le Roi Ptolémée II, esprit curieux, avide de s’instruire dans tous les domaines désira connaître également la Tora des Juifs. Il demanda donc au Grand Prêtre de Jérusalem de lui envoyer 72 Sages, capables de traduire la Tora de Moïse en grec.

Le Roi les installa chacun dans un appartement séparé, et leur demanda de traduire en grec la Tora ; et Dieu les inspira pour qu’ils donnent tous rigoureusement la même traduction du texte sacré, sans qu’ils aient eu la possibilité de se consulter à l’avance à ce sujet. Pour certains versets, les rabbins donnèrent une traduction non littérale du texte, afin d’éviter une interprétation erronée par les païens du texte divin. Ces passages furent également modifiés de façon identique dans les 72 versions !

Nous pouvons voir dans cette coïncidence un véritable miracle. L’intention secrète du Roi Ptolémée avait été sans aucun doute de mettre dans l’embarras les savants juifs au cas où tel pas­sage était présenté de manière différente par les différents traducteurs. Il en aurait conclu que la Tora n’est pas différente des œuvres litté­raires imaginées par un auteur humain, et dont le texte prête souvent à discussion. En inspirant les 72 savants pour qu’ils donnent des versions identiques, Dieu a donc « brisé les dents des méchants » (Ps. 3, 6) : Il a désarmé d’éventuels calomniateurs !

Cette traduction fut remise au roi le 8 Tevet. Bien que ce fut là une manifestation grandiose de l’origine divine de la Tora de Moïse, nos Sages ont néanmoins déclaré que ce jour était néfaste pour Israël comme le jour du veau d’or ! A ce sujet, la « Méguillat Taanit » s’exprime ainsi : « la Tora fut traduite en grec à l’époque du Roi Ptolémée, et le monde fut plongé dans les ténèbres trois jours durant ! A quoi peut-on comparer cet événement ? A un lion qui est capturé et mis en cage : avant sa capture, tout le monde avait peur de lui et s’enfuyait en le voyant; maintenant, tout le monde vient le contempler dans sa cage en demandant : où est sa force?

Ainsi en est-il de la Torah : tant qu’elle est confiée à Israël seu­lement, interprétée par les Sages d’Israël, le monde entier l’admire et ne songe pas à mettre en doute sa véracité, sa supériorité ! Main­tenant qu’elle est traduite en toute langue, on discutera son texte, on le critiquera, on le corrigera…

La comparaison avec le veau d’or s’explique facilement : de même que cette idole n’avait aucun pouvoir, aucune existence réelle, de même la traduction comparée au texte divin, est restée lettre morte !

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Le mois de Tevet

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Le nom de ce mois, le dixième de l’année en comptant à partir de Nissan, est mentionné dans le livre d’Esther, chapitre 2, 16 : Esther fut conduite au Roi Assuérus dans son palais royal, le dixième mois qui est le mois de Tévet.

MOIS D’ÉPREUVES ET DE PEINES

La tradition nous apprend que trois événements tristes se sont produits en Tévet, et en conséquence trois jeûnes y ont été fixés : le 8, le 9 et le 10 du mois. Les deux premiers, appelés jeûnes des Tsaddikim, ne sont observés que par des volontaires; le 10 est un jeûne public (Taanit Tsibour).

Le 8 Tévet est le jour funeste (à certains égards tout au moins) où la Torah fut traduite en grec, sur ordre de Ptolémée II (Philadelphos) roi d’Egypte, dont dépendait la province de Judée à cette époque (3° siècle avant l’ère chrétienne). Ce jour-là, est-il dit dans Méguillat Taanit, fut aussi funeste pour Israël que celui où fut fabriqué le veau d’or. Effectivement les Juifs d’Égypte se réjouirent beaucoup de la facilité qui leur fut donnée ainsi de lire la Torah en traduction  grecque; mais ils finirent par oublier leur attachement a la croyance de  leurs ancêtres, et s’hellénisèrent rapidement!

Le 9 Tevet est  le jour anniversaire de la mort d’Ezra et de Néhémie selon la même  tradition (Méguilat Taanit).

 Enfin le 10 Tévet a été institué par les prophètes comme jeûne public parce que ce jour־là, Nabuchodonosor, Roi de Babylone, commença a investir   Jérusalem, qui fut prise d’assaut un an et demi plus tard.

Une autre épreuve a frappé le peuple d’Israël au cours de ce mois. Selon la tradition, c’est le 1er Tévet que le Roi de Babylone emmena en captivité le Roi Joïachim (avant-dernier roi de Juda) et avec lui, l’élite du peuple, dix mille exilés en tout (parmi eux, Mardochée comme nous lisons dans le chapitre II du Livre d’Esther).

 C’est le 23 Tévet qu’eut lieu en l’an 5258, l’expulsion des Juifs du Portugal, quelques années seulement après celle des Juifs d’Espagne (9 Av 5252). Une minorité d’entre eux accepta le baptême pour la forme et continua à pratiquer en secret les lois de la Torah.

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REGLES RELATIVES AUX QUATRE ESPECES

Les quatre espèces

La Torah nous enjoint de prendre le premier jour de Souccot quatre espèces qui sont:

1) un cédrat ou etrog

loulav2) une branche de palmier ou loulav : il doit être frais et sa longueur doit être telle que la tige centrale en dehors des branches supérieures mesure 32 cm.

adass3) trois tiges de myrte ou hadass. Le myrte doit être triple, soit que de chaque tige doivent sortir trois feuilles sur une seule ligne, à la même hauteur. Si une majeure partie est triple, cela est a posteriori suffisant.

Les feuilles doivent couvrir la branche, et le sommet de chaque feuille doit dépasser la pointe inférieure de la feuille supérieure. Sa longueur doit être supérieure ou égale à 24 cm.

On veillera à ce que le sommet de chaque tige ne soit pas coupé.

 

aravot24) deux feuilles de saule ou aravot. Le saule est connu pour avoir une feuille allongée, un bord lisse, et une tige rougeâtre, parfois verdâtre. La longueur de chaque feuille doit être supérieure ou égale à 24cm.

Nos sages ont recommandé de le faire pendant les six autres jours de Souccot (excepté le jour du Chabbat).

 

Validité des quatre espèces

Du fait que le choix de ces espèces nécessite une connaissance approfondie des lois les concernant, il faut que celui qui les achète les montre à un maître de la loi pour savoir s’ils sont conformes à la loi.

Formation du bouquet

Avant l’entrée de la fête, on prend trois branches de myrte, et deux branches de saule, et on les attache pour en faire un seul bouquet. On veillera à ce que toutes les espèces soient inclinées dans le sens ou elles poussent (le morceau coupe se trouvant en bas).

Selon l’usage séfarade, on placera à gauche et à droite de la tige centrale du loulav une branche de myrte et une branche de saule, la branche de myrte devant recouvrir et dépasser légèrement celle du saule. La troisième feuille de myrte sera placée sur la tige centrale du loulav, et on veillera a ce que la tige centrale du loulav dépasse les feuilles de myrte d’au moins 8cm.

Selon l’usage ashkénaze, il convient d’attacher le myrte à droite de la tige centrale du loulav et le saule à gauche.

On les attachera tous ensemble par deux ou trois noeuds selon l’usage, en conservant le bouquet dans l’eau ou dans une serviette humectée pour éviter le dessèchement.

La mitsva des quatre espèces et la bénédiction

On prend entre les mains le bouquet du loulav en ayant soin d’avoir la tige centrale du loulav en face de soi dans la main droite, et on récitera la bénédiction suivante:

[well]בָּרוּךְ אַתָּה ה’ אֱלֹהֵינוּ מֶֽלֶך הָעוֹלָם אֲשֶר קִדְּשָנוּ בְּמִצְוֹתָיו וִצִוָּנוּ עַל נְטִילַת לוּלָב[/well]

[well]baroukh ata adonaï élohénou mélékh a’olam acher kidécganou bémitsvotav vétsivanou ‘al nétilate loulav[/well]

[well]Tu es source de bénédictions, Hachem, notre D.ieu, Roi de l’Univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements, et nous as commandés de prendre le loulav[/well]

Le premier jour on ajoutera la bénédiction chéhé’hiyanou.

Si le premier jour tombe Chabbat on récitera la bénédiction chéhé’hiyanou le lendemain puisque le Chabbat on ne fait pas de bénédiction sur le loulav.

Après la bénédiction, on rapproche l’etrog (dans la main gauche) au loulav(dans la main droite) afin que rien ne les sépare, et on secoue le bouquet dans les quatre directions, sud, nord, est, haut et bas, nord.

De même lorsqu’on l’agite lors de la lecture du hallel (récitation de psaumes) ou dans les processions, on veillera à rapprocher l’etrog du loulav, afin que rien ne les sépare.

Si on s’est trompé en prenant l’etrog dans la main droite et le loulav dans la main gauche, on les prendra à nouveau correctement, sans reprendre la bénédiction.

Le jour de fête, il est permis de remettre le loulav dans l’eau, et même d’ajouter de l’eau, mais on ne changera pas l’eau.

Les jours de demi-fêtes, il est recommandé de changer l’eau, que le bouquet reste frais et beau.

Pour accomplir la mitsva avec perfection, il est recommandé de changer les branches de saule et de myrte si cela s’avère nécessaire.

Les femmes et les quatre espèces

Les femmes sont dispensées de la mitsva des quatre espèces, selon la règle générale qui les dispense pour toutes les mitsvot dont l’accomplissement est lié à un temps précis.

 

souccot kotel

La fête de Souccot

LA FETE DE SOUCCOT

Cette fête est également appelée « fête de notre joie ».

Elle porte ce nom parce qu’elle coïncide avec l’époque où rentre la récolte des champs. Cependant, il est un autre de ses aspects qui justifié ce nom.

Après les journées redoutables de Roch Hachana et de Kippour, elle offre l’occasion de se réjouir avec D.ieu et de trouver la voie qui mène vers Lui à tous ceux que ni l’austérité, ni le remords n’ont pu amener à la pénitence.

La première fois que la Torah mentionne le nom de Souccot c’est pour nous apprendre que Jacob s’était réconcilié avec son frère Esaû : celui-ci continua son chemin vers Séir, mais quant à Jacob, la Torah dit : « Et Jacob se dirigea vers Souccot. Il y bâtit une demeure, et, pour son bétail, il y bâtit des souccot: c’est pourquoi l’on appela cet endroit : Souccot » Genèse (33, 17).

La différence entre Jacob et Esaù est, en effet l’appréciation de la fête des Souccoth. Pour Esaù et le monde chrétien qu’il représente, la notion de joie religieuse, qui peut amener l’individu à se tourner vers D.ieu dans l’allégresse, n’existe pas. Il connaît, certes, l’approche de D.ieu dans la contrition ou dans l’union mystique. Il va « à Séir » discrète allusion au bouc émissaire, forme suprême de l’incarnation de l’homme, qui emmène ses fautes au loin. Le Juif, par contre, estime la mitsva de la joie à tel point qu’il en fait une fête, dont le but essentiel est de remercier D.ieu et de s’approcher de Lui dans la joie.

Jacob, ayant rencontré Esaù, ne resta pas avec lui. Il poussa plus avant, cherchant le lieu des Souccot. C’est aussi là raison pour laquelle D.ieu veut être seul avec Israël, pour célébrer le huitième jour de Souccot. Il cherche l’occasion de se trouver en joyeuse intimité avec son peuple.

On comprendra, alors, ce que veut dire le Prophète, quand il considère la fête de Souccot comme spécifiquement attribuée aux Juifs.

C’est la seule fête de notre calendrier juif que les non-Juifs n’aient pas imitée (Avoda Zara 3b). Mais   le prophète Zacharie proclame qu’à la fin des temps, « Tel sera le péché des Egyptiens et les péchés de toutes les nations, qu’ils ne seront pas montés pour célébrer la fête de Souccot … et quiconque aura survécu parmi tous les peuples qui seront venus contre Jérusalem, devra s’y rendre, chaque année, pour   se prosterner   devant   le   Roi l’Eternel Cebaot, et pour célébrer la fête de Souccot ».

Les sacrifices offerts à Souccot concernent aussi bien le peuple d’Israël que les nations du monde. « Les taureaux de Souccot sont au nombre de soixante-dix, correspondant aux soixante-dix nations. Ils diminuent graduellement, c’est pour elles un signe de déclin (Soucca 55 b) et, au temps du Temple, ils les protégeaient contre les souffrances ».

Ainsi, après avoir obtenu à Yom Kippour le pardon pour lui-même, Israël demande, à Souccot, le pardon des péchés pour les nations du monde (Rachi). Car « quand D.ieu agrée les voies d’un homme, Il lui concilie même la faveur ses ennemis » (Proverbes 27).

Ces sacrifices expiatoires pour les nations du monde vont en diminuant, et ils ne comprennent que neuf taureaux, le septième jour, en témoignage de l’hostilité des nations envers Israël qui va s’affaiblissant avec le nombre des années. En effet, leur opposition à Israël, qui était irréductible au début, s’amenuise peu à peu dans le domaine politique et idéologique.

CHEMINI-ATSERET

Le huitième jour est le jour nommé Chemini-Atseret ce qui signifie arrêt, retenue. C’est le jour où il n’y a plus qu’un taureau, en face de sept agneaux.

Rachi écrit que l’explication du Midrach aggadique est la suivante : comme ils ont offert, à tous les jours de fête, des sacrifices correspondants aux soixante-dix nations, D.ieu leur dit, au moment du départ d’Israël: « Je vous retiens chez moi », comme un roi qui a invité ses enfants à un festin pour un certain nombre de jours. Lorsque le temps est venu de prendre congé, il dit : « Mes enfants, je vous prie restez chez moi un jour encore, votre départ m’est douloureux ».

Le jour de Chemini-Atseret est devenu en Israël un jour de joie exubérante, rehaussé par la clôture de la lecture de la Torah. Les signes de la fête ont disparu, car il n’existe plus de soucca, ni rien des « quatre espèces », ni des sacrifices. Il n’existe plus que la joie, entre le peuple d’Israël et son D.ieu.

Lorsque nous venons nous présenter à Souccot avec un bouquet des « quatre espèces », il nous semble que nous venons devant D.ieu avec les palmes de la victoire.

Une parabole illustre cette idée : deux parties adverses s’accusent devant une Cour de Justice, et personne ne peut savoir qui a gagné.

Cependant, dans notre cas, nous pouvons dire qui l’a emporté : c’est celui qui tient entre ses mains le palmier de la victoire. A Roch Hachana, le peuple d’Israël et les nations du monde parais­sent devant la Cour céleste, comme deux adversaires. Nous savons qui est le vainqueur, quand nous voyons la marche triomphale de celui qui porte le loulav dans sa main droite.

LES QUATRE ESPECES ET LEUR SYMBOLISME

Nos sages nous ont donné de nombreuses explications du symbolisme du bouquet des « quatre espèces ». Pour les uns, elles représentent le règne entier des arbres. Le saule n’a ni fruits comestibles, ni parfum. Le myrte est parfumé, mais ne porte pas de fruits comestibles. Le palmier porte un fruit délicieux, mais qui n’est pas parfumé. L’etrog enfin, non seule­ment est un fruit exquis, mais l’arbre qui le porte est parfumé de la racine jusqu’aux feuilles et aux fruits. Il est le roi des arbres. C’est avec ce bouquet des quatre espèces symboliques de tous les produits végétaux de son pays, que le peuple d’Israël se présente devant D.ieu, pour Lui dire sa reconnaissance de lui avoir donné en héritage un pays si beau, si fécond, et d’avoir béni le travail de ses mains.

On ajoute une prière, celle de recevoir à l’avenir la faveur de la protection divine dans tous les domaines de l’activité humaine. Selon la coutume, on agite alors le loulav vers les quatre directions et vers le haut et le bas.

Nos Sages ont vu dans le bouquet du loulav l’image de l’unité d’Israël. Dans leur esprit, le parfum représente le savoir (de la Torah) et les fruits, les bonnes actions. Le saule, dépourvu de fruits comestibles et de parfum, symbolise la masse sans savoir et sans bonnes actions. Le myrte, parfumé, dépourvu de fruits comestibles, est le symbole des personnes dotées de savoir mais se désintéressant des bonnes actions. Le palmier, dénué de parfum, porte un fruit délicieux, il rappelle les personnes sans savoir qui se consacrent aux bonnes actions. L’etrog enfin, supérieur par son parfum et par un fruit exquis, figure l’élite d’Israël, illuminée par le savoir, ennoblie par les bonnes actions. Que ces quatre groupes loin de se désagréger en classes séparées, s’unissent par les liens de la solidarité en un seul corps national, afin que, dans un sentiment de fraternité, l’élite, par ses vertus, comble les lacunes des couches inférieures du peuple.

Na’hmanide cite l’explication suivante : L’etrog est le fruit défendu du Paradis, car il a toutes les qualités qui lui sont attribuées.

« La femme vit que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence, elle cueillit de son fruit et en mangea… ».

C’est lui seul qui était l’objet du péché. Cependant, l’adage bien connu que l’on ne peut être à la fois juge et partie n’intervient pas ici, car, sitôt que ce fruit doré se trouve allié aux trois autres espèces, ils sont jugés ensemble pour le meilleur et pour le pire. Encore une fois, c’est l’idée de l’unité que la Torah veut nous enseigner ici.

LA SOUCCA ET LES HÔTES D’HONNEUR

Le Zohar fait remarquer que la Torah emploie une double expression pour nous enseigner l’obligation de demeurer dans les tentes. Une première fois « Vous demeurerez dans les tentes sept jours ». Cela se rapporte aux hôtes d’honneur, qu’on appelle les ouchpizine. La deuxième fois, l’ordre se rapporte à tous les indigènes juifs.

En effet, chaque jour de Souccot, nous recevons symboliquement à la soucca un des sept hôtes d’honneur, lesquels se succédent dans   l’ordre   suivant :   Abraham,   Isaac,   Jacob,   Moïse,   Aharon Joseph et David. Ce sont ces héros de l’esprit qui nous ont enseigné dans quel esprit devaient se succéder les sept millénaires de notre Histoire.

Chaque jour, nous faisons honneur à l’un de ceux-ci : Abraham, pour son enseignement de l’amour de D.ieu, à Isaac pour sa discipline à l’égard de la Loi, à Jacob, pour ses vertus de Père de famille dont il fit preuve, à Moïse, pour avoir organisé la nation, et à Aaron, pour le sacerdoce qu’il a exalté en nous, à Joseph pour la pureté des mœurs et pour la vigilance vis-à-vis des nations dont il nous montre l’exemple. Enfin, le septième jour, nous évoquons l’esprit de David, roi d’Israël, en qui nous voyons l’ancêtre du Messie, fondateur du futur royaume de D.ieu. Ce sont les sept hôtes d’honneur qui ont formé l’esprit qui nous dirige à travers les sept millénaires de notre Histoire.

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Souccot – Considérations préliminaires

LA FÊTE DE SOUCCOT

Considérations préliminaires

1.  Références bibliques Lévitique, chapitre23

V. 33-34. D.ieu parla à Moïse en ces termes : Parle aux enfants d’Israël en ces termes: Le 15e jour de ce septième mois (aura lieu) la fête de Souccot (cabanes), pendant sept jours, en l’honneur de D.ieu.

V. 35. Le premier jour — proclamation de Sainteté— vous ne ferez aucun travail qui soit מלאכת עבודה.

V. 36. Pendant 7 jours vous apporterez des sacrifices consumés par le feu, en l’honneur de D.ieu; le 8e jour sera pour vous proclamation de sainteté, vous apporterez des sacrifices, consumés par le feu en l’honneur de l’Eternel, ce sera un grand jour férié, vous ne ferez aucun travail qui soit מלאכת עבודה.

V. 39. Toutefois quand vous engrangerez, vous ne vous bornerez pas à distinguer la fête par l’abstention du travail et par des sacrifices, vous agrandirez sa solennité, en agitant le bouquet des 4 espèces et en habitant des Souccot.

Le 15e jour du septième mois, quand vous engrangerez la récolte du pays, vous célébrerez la fête de D.ieu pendant sept jours. Le premier jour sera un jour solennel de chômage, et le 8e jour sera un jour solennel de chômage.

V. 40. Vous prendrez, le premier jour, vous appartenant en toute propriété, le fruit de l’arbre Hadar, une branche de palmier, des rameaux de l’arbre Abhôth et des saules de rivières, et vous vous réjouirez devant l’Eternel, votre Dieu, pendant sept jours.

  V. 41. Vous la célébrerez (cette fête) comme une fête en l’honneur de D.ieu, une fête de sept jours pour vos générations; c’est dans le septième mois que vous la célébrerez.

 V. 42. C’est dans des Souccot que vous résiderez pendant sept jours, tous les citoyens d’Israël résideront dans des Souccot.

 V. 43. Afin que vos générations reconnaissent que c’est  dans des Souccot que j’ai fait demeurer les enfants d’Israël, lorsque je les ai fait sortir du pays d’Egypte. Je suis l’Eternel, votre D.ieu.

2.   Soucca et nuées protectrices

D’après Rabbi Aquiba, le terme Souccot étant à prendre au sens figuré, Dieu a enveloppé le camp des enfants d’Israël pendant la traversée du désert de nuées protectrices émanant de Sa majesté divine.

 3.  Soucca et confiance en D.ieu

En habitant la Soucca, nous affirmons notre conviction que Dieu est notre seule sauvegarde contre la fureur des éléments et la malveillance des hommes; que c’est Lui qui, en nous donnant la Torah comme guide, a réalisé le plus grand miracle de l’Histoire que même les incrédules ne peuvent contester, la survivance merveilleuse d’Israël, bravant, depuis la sortie d’Egypte jusqu’à ce jour, les dangers de l’isolement et de la dispersion.

C’est en Lui que chacun individuellement continue de mettre sa confiance. La Soucca est l’école où s’exerce et s’affirme cette confiance toujours grandissante.

(adapté du Choul’hane Aroukh abrégé de Rav Ernest Weil)

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Propriétés de la Soucca

1. La Soucca doit être composée d’au moins trois parois et d’un toit.

2. Les parois peuvent être attachées à la terre ou en bois ou en métal. Elles doivent être stables en présence d’un vent normal. On ne tolérera pas des parois composées uniquement de draps.

3. Le toit doit être fait de ce qui pousse dans la terre, mais non pas de ce qui est attaché à la terre (arbre) ni de ce qui peut être contaminable par l’impureté.

4. Le toit ne peut être placé qu’après avoir construit au minimum les trois parois de la Soucca.

5. Il est recommandé de décorer la Soucca. Mais les guirlandes et autres objets suspendus à partir du toit ne doivent pas excéder 32 cm á partir du toit.

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La mitsva de la Soucca

La Soucca doit remplacer la demeure habituelle pendant une durée de 7 jours (en dehors d’Israël 8 jours)

 

 1.  Le premier soir de fête

C’est accomplir une mitsva de la Torah que de consommer 30 g de pain minimum  dans une durée de 4 à 5 minutes sans interruption. Il est préférable de consommer 60 g dans une durée de 8 minutes.

Cette mitsva n’incombe qu’aux hommes.

 

2.  Manger boire et dormir dans  la Soucca

Pendant toute la durée de la fête il est interdit de consommer une quantité supérieure à 54 g de pain en dehors de  la Soucca .

Il est permis de boire ou de consommer des fruits en dehors de la Soucca mais quiconque s’abstiendra même de boire de l’eau sera digne d’éloges.

De même tout sommeil en dehors de la Soucca n’est pas toléré sauf en cas d’incommodité.

 

3.  La bénédiction לישב בסוכה

[well]ברוך אתה ה’ אלהינו מלך העולם אשר קדשנו במצוותיו וצונו לישב בסוכה[/well]

[well]Tu es source de bénédiction Hachem, Roi de l’univers, Qui nous a sanctifié par Ses commandements et nous a ordonnés de résider dans la Soucca[/well]

-Elle est récitée avant chaque repas (accompagné de pain).

-Les jours de fête elle est récitée après le kiddouch.

-Les autres jours elle est récitée avant ou après le motsi.

-Elle est toujours récitée debout.

 

4.  La sainteté de la Soucca

Selon le Zohar, la splendeur émanant des hôtes spirituels (Avraham, Yits’hak, Yaacov,Moché, Aharon, Yossef, David) réside jour après jour dans la Soucca.

Il est donc d’usage de réserver une chaise spécialement pour cet hôte spirituel.

Il est aussi recommandé d’inviter à sa table des pauvres ou des personnes seules, ou à défaut, donner à une caisse de tsedaka l’équivalent d’un repas pour chaque hôte.

Il est bon de mesurer ses paroles dans la Soucca afin d’éviter les dires futiles.

Il est d’usage par respect pour la Soucca de ne pas y introduire de marmites, ni d’y changer de couches aux nourrissons.

Quizz (2)

Quizz Souccot

Questions-Réponses

Les décisions du R.O.Y (Rav Ovadia Yossef chlita)

rav Ovadia1.  Le premier soir de fête, un homme se rend compte qu’il a oublié de dire יעלה ויבוא dans le Birkat Hamazone que doit –il faire ?

 Il doit refaire le Birkat Hamazone .Cependant si le lendemain il a aussi oublié de le dire, il ne recommencera pas.

2. Le premier soir de fête, une femme se rend compte qu’elle a oublié de dire יעלה ויבוא dans le Birkat Hamazone que doit-elle faire ?

Elle ne recommencera pas.

3.  Si le premier soir il pleut, que doit-on faire ?

S’il pleut, nous sommes dispensés de consommer le repas dans la Soucca.

4.  Peut-on fumer dans la Soucca ?

Oui.

5.  Quelle quantité de pain faut-il manger pour réciter la bénédiction  לישב בסוכה ?

A partir de 60g de pain on récite la bénédiction   לישב בסוכה.

D’autre part, il est possible de manger en dehors de la Soucca jusqu’à 54 g de pain.

6. Quelle quantité de gâteaux faut-il manger pour réciter la bénédiction  לישב בסוכה ?

Il faut manger une quantité de 162g.

D’autre part, à partir d’une quantité de 54g il faut manger dans la Soucca sans réciter la bénédiction לישב בסוכה.

7. Dans quelle autres conditions doit-on réciter la bénédiction  לישב בסוכה ?

Si on consomme un plat préparé à partir 5 céréales et une quantité minimale de 162g.

8. Si un homme a le choix de prier dans la Soucca ou dans une synagogue, où doit-il prier ?

A la synagogue car la prière n’est exaucée que si elle récitée dans une synagogue (Berakhot 6a).

9.  Un femme peut-elle réciter la bénédiction לישב בסוכה ?

Non car elle est dispensée de toutes les mitsvot liées au temps.

Lorsque son mari récite le kiddouch elle ne doit pas répondre Amen à cette bénédiction car pour elle ce serait une interruption dans le kiddouch.

Dans le cas ou elle aurait répondu Amen il est bon qu’elle ne goûte pas le vin du kiddouch.

10. Une femme qui allume les lumières de Yom tov doit-elle réciter la bénédiction שהחיינו ?

Il est recommandé qu’elle ne récite pas la bénédiction שהחיינו au moment de l’allumage mais de penser à s’acquitter de son devoir, lorsque son mari récite cette même bénédiction au moment du kiddouch.

11.  Quand faut-il allumer lumières de Yom tov?

Il est recommandé d’allumer lumières de Yom tov 20 minutes avant le coucher du soleil.

12.  Le deuxième soir de la fête (en dehors d’Israël) comment faire le kiddouch ?

On récite le kiddouch, suivi de la bénédiction שהחיינו  suivie de la bénédiction לישב בסוכה .

Les dix Commandements – Préparation à la fête de Chavouot

Les trois fêtes principales de l'année juive sont Pessa'h, Chavouot et Souccot.

A Pessa'h ou à Souccot, même celui qui ne se serait pas préparé pour la fête pourrait accomplir les mitsvots particulières à celle-ci. Il pourrait par exemple être invité pour le soir du Séder, ou pour manger dans la Soucca.

A chavouot, c'est différent car outre la coutume de consommer des mets lactés, cette fête ne présente pas en apparence de mitsva particulière ! En fait la fête de Chavouot éxige une préparation de la part de celui qui souhaite la fêter convenablement.

C'est pourquoi nous vous proposons une merveilleuse explication des dix Commandements, composée par le Rav Saadia Gaon et traduite par le Grand Rabbin Morali.

Bonne étude !

PREMIER COMMANDEMENT

Le premier Commandement, émanant du Maître de l’Univers, révélait une vérité incontestable, base fondamentale de la Tora et de l’alliance perpétuelle que Dieu promit d’instituer avec toutes les générations de son peuple.

Ce dogme apparaissait en lettres flamboyantes qui, après avoir plané dans les hauteurs célestes et évolué dans les airs autour du Mont-Sinaï, allaient se fixer sur les Tables de la Loi, pendant que la voix divine, claire, harmonieuse et d’une incomparable sonorité, dominant le bruit du tonnerre et de la tempête, environnait le peuple et l’exhortait merveilleusement en ces termes : O enfants d’Israël !

« Je suis l’Eternel, qui vous fait sortir d’Egypte, d’une maison d’esclavage. »

Je suis l’Etre Suprême qui ai créé la mer et qui lui ai ordonné de se dessécher (pour vous y frayer un passage), j’y ai fait noyer Pharaon et son armée. Je suis Un par excellence ; par ma splendeur et ma sagesse, j’ai étendu et affermi les cieux, seul, sans être secondé par un ministre, ni par un conseiller quelconque. Je sur le Roi des rois, et je n’ai point de rival ; c’est Moi seul qui fais mourir et qui fais vivre. J’abaisse la demeure de l’orgueilleux et je l’avilis ; j’élève ou j’humilie ceux que je veux. J’accorde le bonheur à mes fidèles serviteurs et je leur procure une subsistance quotidiennement renouvelée. Je possède les trésors du froid, de la grêle, de la neige, de la gelée, du tonnerre, des éclairs et du vent violent.et impétueux. J’ai fait tenir les cieux sans colonnes ; j’ai fermement établi les assises de la terre, comme si elles reposaient sur de solides piliers. Par ma seule parole, du néant j’ai tiré l’existence ; ma volonté n’a jamais été contrariée ; elle est immuable.

Je frappe de démence les savants et j’annihile leurs projets ; j’éloigne ceux qui sont proches et je rapproche ceux qui sont loin. Je fais jaillir l’eau des rochers les plus durs et dans les lieux les plus arides. Je fais germer de la terre les graines qu’on y a déposées et j’en fais surgir une abondante moisson. Si je jette un regard sur le monde, je le fais trembler. Il se trouve plongé dans de profondes ténèbres, dès que j’éclipse le soleil. C’est par la faute des hommes que parfois je prive la terre de la pluie ; néanmoins je m’empresse de la lui accorder de nouveau, dès que ceux-ci me la réclament par des prières et des louanges. Sachez que j’en compte toutes les gouttes et qu’un ange gardien préposé par moi a la charge de les distribuer ou de les retenir, selon ma volonté. Une fois descendue du ciel, la pluie n’y retourne pas avant d’avoir fertilisé les champs auxquels je l’ai destinée. C’est à moi seul que conviennent la souveraineté, la grandeur, les hommages, la prière et la louange. Je suis Un par excellence, Fort et Puissant, je dévoile les mystères et rien n’échappe à ma vue. Nul ne peut être comparé à moi. Ma gloire brille dans les sphères les plus hautes et je sonde les profondeurs du cœur. Je suis l’Eternel qui recouvre la terre d’une fraîche verdure, qui la revêt de céréales, d’herbes et d’une flore superbe. Je lui fais produire pour mes serviteurs de beaux et succulents fruits. J’ai assigné à la mer une infranchissable limite de sable. Je change les temps et les époques, et les astres accomplissent leurs révolutions avec une parfaite régularité. J’appauvris le riche et enrichis abondamment le pauvre. Je suis le Tout-Puissant, le Très-Haut, le Sublime ; ma splendeur n’a point d’égale, rien ne peut ressembler à ma divine Majesté. La glorification, la magnificence ne siéent qu’à moi, ainsi qu’il est écrit dans le livre de la Révélation : « Ecoute, ô Israël ! L’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est Un » et sans second ; il n’y a pas d’Unité semblable à la sienne.

 

DEUXIEME COMMANDEMENT

Le deuxième commandement apparaissait en lettres flamboyantes ; tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

« N’ayez point d’autre Dieu que moi. »

Ne vous faites point d’idole ! Ne me changez pas contre un autre, ne m’attribuez aucune figure. Ne me comparez à rien, ne me représentez pas d’après votre imagination. Adressez-moi vos louanges et rendez hommage à mon Nom. Je suis le Tout-Puissant, le Majestueux ; mes merveilles sont impénétrables et le mystère de mon existence est insondable.

Je conserve ma bonté pour toutes les générations, car je suis le Miséricordieux, le Bienveillant. Gardez-vous bien de me substituer une idole ou de me représenter sous une forme quelconque. Ne vous prosternez point follement ou aveuglément devant le soleil, ni devant la lune, ni devant tout ce qui existe sous le ciel, ni devant les étoiles du firmament et ses diverses constellations ; car ils ont tous été comme vous créés par moi.

Je suis l’Eternel, à Moi seul appartiennent la grandeur, la puissance et tous les êtres ; mes décrets sont irrévocables. N’adorez point d’autres dieux que moi, qu’ils soient sculptés en or, en argent, en bois ou en pierre ; car ils sont l’œuvre de la main d’hommes insensés. Ils ont une bouche, et ne parlent pas ; des yeux, et ne voient pas ; des oreilles, et n’entendent pas ; des narines, et ne sentent pas ; des mains, et ne touchent pas ; des pieds, et ne marchent pas. Puissent leur ressembler ceux qui les façonnent, de même que ceux qui se confient en eux.

0 fils d’Israël! O mes Elus! O mes biens aimés! Je suis l’Eternel, l’auteur de l’Univers. J’ai créé les planètes et les brillants corps célestes : ne les craignez pas et ne leur rendez pas hommage, car je suis un Dieu jaloux, punissant sévèrement ceux qui s’écartent de mes commandements ; mais je suis clément et bienveillant pour ceux de mes élus qui observent mes Lois, fidèlement et sincèrement.

Je serai leur témoin, au jour du jugement dernier. Je punis les iniquités des pères dans les enfants, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, si ceux-ci m’offensent ; mais aussi j’étends ma bienveillance à la millième, pour ceux qui m’aiment et observent mes préceptes.

 

TROISIEME COMMANDEMENT

Le troisième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O enfants d’Israël!

« Gardez-vous bien de jurer en vain par mon nom »

Ni de le proférer à l’appui du mensonge. Si vous prêtez serment, persévérez dans vos attestations, jusqu’à ce que la vérité éclate manifestement. Que votre serment soit exempt de défectuosité et de vice ; que votre témoignage soit  sincère et irréfragable. Ne prononcez le nom de Dieu que dans un cas indubitable. Sachez que celui qui le profère irrévérencieusement sera perpétuellement puni par moi ; car le parjure cause la ruine des maisons et la destruction des monuments, dessèche les plantes, arrête les pluies bienfaisantes, procure de graves maladies et des souffrances à celui qui le commet, transforme une terre fertile en un désert inculte. Ecoutez ce que l’Eternel dit à ce sujet :     « J’ai donné libre cours à la malédiction, pour qu’elle pénètre dans la maison du voleur et dans la maison de celui qui jure faussement par mon nom ; elle élira domicile au milieu de sa demeure et la ruinera avec sa charpente et ses pierres. »

Gardez-vous bien du faux serment et du faux témoignage, car je châtie sévèrement le parjure. Je récompense, au contraire, celui qui s’abstient de prêter par mon nom un serment faux, vain et mensonger ; qui n’habitue pas sa langue à tenir des propos indécents, ni à mentir ; qui révère le Nom de son Maître suprême et qui le craint ; qui ne prononce ce Nom auguste et redoutable du Tout-Puissant que sincèrement et sans arrière-pensée ; qui ne dit toujours que la vérité et qui prouve que la crainte de Dieu lui est constamment présente. Ainsi Idris (Enoch) prononça mon Nom et je l’ai élevé au-dessus de la voûte éthérée ; Noé en fit de même, et les eaux du déluge l’épargnèrent ; Abraham le proféra aussi, et je l’ai sauvé du feu de la fournaise ; Isaac l’invoqua à son tour, au moment de son sacrifice, et je l’ai racheté par un bélier ; Jacob l’exprima ensuite pendant qu’il luttait avec l’ange. Par ce Nom j’ai préservé Joseph de la tentation de la femme de Putiphar. Par ce Nom, Moïse put tuer l’Egyptien, métamorphoser son bâton en serpent et lui faire reprendre ensuite sa forme primitive. Par ce Nom, invoqué encore par le prophète, j’ai divisé la Mer Rouge en douze sentiers, un sentier pour le passage de chaque tribu. Par ce nom, j’ai arrêté le soleil sur la prière de Josué afin de permettre à celui-ci d’exterminer ses ennemis. Par ce Nom, Jonas demanda mon secours, pendant qu’il était dans les entrailles du cétacé et je l’en ai retiré. Par ce Nom, enfin, les malades guérissent, les aveugles recouvrent la vue, les morts sont rappelés à la vie et les affligés trouvent la consolation réconfortante.

Je suis le premier de tous les premiers, et l’éternité ne sied qu’à moi seul. Je suis l’Etre Suprême dont l’existence n’aura pas de fin ; je suis le Tout-Puissant et je ne laisse pas impuni celui qui invoque mon nom pour le mensonge.

 

QUATRIEME COMMANDEMENT

Le quatrième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !  

« Souviens-toi du jour du Chabat pour le-sanctifier. »

Durant six  jours tu travailleras et tu t’occuperas de toutes tes affaires mais le septième jour sera un jour de repos consacré à l’Eternel ton Dieu ; tu n’y feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni  ton esclave mâle ou femelle, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs, afin qu’ils se reposent comme toi. Car en six jours, l’Eternel a créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et il s’est reposé le septième jour dans lequel il occupa son Trône ; c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Chabat et l’a sanctifié. O enfants d’Israël ! Observez le Chabat, honorez-le, vénérez-le, révérez-le, choyez-le, faites-le respecter, glorifiez-le, embellissez-le, aimez-le, purifiez-le, couronnez-le, parez-le, sacrez-le roi, portez-le en triomphe, ennoblissez-le, chérissez-le, préférez-le, affectionnez-le, sanctifiez-le, fixez-le, illustrez-le, conservez-le, fermement. O enfants d’Israël ! O mes Elus! O mes Saints ! Souvenez-vous des vingt merveilles que j’ai créées dans le monde, et dont je n’ai préféré que les septièmes, en l’honneur du Chabat. J’ai créé sept cieux, et je n’ai attribué la suprématie qu’au septième, qui se nomme « Araboth », où réside ma divine Majesté. J’ai créé sept mers, et je n’ai choisi que la septième qui est la Mer Rouge, où j’ai accompli des miracles aux yeux de mon peuple. J’ai créé sept planètes, et j’ai accordé la supériorité sur les autres à la septième, le soleil qui, par sa lumière puissante, éclaire l’univers entier ; j’ai appelé Abraham mon bien aimé et Moïse, mon fidèle serviteur. J’ai créé le monde en six jours, et c’est le septième seulement que j’ai occupé mon Trône. J’ai aussi écrit dans mon Livre : « Vous compterez sept fois sept années, c’est-à-dire quarante-neuf années, et la cinquantième sera une année de Jubilé, une année où le maître renverra ses esclaves des deux sexes, une année où chacun rentrera dans ses possessions, où le serf sera entièrement libre. J’ai, d’autre part, écrit dans ce même Livre : « Vous compterez sept semaines, c’est-à-dire quarante-neuf jours, et vous sanctifierez le cinquantième qui est celui que j’ai consacré par la promulgation de ma Loi. J’ai élevé David à la dignité royale, lui qui était le septième des patriarches, et je lui ai promis que de sa postérité surgiraient sept souverains qui régneront dans l’avenir, et dont le plus illustre sera le Messie surnommé « Innone », lequel sera aussi le septième monarque. Et, bien que j’aie donné la préférence à tous ces septièmes énumérés, j’accorde néanmoins la priorité au Chabat, qui est le septième jour de la semaine. Je l’ai appelé le jour de la paix, le jour de la foi, le jour de la bénédiction, le jour de la vénération, le jour de la confiance, le jour de la quiétude, le jour de la gloire, le jour de la splendeur, le jour de la beauté, le jour de la pureté, le jour du bonheur, le jour de la grandeur, le jour de l’ornement, le jour de la sainteté, le jour de la propreté, le jour de la prospérité, le jour de la magnificence, le jour de la préférence, le jour de la charité, le jour de l’étude, le jour de l’élévation, le jour de l’illustration, le jour de la conservation, le jour par lequel j’ai achevé la création du monde, le jour où même les damnés de l’enfer jouissent du repos. O enfants d’Israël! Honorez le Chabat, revêtez en ce jour vos plus beaux habits ; buvez et mangez bien ; soyez surtout charitables envers les malheureux et, généreusement, faites-leur partager vos repas, afin qu’ils se réjouissent avec vous. En retour, je vous épargnerai toute calamité, je vous préserverai de tout malheur, vous, ainsi que tous ceux de vos descendants qui se distingueront par leurs bonnes œuvres.

Car le Chabat est le symbole de l’alliance perpétuelle conclue sous la foi du serment entre vous et Moi ; c’est pourquoi l’Eternel a béni ce jour et l’a sanctifié.

 

CINQUIEME COMMANDEMENT

Le cinquième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes: O enfants d’Israël!

« Honorez vos parents »

Et gardez-vous bien de transgresser le précepte de la piété filiale que je vous ai imposée ; car l’honneur de vos parents doit être identique au mien ; leur vénération semblable à la mienne ; leur obéissance égale à celle qui m’est due. Sache, ô fils de l’homme ! Que nous nous sommes associés à trois pour te former : Moi l’Eternel, ton père et ta mère.

Tu dois à ton père ces dix organes : les os, les nerfs, la moelle épinière, le blanc des yeux, l’encéphale, les ongles, les dents canines, les molaires, les intestins et la graisse.

De ta mère tu tiens les dix suivants : la chair, le sang, les poumons, le cœur, le foie, le fiel, la rate, le noir des yeux, le coloris rouge des lèvres et les cheveux. Et de Moi, l’Etre Suprême, tu as reçu la vie, l’âme, l’intelligence, la sagesse, la parole, la vue, la force, l’odorat, le contentement et les biens. Puisque j’ai fait participer tes parents à ta création, ô mon fils, ne les contredis pas, que leurs propos soient justes ou erronés ; ne t’assieds pas à leur place, ni en leur présence, ni en leur absence ; car j’ai assimilé leur honneur, leur obéissance et leur vénération aux miens. Ne les regarde donc pas d’un œil défavorable ; accomplis leurs désirs ; ajoute foi à leurs paroles ; écoute docilement leurs remontrances et garde-toi de les offenser.

Je t’ai ordonné de respecter tes parents en raison des vingt organes de ton corps à la formation desquels ils ont contribué. Demeure auprès d’eux et lève-toi devant eux ; livre-toi, s’il le faut, à un travail servile, afin de pourvoir à leur entretien. Ne te permets pas de témoigner contre eux et accepte volontiers leur témoignage contre toi.

Les dix Commandements que je t’ai prescrits, c’est-à- dire : la reconnaissance de ma Divinité, la défense d’adorer les idoles, de faire un parjure, de profaner le jour du Chabat, de tuer, de commettre un adultère, de voler, de porter un faux témoignage, de convoiter le bien d’autrui, de ces dix Commandements, celui de la piété filiale est le plus important.

 Le sage Salomon, fils de David (que la paix soit sur lui !) a dit: «Tout enfant qui ne respecte pas ses parents et qui les méprise, puissent ses yeux être arrachés par les aigles et dévorés par les oiseaux de proie. »

O mon fils, dit encore ce sage, vénère tes parents de toutes tes forces et empresse-toi d’accomplir leurs ordres ; par cela tu t’assureras une longue et heureuse vie. Et tel que tu t’es comporté envers ceux qui t’ont mis au monde, telle sera la conduite de tes enfants à ton égard.

En honorant tes parents, tes jours se prolongeront sur la terre que l’Eternel, ton Dieu t’accordera.

 

SIXIEME COMMANDEMENT

Le sixième Commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

«Ne tuez personne»

Injustement, sans raison ; ne versez pas le sang d’un innocent. Ne soyez ni les instigateurs, ni les agents du meurtre ; n’ayez aucun rapport, aucune relation avec les assassins ; ne permettez à aucun d’eux d’élire domicile parmi vous.

Sachez que l’homicide détermine l’exil et la famine. O enfants d’Israël ! Gardez-vous bien d’un tel forfait que l’Eternel, Grand et Puissant, a rigoureusement défendu. Je poursuivrai celui qui aura tué la personne à qui j’ai confié l’âme et je vengerai le sang de l’innocent ; car j’ai créé l’homme à mon image, je l’ai fait au moule divin et mes mains l’ont façonné. Comment donc, oses-tu détruire et exterminer sans pitié celui que j’ai si merveilleusement formé dans le sein de sa mère! Comment, ô mon fils, te permets-tu de faire périr un être que tu n’as pas créé et que tu es incapable de ressusciter ! Pourquoi en hâtes-tu la fin avant le terme que je lui ai assigné, et lui retranches-tu la vie prématurément ? Loin de toi l’homicide et l’effusion du sang humain ! L’Eternel a seul le droit de réclamer l’âme qu’il a créée ; quant à toi, tu ne peux supprimer l’existence d’un individu qui n’est pas ton œuvre ; le meurtre est un crime impardonnable.

 Mais si tu te montres compatissant à l’égard d’un de tes semblables qui implore ton secours, tu prouveras que tu crains Dieu qui, en retour, t’exaucera lorsque tu l’invoqueras, car il est Miséricordieux. L’assassin, au contraire, renie l’Etre Suprême qui l’a créée, et pour cela son crime est ineffaçable. Partout où il ira, la terreur le saisira ; partout, il tremblera d’épouvante. Son forfait rejaillira sur tous ses descendants et sur tout ce qui lui appartiendra ; les cieux le maudiront, la terre le rejettera, les vallées témoigneront contre lui. Gardez-vous bien donc de tuer et de verser le sang humain.

 "O Mon fils ! Crains Dieu et prends soin de ton âme, afin de pouvoir, après une belle vieillesse, te trouver réuni avec les saints et les justes, car Je suis l’Eternel Clément et Miséricordieux.

 

SEPTIEME COMMANDEMENT

 Le septième Commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

«Ne commettez point d’adultère »

et ne vous adonnez pas à la débauche. N’ayez aucun rapport, aucune relation avec les gens de mœurs dépravées, afin que vos enfants après vous ne soient pas pervertis ; car le péché de la fornication détermine l’exil et la famine. O fils d’Israël ! Gardez-vous bien de l’incontinence ; loin de vous l’adultère qui occasionne la misère et les jours de détresse. Repoussez les sottes envies, les désirs d’un court instant qui irritent l’Eternel, entraînent la ruine de celui qui les recherche et la perte de celui qui s’y livre. Eloignez-vous en, observez toujours la Loi que je vous ai donnée et contentez-vous de ce que je vous y ai permis. Le vice dégrade la personne qui y persévère, lui retire l’estime dont elle jouit auprès de ses concitoyens et dévoile ses secrets. Mais, celui qui s’en préserve sera, en retour, préservé par Dieu de tous les maux. O mon fils ! Réfléchis bien à cela ; dompte tes passions, consacre tes pensées au Très-Haut. Que l’épouse que l’Eternel t’a accordée te suffise ; Il te bénira en augmentant ta famille ; des sources de bonheur jailliront dans ta demeure et tes greniers regorgeront d’abondance. Crains Dieu, garde-toi bien de commettre un inceste, et la prospérité s’installera chez toi. Sache que le Tout Puissant t’agréera si tu ne succombes pas aux tentations du maudit démon ; car les plus terribles fléaux fondent sur celui qui commet l’odieux péché de l’adultère.

Ô égaré ! Evite les regards de la courtisane dont les sentiers conduisent à la mort, évite de la poursuivre! Qu’aucune relation n’existe entre elle et toi ; ne recherche point son amitié ; fuis-la de toutes tes forces.

Tu seras vraiment habile et intelligent si tu parviens à lui échapper. Garde-toi bien de cette femme impudique et de ses artifices. Dès qu’elle désire quelqu’un, elle lui tend ses filets jusqu’à ce que, fatalement, il soit pris au piège. Ecarte-toi de son habitation ; n’essaie pas de t’approcher de sa porte, car elle te séduirait par ses paroles mielleuses, te tromperait par le charme de son langage et t’abreuverait de ses eaux. C’est pourquoi je te recommande de t’en éloigner, car ses chemins conduisent à la perdition, ses sentiers aboutissent à la mort. Aie donc soin de ne point suivre les traces de ses pas ; si tu deviens sa proie, tu es dès lors inévitablement perdu ; mais si tu ne tombes pas entre ses mains, tu peux te vanter d’avoir échappé au trépas. C’est au seuil de sa porte qu’elle se tient ; de là, elle lance son regard perçant sur le jeune homme qu’elle veut attirer et l’entraîne dans la voie du mal.

Il existe dans le monde dix choses dont l’une est plus forte que l’autre: la pierre dure est brisée par le fer ; le fer résistant est ramolli par le feu ; le feu ardent est éteint par l’eau ; l’eau est bien redoutable, mais le nuage la contient ; le lourd nuage est chassé par le vent ; le vent le plus impétueux est supporté par la terre ; la terre est puissante, mais l’homme l’est davantage ; le chagrin le plus amer est dissipé par le vin ; le vin quoique fort est inférieur au sommeil ; le sommeil plus profond est bien moindre que la mort ; la mort est terrible, mais la femme voluptueuse les surpasse tous. C’est d’elle que le sage Salomon fils de David (que la paix soit sur lui !) a dit : « Ce que je trouve de plus amer que la mort, c’est la femme dont le cœur n’est que guet-apens et pièges. » La trame de ses filets est beaucoup plus ferme que celle des rets ordinaires. Elle mange, s’essuie la bouche et dit:« Je n’ai rien mangé!» ; elle satisfait ses appétits et dit : « Je n’ai point fait de mal ! » Ses manières d’agir sont analogues à celles du navire dans la mer, de l’aigle dans les airs, du serpent sur le rocher ; car de même que, faute de traces, le passage de ces derniers ne peut être soupçonné, de même l’infidélité conjugale de cette maudite femme échappe à toute investigation.

Peut-on attiser du feu dans son sein, a dit encore le sage de la Bible, sans que les vêtements soient consumés ? « Un oiseau serait-il pris sans piège ? » « Deux hommes marchent-ils ensemble s’ils ne se sont pas entendus d’avance ? » « Le lion rugit-il (dans la forêt) s’il ne tient une proie?»« Un peuple est-il frappé d’un malheur si ce n’est à cause de ses propres fautes?»

Celui qui se livre aux plaisirs illicites et qui s’adonne au vice verra ses secrets découverts, sera réduit à l’indigence et ses forces l’abandonneront. Attaché à l’iniquité, il finira par perdre complètement la foi. En considérant les dix choses énumérées ci – dessus, nous avons remarqué que la femme aux mœurs dépravées en était la plus terrible. C’est pourquoi, mon fils, confie-toi en Dieu et il te préservera d’elle et de toute autre séduction.

 

HUITIEME COMMANDEMENT

Le huitième Commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

« Ne dérobez point ! »

N ‘ayez aucun rapport, ni aucune relation avec les voleurs, car le larcin est cause que les nuages se dissipent pour ne pas donner de pluie. O enfants d’Israël ! Gardez-vous bien du vol. Eloignez-vous du chemin de l’oisiveté et ne convoitez point ce qui ne vous appartient pas.

S ache, ô homme! Qu’en te créant dans le sein de ta mère, je me suis déjà préoccupé de ta subsistance. Du haut de mon trône, je te donnai l’ordre de quitter ce lieu lorsque tu atteignis le terme des jours et les mois que je t’y avais fixé, et je te recommandai d’être honnête et de reconnaître ma Toute Puissance.

Je suis l’Eternel qui t’a délivré de l’étroitesse des entrailles et de l’obscurité du sein maternel. O mon fils ! Ne commets point de vol, car j’ai assuré ton existence et pourvu à tes besoins. Quand ton heure aura sonné, il ne restera plus rien des biens que tu auras amassés, qu’ils aient été nombreux ou non, pas même la valeur d’un grain de sésame. Contente-toi donc de ce que l’Eternel t’a accordé.

Tu ne peux récolter, a dit un sage, la moisson dont la semence ne t’appartenait pas. Sois satisfait de ce que tu as acquis loyalement et il te sera profitable. Comment, a dit aussi Salomon, fils de David (que la paix soit sur lui !), comment veux-tu jouir de ce monde alors que la vie est de courte durée !

Donc, mon fils, considère-toi comme un mercenaire ; recouvre-toi de nattes ; nourris-toi de son et empêche-toi de dérober peu ou beaucoup. Ne vole point le riche sous prétexte que cela ne peut lui faire tort, et encore moins le pauvre dont tu augmenterais la misère. Ne t’avilis pas, ne déshonore pas tes amis, évite d’être l’opprobre de ta famille et de ton pays. Si l’on te dit : « Comment tu n’as rien en mains ! », endure cette souffrance plutôt que de t’exposer à la honte, toi et les tiens. Efforce-toi de ne pas te rendre vil et méprisable aux yeux de tes amis qui t’entourent comme une auréole, dont l’éclat s’obscurcirait si tu agis mal.

A khan, descendant de Zérah, chef de la tribu de Juda, s’était rendu coupable de larcin ; pour cela, il fut lapidé aussitôt et recouvert lui, ainsi que les objets dérobés, d’un grand monceau de pierres.

Eloignez-vous donc du vol et écartez-vous du vice. Je comblerai de bonheur l’homme droit et intelligent qui se contente du peu qu’il a acquis honnêtement.

 

NEUVIEME COMMANDEMENT

Le neuvième Commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

«Ne portez pas de faux témoignages ! »

Interdisez aux parjures de s’installer au milieu de vous car, par leur faute, les bêtes féroces dévastent la terre. Ecartez-vous du chemin de la fausseté et de la turpitude. Ne causez pas la mort d’un innocent en disant : « Mais nous ne lui avons fait aucun mal ! » alors que vous le tuez sans épée, que vous lui percez le cœur sans lance et que vous lui faites rendre l’âme avant le terme de son existence. C’est un triple homicide que vous commettez et qui vous privera de votre part à la vie future. Garde-toi, insensé ! de faire un faux témoignage, car l’Eternel t’en punira ici-bas et dans l’autre monde. Ce crime annihile toute croyance religieuse et, au jugement dernier, c’est par là que commencera l’examen, de tes actes. O mon fils! N’affirme que ce dont tu es sûr ; crains Dieu et sache que le parjure déshonore celui qui le perpètre et le rend méprisable.

ce que nous venons d’exprimer au sujet des faux témoins qui seront privés que la béatitude de l’autre vie est confirmé par le verset suivant : « Maudit soit celui qui frappe son prochain en secret. » Relativement à cela nous lisons encore dans l’Ecriture Sainte : «Malheur à ceux qui qualifient le mal, bien et le bien, mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui rendent l’amer, doux et le doux, amer. »

Donc, pareillement, les faux témoins sont maudits par l’Eternel. Ainsi, mon fils ! Ne rends point contre ton prochain de faux témoignage.

 

DIXIEME COMMANDEMENT

Le dixième Commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : O fils d’Israël !

«Ne convoite pas la maison de ton prochain.»

N’envie pas la femme de ton prochain, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain. »

G ardez-vous bien de la cupidité ; fuyez les désirs illicites ; abhorrez la concupiscence ; tous ces vices sont cause des calamités. Celui qui ne peut maîtriser ses passions n’est pas clairvoyant, mais aveugle ; il ne se rend pas compte de ses actes. Il prend ce qui est amer pour doux et ce qui est doux pour amer. Il ne peut distinguer l’océan de la terre, ni la terre de l’océan ; pour lui, la perfidie est droiture et la droiture perfidie. La convoitise qui s’est emparée de son cœur, qui a triomphé de ses yeux, est comparable aux nuages déversant une pluie torrentielle, ou au fleuve rapide emportant tout sur son passage, entraînant et englobant tout ce qu’il peut. Ainsi, la volupté stupide, la passion ruinent, perdent tous ceux qui s’y adonnent, aveuglent leurs favoris, les empêchent de discerner le bien du mal, insensibilisent leur cœur. Celui qui sait s’en écarter verra prospérer ses affaires, sa condition s’améliorer ; qui s’attache à la religion aura de la considération, accroîtra ses biens et ses richesses. Pour avoir su attendre dans la résignation, il aura trouvé son contentement, puis la satisfaction, la prospérité, la fortune, la dignité, et alors il n’aura plus rien à souhaiter. La convoitise, au contraire, engendre le gaspillage, la perte, la ruine, le malheur, le déshonneur, la vicissitude, la pauvreté, l’avilissement de celui qui la poursuit et qui finira accablé de tous les maux.

Ainsi, mes enfants, gardez-vous bien de convoiter ce qui ne vous appartient pas. Contentez-vous de ce que je vous ai accordé. Si vous observez votre Loi, l’Eternel vous aimera et ses anges vous seront favorables. Ayez soin de ne point transgresser ses commandements. Ne désirez pas ce qui n’est pas votre propriété, ce que possède votre prochain, car le Tout Puissant, qui vous a donné des biens, vous en octroiera d’autres si vos pensées sont pures et sincères envers lui et vous obtiendrez de sa suprême bonté le bonheur perpétuel, ainsi qu’il est dit dans la Tora : «De la sorte, tu seras heureux et tu verras tes jours se prolonger. »  

 

"Les dix Commandements" du Rav Saadia Gaon – Traduction du grand Rabbin Morali