Les cinq derniers commandements – Entre l’Homme et son prochain

SIXIEME COMMANDEMENT

Le sixième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !

«Ne tuez personne»

Injustement, sans raison, ne versez pas le sang d’un innocent. Ne soyez ni les instigateurs, ni les agents du meurtre. N’ayez aucun rapport, aucune relation avec les assassins. Ne permettez à aucun d’eux d’élire domicile parmi vous.

Sachez que l’homicide détermine l’exil et la famine. O enfants d’Israël ! Gardez-vous bien d’un tel forfait que l’Eternel, grand et puissant, a rigoureusement défendu. Je poursuivrai celui qui aura tué la personne à qui J’ai confié l’âme et Je vengerai le sang de l’innocent, car J’ai créé l’homme à Mon image, Je l’ai fait au moule divin et Mes mains l’ont façonné. Comment donc, oses-tu détruire et exterminer sans pitié celui que J’ai si merveilleusement formé dans le sein de sa mère! Comment, ô mon fils, te permets-tu de faire périr un être que tu n’as pas créé et que tu es incapable de ressusciter ! Pourquoi en hâtes-tu la fin avant le terme que Je lui ai assigné, et lui retranches-tu la vie prématurément ? Loin de toi l’homicide et l’effusion du sang humain ! L’Eternel a seul le droit de réclamer l’âme qu’Il a créée. Quant à toi, tu ne peux supprimer l’existence d’un individu qui n’est pas ton œuvre. Le meurtre est un crime impardonnable.

Mais si tu te montres compatissant à l’égard d’un de tes semblables qui implore ton secours, tu prouveras que tu crains D.ieu qui, en retour, t’exaucera lorsque tu l’invoqueras, car Il est miséricordieux. L’assassin, au contraire, renie l’Etre Suprême qui l’a créé, et pour cela son crime est ineffaçable. Partout où il ira, la terreur le saisira. Partout, il tremblera d’épouvante. Son forfait rejaillira sur tous ses descendants et sur tout ce qui lui appartiendra. Les cieux le maudiront, la terre le rejettera, les vallées témoigneront contre lui. Gardez-vous bien donc de tuer et de verser le sang humain.

Ô Mon fils ! Crains D.ieu et prends soin de ton âme, afin de pouvoir, après une belle vieillesse, te trouver réuni avec les saints et les justes, car Je suis l’Eternel clément et miséricordieux.

SEPTIEME COMMANDEMENT

Le septième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !

«Ne commettez point d’adultère »

Et ne vous adonnez pas à la débauche. N’ayez aucun rapport, aucune relation avec les gens de mœurs dépravées, afin que vos enfants après vous ne soient pas pervertis. Car le péché de la fornication détermine l’exil et la famine. Ô fils d’Israël ! Gardez-vous bien de l’incontinence. Loin de vous l’adultère qui occasionne la misère et les jours de détresse. Repoussez les sottes envies, les désirs d’un court instant qui irritent l’Eternel, entraînent la ruine de celui qui les recherche et la perte de celui qui s’y livre. Eloignez-vous en, observez toujours la Loi que Je vous ai donnée et contentez-vous de ce que Je vous y ai permis. Le vice dégrade la personne qui y persévère, lui retire l’estime dont elle jouit auprès de ses concitoyens et dévoile ses secrets. Mais, celui qui s’en préserve sera, en retour, préservé par D.ieu de tous les maux. O mon fils ! Réfléchis bien à cela. Dompte tes passions, consacre tes pensées au Très-Haut. Que l’épouse que l’Eternel t’a accordée te suffise. Il te bénira en augmentant ta famille. Des sources de bonheur jailliront dans ta demeure et tes greniers regorgeront d’abondance. Crains D.ieu, garde-toi bien de commettre un inceste, et la prospérité s’installera chez toi. Sache que le Tout-puissant t’agréera si tu ne succombes pas aux tentations du maudit démon, car les plus terribles fléaux fondent sur celui qui commet l’odieux péché de l’adultère.

Ô égaré ! Evite les regards de la courtisane dont les sentiers conduisent à la mort, évite de la poursuivre! Qu’aucune relation n’existe entre elle et toi. Ne recherche point son amitié, fuis-la de toutes tes forces.

Tu seras vraiment habile et intelligent si tu parviens à lui échapper. Garde-toi bien de cette femme impudique et de ses artifices. Dès qu’elle désire quelqu’un, elle lui tend ses filets jusqu’à ce que, fatalement, il soit pris au piège. Ecarte-toi de son habitation. N’essaie pas de t’approcher de sa porte, car elle te séduirait par ses paroles mielleuses, te tromperait par le charme de son langage et t’abreuverait de ses eaux. C’est pourquoi Je te recommande de t’en éloigner, car ses chemins conduisent à la perdition, ses sentiers aboutissent à la mort. Aie donc soin de ne point suivre les traces de ses pas. Si tu deviens sa proie, tu es dès lors inévitablement perdu, mais si tu ne tombes pas entre ses mains, tu peux te vanter d’avoir échappé au trépas. C’est au seuil de sa porte qu’elle se tient. De là, elle lance son regard perçant sur le jeune homme qu’elle veut attirer et l’entraîne dans la voie du mal.

Il existe dans le monde dix choses dont l’une est plus forte que l’autre: la pierre dure est brisée par le fer. Le fer résistant est ramolli par le feu. Le feu ardent est éteint par l’eau. L’eau est bien redoutable, mais le nuage la contient. Le lourd nuage est chassé par le vent. Le vent le plus impétueux est supporté par la terre. La terre est puissante, mais l’homme l’est davantage. Le chagrin le plus amer est dissipé par le vin. Le vin quoique fort est inférieur au sommeil. Le sommeil plus profond est bien moindre que la mort. La mort est terrible, mais la femme voluptueuse les surpasse tous. C’est d’elle que le sage Salomon fils de David (que la paix soit sur lui !) a dit : « Ce que je trouve de plus amer que la mort, c’est la femme dont le cœur n’est que guet-apens et pièges ». La trame de ses filets est beaucoup plus ferme que celle des rets ordinaires. Elle mange, s’essuie la bouche et dit : « Je n’ai rien mangé!». Elle satisfait ses appétits et dit : « Je n’ai point fait de mal!  » Ses manières d’agir sont analogues à celles du navire dans la mer, de l’aigle dans les airs, du serpent sur le rocher. Car de même que, faute de traces, le passage de ces derniers ne peut être soupçonné, de même l’infidélité conjugale de cette maudite femme échappe à toute investigation.

Peut-on attiser du feu dans son sein, a dit encore le sage de la Bible, sans que les vêtements soient consumés ? « Un oiseau serait-il pris sans piège ? » « Deux hommes marchent-ils ensemble s’ils ne se sont pas entendus d’avance ? » « Le lion rugit-il (dans la forêt) s’il ne tient une proie?» « Un peuple est-il frappé d’un malheur si ce n’est à cause de ses propres fautes?»

Celui qui se livre aux plaisirs illicites et qui s’adonne au vice, verra ses secrets découverts, sera réduit à l’indigence et ses forces l’abandonneront. Attaché à l’iniquité, il finira par perdre complètement la foi. En considérant les dix choses énumérées ci-dessus, nous avons remarqué que la femme aux mœurs dépravées en était la plus terrible. C’est pourquoi, mon fils, confie-toi en D.ieu et Il te préservera d’elle et de toute autre séduction.

HUITIEME COMMANDEMENT

Le huitième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !

« Ne dérobez point ! »

N’ayez aucun rapport, ni aucune relation avec les voleurs, car le larcin est cause que les nuages se dissipent pour ne pas donner de pluie. Ô enfants d’Israël ! Gardez-vous bien du vol. Eloignez-vous du chemin de l’oisiveté et ne convoitez point ce qui ne vous appartient pas.

Sache, ô homme! Qu’en te créant dans le sein de ta mère, Je me suis déjà préoccupé de ta subsistance. Du haut de mon trône, Je te donnai l’ordre de quitter ce lieu lorsque tu atteignis le terme des jours et les mois que Je t’y avais fixé, et Je te recommandai d’être honnête et de reconnaître Ma Toute-puissance.

Je suis l’Eternel qui t’ai délivré de l’étroitesse des entrailles et de l’obscurité du sein maternel. Ô mon fils ! Ne commets point de vol, car J’ai assuré ton existence et pourvu à tes besoins. Quand ton heure aura sonné, il ne restera plus rien des biens que tu auras amassés, qu’ils aient été nombreux ou non, pas même la valeur d’un grain de sésame. Contente-toi donc de ce que l’Eternel t’a accordé.

Tu ne peux récolter, a dit un sage, la moisson dont la semence ne t’appartenait pas. Sois satisfait de ce que tu as acquis loyalement et il te sera profitable. Comment, a dit aussi Salomon, fils de David (que la paix soit sur lui !), comment veux-tu jouir de ce monde alors que la vie est de courte durée !

Donc, mon fils, considère-toi comme un mercenaire. Recouvre-toi de nattes, nourris-toi de son et empêche-toi de dérober peu ou beaucoup. Ne vole point le riche sous prétexte que cela ne peut lui faire tort, et encore moins le pauvre dont tu augmenterais la misère. Ne t’avilis pas, ne déshonore pas tes amis, évite d’être l’opprobre de ta famille et de ton pays. Si l’on te dit : « Comment tu n’as rien en mains ! », endure cette souffrance plutôt que de t’exposer à la honte, toi et les tiens. Efforce-toi de ne pas te rendre vil et méprisable aux yeux de tes amis qui t’entourent comme une auréole, dont l’éclat s’obscurcirait si tu agis mal.

‘Akhan, descendant de Zérah, chef de la tribu de Juda, s’était rendu coupable de larcin. Pour cela, il fut lapidé aussitôt et recouvert lui, ainsi que les objets dérobés, d’un grand monceau de pierres.

Eloignez-vous donc du vol et écartez-vous du vice. Je comblerai de bonheur l’homme droit et intelligent qui se contente du peu qu’il a acquis honnêtement.

NEUVIEME COMMANDEMENT

Le neuvième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !

«Ne portez pas de faux témoignages ! »

Interdisez aux parjures de s’installer au milieu de vous car, par leur faute, les bêtes féroces dévastent la terre. Ecartez-vous du chemin de la fausseté et de la turpitude. Ne causez pas la mort d’un innocent en disant : « Mais nous ne lui avons fait aucun mal ! » alors que vous le tuez sans épée, que vous lui percez le cœur sans lance et que vous lui faites rendre l’âme avant le terme de son existence. C’est un triple homicide que vous commettez et qui vous privera de votre part à la vie future. Garde-toi, insensé de faire un faux témoignage, car l’Eternel t’en punira ici-bas et dans l’autre monde. Ce crime annihile toute croyance religieuse et, au jugement dernier, c’est par là que commencera l’examen, de tes actes. Ô mon fils! N’affirme que ce dont tu es sûr. Crains D.ieu et sache que le parjure déshonore celui qui le perpètre et le rend méprisable.

Ce que nous venons d’exprimer au sujet des faux témoins qui seront privés de la béatitude de l’autre vie est confirmé par le verset suivant : «Maudit soit celui qui frappe son prochain en secret. » Relativement à cela nous lisons encore dans l’Ecriture Sainte : «Malheur à ceux qui qualifient le mal, bien et le bien, mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui rendent l’amer, doux et le doux, amer. »

Donc, pareillement, les faux témoins sont maudits par l’Eternel. Ainsi, mon fils ! Ne rends point contre ton prochain de faux témoignage.

DIXIEME COMMANDEMENT

Le dixième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !

«Ne convoite pas la maison de ton prochain.»

N’envie pas la femme de ton prochain, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain. »

Gardez-vous bien de la cupidité, fuyez les désirs illicites, abhorrez la concupiscence, tous ces vices sont cause des calamités. Celui qui ne peut maîtriser ses passions n’est pas clairvoyant, mais aveugle. Il ne se rend pas compte de ses actes. Il prend ce qui est amer pour doux et ce qui est doux pour amer. Il ne peut distinguer l’océan de la terre, ni la terre de l’océan. Pour lui, la perfidie est droiture et la droiture perfidie. La convoitise qui s’est emparée de son cœur, qui a triomphé de ses yeux, est comparable aux nuages déversant une pluie torrentielle, ou au fleuve rapide emportant tout sur son passage, entraînant et englobant tout ce qu’il peut. Ainsi, la volupté stupide, la passion, ruinent, perdent tous ceux qui s’y adonnent, aveuglent leurs favoris, les empêchent de discerner le bien du mal, insensibilisent leur cœur. Celui qui sait s’en écarter verra prospérer ses affaires, sa condition s’améliorer. Qui s’attache à la religion aura de la considération, accroîtra ses biens et ses richesses. Pour avoir su attendre dans la résignation, il aura trouvé son contentement, puis la satisfaction, la prospérité, la fortune, la dignité, et alors il n’aura plus rien à souhaiter. La convoitise, au contraire, engendre le gaspillage, la perte, la ruine, le malheur, le déshonneur, la vicissitude, la pauvreté, l’avilissement de celui qui la poursuit et qui finira accablé de tous les maux.

Ainsi, Mes enfants, gardez-vous bien de convoiter ce qui ne vous appartient pas. Contentez-vous de ce que Je vous ai accordé.

Si vous observez votre Loi, l’Eternel vous aimera et Ses anges vous seront favorables. Ayez soin de ne point transgresser Ses commandements. Ne désirez pas ce qui n’est pas votre propriété, ce que possède votre prochain, car le Tout- puissant, qui vous a donné des biens, vous en octroiera d’autres si vos pensées sont pures et sincères envers Lui et vous obtiendrez de Sa suprême bonté le bonheur perpétuel, ainsi qu’il est dit dans la Torah : «De la sorte, tu seras heureux et tu verras tes jours se prolonger. »

« Les dix Commandements » du Rav Sa’adia Gaon – Traduction du Grand Rabbin Morali

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