PREMIER COMMANDEMENT
Le premier commandement, émanant du Maître de l’Univers, révélait une vérité incontestable, base fondamentale de la Torah et de l’alliance perpétuelle que D.ieu promit d’instituer avec toutes les générations de Son peuple.
Ce dogme apparaissait en lettres flamboyantes qui, après avoir plané dans les hauteurs célestes et évolué dans les airs autour du mont Sinaï, allaient se fixer sur les Tables de la Loi, pendant que la voix divine, claire, harmonieuse et d’une incomparable sonorité, dominant le bruit du tonnerre et de la tempête, environnait le peuple et l’exhortait merveilleusement en ces termes : Ô enfants d’Israël !
« Je suis l’Eternel, qui vous fait sortir d’Egypte, d’une maison d’esclavage. »
Je suis l’Etre Suprême qui ai créé la mer et qui lui ai ordonné de se dessécher (pour vous y frayer un passage), J’y ai fait noyer Pharaon et son armée. Je suis Un par excellence. Par Ma splendeur et Ma sagesse, J’ai étendu et affermi les cieux, seul, sans être secondé par un ministre, ni par un conseiller quelconque. Je suis le Roi des rois, et je n’ai point de rival. C’est Moi seul qui fais mourir et qui fais vivre. J’abaisse la demeure de l’orgueilleux et Je l’avilis. J’élève ou J’humilie ceux que Je veux. J’accorde le bonheur à mes fidèles serviteurs et Je leur procure une subsistance quotidiennement renouvelée. Je possède les trésors du froid, de la grêle, de la neige, de la gelée, du tonnerre, des éclairs et du vent violent et impétueux. J’ai fait tenir les cieux sans colonnes. J’ai fermement établi les assises de la terre, comme si elles reposaient sur de solides piliers. Par Ma seule parole, du néant J’ai tiré l’existence. Ma volonté n’a jamais été contrariée, elle est immuable.
Je frappe de démence les savants et J’annihile leurs projets. J’éloigne ceux qui sont proches et Je rapproche ceux qui sont loin. Je fais jaillir l’eau des rochers les plus durs et dans les lieux les plus arides. Je fais germer de la terre les graines qu’on y a déposées et J’en fais surgir une abondante moisson. Si Je jette un regard sur le monde, Je le fais trembler. Il se trouve plongé dans de profondes ténèbres, dès que J’éclipse le soleil. C’est par la faute des hommes que parfois Je prive la terre de la pluie. Néanmoins Je m’empresse de la lui accorder de nouveau, dès que ceux-ci me la réclament par des prières et des louanges. Sachez que J’en compte toutes les gouttes et qu’un ange gardien préposé par Moi a la charge de les distribuer ou de les retenir, selon Ma volonté. Une fois descendue du ciel, la pluie n’y retourne pas avant d’avoir fertilisé les champs auxquels Je l’ai destiné. C’est à Moi seul que conviennent la souveraineté, la grandeur, les hommages, la prière et la louange. Je suis Un par excellence, fort et puissant, Je dévoile les mystères et rien n’échappe à Ma vue. Nul ne peut être comparé à Moi. Ma gloire brille dans les sphères les plus hautes et Je sonde les profondeurs du cœur. Je suis l’Eternel qui recouvre la terre d’une fraîche verdure, qui la revêt de céréales, d’herbes et d’une flore superbe. Je lui fais produire pour mes serviteurs de beaux et succulents fruits. J’ai assigné à la mer une infranchissable limite de sable. Je change les temps et les époques, et les astres accomplissent leurs révolutions avec une parfaite régularité. J’appauvris le riche et enrichis abondamment le pauvre. Je suis le Tout-puissant, le Très-Haut, le Sublime. Ma splendeur n’a point d’égale, rien ne peut ressembler à Ma divine majesté. La glorification, la magnificence ne siéent qu’à Moi, ainsi qu’il est écrit dans le livre de la Révélation : « Ecoute, ô Israël ! L’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un » et sans second. Il n’y a pas d’Unité semblable à la sienne.
DEUXIEME COMMANDEMENT
Le deuxième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes, pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !
« N’ayez point d’autre Dieu que moi. »
Ne vous faites point d’idole ! Ne Me changez pas contre un autre, ne M’attribuez aucune figure. Ne Me comparez à rien, ne Me représentez pas d’après votre imagination. Adressez-Moi vos louanges et rendez hommage à Mon Nom. Je suis le Tout-Puissant, le Majestueux. Mes merveilles sont impénétrables et le mystère de Mon existence est insondable.
Je conserve Ma bonté pour toutes les générations, car Je suis le Miséricordieux, le Bienveillant. Gardez-vous bien de Me substituer une idole ou de Me représenter sous une forme quelconque. Ne vous prosternez point follement ou aveuglément devant le soleil, ni devant la lune, ni devant tout ce qui existe sous le ciel, ni devant les étoiles du firmament et ses diverses constellations, car ils ont tous été comme vous créés par Moi.
Je suis l’Eternel, à Moi seul appartiennent la grandeur, la puissance et tous les êtres. Mes décrets sont irrévocables. N’adorez point d’autres dieux que Moi, qu’ils soient sculptés en or, en argent, en bois ou en pierre, car ils sont l’œuvre de la main d’hommes insensés. Ils ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas; des oreilles et n’entendent pas, des narines et ne sentent pas, des mains et ne touchent pas, des pieds et ne marchent pas. Puissent leur ressembler ceux qui les façonnent, de même que ceux qui se confient en eux.
Ô fils d’Israël! Ô mes Elus! Ô mes biens aimés! Je suis l’Eternel, l’auteur de l’Univers. J’ai créé les planètes et les brillants corps célestes : Ne les craignez pas et ne leur rendez pas hommage, car Je suis un D.ieu jaloux, punissant sévèrement ceux qui s’écartent de Mes commandements, mais je suis clément et bienveillant pour ceux de Mes élus qui observent mes Lois, fidèlement et sincèrement.
Je serai leur témoin, au jour du jugement dernier. Je punis les iniquités des pères dans les enfants, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, si ceux-ci M’offensent. Mais aussi J’étends Ma bienveillance à la millième, pour ceux qui M’aiment et observent Mes préceptes.
TROISIEME COMMANDEMENT
Le troisième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô enfants d’Israël!
« Gardez-vous bien de jurer en vain par Mon nom »
Ni de le proférer à l’appui du mensonge. Si vous prêtez serment, persévérez dans vos attestations, jusqu’à ce que la vérité éclate manifestement. Que votre serment soit exempt de défectuosité et de vice. Que votre témoignage soit sincère et irréfragable. Ne prononcez le nom de D.ieu que dans un cas indubitable. Sachez que celui qui le profère irrévérencieusement sera perpétuellement puni par Moi, car le parjure cause la ruine des maisons et la destruction des monuments, dessèche les plantes, arrête les pluies bienfaisantes, procure de graves maladies et des souffrances à celui qui le commet, transforme une terre fertile en un désert inculte. Ecoutez ce que l’Eternel dit à ce sujet : « J’ai donné libre cours à la malédiction, pour qu’elle pénètre dans la maison du voleur et dans la maison de celui qui jure faussement par Mon nom. Elle élira domicile au milieu de sa demeure et la ruinera avec sa charpente et ses pierres. »
Gardez-vous bien du faux serment et du faux témoignage, car Je châtie sévèrement le parjure. Je récompense, au contraire, celui qui s’abstient de prêter par Mon nom un serment faux, vain et mensonger, qui n’habitue pas sa langue à tenir des propos indécents, ni à mentir, qui révère le Nom de son Maître suprême et qui le craint, qui ne prononce ce Nom auguste et redoutable du Tout-puissant que sincèrement et sans arrière-pensée; qui ne dit toujours que la vérité et qui prouve que la crainte de D.ieu lui est constamment présente. Ainsi Enoch prononça Mon nom et Je l’ai élevé au-dessus de la voûte éthérée. Noé en fit de même, et les eaux du déluge l’épargnèrent. Abraham le proféra aussi, et Je l’ai sauvé du feu de la fournaise. Isaac l’invoqua à son tour, au moment de son sacrifice, et Je l’ai racheté par un bélier. Jacob l’exprima ensuite pendant qu’il luttait avec l’ange. Par ce Nom J’ai préservé Joseph de la tentation de la femme de Putiphar. Par ce Nom, Moïse put tuer l’Egyptien, métamorphoser son bâton en serpent et lui faire reprendre ensuite sa forme primitive. Par ce nom, invoqué encore par le prophète, J’ai divisé la Mer Rouge en douze sentiers, un sentier pour le passage de chaque tribu. Par ce nom, J’ai arrêté le soleil sur la prière de Josué afin de permettre à celui-ci d’exterminer ses ennemis. Par ce nom, Jonas demanda Mon secours, pendant qu’il était dans les entrailles du cétacé et Je l’en ai retiré. Par ce nom enfin, les malades guérissent, les aveugles recouvrent la vue, les morts sont rappelés à la vie et les affligés trouvent la consolation réconfortante.
Je suis le premier de tous les premiers, et l’éternité ne sied qu’à Moi seul. Je suis l’Etre Suprême dont l’existence n’aura pas de fin. Je suis le Tout-puissant et Je ne laisse pas impuni celui qui invoque Mon nom pour le mensonge.
QUATRIEME COMMANDEMENT
Le quatrième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes : Ô fils d’Israël !
« Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. »
Durant six jours tu travailleras et tu t’occuperas de toutes tes affaires mais le septième jour sera un jour de repos consacré à l’Eternel ton D.ieu. Tu n’y feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave mâle ou femelle, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs, afin qu’ils se reposent comme toi. Car en six jours, l’Eternel a créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour dans lequel il occupa son Trône. C’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Chabbat et l’a sanctifié. Ô enfants d’Israël ! Observez le Chabbat, honorez-le, vénérez-le, révérez-le, choyez-le, faites-le respecter, glorifiez-le, embellissez-le, aimez-le, purifiez-le, couronnez-le, parez-le, sacrez-le roi, portez-le en triomphe, ennoblissez-le, chérissez-le, préférez-le, affectionnez-le, sanctifiez-le, fixez-le, illustrez-le, conservez-le fermement.
Ô enfants d’Israël ! Ô Mes élus! Ô Mes saints ! Souvenez-vous des vingt merveilles que J’ai créées dans le monde, et dont Je n’ai préféré que les septièmes, en l’honneur du Chabbat. J’ai créé sept cieux, et Je n’ai attribué la suprématie qu’au septième, qui se nomme « Arabot », où réside Ma divine majesté. J’ai créé sept mers, et je n’ai choisi que la septième qui est la Mer Rouge, où J’ai accompli des miracles aux yeux de Mon peuple. J’ai créé sept planètes, et J’ai accordé la supériorité sur les autres à la septième, le soleil qui, par sa lumière puissante, éclaire l’univers entier. J’ai appelé Abraham mon bien aimé et Moïse, mon fidèle serviteur. J’ai créé le monde en six jours, et c’est le septième seulement que J’ai occupé Mon Trône. J’ai aussi écrit dans Mon Livre : « Vous compterez sept fois sept années, c’est-à-dire quarante-neuf années, et la cinquantième sera une année de Jubilé, une année où le maître renverra ses esclaves des deux sexes, une année où chacun rentrera dans ses possessions, où le serf sera entièrement libre». J’ai, d’autre part, écrit dans ce même Livre : « Vous compterez sept semaines, c’est-à-dire quarante-neuf jours, et vous sanctifierez le cinquantième» qui est celui que J’ai consacré par la promulgation de Ma loi. J’ai élevé David à la dignité royale, lui qui était le septième des patriarches, et Je lui ai promis que de sa postérité surgiraient sept souverains qui régneront dans l’avenir, et dont le plus illustre sera le Messie surnommé « Yinnone », lequel sera aussi le septième monarque.
Et, bien que J’aie donné la préférence à tous ces septièmes énumérés, J’accorde néanmoins la priorité au Chabbat, qui est le septième jour de la semaine. Je l’ai appelé le jour de la paix, le jour de la foi, le jour de la bénédiction, le jour de la vénération, le jour de la confiance, le jour de la quiétude, le jour de la gloire, le jour de la splendeur, le jour de la beauté, le jour de la pureté, le jour du bonheur, le jour de la grandeur, le jour de l’ornement, le jour de la sainteté, le jour de la propreté, le jour de la prospérité, le jour de la magnificence, le jour de la préférence, le jour de la charité, le jour de l’étude, le jour de l’élévation, le jour de l’illustration, le jour de la conservation, le jour par lequel J’ai achevé la création du monde, le jour où même les damnés de l’enfer jouissent du repos.
Ô enfants d’Israël! Honorez le Chabbat, revêtez en ce jour vos plus beaux habits. Buvez et mangez bien, soyez surtout charitables envers les malheureux et, généreusement, faites-leur partager vos repas, afin qu’ils se réjouissent avec vous. En retour, Je vous épargnerai toute calamité, Je vous préserverai de tout malheur, vous, ainsi que tous ceux de vos descendants qui se distingueront par leurs bonnes œuvres.
Car le Chabbat est le symbole de l’alliance perpétuelle conclue sous la foi du serment entre vous et Moi. C’est pourquoi l’Eternel a béni ce jour et l’a sanctifié.
CINQUIEME COMMANDEMENT
Le cinquième commandement apparaissait en lettres flamboyantes, tournoyant dans les hauteurs célestes pendant que la voix divine environnait le peuple et l’exhortait en ces termes: Ô enfants d’Israël!
« Honorez vos parents »
Et gardez-vous bien de transgresser le précepte de la piété filiale que Je vous ai imposée, car l’honneur de vos parents doit être identique au mien, leur vénération semblable à la mienne, leur obéissance égale à celle qui M’est due. Sache, ô fils de l’homme ! Que nous nous sommes associés à trois pour te former : Moi l’Eternel, ton père et ta mère.
Tu dois à ton père ces dix organes : les os, les nerfs, la moelle épinière, le blanc des yeux, l’encéphale, les ongles, les dents canines, les molaires, les intestins et la graisse.
De ta mère tu tiens les dix suivants : la chair, le sang, les poumons, le cœur, le foie, le fiel, la rate, le noir des yeux, le coloris rouge des lèvres et les cheveux. Et de Moi, l’Etre Suprême, tu as reçu la vie, l’âme, l’intelligence, la sagesse, la parole, la vue, la force, l’odorat, le contentement et les biens. Puisque J’ai fait participer tes parents à ta création, ô mon fils, ne les contredis pas, que leurs propos soient justes ou erronés. Ne t’assieds pas à leur place, ni en leur présence, ni en leur absence, car J’ai assimilé leur honneur, leur obéissance et leur vénération aux miens. Ne les regarde donc pas d’un œil défavorable. Accomplis leurs désirs, ajoute foi à leurs paroles, écoute docilement leurs remontrances et garde-toi de les offenser.
Je t’ai ordonné de respecter tes parents en raison des vingt organes de ton corps à la formation desquels ils ont contribué. Demeure auprès d’eux et lève-toi devant eux. Livre-toi, s’il le faut, à un travail servile, afin de pourvoir à leur entretien. Ne te permets pas de témoigner contre eux et accepte volontiers leur témoignage contre toi.
Les dix commandements que Je t’ai prescrits, c’est-à-dire : la reconnaissance de Ma divinité, la défense d’adorer les idoles, de faire un parjure, de profaner le jour du Chabbat, de tuer, de commettre un adultère, de voler, de porter un faux témoignage, de convoiter le bien d’autrui, de ces dix Commandements, celui de la piété filiale est le plus important.
Le sage Salomon, fils de David (que la paix soit sur lui !) a dit: «Tout enfant qui ne respecte pas ses parents et qui les méprise, puissent ses yeux être arrachés par les aigles et dévorés par les oiseaux de proie. »
Ô mon fils, dit encore ce sage, vénère tes parents de toutes tes forces et empresse-toi d’accomplir leurs ordres. Par cela tu t’assureras une longue et heureuse vie. Et tel que tu t’es comporté envers ceux qui t’ont mis au monde, telle sera la conduite de tes enfants à ton égard.
En honorant tes parents, tes jours se prolongeront sur la terre que l’Eternel, ton D.ieu t’accordera.
« Les dix Commandements » du Rav Sa’adia Gaon – Traduction du Grand Rabbin Morali