diet

Diététique, hygiène et savoir-vivre

1) C’est suivre les voies de D.ieu que d’avoir un corps saint et  intact, puisqu’on ne saurait en étant malade acquérir aucune des notions et connaissances qui forment la connaissance de D.ieu. Aussi faut-il fuir toutes les habitudes préjudiciables au corps et s’attacher à un régime salutaire à sa santé. Voici les règles que l’on s’imposera: 

a) Ne manger que lorsqu’on a faim

b) Ne boire que lorsqu’on a soif

c) Ne pas retarder ses besoins ne serait-ce que d’une minute, mais dès que l’on ressent l’envie d’uriner ou d’aller à la selle se rendre au aux toilettes.

2)

a) Ne pas manger jusqu’à panse pleine, mais s’en tenir aux trois quarts environ de la capacité de son estomac.

b) Au cours du repas ne boire qu’un peu d’eau additionnée de vin. Lorsque 1a nourriture que l’on a prise commence à subir l’opération des organes digestifs, boire le nécessaire.

c) Éviter de boire trop d’eau, même lorsque la nourriture vient d’être digérée.

d) Ne pas manger avant de s’être parfaitement assuré que l’on n’aura pas à satisfaire un besoin au cours du repas.

 e) Ne pas se mettre à table sans avoir au préalable mis son corps en train par une promenade ou s’être livré à ne besogne matérielle ou s’être dépensé à quelque autre exercice.

f) D’une manière générale s’imposer chaque matin un peu d’exercice pour la mise en train, puis se reposer pour se remettre et ne passer à table qu’ensuite. Un bain chaud, après l’exercice est excellent. Attendre un peu après l’avoir pris, pour commencer le repas.

 

3) 

a) A table, manger assis, bien droit, ou incliné sur sa gauche. Ne faire ni marche ni parcours à cheval ou en voiture, ne pas exposer son corps à la fatigue ou aux secousses de jeux quelconques avant que la digestion des aliments ingérés soit terminée.

Agir autrement serait s’exposer à contracter des maladies pernicieuses et incurables.

(MAÏMONIDE, Le livre de la connaissance) 

fleuve

Quand le ruisseau devient rivière

Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob, tes demeures, Ô Israël.Elles se developpent comme des vallées, comme des vergers le long d’un fleuve. D.ieu les a plantées comme des aloès, comme des cedres aux bord des eaux.

(Nombres 24, 5-6).

      Invité par Balak, roi de Moab, Bileam était arrivé dans le désert, avec la ferme intention de maudire le peuple juif, mais au lieu d’une malédiction, ce sont de magnifiques prophéties, présageant des bénédictions qu’il a prononcées à la gloire du peuple juif.

 

      Nos Sages ont cherché la relation qui existe entre les fleuves et les tentes dont parle Bileam : Pourquoi les tentes sont-elles évoquées après les fleuves ? C’est pour nous apprendre que comme les fleuves entraînent la purification de ceux qui s’y immergent, les tentes (allusion aux synagogues et aux maisons d’études talmudiques) favorisent pour l’homme qui les fréquente le passage d’un état condamnable à un état louable (Bérakhoth 16a) .

     Effectivement, nous constatons que des personnes qui ont longtemps séjourné à la yéchiva et au bet hamidrach, (centre d’études talmudiques) présentent : des traits de caractère plus purs, plus raffinés : elles parviennent à dominer leurs mauvais penchants, luttent contre leurs faiblesses, renforcent leurs vertus. Mais comment comprendre, le passage de l’état d’impureté à celui de pureté ? Par quel procédé, aboutit-on à cette métamorphose, à la suite de l’immersion dans le fleuve, ou dans un lieu que nous connaissons mieux et qui est le mikvé, le bain rituel ? De même, la personne qui s’éveille le matin, prend un récipient plein d’eau, et le verse par trois fois alternativement sur chacune de ses mains, chasse ainsi l’esprit impur qui l’a habitée pendant la nuit. Comment s’effectue cette opération ? On peut se poser la même question à propos d’autres actes rituels qui font passer l’homme de l’état d’impureté à celui de pureté.

Il est possible de donner à cette question une première réponse, qui est fort simple : les commandements divins sont inaccessibles à notre jugement humain limité.

 La Torah est d’essence divine, nous ne pouvons comprendre le sens et le pourquoi des mitsvot : nous devons nous contenter de les accomplir. L’effet purificateur du mikvé  est mentionné dans la Torah : Celui qui se purifie…, se baignera et deviendra pur. C’est un axiome. Mais nos Sages ont cherché en guise d’explication, à éveiller en l’homme, au moyen de symboles, l’aspiration à des qualités semblables aux caractéristiques de l’eau : l’eau se dirige des hauteurs vers des vallées, ce qui signifie que l’homme doit aspirer à la modestie, et à l’humilité. L’eau fait pousser les plantes, de même l’étude de la Torah garantit l’élévation de celui qui s’y consacre. L’eau descend du ciel par gouttes pour former des fleuves, de la même manière, l’homme étudie la Torah par petites doses suivies, jusqu’à devenir un grand savant.

L’eau, c’est la source de vie pour le monde, la Torah aussi assure la pérennité du monde.

(d’après Lectures Chabbatiques)

beth hamikdash

Le pouvoir de la parole

Et l’Eternel parla à Moïse en disant: « Prends le  bâton et assemble  la communauté,  toi ainsi qu’Aharon  ton frère, et parlez au  rocher en leur présence, et il donnera ses eaux.  Tu feras couler, pour eux,  de l’eau de ce rocher, et tu désaltéreras la communauté et son bétail. »

Moïse prit le bâton  de devant l’Eternel comme Il le lui avait ordonné.   » Puis Moïse et  et Aharon   rassemblèrent  l’assemblée devant le rocher, et il leur  dit: Or. ô rebelles ! Est-ce que de ce rocher nous pourrions faire sortir  de l’eau pour  vous? »  » Et Moïse leva la main, et il frappa le rocher de son bâton  par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance,  et la communauté et ses bêtes en burent.

Mais l’Eternel dit à Moïse et à Aharon: « Puisque vous n’avez pas eu  confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, aussi ne conduirez-vous pas ce peuple dans le pays que Je leur ai donné. » Ce sont là les eaux de Meriva, parce que les enfants d’Israël contestèrent  D.ieu, qui fit éclater Sa sainteté par elles.

 

Nos Sages nous enseignent que si Moïse notre maître était entré en  terre d’Israël, le Temple qu’il aurait construit aurait été éternel. Personne n’aurait pu le détruire. Le ‘Hatam Sofer étabit un lien entre la faute des  eaux de meriva(contestation) et la destruction du Temple.

D.ieu avait dit à Moïse : « Vous parlerez au rocher devant leurs yeux. Cependant, au lieu de lui parler, Moïse l’a frappé : « Il frappa le rocher de son bâton à deux reprises ». Par cela, Moïse a manqué l’occasion de mettre en évidence le pouvoir de la parole.

Le peuple pouvait en déduire que seul l’acte est effectif, la parole n’ayant pas suffisamment de puissance. Or, c’est justement à cause de cette optique erronée que l’homme se permet de fauter par la parole, de dire du lachone hara (médisance), par exemple. Jamais il n’oserait frapper son prochain, agir contre lui. Mais il lui semble que quelques paroles de médisance ne lui feront certainement aucun mal. Après tout, ce ne sont que des mots, pense-t-il.

Quelle terrible erreur ! En frappant le rocher au lieu de lui parler, Moïse a manqué l’opportunité de donner une leçon essentielle au peuple d’Israël pour toutes les générations : celle du pouvoir de la parole. Quelle en fut la conséquence ? La destruction du Temple causée, comme on le sait, par la faute de la haine gratuite et de la médisance.

Le pouvoir de la parole est également abordé dans la suite de notre section. Moïse a envoyé des messagers demander au roi d’Edom la permission de traverser son pays. En lui faisant le récit de leurs souffrances en Egypte, les messagers devaient dire au roi : « Nous avons imploré l’Eternel et Il a entendu notre voix » (20, 16). Rachi précise sur ce verset : « Notre père a donné à Ya’akov la bénédiction « la voix, c’est la voix de Ya’akov » (Genèse 27, 22). Cela veut dire que si nous prions, nous serons exaucés ». En adressant ce message au roi d’Edom, Moïse voulait lui faire entendre que notre force réside dans la voix, dans la prière.

Le roi le comprit si bien qu’il leur répondit : « Tu ne passeras pas par chez moi sinon je sortirai à ta rencontre avec l’épée » (20, 18). Rachi ainsi explique les propos du roi : « Vous vous vantez [du pouvoir] de la voix que votre père vous a légué en disant : « Nous avons crié vers D.ieu et Il a entendu notre voix », eh bien, moi Je sortirai contre vous avec ce que mon père m’a légué « Tu vivras de ton épée » ! (Genèse 27, 40) ».

La réponse du roi d’Edom suscite une question : S’il connaissait si bien le pouvoir des bénédictions de leur ancêtre commun, Isaac, ne savait-il pas que « lorsque la voix de Ya’akov retentit dans les synagogues et les maisons d’études, les mains de ‘Essav n’ont pas d’emprise » (Genèse Rabba 65, 16) ?   Comment le roi d’Edom a-t-il eu l’audace de menacer les enfants d’Israël de son épée?

Nous remarquons que, dans notre passage, le mot kolénou notre voix, est ‘manquant’ : il est écrit sans la lettre vav. Cela veut peut-être insinuer que s’il manque quelque chose à notre prière, les mains de ‘Essav peuvent avoir un pouvoir sur nous. C’est parce que nous ne sommes pas conscients du pouvoir de notre « voix », de notre prière que nous sommes distraits, et que nous n’y mettons pas la ferveur requise. Lorsque notre prière perd de son pouvoir, nous courons le risque de tomber sous la menace des mains d’Edom.

Rabbi ‘Hayim de Volozhyn dans son livre  »L’âme de la vie » explique qu’en fait  le monde est subdivisé en trois׃ le monde de l’action, le monde de la parole, et le monde de la pensée. La mitsva par excellence sera celle qui concernera les trois mondes.

Selon le Zohar, le Chabbat sera un chabbat idéal si les actes, les paroles et les pensées de ce jour saint seront sous notre contrôle absolu. Pour ce faire, des efforts constants et ardus sont nécessaires pendant de nombreuses années.

L’action bonne ou mauvaise est réelle, palpable, matérielle. Elle met en jeu tous les sens (ouie, odorat, toucher…) Elle correspond au monde le plus inférieur.

La parole a un impact sur des mondes supérieurs et la pensée sur des mondes encore plus supérieurs.

La mauvaise parole ou médisance a le pouvoir de détruire des mondes supérieurs outre les nombreux dégâts matériels qu’elle peut provoquer.

La bonne parole au contraire, comme l’étude de la Torah ou la prière a le pouvoir de construire des mondes supérieurs.

Selon le Zohar, la prière a un effet cosmique, car chaque mot de l’alphabet hébraïque est composé de lettres qui elles mêmes sont des compositions de lettres.

Pour exemple la lettre lamed est composée elle-même de trois lettres qui sont lamed, mem et dalet. A leur tour chacune de ces lettres peut être décomposée et ceci a l’infini.

Chaque mot de Torah ou de prière aura donc des répercussions favorables à l’infini.

Soyons conscients de la puissance cosmique de notre « voix » : Elle peut amener la plus grande destruction mais aussi la plus grande délivrance.

(adapté à partir de Imré Cohen)

hala

Tout savoir sur le prélèvement de la ‘Hala

La mitsva de la ‘hala

 

1. Quelle l’origine de la mitsva de la ‘hala ?

La Torah relate ainsi la prescription de prélever la ‘hala : «D.ieu parla à Moïse en ces termes: Parle aux enfants d’Israël et dis leur: A votre arrivée dans le pays où je vous conduirai, lorsque vous mangerez du pain de la contrée, vous en prélèverez un tribut à D.ieu. Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez la ‘hala à l’instar du tribut de la grange, ainsi vous la prélèverez. Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à D.ieu dans vos générations futures [1].»

La ‘hala ayant le même statut que la térouma [2], elle revient au Cohen [3].

A notre époque étant tous impurs [4], on prélève la ‘hala et on la brûle parce qu’elle est impure [5].

En cas d’impossibilité de la brûler, on peut l’envelopper de deux épaisseurs de papier ou de plastique et la déposer dans une poubelle.

 

2. La mitsva de la ‘hala est-elle à notre époque une mitsva d’ordre rabbinique ou de la Torah ?

Nos Sages déduisent de l’expression employée « A votre arrivée dans le pays » que cette mitsva ne nous incombe que lorsque la majorité des juifs habitent en Israël. C’est ce que nous enseigne le Choul’hane ‘Aroukh :

 »La mitsva de la Torah ne nous incombe que dans le pays d’Israël à condition que la totalité ou la majorité des juifs résident en Israël. Ainsi à notre époque, même du temps d’Ezra] après le retour d’une partie des exilés de Babel] en Israël la mitsva de la ‘hala n’était que d’ordre rabbinique [6]. »

 

3. En dehors d’Israël, y a-t-il une obligation de prélever la ‘hala ?

L’obligation de prélever la ‘hala en dehors d’Israël est strictement d’ordre rabbinique, afin que cette mitsva ne tombe pas dans l’oubli auprès des juifs de l’exil [7].

Conditions requises pour prélever la ‘hala

1. Quantité de farine
Quelle est la quantité de farine minimale requise pour prélever la ‘hala avec bénédiction ?

Maïmonide ainsi que l’auteur du Choul’hane ‘Aroukh mentionnent un poids équivalent à 520 dhrames.

Dans son livre[8] le Rav ‘Hayim Naé après avoir procédé à plusieurs mesures dut conclure que le poids correspondant à cette mesure était de 520×3.2= 1.666 kg de farine [9]. Dans le même chapitre, l’auteur relate l’usage des communautés ashkénazes anciennes de prélever la ‘hala à partir de 1.200kg.

Il recommandé donc de prélever sans bénédiction entre 1.2kg et 1.666 kg de farine.

Il est à noter que certaines communautés ashkénazes se fondent sur le ‘Hazon Ich et requièrent une quantité de farine de 2.250 kg pour réciter la bénédiction.

Selon l’avis du rav Ovadia Yossef zatsal on peut réciter la bénédiction à partir de 1.560 kg de farine [10].

 

Conseils pratiques:

Evitez si possible de pétrir une quantité de farine comprise entre 1 et 2 kg. Pour 1 kg de farine la pâte obtenue est toujours dispensée de ‘hala tant qu’elle n’est pas associée à d’autres pâtes.

Pour une quantité de 2 kg de farine, la majorité des décisionnaires pensent qu’il faut prélever la ‘hala avec bénédiction.

 

****A PARTIR DE 1,2 Kg DE FARINE PRELEVEZ LA ‘HALA SANS BENEDICTION

 

****A PARTIR DE 1.660 Kg DE FARINE PRELEVEZ LA ‘HALA AVEC BENEDICTION

 

2. Composition de la pâte: farine et liquide

La farine doit être à base de l’une ou d’une association des 5 céréales suivantes: le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle ou l’avoine.

Le liquide utilisé pour pétrir la pâte doit appartenir à la catégorie des liquides suivants: le vin, le miel [d’abeille], l’huile [d’olive], le lait, la rosée, l’eau.

 

Dans quel cas pourra t-on prélever la ‘hala avec bénédiction ?

On pourra prélever la ‘hala avec bénédiction si on pétrit une pâte composée avec une farine à base d’une ou de plusieurs des 5 céréales, et un des liquides mentionnés (2) plus haut.

EXCEPTION : Une pâte composée de farines de riz et de blé peut être imposable de ‘hala si elle a le goût d’une pâte de blé, même si elle est composée majoritairement de riz [11].

 

Dans quel cas prélèvera t-on la ‘hala sans bénédiction ?

Si on pétrit une pâte avec des œufs ou du pur jus de fruit (sans ajouter de l’eau), on prélèvera la ‘hala sans bénédiction même si la quantité de farine requise est présente dans le mélange [12].

 

3. Mode de cuisson

La pâte obtenue devra être cuite au four ou sur une poêle, sans liquide.

Si la pâte épaisse est cuite dans l’eau ou frite dans l’huile profonde, devra t-on prélever la ‘hala ?

Si une pâte même de consistance épaisse est préparée dans l’intention d’être frite ou cuite dans l’eau, elle est dispensée de ‘hala car elle n’a pas le statut de pain [13].

Dans le cas ou une partie de cette même pâte est cuite au four, on pourra prélever la ‘hala avec bénédiction si la quantité de farine utilisée au départ est requise pour l’imposition de la ‘hala.

A noter que si la pâte est liquide [14] et frite dans l’huile profonde, elle est dispensée de ‘hala, selon tous les avis (beignets).

Une pâte pétrie avec du lait sans adjonction d’eau, est elle imposée de ‘hala ?

Elle est imposée de ‘hala avec bénédiction [15].

 

4. Cas particuliers: Pâte que l’on prévoit de partager.

Une personne pétrit une pâte à partir de 2kg de farine mais prévoit de partager la pâte en deux parties égales avant cuisson, et de donner à sa fille 1 kg de pâte et d’enfourner 1kg, doit-elle prélever la ‘hala ?

L’intention première de partager cette pâte en deux, revient à pétrir individuellement deux pâtes de 1kg chacune. Cette pâte est donc dispensée de ‘hala.

 

Une personne pétrit une pâte à partir de 2kg de farine et la fait cuire au four avec l’intention de partager les pains cuits avec sa fille. Doit-elle prélever la ‘hala sur cette pâte ?

Elle doit prélever la ‘hala avec bénédiction du fait que la quantité imposable de ‘hala est enfournée intégralement par la même personne.


Association de pâtes pétries

Dans quel cas peut-on associer plusieurs pâtes pour obtenir la quantité requise pour prélever la ‘hala ?

Rappelons que seuls 5 types de céréales sont imposables de ‘hala: le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle et l’avoine.

De manière générale, le principe de l’association de pâtes consiste à considérer les pâtes comme une seule entité. Ce qui signifie que deux pâtes qui sont fondamentalement différentes ne peuvent pas s’associer même en les collant.

 

Plusieurs conditions sont à remplir :

 

1) Les espèces doivent être susceptibles de s’associer:

Si on pétrit deux pâtes distinctes de 1kg avec deux des cinq céréales, elles peuvent s’associer, uniquement dans l’ordre suivant:

Le blé n’est associable qu’avec l’épeautre.

L’épeautre est associable avec toutes les autres.

L’orge est associable avec toutes les autres céréales sauf avec le blé.

Le seigle n’est associable qu’avec l’orge et l’épeautre.

L’avoine n’est associable qu’avec l’orge et l’épeautre[16].

 

2) L’association ne peut se faire que dans le cas où les pâtes sont de même composition ou de composition susceptibles de s’associer:

Une pâte salée et une pâte sucrée ne peuvent être associées même si elles sont faites à partir de la même céréale [17].

 

3) L’association ne peut se faire que dans le cas où les deux pâtes appartiennent à la même personne [18].

 

Comment peut se faire l’association ?

L’association peut se faire de deux manières:

 

1) La morsure des pâtes ou néchikha

Deux pâtes posées côte à côte peuvent s’associer en se collant.de façon à ce qu’en soulevant une des pâtes, l’autre se tire un peu, comme si elle ‘mordait’ l’autre [19] .

 

2) L’association par un récipient, ou panier ou serviette recouvrant entièrement les pâtes ou tsirouf sal [20]

Le tsirouf sal permet d’associer deux pâtes entreposées dans un même récipient, à une seule condition : les deux pâtes doivent être de même composition ou de composition susceptible de s’associer c’est à dire qu’il n’y ait aucune contre-indication à les mélanger complètement. Mais si leurs compositions sont différentes, elles ne peuvent pas s’associer pour être imposées de ‘hala car généralement on ne désire pas qu’elles se mélangent.

Les pâtes ou les pains à associer doivent être déposés dans un récipient dont les parois recouvrent leur contenant.

Remarques :

1) Deux pâtes de blé identiques, l’une épicée et l’autre non épicée ne peuvent s’associer par aucun moyen puisqu’elles ne sont pas susceptibles de s’associer en une même pâte [21].

2) Deux pâtes, l’une de farine complète et l’autre de farine blanche, ne peuvent s’associer par aucun moyen puisqu’elles ne sont pas susceptibles de s’associer en une même pâte [22].

 

Note importante :

Le tsirouf sal permet d’associer:

  • les pâtes pétries avant cuisson
  • les pains cuits dans le cas où on aurait oublié de prélever la ‘hala au stade de la pâte
  • les biscuits faits à partir d’une pâte liquide dont l’obligation de ‘hala n’intervient qu’après cuisson pour une quantité de farine imposable
  • les matsots après cuisson puisqu’a priori on pétrit pendant Pessa’h ou même la veille de Pessa’h, une pâte inférieure à celle imposable de ‘hala.

 

Bénédiction et prélèvement

 

Avant de prélever la pâte on récite la bénédiction suivante:

 

בָּרוּךְ/ אַתָּה/ ה’ / אֱלֹהֵינוּ/ מֶֽלֶך/ הָעוֹלָם / אֲשֶר / קִדְּשָנוּ

/kidéchanou/ achér / ha-‘olam /mélékh / élohénou / Adonaï / ata /baroukh

בְּמִצְוֹתָיו / וִצִוָּנוּ / לְהַפְרִישׁ / חַלָּה / תְּרוּמָה /

/ térouma / ‘hala / léhafrich / vétsivanou/ bémitsvotav

 

 »Tu es source de bénédictions, Hachem, notre D.ieu, Roi de l’Univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements, et nous as commandés de prélever la ‘hala ».

 

Après le prélèvement on dit:

הַרֵי זוּ חַלָּה

haré zou ‘hala

« Ceci est la ‘hala »

 

Quelle quantité de ‘hala doit-on prélever ?

Selon la Torah, une quantité infime de ‘hala peut suffire comme tribut pour une très grande quantité de farine.

A l’époque ou la ‘hala était consommée par le Cohen, le boulanger devait prélever 1/48 de la pâte, et le particulier devait en prélever 1/24 sauf si la pâte devenait impure involontairement, auquel cas il devait prélever 1/48 [23].

A notre époque où il n’y a pas de pâte pure à cause de l’impureté générale (toum-at met), on prélève 1/48 de la pâte selon Rambam et l’auteur du Choul’hane ‘Aroukh et on la brûle.

Les décisionnaires divergent sur la quantité de ‘hala a prélever actuellement.

Selon certains il faut prélever environ 30g, mais selon de nombreux décisionnaires séfarades notamment le rav ‘Hida [24], le Ben Ich ‘Haï [25], et le rav Ovadia Yossef zatsal, une quantité infime de pâte suffit.

 

Que faire de la ‘hala ?

Rappel important

1) A l’origine la ‘hala était prélevée et donnée au Cohen. L’absence de moyens de purification de l’impureté (toum-at met) fait que nous sommes impurs et le contact de la ‘hala la rend impure.

2) La ‘hala a le statut de térouma impure, il ne faut pas qu’elle entre en contact direct avec une plaque du four ou une grille de la cuisinière, car la chaleur provoquera l’absorption de térouma qui reste interdite à la consommation.

3) La ‘hala dès son prélèvement doit être mise de coté, pour éviter qu’elle ne se mélange à la pâte.


** S’il est possible de la brûler, on donnera priorité à cette solution, en prenant certaines précautions.

1) ne pas la brûler dans le four sur une plaque

2) ne pas la brûler sur les grilles de la cuisinière

3) on pourra la brûler sur le brûleur (gaz) directement

4) on pourra l’envelopper de deux feuilles d’aluminium et la brûler dans le four (après avoir terminé la cuisson du pain)

5) de préférence on la brûlera sur le gaz ou sur une plaque électrique dans un boite à conserve

Dans le cas ou le mélange pâte liquide ne contient que des jus de fruits ou des oeufs sans adjonction d’eau, il faudra humecter la ‘hala avant de la brûler.

 

** S’il est impossible de la brûler, on l’enveloppera d’une couche double de plastique ou d’aluminium et on la déposera dans la poubelle.

Chabbat Chalom !

Ra Yaacov Amsellem

 


[1] Nombres 15, 17-21

[2] Prélèvement sur les céréales.

[3] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 322, 1

[4] Le procede de purification avec les cendres de la vache rousse n’étant pas actuel, nous sommes tous considérés comme impurs au degré le plus extrême ou tamé mét.

[5] Maimonide Bicourim Chap.5, 9

[6] Yoré Dé’a chap. 322, 2

[7] Idem chap. 322, 3

[8] Chi’ouré Torah vol.1 p. 168

[9] Ce poids est obtenu à partir de l’unité du drhamme équivalent à 3.2g (520×3.2).

[10] Ce poids est obtenu à partir de l’unité du drhamme équivalent à 3 g (520×3). Le Rav Ovadia Yossef zatsal se base sur les travaux du Rav Hadar Yéhouda Margoulin parus en Adar 5758 (1998) qui prouvent que dans tous les musées visités contenant des pièces de tous les temps y compris celle de Maïmonide, la pièce la plus grande ne dépassait pas 3 g.

[11] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 324, 9

[12] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 225

[13] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 224

Notons que certains décisionnaires préconisent de prélever la ‘hala sans bénédiction dans ce cas.

[14] Une pâte est appelée liquide si elle s’étale sur une surface plane.

[15] Halikhot ‘Olam vol. 5 p. 225

Le lait ayant le même statut que l’eau, l’huile, le miel, le vin, la ‘hala doit être prélevée avec bénédiction.

 

 

[16] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 324, 2

[17] Idem 326, 1

[18] Idem

[19] Idem 325, 1

[20] Idem

[21] Idem 326, 1

[22] Idem

[23] Choul’hane ‘Aroukh Yoré Déa 322, 1

[24] Birqué Yossef 322, 2

Chioré berakha 322, 1

[25] Chémini 2e année 3

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PARACHAT CHELA’H LEKHA 5774

L’Éternel parla à Moïse en ces termes:

« Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur.

Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité.

Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous mes commandements, et vous serez saints pour votre Dieu.

Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour devenir votre Dieu, moi, l’Éternel votre Dieu! »

(Nombres 15; 37-41)

Il se peut que nous sachions ce qui est bien, mais il existe tant de choses qui nous le font oublier. Il est parfois si difficile de se souvenir…

D.ieu sait tout cela, et c’est pourquoi II nous a donné, sous la forme d’un commandement, un signe permanent, ainsi que l’énonce clairement la Torah : « Cela formera pour vous des Tsitsit, dont la vue vous rappellera tous les commandements de D.ieu, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité ».

Ainsi, au sens le plus simple, les Tsitsit  servent à rappeler. Nous les attachons à nos vêtements comme l’on fixe un fil à son doigt ou à sa ceinture afin de se remémorer quelque chose. Pour d’autres, les Tsitsit  forment une réminiscence du fouet signe que nous serons un jour comptables de toutes nos actions, bonnes ou mauvaises, et ainsi, que nous devons obéir aux commandements de D.ieu sans nous laisser entraîner par nos désirs.

Outre ce bénéfice immédiat, la Torah nous parle également d’un effet à long terme. D.ieu s’adresse ici directement à nous : « Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous Mes commandements, et vous serez saints pour votre D.ieu. » Ce qui veut dire que si nous faisons des Tsitsit l’objet constant de nos pensées, apte à nous empêcher de nous laisser égarer par les tentations du monde, nous nous habituerons à nous souvenir des commandements de D.ieu. Et celle prise de conscience, par contrecoup, nous fera devenir « saints », c’est-à-dire immergés dans le divin, et non plus dans nos désirs matériels.

L’énoncé du commandement s’achève par un rappel de la sortie d’Egypte : « Je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour devenir votre D.ieu, Moi, l’Eternel votre D.ieu. »

La Torah vient souligner ici la raison pour laquelle la prescription des Tsitsit  à l’instar des autres mitsvot, a été donnée exclusivement aux enfants d’Israël et non à tous les peuples. C’est qu’il existe entre D.ieu et les enfants d’Israël une alliance spéciale qui a été forgée par l’Exode. Dieu dit ici : « Je vous ai fait sortir d’Egypte pour être votre D.ieu. » Les miracles de l’Exode comportaient un but bien spécifique, celui d’affermir cette relation à nulle autre pareille entre le Créateur et Israël. C’est pourquoi II répète : « Moi, l’Eternel votre D.ieu » – maintenant et à tout jamais.

L’Exode a été un événement unique dans les annales de l’humanité. Ce fut la seule fois où D.ieu se soit jamais révélé à un peuple tout entier, en changeant littéralement le cours de la nature et de l’histoire.

La Torah nous demande par conséquent : « Dieu s’est-Il jamais aventuré à aller se chercher un peuple au lieu d’un autre peuple, à force d’épreuves, de signes et de miracles […] comme l’Eternel votre D.ieu l’a fait pour vous, en Egypte, à vos yeux ? Vous avez là la preuve indiscutable que l’Eternel est votre D.ieu, et qu’il n’en est point d’autre (Deutéronome 4,34).

 

D.ieu a fait sortir d’Egypte tout le peuple juif, pour l’amener ensuite au pied du Mont Sinaï où il a, dans sa totalité, entendu Son message. Il est particulièrement significatif de relever que les tout premiers mots des Dix Commandements sont : « Je suis l’Eternel, ton D.ieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, d’une maison d’esclavage » (Exode 20, 2, Deutéronome 5, 6).

Ils constituent à la fois le point culminant et la réalisation de l’épopée de l’Exode. C’est à cause de cette alliance unique forgée au moment de l’Exode que le peuple juif est seul tenu d’observer les commandements de la Torah, destinés à le préserver et à le maintenir à un niveau élevé de spiritualité. C’est pourquoi D.ieu nous dit : « Je suis l’Eternel votre D.ieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte. Observez donc toutes Mes lois et tous Mes statuts, et accomplissez-les : Je suis l’Eternel »  {Lévitique 19, 36-37).

L’Exode place ainsi une responsabilité très particulière sur les épaules du  peuple juif. D.ieu nous a sauvés de l’esclavage, mais pour devenir notre Maître : « Car c’est à Moi que les enfants d’Israël appartiennent comme esclaves, à Moi qui les ai tirés du pays d’Egypte, Je suis l’Eternel votre D.ieu » {Lévitique 25,55).

Aussi les Tzitzit que nous portons constituent-ils d’une certaine manière un insigne, destiné à proclamer que nous sommes les sujets de Dieu.11 Cet assujettissement unique en son genre est le résultat de l’Exode.

La Torah y fait allusion en nous enjoignant de porter les Tsitsit  pour être « saints pour votre Dieu ». Le mot « saint » comporte deux significations : la première une proximité à D.ieu, la seconde une séparation de ce qui n’est pas dans l’ordre du divin.

Nous portons les Tsitsit comme signe de notre relation spéciale avec D.ieu, comme une marque d’acceptation de Sa Torah. Dieu réitère le concept de cette relation en déclarant : « Soyez saints pour Moi, car Je suis saint, Moi l’Eternel, et Je vous ai séparés d’avec les peuples pour que vous soyez à Moi » (Lévitique 20, 26).

Mais il nous faut comprendre la raison de tout ceci. Pourquoi le peuple juif détient-il  cette spécificité ? Pourquoi D.ieu a-t-Il dû choisir, au sein de l’humanité, un groupe particulier pour Le servir ?

D.ieu avait besoin d’un peuple distinct chargé de guider le reste de l’humanité et de lui montrer la voie. Jetant Son regard sur les générations qui allaient suivre Abraham, Il vit que l’humanité dans son ensemble ne parviendrait pas à maintenir un haut niveau moral et spirituel.

C’est pourquoi Il choisit Abraham et sa descendance pour être Ses représentants spécifiques et proclamer Ses enseignements à travers le monde entier. D.ieu nous a révélé ce projet par l’intermédiaire de Son prophète : « Moi, Dieu, Je t’ai appelé pour la justice […] et Je t’établis pour la fédération des peuples et la lumière des nations » {Isaïe 42,6).

Le peuple juif remplit constamment cette mission, mais c’est à l’ère messianique qu’elle portera ses fruits. Lorsque tout le peuple sera  ramené  à D.ieu par le Messie, il  exercera son influence sur toute l’humanité dans cette direction. Ceci constitue l’une des principales prophéties de l’époque messianique :

« Il arrivera, à la fin des temps,

Que la montagne de la maison de D.ieu

Sera affermie sur la cime des montagnes…

{Isaïe 2,2-4)

 

Ces versets nous enseignent que le peuple juif à l’ère messianique, jouira d’une position unique de direction morale. Mais qui, parmi eux, sera en mesure de pouvoir exercer une telle autorité ? Quels sont ceux qui seront jugés aptes à répandre la parole de D.ieu vers le reste du monde ?

Nos Sages nous enseignent que ces êtres d’élite seront ceux qui observeront avec soin le commandement des Tsitsit, comme l’a prédit le prophète : « En ces jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de l’habit [contenant les Tsitsit, porté par] un homme juif, en disant :  »Nous voulons aller avec vous, car nous avons entendu dire que D.ieu est avec vous » (Zacharie 8,23).

 

La Torah comporterait, non pas cinq, mais sept livres !

Et ils firent, à partir du mont de l’Eternel, un chemin de trois jours.  L’arche de D.ieu marcha à leur tête l’espace de trois journées, pour leur choisir une halte, et la nuée de D.ieu planait au-dessus d’eux, le jour, à leur départ du camp.

Or, lorsque l’arche partait, Moïse disait : « Lève-toi, D.ieu  afin que Tes ennemis soient dissipés et que Tes adversaires fuient de devant Ta face ! » Et lorsqu’elle faisait halte, il disait : « Reviens siéger, D.ieu parmi les myriades des milliers d’Israël ! »

(Nombres 10, 33-36)

 

Ces versets, récités dans nos synagogues les jours de lecture de la Torah  sont d’une importance particulière qui s’insère difficilement dans le contexte. A tel point que, d’après certaines opinions, ils constituent à eux seuls l’un des livres de la Loi. Ainsi, la Torah comporterait sept livres au lieu de cinq. Dans le texte de la Torah, ce passage est placé entre deux noune renversés qui forment une parenthèse. Rachi précise que ce passage se trouve à cet endroit pour marquer une interruption entre deux événements malheureux. Il s’agit du départ du Mont Sinaï qu’Israël effectua avec soulagement comme un enfant qui s’enfuit de l’école et du triste épisode des contestataires avides de viande.

Essayons à présent d’approfondir ce sujet.

Le Talmud rapporte : «Ce passage, D. l’a encadré de  »simanyot  » (signes en manière de parenthèses ou crochets) pour indiquer qu’il ne se trouve pas là à sa place. Rabbi dit que ce n’est pas à ce titre qu’ont été mis ces signes, mais parce que ce passage peut être considéré en soi comme un livre (de la Bible), ainsi que l’indique Rabbi Samuel bar Na’hman au nom de Rabbi Jonathan : «  La Sagesse s’est bâti une maison . Elle en a sculpté les sept colonnes» (Proverbes 9, 1), ce sont les sept livres de la Torah, conformément à la thèse de Rabbi. Contradictoirement à celle-ci, Rabban Siméon ben Garnliel estime que ce passage sera dans le futur retiré de là pour être remis à sa place et que, si (pour le moment) il figure ici, c’est pour établir une séparation entre deux défail­lances successives (d’Israël). Sa place véritable, selon Rav Achi, se situe à la descrip­tion des bannières » (Chabbat  115b, 116a). (De cette description jusqu’ici il y a cinquante paragraphes, nombre représenté par la lettreנ   que nous trouvons ici inversée).

Les parenthèses (ou crochets) en question ont la forme d’un  נrenversé, qui est, selon une opinion citée dans le Talmud celui qui manque dans l’acrostiche alphabétique du psaume 145 (couramment intitulé achré). Il signale la chute (nefila) aussi est-il repris au verset suivant  « Dieu soutient tous ceux qui tombent ». Si donc les נ qui apparaissent ici à l’envers annoncent le début de la chute d’Israël (dont la première défaillance était la fuite en vue de se dérober aux lois du Sinaï), ils marquent en même temps l’espoir du soutien divin.

Maintes interprétations ont été données à ces signes. Contentons-nous d’indiquer encore celle du Zohar, selon laquelle le נ   représente ici la Majesté divine (Chekhina), qui s’apprête à  soutenir  ceux  qui  vont  tomber.  Lorsque  l’Arche  s’éloigna  d’une  distance  de  trois journées — marquant le désir de s’écarter d’Israël qui se montrait ingrat — Moïse appela : «Lève-Toi, ô Eternel! Ne nous abandonne pas, fais halte et attends-nous. Retourne-Toi, regarde derrière l’Arche et vois Ton peuple ».  « Mon bien-aimé est pareil au chevreuil ou au faon des biches (qui se retourne tout en prenant de l’avance) (Cantique des cantiques 11, 9). Le voici qui se tient derrière notre muraille, qui regarde par les fenêtres, qui observe par le treillis!». Puis d’ajouter: «Reviens siéger, ô Eternel, parmi les myriades des milliers d’Israël ! »

Nous lisons dans le Talmud que la Majesté divine (Chekhina) ne repose jamais sur moins de vingt-deux mille âmes : vingt-deux mille était le nombre des légions célestes entourant le trône divin. C’était également, par ailleurs, le compte de la tribu des Lévites et Moïse implora D.ieu de revenir siéger parmi ceux-ci, qui étaient restés des justes en toutes circonstances (Yebamot. 64 a).

La conception, selon laquelle ces deux derniers versets doivent former un livre important à part, est étudiée par Rabbi Chimchon Refael Hirsch comme suit. «Cette marche à travers le désert s’accompagne, à chaque départ comme à chaque arrivée, d’une prière dont le texte figure dans les versets 35 et 36 du chapitre 10,   versets qui accompagnent aujourd’hui encore la sortie et la rentrée du sépher Torah lors des offices publics. Selon la tradition dont les textes hébraïques portent la trace, ces deux versets sont encadrés de deux « noune » renversés, placés là comme signes particuliers destinés à faire ressortir ces versets du contexte, ceux-ci formant ainsi un livre particulier. En conséquence, le quatrième livre de la Torah se composerait en réalité de trois parties : la première, du début des Nombres jusqu’au verset 34 (inclus) du chapitre 10, la deuxième constituée par les versets 35 et 36,  la troisième allant du chapitre 11 à la fin du livre.

La Torah comporterait donc, non pas cinq, mais sept livres, auxquels, selon Rabbi Jonathan, ferait allusion la phrase des Proverbes (9 ,1) «La Sagesse s’est bâti une maison et en a sculpté les sept colonnes. »

Il s’agit pour nous de comprendre le sens de cette indication particulière. Quel en est le contenu ? Chaque fois que l’Arche Sainte se met en mouvement, Moïse appelle la présence de D.ieu à la tête du dispositif de marche, pour assurer la dispersion des ennemis. Quand l’Arche marque un temps d’arrêt, Moïse invite la présence divine à rejoindre les milliers d’Israélites. Moïse sait que l’Arche, symbole de la Loi, rencon­trera au cours de sa marche à travers le monde d’innombrables ennemis, et que seule une aide divine permanente évitera à la Loi et à ses porteurs, de succomber sous les coups des assaillants. Il sait qu’aussi longtemps que cette Loi reposera sur les épaules du peuple, elle vivra victorieusement.

Autrement dit, le jour où l’Arche de D.ieu, incarnation de Sa volonté, aura trouvé la paix et la reconnaissance des hommes, Israël aussi pourra se grouper autour d’elle, dans une harmonie qui ne sera plus troublée, en une multitude qui dépassera de loin le nombre des fils d’Israël du passé. (Effectivement, le texte parle des « myriades de milliers » d’Israël, ce qui représente au minimum le nombre de vingt millions d’individus, chiffre qui ne fut jamais encore atteint durant l’histoire du peuple, mais qui pourra être celui des temps messianiques, auxquels cette vision se rapporte). Les deux versets ressortent de l’ensemble du récit, et sont extérieurement marqués dans leur caractère spécifique. Nous sommes en présence d’une prophétie extraordinaire, qui nous offre la vue la plus large sur l’avenir du peuple. Toute l’histoire d’Israël, si intimement liée au destin de la Loi, est devant nous.

L’identité totale de la volonté de D.ieu avec celle du peuple ressort de ces versets comme le but final à atteindre. Ces deux versets sont donc le véritable guide, qui, au delà des temps du désert, donnera sa direction à la marche de la nation.

kotel-Birkat-Cohanim

Lorsque Hachem nous demande de nous bénir mutuellement…

LA BENEDICTION DES PRETRES ou BIRCAT COHANIM

D.ieu parla à Moïse en ces termes : Parle ainsi à Aaron et à ses fils : Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël, vous leur direz :

Que D.ieu te bénisse et te protège ! 

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant !

Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix !

(Nombres 6, 22-26)

 

Le premier Nissan de la deuxième année de la Sortie d’Egypte, jour particulièrement faste et glorieux réunit dix couronnements, entre autres l’inauguration du Tabernacle, l’apparition de la Majesté divine au-dessus du Sanctuaire, la consomption des sacrifices par le feu sacré descendu du ciel (Chabbat 87b).

C’est en ce jour aussi, qu’Israël reçut pour la première fois la bénédiction des Cohanim selon la formule que D.ieu avait ordonnée.

Cette bénédiction céleste est devenue nécessaire à cause de la jalousie des peuples du monde envers Israël, qui ne concevaient pas qu’un peuple d’esclaves ait pu atteindre en quelques mois un niveau où la Chekhina semblait se confondre avec lui.

La haine, l’hostilité, l’envie allaient sévir contre Israël.

Et, au cours du trajet dans le désert, Bil’aam fils de Bé’or, allait tenter de l’anéantir par des paroles de malédiction. Prémunir le peuple contre cette sorte d’attaque, c’était le préserver. Le moment vint où, du haut des cieux, D.ieu s’écria à l’adresse de Bil’aam : Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni. (Nombres 22, 12).

C’est pourquoi D.ieu a confié aux patriarches successifs la tâche de bénir les enfants d’Israël – responsabilité dont l’exclusivité reviendra par la suite aux Cohanim.

L’objet de la bénédiction qu’un homme peut appeler sur son prochain demeure toujours obscur, car nous ignorons ce qui constitue réellement un bienfait.

Comment prévoir les conséquences éventuelles de la bénédiction que nous formulons ?

La Torah nous révèle à travers la bénédiction des Cohanim que la seule façon de concevoir une bénédiction qui soit profitable à notre condition humaine, consiste à implorer D.ieu afin qu’Il adresse à notre prochain

la bénédiction adéquate qu’Il est le seul à connaître.

Ainsi, bien qu’énoncée à la deuxième personne, la bénédiction générale s’adresse en particulier, à chacun de nous, sans avoir de signification strictement personnelle.

Elle n’est soumise à aucune condition. Au cours des nombreuses promesses de récompense de la Torah, nous sommes habitués à l’introduction : Si vous obéissez à Ma loi, si vous suivez Mes préceptes, etc.

Rien de semblable dans la bénédiction des Cohanim : elle est absolue et inconditionnelle. Elle nous laisse entrevoir qu’elle peut être accordée par D.ieu partiellement ou totalement – mais, qu’en tout cas, elle n’apporte que des bienfaits pour tous les membres de la nation. (La voix de la Torah, Nombres 6, 22)

 

Trois bénédictions composent la Bircat Cohanim :

 Que D.ieu te bénisse et te protège 

La première bénédiction se rapporte aux biens matériels de l’homme : donner et protéger sont ici l’essentiel. Quand on donne à quelqu’un des biens matériels encore faut-il le protéger de toutes les forces destructrices (maziquim), sinon « celui qui acquiert l’opulence par un procédé inique, devra l’abandonner au beau milieu de ses jours, et sa fin sera misérable » (Jérémie 17, 11).

 

Que D.ieu fasse rayonner Sa face vers toi et Te soit bienveillant

Cette bénédiction concerne la relation personnelle que l’homme entretient avec D.ieu.

 

Que D.ieu tourne Sa face vers toi et T’accorde la paix

Cette bénédiction s’applique aussi bien à la paix individuelle, qu’à celle qui doit régner dans la famille, dans la nation et dans tout l’univers.

L’exemple de cette paix nous est fourni dans le firmament qui nous entoure : D.ieu établit la paix parmi les milliers d’étoiles qui se trouvent dans les cieux et parmi les éléments qui sont des « adversaires déclarés » : le feu et l’eau. Nous levons nos regards vers les cieux et, chaque jour, nous admirons cette harmonie.

 

Pourquoi la bénédiction pour la paix entre les hommes figure t- elle toujours en fin de prière dans la ‘Amida, le Qadich, les actions de grâce après le repas et l’énumération des sacrifices où les Chelamim sont cités en dernier (Lévitique 7, 37) ?

La paix apparaît comme l’objectif suprême. Les Chelamim – dont le nom est un dérivé de chalom – sont destinés à rétablir la paix entre l’homme et son Créateur, entre l’homme et son prochain, entre l’individu et sa conscience.

 

Pour nos Sages, la paix n’est pas une simple donnée de la Création, ni une loi de la nature. Elle n’est pas une doctrine de pacifisme à outrance, consistant à rechercher la paix à n’importe quel prix en abandonnant des principes sacrés ou en renonçant catégoriquement à l’emploi de la force.

La paix suppose un effort permanent pour parvenir à une situation où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société sont enfin surmontés, et où les éléments qui les fondent deviennent les composantes du vaste système d’harmonie universelle couronné par le royaume de D.ieu sur terre. Voilà donc pourquoi la paix apparaît dans nombre de nos prières comme l’ultime bénédiction. (Sefer haIkarim 4, 51)

 

Rabbi Yehochoua ben Lévi compare la paix au ferment de la pâte, à l’élément promoteur du mouvement et du progrès au sein de la société. Depuis que la paix et l’harmonie, qui régnaient au Gan Eden, ont été brisées par la faute originelle, les hommes ont la mission de les rétablir dans leur splendeur initiale, en consacrant à cette tâche permanente le meilleur d’eux-mêmes.

La paix demeure le grand idéal universel dont la réalisation essentiellement dépend de la volonté des hommes.

 

tsahal

Discipline et ordre dans les légions d’Hachem

D.ieu parla à Moïse, dans le désert de Sinaï, dans la Tente d’assi­gnation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d’Egypte en disant : « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons pater­nelles, par dénombrement nominal de tous les mâles, comptés par tête. Depuis l’âge de vingt ans et au delà, tous ceux d’Israël qui partent pour l’armée, vous en ferez le compte selon leurs légions, toi et Aaron. Avec vous sera un homme par tribu, un homme qui soit le chef de sa famille paternelle. Et voici les noms des hommes qui se tiendront avec vous…. « Ceux-là sont les convoqués de la communauté, princes de leurs tribus paternelles. Ce sont les chefs des milliers d’Israël». Moïse et Aaron prirent ces hommes, désignés par leurs noms.

Puis ils convoquèrent toute la communauté, le premier jour du second mois  et ils furent enregistrés selon leurs familles et leurs maisons paternelles, en comptant par noms ceux qui avaient vingt ans et plus, chacun individuellement, ainsi que D.ieu l’avait prescrit à Moïse dans le désert de Sinaï.

(Nombres 1, 1-19)

«Ceux-là sont les chefs des milliers d’Israël». Ce sont les douze princes. Ces princes (représentants de chaque tribu) sont donc également nommés, dans le quatrième livre, pour seconder Moïse dans sa tâche écrasante. Chacun d’eux est appelé par son nom ainsi que par le nom de son père. Fait remarquable, ces vingt-quatre noms propres contiennent pour la plupart le Nom de D.ieu, soit sous sa forme directe soit par le terme «Rocher», soit encore sous la forme «Chaddaï». Ces variantes dénotent une relation et une proximité de chacun avec D.ieu qui procèdent du meilleur esprit juif. Ainsi trouvons-nous : « paix en D.ieu », « D.ieu est mon père », « D.ieu est ma récompense », « D.ieu a jugé », « peuple de Chaddaï », etc. Nous pouvons donc prétendre, contrairement à de nombreuses thèses, qui parlent d’un paganisme latent au sein d’Israël, que, dès les premiers moments de l’histoire de la collectivité d’Israël, les responsables du peuple (et non pas Moïse seulement) étaient pénétrés du lien solide existant entre D.ieu et la communauté d’Israël, entre la fidélité à la Loi et la prospérité nationale.

Ces douze chefs forment une véritable élite et deviennent les artisans qualifiés d’une vraie démocratisation. En effet, c’est par leur intermédiaire que la connaissance de la Loi s’est répandue, et c’est grâce à eux que le travail gigantesque de Moïse a été placé sur de solides assises. Un détail qui dénote le caractère de leur délégation : chaque fois la nomination d’un chef commence par : «pour» (Chim’on), «pour» (Yehouda), etc. Donc, chacun a été choisi aussi bien en raison de ses capacités individuelles qu’en raison de la confiance dont il était investi par le choix du peuple. Ces hommes ne se considéraient pas comme des potentats ayant en main le pouvoir absolu, mais ils restaient conscients, comme tout chef digne de ce nom, de la délégation reçue et de la responsabilité qui l’accompagne.

Notons d’ailleurs au passage que les premiers chapitres du livre Bamidbar présentent tous une analogie frappante avec certains faits d’origine militaire : formation des unités, nomination des chefs, ordre de marche, ordre du campement. Il en résulte que le Législateur, sans donner au peuple l’allure d’un groupe militarisé, accepte ce que ce mode contient de bon, à savoir : la discipline et l’ordre. Cela importe d’autant plus qu’Israël s’approchait de la phase de la conquête et devait donc se présenter non pas comme une horde d’esclaves échappés à leur maître, mais comme un corps solide obéissant aux consignes et respectant les ordres.

C’est à cette même occasion aussi que nous rencontrons pour la première fois l’établissement d’une généalogie précise, dont la tradition a conservé les grandes lignes. En effet, Israël forme un tout à travers les temps et les générations successives.

La tradition de la famille constitue l’un des éléments les plus solides de la structure nationale. L’héritage spirituel et matériel du père doit continuer à porter le nom de celui qui a commencé l’œuvre sans pouvoir l’achever. Ainsi la continuité et l’identité du travail des générations seront intégralement maintenues.

Dans notre génération où les progrès technologiques des moyens de communication ont tendance à fragiliser la cellule familiale, il est bon que chacun de nous puisse participer avec sagesse, persévérance et responsabilité,  à la construction d’un espace sain permettant aux membres de sa famille, de garantir la pérennité du peuple juif.

Adapté à partir de La Voix de la Torah