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Les lumières du Chabbat

L’allumage des lumières chabbatiques n’est pas une mitsva facultative mais une obligation qui fait partie du oneg chabbat, rendre le chabbat plus agréable.

Avant d’allumer, on récite la bénédiction suivante1:

[well]בָּרוּך אַתָּה ה’ָ אֱלֹהֵינוּ מֶלֶך הָעוֹלָם אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהַדְלִיק ֵנר שֶׁל שַׁבָּת[/well]

[well]Tu es source de bénédictions Hachem, roi de l’univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements, et nous as ordonnés d’allumer les lumières du chabbat.[/well]

Les lumières chabbatiques par excellence sont celles qui sont destinées à éclairer la table. C’est sur elles que la bénédiction sera récitée.

Afin de contribuer au bien être que le Chabbat doit procurer, il est recommandé d’allumer dans d’autres lieux comme la cuisine ou le couloir.

L’allumage doit se faire impérativement avant le coucher du soleil. L’usage le plus répandu est d’allumer vingt minutes avant le coucher du soleil.

L’obligation d’allumer les lumières chabbatiques est imposée autant aux hommes qu’aux femmes.

Mais c’est à la femme au foyer qu’incombe le plus, l’allumage des lumières chabbatiques car d’une part elle se trouve davantage à la maison, et d’autre part c’est la femme (‘Hava) qui a éteint la lumière du monde, car en faisant commettre une faute à Adam, elle a enlevé la lumière à son âme, comme il est dit : « La lumière de D.ieu, c’est l’âme de l’homme. » (Proverbes 20,27). Le mari devra néanmoins participer en préparant les lumières (chandeliers, bougies) afin que tout soit prêt à l’avance.

Il est recommandé le moment venu que le chef de famille rappelle l’ordre d’allumer2.

La période comprise entre le coucher du soleil et la nuit (apparition de trois étoiles moyennes) est appelée bein hachmachot.

Il est interdit de s’y adonner à un travail interdit le Chabbat. Il est simplement permis en cas de nécessité, de faire appel à un non juif pour réaliser en l’honneur du Chabbat, un travail ou un acte interdit d’ordre rabbinique.

Il est d’usage d’allumer au moins deux lumières chabbatiques, l’une correspondant à zakhor (Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier, Exode 20,8) et l’autre à chamor (Observe le jour du Chabbat pour le sanctifier, Deutéronome 5,12).

En effet l’ordre de respecter le Chabbat apparaît différemment dans les deux tables de la loi, une fois zakhor et une fois chamor.

On s’efforcera d’utiliser de belles bougies, de beaux chandeliers en l’honneur du Chabbat pour bénéficier de l’assurance talmudique suivante :

Rav Houna a dit : Celui qui allume régulièrement les lumières chabbatiques aura des fils qui seront disciples des sages. (Talmud Chabbat 23b)

Aussi convient-il qu’avant l’allumage la femme donne quelques pièces de monnaie à la tsedaka, et qu’après l’allumage elle prie que le Saint béni soit-Il lui donne des fils qui brillent de l’éclat de la Torah.

Chabbat – Introduction

Le Chabbat revêt une importance capitale dans le judaïsme. Il est le symbole et l’alliance que D.ieu nous a confiés pour que nous sachions qu’en six jours D.ieu créa le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment, fondement de notre foi.

Nos Sages enseignent que le Chabbat est aussi important que tous les autres commandements, et observer le Chabbat équivaut à observer toute la Torah.

Aussi le prophète décerne t-il ces louanges :

« Heureux l’homme qui fait cela et le fils d’Adam qui s’y tient fortement, qui respecte le Chabbat et ne le profane pas. »
Isaïe 56,2

« Si tu cesses de fouler aux pieds le Chabbat,de vaquer à tes affaires en ce jour qui M’est consacré, si tu considères le Chabbat comme un délice, la sainte journée de D.ieu comme digne de respect, si tu le tiens en honneur en t’abstenant de suivre tes voies ordinaires, de t’occuper de tes intérêts et d’en faire le sujet de tes entretiens, alors tu te délecteras dans l’Eternel,et Je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre et jouir de l’héritage de ton aïeul Jacob. C’est la bouche de D.ieu qui l’a dit. »
Isaïe 58,13-14

Mais qu’est ce que la sainteté ? – Paracha Kedochim 5774

  D.ieu parla  à Moïse  en  disant : « Parle  à  toute   la  communauté des enfants d’Israël et dis-leur : Soyez saints car Je suis saint, Moi, Hachem votre  D.ieu. (Lévitique 19, 2)

Rachi explique : « Ce verset enseigne que ce chapitre fut dit en assemblée, parce que la plupart des lois fondamentales de la Torah en dépendent ».

Certaines mitsvot  ne s’adressent qu’à une catégorie particulière parmi les membres de la nation, telle que les cohanim, les lévites, les premiers-nés, les mâles, etc.

Le postulat de la sainteté concerne, en revanche, toutes les couches de la population, et chacun est appelé à réaliser la grande tâche, dans la mesure de ses capacités et de ses moyens (Car la voix divine s’adresse à chacun suivant ses forces ses capacités et ses moyens).  Cette explication est donnée en rapport avec les multiples voix entendues au Sinaï lors de la Révélation.

La présence de « toute la communauté des enfants d’Israël » indique, d’autre part, que le but final de la sainteté ne peut se réaliser que dans l’effort collectif de l’ensemble de la nation. Chaque individu peut, certes, parvenir à un certain degré de sainteté, mais cet effort personnel demeurera de portée relative, étant donné que «la plupart des lois fonda­mentales de la Torah dépendent de la présence de la communauté » (par exemple les offices sacrés, les « convocations saintes » aux jours de fêtes, les nombreux devoirs d’entraide sociale, les mitsvot  de chemita, de l’année du jubilé, etc.). C’est pourquoi la gloire du Saint, béni soit-il, ne peut se manifester que sur le plus grand nombre, comme Rachi le rappelle dans son commentaire )Nombres 10, 36).

La plus haute perfection ne se conçoit pas dans la solitude ni dans l’isolement. Elle nécessite la communion avec autrui.

Soyez saints. Rachi explique : « Ecartez-vous des rapports sexuels interdits et du péché, car partout où tu trouves une barrière devant la débauche, tu trouves mention de la sainteté ».

Cette interprétation qui définit la sainteté comme le devoir d’abstinence de ce qui constitue un péché est toutefois contredite par Na’hmanide, de même que par Ba’hya ibn Pakouda (dans Cad hakéma’h). D’après ces auteurs, la sainteté se rapporte au vaste secteur des actes autorisés par la loi, selon la sentence talmudique : Sanctifie-toi dans les actes qui te sont permis (Yebamot  20 a). La loi laisse, en effet, une marge importante d’actions licites à côté de celles qu’elle défend formellement. C’est ainsi qu’elle interdit une série d’unions avec les proches parents de même que la consommation de certains aliments, mais elle permet les rapports intimes légaux et la consommation de la viande ou du vin.

L’homme pourrait ainsi se livrer à la volupté dans le cadre de ses droits légaux et il pourrait se ranger parmi «les buveurs de vin et les amis de la bonne chère» (Proverbes 23, 20). Il pourrait faire usage d’un langage effronté et obscène sans enfreindre une défense formelle de la loi. Il deviendrait ainsi un être avili tout en demeurant dans la légalité de la Torah. C’est pourquoi l’Ecriture proclame ici l’ordre général de la retenue dans le domaine des actes licites, après avoir auparavant spécifié les actes rigoureusement interdits.

La sainteté implique la tempérance qui consiste à modérer les désirs et les passions. Elle comporte la sobriété dans la satisfaction de nos appétits, la fuite devant toutes les espèces d’impuretés rituelles, la modération dans le langage au point d’en arriver à «ne jamais bavarder de choses vaines et frivoles», selon l’exemple des Sages cité dans le Talmud (Soucca 28 a). Elle transcende ainsi le niveau le la morale ordinaire.

Vu sous cet angle, le postulat de la sainteté ne constitue pas, comme l’affirme l’auteur des Halakhot Guedolot, un commandement biblique faisant partie des 613 commandements, mais il représente un « ordre général, appelé à donner à la législation le complément nécessaire pour assurer le comportement éthique des individus ».

Pour Rabbi Moché ‘Hayim Luzzatto, cependant, l’austérité qui constitue, selon  Na’hmanide le fond même de la sainteté, ne représente que «la voie menant au degré de la piété ou ‘hassidout » qui est   inférieur à celui de la sainteté. Il trace, au treizième chapitre de son livre Messilat  Yecharim, les limites de cette action préliminaire qui ne doit pas déboucher sur l’ascèse, la mortification et le refus de toute jouissance. En tout état de cause, la vie austère qui s’exprime dans l’exercice des actes quotidiens ne  saurait faire obstacle au devoir de la sociabilité, compris dans la mitsva d’une vie sanctifiée, comme noté ci-dessus.

D’après Luzzato, la sainteté consiste pour l’homme «à vivre en état d’union avec D.ieu, à un point tel que, quelle que soit l’action qu’il accomplisse, il ne vienne jamais à se séparer de Lui ni à s’en éloigner. Et l’homme dont les efforts sont sanctifiés par le Créateur atteint un degré où ses actions matérielles elles-mêmes prennent une valeur de vraie sainteté. Si, après s’être soumis à toute la discipline (des mitsvot) préliminaires, l’homme s’applique sans relâche, avec toutes les ressources de l’amour et de la crainte, à saisir la grandeur de D.ieu, il parviendra à se détacher progressivement des contingences matérielles et à concentrer son attention sur l’union véritable avec D.ieu. C’est alors que l’esprit d’En Haut se répandra sur lui, que le Créateur fera reposer Son nom sur lui et qu’il deviendra semblable à un ange du Seigneur, toutes ses actions, même les plus humbles et les plus matérielles, prennent une valeur de sacrifice, et de culte rendus à D.ieu» (chapitre  26). Telle est la définition de l’attachement à D.ieu, qui mène à la sainteté.

Car Je suis saint. L’homme est perfectible, parce que D.ieu, son créateur, est parfait. Sa sainteté est garante de notre aptitude à la sainteté.

Les Sages du Midrach ne manquent cependant pas de souligner que la nature de la sainteté divine est différente et supérieure à celle des hommes. D.ieu est saint dans l’absolu, alors que les hommes, liés à la matière par leur constitution, ne peuvent prétendre qu’à un degré relatif de sainteté.

Cette différence apparaît extérieurement dans l’orthographe du mot kadoch selon qu’il se rapporte à D.ieu ou à l’homme. Il est écrit avec le wav, dans le premier cas (ce qui indique la plénitude de la sainteté), mais sans wav dans le second cas, en raison du caractère incomplet de la sainteté la hommes.

L’adjectif saint appliqué à D.ieu, écrit Juda Halévy, signifie qu’Il est saint et sublime à tel point qu’aucune qualité des créatures ne peut Lui être attribuée. Si  une telle qualité est néanmoins invoquée à Son sujet, comme dans les livres des Prophètes ceci s’entend au sens métaphorique  (le Kuzari  4, 3).

Aussi ne peut-il être défini que par  des attributs négatifs,  comme  Maïmonide l’explique  dans son Guide (1, 59).  Il  ne peut en être autrement, étant donné que D.ieu est immatériel dans son essence et qu’Il transcende les dimensions du temps, de l’espace, y  compris celle  de l’espace céleste.

Tel est le sens de la «triple sainteté» kadoch, kadoch, kadoch attribuée à Dieu par le prophète Isaïe (6, 3),  selon la traduction du Targoum Yonathan dont il  est fait état dans notre rituel quotidien.

A côté de cette sainteté intégrale,  qui n’existe que dans l’absolu des sphères de l’Esprit, se situe la sainteté relative des êtres humains. Elle comprend un côté négatif qui consiste en l’exercice de l’abstinence invoqué précédemment, de même que dans le détachement  et l’éloignement de toutes les sources d’impuretés dans le  domaine  de la nourriture, dans celui des relations sexuelles  et des contacts avec les objets frappés d’impureté rituelle.     Grâce  à ce dégagement   des   contingences  terrestres,   la   sainteté   des  hommes reflète  l’image   : celle de Dieu.

 Elle reproduit en outre cette image par son côté positif qui concerne   la perfection  morale.   Ses   principes   essentiels,   exposés   dans  le   présent   chapitre sont basés sur la «imitatio dei»,  qui consiste à imiter D.ieu dans l’exercice  de ses  treize attributs d’amour.

La sainteté des hommes,  suprême objectif de la législation biblique,  est le  fruit de l’accomplissement des commandements, positifs et négatifs :        « Vous accomplirez tous mes commandements et vous serez saints pour votre Dieu ».  (Nombres 15, 40)

 Adapté à partir de La Voix de la Torah

Chabbat Hagadol 2014

Le Choul’han ‘Aroukh nous enseigne que le Chabbat qui précède Pessa’h s’appelle Chabbat Hagadol au nom des miracles qui y ont eu lieu lors de la sortie d’Egypte.

On peut remarquer que le Chabbat avant Kippour s’appelle Chabbat Techouva, comme si ce Chabbat est fondamental à la préparation de ce jour redoutable. Ainsi Chabbat Hagadol s’appelle Gadol (grand) pour les miracles qui ont eu lieu en ce jour, mais là aussi il semble crucial de comprendre en quoi ce Chabbat est si important à la préparation de Pessa’h.

Cependant, il y a lieu de souligner une différence entre Chabbat Techouva et Chabbat Hagadol, Chabbat Techouva n’est lié à aucun évènement historique particulier, Chabbat Hagadol quant à lui oui. Il est donc évident de se demander pourquoi la Torah s’est attaché au Chabbat plus qu’à la date de ces miracles. En général la Torah fixe les fêtes du calendrier en fonction des dates où les faits historiques se sont déroulés, à contrario pour Chabbat Hagadol, c’est le Chabbat qui est retenu et non pas la date où les faits se sont déroulés.

Le Pri Yts’hak dit au nom du Zohar que c’est grâce à la force de la  sainteté (kédoucha) du Chabbat que nous pouvons donner de la kédoucha (sainteté) au fêtes (moadim). En réalité la différence entre le Chabbat et les moadim est fondamentale, la kédoucha du Chabbat vient directement de D.ieu comme il est dit wayékadech oto [D.ieu] sanctifia le Chabbat, les moadim quant a eux dépendent du calendrier et donc des sages comme il est dit acher tikréou otam (Que vous fixerez).

Le Tour fait également référence à cette notion en disant que le Chabbat est kodech (saint) alors que les moadim sont mikra kodech (appelé saint).

Les Richonim (premiers commentateurs) qualifient la fête de Pessa’h comme étant la fête de la émouna, de la foi; quelle corrélation y a-t-il entre Chabbat Hagadol et Pessa’h.

Le Chabat élément fondamental de la  foi en D.ieu (émouna)

בֵּינִי וּבֵין בְּנֵי יִשְׂרָאֵל אוֹת הִוא לְעֹלָם כִּי שֵׁשֶׁת יָמִים עָשָׂה יְהוָה אֶת הַשָּׁמַיִם וְאֶת הָאָרֶץ וּבַיּוֹם הַשְּׁבִיעִי שָׁבַת וַיִּנָּפַשׁ:

« C’est un signe entre moi et les enfants d’Israël pour toujours car pendant six jours D.ieu a travaillé et le septième jour Il se reposa et instaura le Chabbat ».

Rabbi Abraham Ibn Ezra explique à propos de ce verset que celui qui accomplit un travail interdit le Chabbat pendant Chabbat nie la création du monde tel que la Torah nous la décrit.

De même Na’hmanide nous enseigne que respecter les lois du Chabbat est une condition siné qua non à l’accomplissement de l’injonction divine de croire que D.ieu est Un et que Lui a seul a créé le monde.

Dans les dix commandements il est écrit que le Chabbat est en souvenir de la sortie d’Egypte, cependant il n’est pas évident de faire le lien?

Le Malbim enseigne que le fait que D.ieu ait arrêté la création le Chabbat est la preuve même de Son existence. En effet, si le monde avait été créé par une succession coïncidente de réactions pourquoi a-t-il subitement arrêté de se développer, pourquoi n’y a-t-il pas la création de nouvelles espèces chaque jour?

Observer le Chabbat c’est prendre conscience que le monde a été créé en six jours et que le septième jour le développement cessa. Le Malbim explique que c’est précisément pour cela, que D.ieu créa le Chabbat. Il est donc évident que le Chabbat est la base et le fondement de la foi du juif.

 

Le Chabbat : source spirituelle

 Le Chabbat, l’interdiction de faire des travaux incombe aussi bien aux hommes qu’aux animaux. Quel est le sens profond de cette interdiction?

Le Maharal enseigne que l’interdiction de faire des travaux le Chabbat nous ramène précisément à la liberté du peuple juif. Respecter les lois du Chabbat c’est se détacher de tout travail (vois tous tes travaux comme si ils étaient acheves ראה כל מלאכתך עשויות)) et pouvoir s’attacher à un travail spirituel, et c’est exactement le processus qui a eu lieu lors de la sortie d’Egypte, sortir d’un esclavage physique, pour entrer sous le joug spirituel des injonctions divines.

Ainsi le Rav Dessler explique la notion de repos du Chabbat, la création pour D.ieu n’était évidemment pas un effort physique. La Torah le confirme et enseigne que le monde a été créé par la parole comme il est dit כִּי הוּא אָמַר וַיֶּהִי. La notion de repos à propos de D.ieu est donc un peu ambiguë.

Le Rav dessler enseigne que le repos de D.ieu est en réalité un repos de toute matérialité afin de s’inscrire totalement dans l’ordre de la spiritualité, bagage indispensable tout au long de la semaine, qui elle aussi est complice à l’aboutissement de ce monde qui passe essentiellement à travers le rapprochement du ciel et de la terre. Nous  voyons cette notion à travers le mot béréchit qui possède les eretz wéchamaym mêmes lettres que les mots brit ech qui fait référence au ciel et la terre.

Nos sages dans la téfilah de Chabbat qualifient le Chabbat comme but de la création תכלית שמים וארץ, et c’est justement à cet enseignement semble-t-il qu’ils font référence.

Pessa’h est la fête de la liberté hérout comme nos sages l’ont qualifié zman hérouténou זמן חרותנו, le mot hérout signifie liberté. Il peut signifier également gravé, inscrit comme nous le voyons à propos des dix paroles ‘harout al halou’hot חרות על הלוחות gravés sur les Tables de la loi.

En réalité Chabbat et Pessa’h sont chargés du même sens, être libres de toute contrainte matérielle, se détacher de toute matérialité afin d’être totalement libres pour pouvoir s’inscrire et graver en nous toutes nos « contraintes » spirituelle qui sont en réalité, pures sources de joie et de bonheur comme le Roi David nous l’a enseigné dans Les Psaumes כי לי קרבת אלוהים לי טוב (car la proximité avec D.ieu est bonne pour moi).

Chabat Hagadol étant le dernier Chabbat de l’année, remplie de foi emouna et de confiance envers le maître de l’univers. C’est à ce moment précis qu’il nous est possible de nous rendre comptes des miracles extraordinaires que nous avons vécu et que nous vivons au quotidien, afin de pouvoir admettre aisément le détachement de toute matérialité et ainsi s’agripper a D.ieu notre père.

Ainsi vous l’aurez compris comme Chabbat Techouva Chabat Hagadol est fondamental à la fête de Pessa’h et c’est particulièrement le jour de Chabbat que ce travail de reconnaissance commence.

Le sentier de rectitude – Messilate Yecharim – Rabbi Moché ‘Hayim Luzzato


CHAPITRE 2

De la vigilance

La vigilance consiste pour l’homme à surveiller ses actes et son comportement, c’est-à-dire penser et contrôler ses actes et ses voies, afin de savoir s’ils sont bons ou mauvais, pour ne pas abandonner son âme en danger de perdition, Dieu nous en garde, et ne pas marcher dans l’ornière de la routine, comme un aveugle dans les ténèbres. Le bon sens, d’ailleurs, en fait une évidence, car si l’homme est doué de connaissance et d’intelligence qui lui permettent de se sauver et de fuir la perdition, comment pourrait-il se détourner de son salut ? Ce serait trop de déficience et de folie perverse. En agissant ainsi, l’homme se situerait à un niveau inférieur à l’animal, qui, par nature, sait se garder lui-même et qui, par conséquent, évite et fuit tout ce qui peut lui paraître nuisible.

Celui qui marche dans le monde sans se demander si sa voie est bonne ou mauvaise, ressemble à l’aveugle qui chemine le long d’un fleuve. Le danger qu’il court est immense, et il est plus proche de son malheur que de son salut. Peu importe en effet que le manque de circonspection soit le fait d’une cécité naturelle ou d’un aveuglement volontaire. Voici Jérémie qui se lamente sur la perversité de ses contemporains dont le mal était justement de fermer les yeux sur leur conduite et de ne pas se soucier de savoir s’ils devaient continuer dans leur voie ou l’abandonner. « Personne parmi eux ne regrette ses mauvaises actions et ne dit : »Qu’ai-je fait?  »Tous, ils reprennent leur course, tel qu’un cheval qui se précipite au combat ». Tous continuent à suivre leurs chemins par la force de l’habitude, sans se donner le temps d’examiner leurs actions, et leurs voies. Aussi tombent-ils dans le malheur, sans même l’apercevoir.

Et c’est là assurément, un des stratagèmes de l’instinct du mal, une de ses ruses que d’accabler les hommes par un travail ininterrompu de sorte qu’ils n’ont plus de loisir pour prendre conscience du chemin qu’ils suivent, ni l’examiner. Il sait bien qu’il suffirait aux hommes de prendre garde à leurs voies, si peu que ce fût, pour qu’aussitôt ils se prennent à regretter leurs actes et dans un repentir grandissant rompent entièrement avec le péché. C’est ainsi qu’agissait Pharaon, l’oppresseur lorsqu’il ordonnait « qu’il y ait surcharge de travail pour eux, et qu’ils y soient astreints, et qu’on n’ait pas d’égard à des propos mensongers». Son intention était, non seulement de leur enlever tout loisir pour conspirer contre lui, mais encore d’annihiler en eux, par l’effet d’un travail sans répit, tout effort de réflexion. Les desseins de l’instinct du mal à l’égard des hommes sont du même ordre. Car il est un infatigable guerrier, expert en ruse. Il n’est possible d’en être délivré que par grande sagesse et vive prudence. Aussi le prophète nous adjure-t-il en ces termes : « Appliquez votre attention à votre manière d’agir. » Et Salomon dit dans sa sagesse : « N’accorde pas de sommeil à tes yeux ni de repos à tes paupières. Dégage-toi comme le cerf de la main [du chasseur] comme le passereau de la main de l’oiseleur ». Nos Sages enfin disent : « Tout homme qui prend garde à ses voies en ce monde, méritera le salut de Dieu  ». Il est bien évident que malgré toute sa vigilance, l’homme ne peut se sauver sans le secours de Dieu, car l’Instinct du Mal est très fort, ainsi qu’il est écrit : « Le méchant  fait le guet pour perdre le juste, il cherche à lui donner la mort. D.ieu ne l’abandonne pas entre ses mains. » En fait, même si l’homme veille sur lui-même, il ne peut être sauvé de l’Instinct du Mal que parce que Dieu lui vient en aide. Mais s’il ne prend pas garde à lui, il est évident que Dieu ne le gardera pas, car s’il n’a pas de pitié pour lui-même, qui en aurait?

C’est en ce sens que nos Sages ont dit : «Quiconque n’a pas en lui la connaissance n’a pas le droit à la miséricorde . » Et aussi : « Si je ne suis pas pour moi, qui sera pour moi ? Et si je suis pour moi, que suis-je ? Et si ce n’est pas maintenant, quand? ».


CHAPITRE 3

Aspects de la vigilance

 

Celui qui veut veiller sur lui-même , doit se livrer à deux genres d’examens nécessaires. Le premier lui donnera une notion claire du bien véritable que l’homme doit choisir et du mal véritable qu’il doit fuir. Le second portant sur les actes qu’il accomplit, lui révélera s’ils entrent dans la catégorie du bien ou du mal.

Cette réflexion s’impose aussi bien au moment de l’action qu’en dehors d’elle. Au moment de l’action pour que l’homme ne fasse rien sans l’avoir pesé et jaugé. En dehors de l’action pour que le souvenir de l’ensemble de ses œuvres lui revenant à l’esprit, il les pèse et les examine. Il reconnaîtra alors celles qui sont mauvaises et qu’il doit repousser et celles qui sont bonnes et méritent d’être poursuivies. Si certaines de ses actions sont mauvaises, il réfléchira et cherchera quel moyen ingénieux adopter pour s’écarter du mal et s’en dégager entièrement.

Nos Sages ont dit en ce sens : « Mieux eût valu pour l’homme qu’il ne fût point créé.  Mais, du moment qu’il l’a été, qu’il examine ses actes ». D’autres disent : « Qu’il les palpe. » Les deux versions renferment chacune un enseignement profitable. Examiner ses actes, en effet, c’est réfléchir, reconnaître ceux qu’il eût mieux valu éviter parce qu’ils n’étaient pas conformes aux ordres et aux lois de D.ieu. Il est nécessaire de renoncer à de tels actes, s’il en trouve. Palper ses actes, c’est scruter les bonnes actions elles-mêmes pour examiner si elles ne contiennent aucune mauvaise orientation ou quelque parcelle de mal qu’il faudra éliminer et abolir. C’est comme si nous tâtions un vêtement pour savoir s’il est bon et solide, ou mauvais et usé. Faisons subir la même épreuve à nos actes et examinons leur qualité avec la dernière rigueur jusqu’à ce qu’ils deviennent purs et nets de toute souillure.

En résumé, l’homme doit examiner tous ses actes, contrôler toutes ses voies pour ne laisser en lui aucune habitude vicieuse, aucune mauvaise vertu et encore moins, la transgression et le crime.

Et je constate qu’il est nécessaire à l’homme de peser scrupuleusement ses voies, jour après jour, comme ces grands hommes d’affaires qui font sans cesse leur bilan pour éviter toute perte. Qu’il se fixe à cet effet, des heures déterminées, pour que son examen de conscience ne soit pas fortuit, mais ait la plus grande régularité. C’est là une pratique lourde de conséquences, et nos maîtres nous ont enseigné explicitement la nécessité de cette comptabilité : « Ceux qui sont maîtres de leurs passions disent : « Evaluons ce que nous perdons à observer un commandement par rapport à ce que nous y gagnons et ce que nous gagnons à le transgresser par rapport à ce que nous y perdons ». »

A vrai dire, seuls ceux qui se sont dégagés de l’instinct du mal et qui le dominent, peuvent donner ce conseil et en apprécier l’exactitude. Car les yeux de celui qui est encore prisonnier de son instinct ne voient pas cette vérité. Il est incapable de la reconnaître car l’instinct du mal rend aveugle le pécheur qui va dans les ténèbres au-devant d’un piège qu’il ne voit pas.

Nos sages disent: «Tu ramènes les ténèbres et c’est la nuit », « Tel est ce monde qui ressemble à la nuit ». Comprends combien ces paroles sont admirables pour celui qui les approfondit. L’obscurité de la nuit peut en effet entraîner pour l’œil humain deux sortes d’erreurs.  Elle peut, soit l’envelopper au point de l’aveugler complètement, soit l’induire en erreur et lui faire prendre une colonne pour un homme, un homme pour une colonne. Or, le côté physique et matériel de ce monde  jouent le rôle des ténèbres de la huit pour l’œil de l’esprit. Ils sont la source de deux genres d’erreurs. Ils l’empêchent d’abord de voir les obstacles parsemés sur les routes de ce monde, de sorte que les gens simples marchent avec insouciance, tombent et périssent, avant même qu’un sentiment de crainte ait pu les effleurer. C’est en ce sens que les Proverbes disent : «Le chemin des méchants est sombre comme les ténèbres : ils ne savent pas ce qui les fait trébucher. » « L’homme avisé voit le danger et se met à l’abri. Les sots passent outre et en pâtissent . » « Le sot se laisse aller. Il a confiance . » Leur cœur est plein d’assurance, ils tombent avant d’avoir soupçonné la présence de l’obstacle.

La deuxième erreur est plus grave que la première.  Elle trompe leur sens jusqu’à leur faire voir le mal comme s’il était réellement le bien et le bien comme s’il était le mal. Ils s’endurcissent ainsi dans leurs œuvres mauvaises et y persévèrent. Non seulement ils ne voient plus le mal qui est présent mais, chose plus grave, ils tentent de justifier leurs opinions perverses et leurs théories erronées.

C’est cette erreur, la plus grave de toutes qui, les tenant captifs, les mène à la fosse de perdition ainsi qu’il est écrit : « Le cœur de ce peuple est épais, ses oreilles sont sourdes, ses yeux sont aveugles . » Tout cela parce qu’ils sont prisonniers des ténèbres et subjugués par leurs passions. Mais ceux qui se sont dégagés de cet emprisonnement contemplent la vérité sous son vrai jour, et peuvent ainsi diriger les autres hommes vers elle.

A quoi cela ressemble-t-il ? A un jardin en labyrinthe que les princes se font construire pour leur divertissement. Les plantations s’y élèvent comme des murs : entre elles courent de multiples sentiers qui se perdent et s’entremêlent et se ressemblent tous.  Il  s’agit d’accéder par eux à une galerie centrale, dont la plupart des sentiers éloignent le promeneur. Et, de fait, il lui est impossible de reconnaître le bon chemin du mauvais, car tous sont identiques et rien ne les distingue, à moins que l’expérience ne l’aide à se retrouver, ayant déjà parcouru la voie et ayant atteint le but, au centre de la galerie. Celui qui s’y retrouve voit tous les chemins devant lui. Il distingue les vrais des faux : il peut avertir les passants et leur dire : « Voici le chemin que vous devez emprunter. » Qui veut lui faire confiance atteindra l’endroit du rendez-vous. Mais celui qui s’y refuse et préfère se fier à ses yeux se perdra certainement sans atteindre le but.

Il en est de même pour nous. Celui qui n’a pas encore dominé l’instinct du mal se trouve au milieu des sentiers, incapable de les distinguer. Mais ceux qui sont maîtres de leurs instincts, ont déjà atteint la galerie. Ils sont sortis des sentiers et embrassent tout d’un regard clair, ils peuvent donner des conseils à ceux qui veulent bien les entendre. C’est à eux que nous devons faire confiance. Or quel conseil nous donnent-ils ? « Venez faire votre  examen [de conscience], venez, faisons l’examen du compte de ce monde ».

Car ils ont éprouvé, ils ont vu et ils savent que c’est le seul chemin véritable, nul autre ne mène l’homme au bonheur qu’il recherche, il n’est rien hors de là.

En résumé, l’homme doit méditer sans relâche, pendant les moments de solitude qu’il se sera fixés à cet effet. Quelle est la voie réelle ordonnée par la Torah, et que l’homme doit nécessairement prendre ? Puis il examinera ses actions pour savoir si elles suivent cette voie ou non. S’il agit ainsi, il lui sera assurément plus aisé de se purifier de tout mal et de redresser toutes ses voies. Ainsi qu’il est écrit : « Aplanis avec soin le sentier que foule ton pied et tous tes chemins seront sûrs » « Examinons nos voies, scrutons-les et faisons retour vers D.ieu. »


CHAPITRE 4

Comment acquérir les voies de la vigilance

 

La voie qui mène l’homme à la vigilance est l’étude de la Torah : « La Torah mène à la vigilance », disait Rabbi Pin’has. Plus précisément, ce qui y mène, c’est la réflexion sur la gravité de l’œuvre qui incombe à l’homme et la rigueur du jugement qui sanctionne son accomplissement. Or cette réflexion naîtra de l’étude attentive des faits et gestes relatés par les livres saints et des sentences des Sages de mémoire bénie qui se proposent d’éveiller l’homme sur ce sujet.

Il y a lieu, d’ailleurs, d’établir une hiérarchie de valeurs parmi les mobiles qui la feront germer, selon qu’il s’agit de natures d’élite, d’êtres moins élevés ou de la foule.

  Pour les natures d’élite, le mobile déterminant sera la conscience que la perfection seule est désirable, et rien en dehors d’elle et qu’il n’est de mal plus grand que d’en être privé ou éloigné. Pénétrés et convaincus de ce que les moyens pour atteindre la perfection sont les bonnes actions et les vertus morales, ces hommes n’accepteront jamais d’en amoindrir le nombre ou l’efficacité. Ils savent trop bien qu’en transigeant sur le nombre de ces moyens, en manquant d’énergie et de zèle pour les accomplir, ils tomberont au lieu d’atteindre la vraie perfection dans la mesure même de leur faiblesse. Or il n’est point pour eux de tourment plus grave, de plus grand malheur. Aussi auront-ils à cœur de multiplier et d’intensifier les moyens mis en œuvre en se préoccupant de chaque détail, sans avoir de cesse, car ils sont tourmentés par l’idée qu’il leur manque peut-être ce qui leur permettrait d’atteindre la perfection désirée. Ceci exprime l’idée du roi Salomon lorsqu’il disait : « Heureux l’homme qui est dans une crainte permanente». Cette crainte, disent nos Sages, est celle de ne pas accomplir les ordres de la Torah.

Le sommet de cette vertu se trouve être « la crainte de la faute » qui est un des degrés les plus dignes d’éloge. A ce niveau, l’homme redoute et s’angoisse perpétuellement d’avoir sur la conscience un soupçon de faute qui l’empêcherait d’atteindre la perfection qu’il doit s’efforcer de réaliser. C’est à cela que font allusion nos Sages lorsqu’ils disent, dans leur langage imagé : « [Dans le monde à venir,] chacun sera consumé de regrets à la vue du dais qui recouvrira son prochain. » Il ne s’agit pas ici d’une envie qui ne peut s’emparer que d’êtres imparfaits, mais chacun est consumé du regret d’être inférieur au degré de perfection qu’il eût pu atteindre aussi bien que tout autre. Or, il est clair qu’après avoir médité ce sujet, l’homme d’élite ne manquera pas d’être vigilant dans ses actes. Altérer

Chez les hommes d’un discernement moins raffiné, l’éveil sera donné selon leur intelligence, par la gloire à laquelle ils aspirent. Or il est évident pour tout homme doué de sens, que les hiérarchies du monde réel, qui est le monde à venir, ne se déterminent que selon les actes.  Ne possédera un niveau élevé que l’homme le plus muni [en bonnes actions], le plus dépourvu sera rabaissé. Comment l’homme pourrait-il dès lors détourner les yeux de ses actions, ou réduire son effort, s’il est certain qu’il se tourmentera un jour, lorsqu’il ne pourra plus réparer ce qu’il aura altéré.

Il est pourtant des gens siimples qui ne cherchent qu’à se faciliter la tâche et qui disent : « A quoi bon nous fatiguer avec toute cette piété, et cette ascèse? Il nous suffit de ne pas faire partie des impies  châtiés en enfer. Nous n’avons nul besoin de nous presser à entrer au lieu le plus intime du jardin d’Éden. Si nous n’avons pas une belle part, nous en aurons une petite. Elle nous suffira bien et nous n’allons pas alourdir le joug de notre charge pour cela». A ces gens, nous poserons seulement une question : consentiraient-ils aussi facilement à voir, en ce monde passager, un homme de leur condition accéder à des honneurs et à un rang auquel ils n’accèdent pas, et les commander? Surtout s’il s’agissait d’un de leurs serviteurs ou de ces pauvres qu’ils méprisent et regardent de haut. N’en seraient-ils pas ulcérés ? Leur sang ne bouillirait-il pas en eux ?

Nous voyons bien toute la peine que l’homme se donne pour s’élever autant qu’il peut, et prendre position parmi les grands : «Et j’ai observé que le labeur de l’homme et tous ses efforts pour réussir ont pour mobile la jalousie qu’il nourrit contre son prochain». Et si l’un d’entre eux voit son compagnon s’élever tandis que lui-même reste à niveau inférieur, il ne fait assurément que se plier à une situation qu’il est bien forcé de supporter. Il ne peut rien y changer, mais au fond de son cœur il est plein de dépit.

Si donc il leur est si pénible d’être plus bas que les autres dans une hiérarchie illusoire et trompeuse, où la dernière place n’est qu’apparente, et la première vanité et mensonge, comment supporteront-ils de se voir dépassés par ceux qui sont maintenant leurs inférieurs, et cela dans le monde des vraies valeurs et de la gloire éternelle ? Car ils ont beau ignorer aujourd’hui son prix et ne pas s’en soucier, un jour viendra, certes, où ils reconnaîtront sa vérité, à leur grand dam et à leur honte, et il ne leur restera qu’un regret poignant et éternel. Tu peux donc déduire que cette patience qu’ils se prêchent pour alléger le poids de leur service [divin],  n’est qu’une séduction mensongère de l’instinct du mal qui ne représente rien de vrai.

En fait cette séduction ne pouvait se produire s’ils regardaient le problème dans toute sa vérité. Mais comme ils n’en ont cure et sont livrés à leur erreur, ils vivent avec leur séduction jusqu’au temps où il sera trop tard, où ils ne pourront plus réparer ce qu’ils auront détruit. Ainsi le disait le roi Salomon : « Tout ce que tes propres moyens  te permettent de faire, fais-le : car il n’y a ni activité, ni comptes, ni science, ni sagesse dans le Chéol, vers lequel tu te diriges» .Ce que l’homme n’aura pas accompli tant qu’il possède le pouvoir, venu de son Créateur, de choisir sa voie pendant tous les jours de cette vie terrestre où il est à la fois libre et sollicité par les devoirs, il ne pourra plus le faire dans la tombe et le Chéol où il aura perdu cette possibilité. Qui n’aura pas multiplié les bonnes actions pendant sa vie, ne pourra plus les accomplir après. Qui n’aura point fait l’examen de ses actes, n’aura plus le loisir de le faire. Et qui n’aura pas augmenté sa sagesse en ce monde, ne deviendra pas un sage dans la tombe. Ainsi qu’il est dit : «car n’y a ni activité, ni comptes, ni science, ni sagesse dans le Chéol vers lequel tu te diriges. »

Chez l’homme ordinaire enfin, l’éveil sera donné par la représentation de la récompense et du châtiment eux-mêmes. Le spectacle de l’étendue de la justice divine, à qui rien n’échappe, est bien propre à entretenir un tremblement et une angoisse perpétuels. Car qui pourrait penser subir victorieusement l’épreuve du Jugement ? Et qui se disculperait devant son Créateur, au regard duquel nulle chose, ni petite ni grande, n’échappe ?

Expliquant le verset « il révèle à l’homme sa propre parole », nos Sages disent que l’on rappellera à l’homme, le jour du Jugement, même un propos léger qu’il aura pu tenir à sa femme. Ils disent encore« que D.ieu ne laisse rien passer à ses saints, fût-ce de la largeur d’un cheveu ». Abraham, qui fut Abraham-le-bien-aimé du Créateur puisque le verset l’appelle « Abraham, mon bien-aimé », n’a pas évité la punition de quelques paroles inconsidérées qu’il avait prononcées, ayant demandé : « comment saurai-je que je posséderai ce pays ? », le Saint, béni soit-Il, lui répondit : « Par ta vie, sache que tes descendants seront des étrangers… .»

Parce qu’il fait alliance avec Avimélekh sans l’ordre de D.ieu, le Saint, béni soit-Il, lui dit : « Par ta vie, sept générations passeront avant que tes enfants ne connaissent la joie. »

Jacob s’étant emporté contre Rachel qui lui disait : « Donne-moi des enfants », Dieu lui dit : «Est-ce ainsi qu’on répond à une femme dans l’affliction ? Par ta vie, tes fils se tiendront debout devant son fils . »

Jacob avait enfermé Dina dans un coffre pour la soustraire à Esaü  bien que l’intention était bonne, mais du fait qu’il priva son frère d’un bienfait Dieu dit : «A celui qui se consume de chagrin devrait aller la sympathie de ses amis. Tu n’as pas voulu pour elle d’un circoncis, elle sera prise par un incirconci.Tu n’as pas voulu pour elle d’un mariage légitime : elle sera prise de force. »

Joseph qui avait dit à l’échanson : « Souviens-toi de moi lorsque tu seras heureux » resta deux ans de plus en prison . Ayant fait embaumer le corps de son père sans l’assentiment divin, ou selon d’autres, ayant entendu sans protester ses frères dire : « Notre père, ton serviteur », il mourut avant eux.

David qui avait appelé « chants » les paroles de la loi en fut puni lors de l’accident d’Ouza qui vint troubler sa joie.

 Mikhal, pour avoir reproché à David d’avoir dansé en public devant l’Arche, mourut en mettant son enfant au monde.

Ezéchias qui exhiba ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone fit le malheur de ses fils, condamnés à servir comme eunuques dans le palais de ce roi. Les exemples de ce genre abondent.

 Rabbi Yo’hanan, disent nos Sages, pleurait chaque fois qu’il lisait ce verset: «Et je m’avancerai vers vous pour faire justice. Je me hâterai de témoigner contre les magiciens, les adultères, les parjures, contre ceux qui exploitent le salarié, les oppresseurs de la veuve et de l’orphelin, de l’étranger, et qui ne me redoutent point, dit le Seigneur . » « Que peut un serviteur, dit Rabbi Yo’hanan, à qui l’on tient la même rigueur des fautes légères que des fautes graves ? » Ce n’est pas que, selon lui, la punition soit la même pour toutes les fautes, car D.ieu punit selon la gravité de la faute.

  Il faut entendre que sur la balance de nos actions, le poids de nos fautes légères entre en ligne de compte comme celui de nos manquements graves et que ces derniers ne font pas oublier les autres. Le juge ne s’en détourne pas, mais, donnant une attention égale à chacun d’eux, il condamne et punit chaque faute, selon sa gravité. Le roi Salomon dit à ce sujet : « Car toute action, D.ieu la fera paraître en jugement, si cachée soit-elle, bonne ou mauvaise . » Car, pas plus qu’il n’oublie de récompenser une bonne action, si minime soit-elle, Dieu n’oublie pas de reprendre la faute, si vénielle soit-elle. Que cela fasse réfléchir quiconque se berce d’illusions et s’imagine que D.ieu ne nous jugera pas pour des peccadilles et ne nous en demandera pas un compte rigoureux. Car nos Sages enseignent : « Si l’instinct du mal te suggère : « Pèche et D.ieu te pardonnera », ne l’écoute pas», cela n’est que trop clair, puisque Dieu est un Dieu de vérité. Ainsi parlait Moïse notre maître : « Lui, notre Rocher, son œuvre est parfaite, toutes ses voies sont justes. Dieu fidèle, sans iniquité, juste et droit. » Puisque D.ieu veut la justice, il la violerait en détournant son regard soit du mérite soit de la faute. Aussi faut-il qu’il donne à chacun selon ses voies et selon ses œuvres avec la plus scrupuleuse exactitude, soit en bien, soit en mal. Voilà le « D.ieu fidèle sans iniquité, juste et droit», c’est-à-dire, selon nos Sages, pour les justes comme pour les méchants. Ainsi le veut Sa nature de juge universel, dont le châtiment atteint toute transgression et auquel on n’échappe pas.

Mais alors, diras-tu, que devient la miséricorde divine, puisque tous nos actes sont implacablement jugés ?

La réponse est la suivante: Il est certain que la miséricorde divine est le fondement du monde. Sans elle, il ne pourrait pas subsister un instant. Mais la justice n’en pâtit point. Et voici comment. D’après la justice stricte, il conviendrait que le pécheur soit puni immédiatement et sans délai après sa faute, que le châtiment lui-même soit lourd de tout le courroux que mérite un rebelle à la parole divine, enfin, qu’il n’y ait aucun moyen de réparer le mal. Car, en vérité, comment l’homme pourrait-il réparer ce qu’il a altéré, la faute une fois commise ? Le meurtre, l’adultère, comment les réparer ? Peut-on soustraire à l’existence un acte déjà commis ?

C’est ici que la miséricorde divine intervient pour changer totalement ces trois données. Un délai est accordé au pécheur, lui permettant de ne pas disparaître du monde aussitôt après la faute; le châtiment ne va pas jusqu’à l’anéantissement total, le repentir enfin est donné aux pécheurs, par un geste de pur amour divin qui agrée l’abolition de la mauvaise volonté, comme équivalent à l’abolition de l’acte lui-même. Si le pénitent, en effet, reconnaît sa faute, en fasse l’aveu, médite sur sa perversité, s’en détourne et en éprouve un regret sans réticence comme d’un voeu inconsidéré, si son désir le plus évident est que cet acte n’ait jamais été commis, et qu’un remords cuisant de l’avoir accompli tourmente son cœur, s’il l’exècre désormais et fuit loin de lui, le renoncement total auquel sa volonté aura consenti lui vaudra le pardon.

Tel est le sens du verset : « Ton péché a disparu, ta faute est effacée. » Car le péché disparaît alors véritablement du monde, comme extirpé par le remords et le regret du passé.

Sans doute cet acte d’amour ne dérive-t-il pas de la stricte justice. Mais il ne la contredit pas non plus. On peut admettre, en effet, qu’à la complaisance et à la jouissance dans le péché se substituent maintenant le regret et la souffrance.

De même le délai accordé à l’homme ne signifie pas rémission de son péché, mais tolérance passagère afin de laisser une porte ouverte à la réparation. Il en va de même pour d’autres actes d’amour divin, tels que l’indulgence accordée aux parents en vertu des mérites de leurs enfants, ou un châtiment partiel tenant lieu de châtiment total. Ils ne contredisent ni n’annulent l’exercice de la justice, car on peut leur trouver de bonnes justifications. Si, par contre, il y avait une rémission des péchés sans contrepartie, ou s’il n’en était pas tenu compte, ce serait la négation de toute justice. II n’y aurait plus ni droit, ni équité : c’est une pure impossibilité. Si le pécheur ne choisit pas une des voies dont nous avons parlé pour sauver son âme, la stricte justice fera nécessairement son office. «Il est longanime, mais il encaisse sa dette », disent nos Sages.

II s’ensuit que l’homme qui veut ouvrir les yeux, ne peut échapper par aucun prétexte à la nécessité de veiller sur ses actes avec l’attention la plus soutenue et de les examiner avec la plus grande minutie. Telles sont les considérations auxquelles l’homme doit se livrer : grâce à elles, il acquerra la vigilance, s’il est doué de sensibilité.

Parachat Metsora 2014

Le Talmud nous apprend que le châtiment de la lèpre (tsaraat) intervient pour sept raisons (Arakhin 15(.

L’une d’entre elles est la médisance ou lachon hara.

La paracha de la semaine dernière tazria   mentionne  les plaies  résultant du  de la médisance (lachon hara ). Celle de cette semaine  mentionne la guérison et la réparation de cette plaie.

La Torah ordonne au lépreux d’apporter deux oiseaux, une branche de cèdre, une d’hysope, ainsi q’une langue de laine de couleur pourpre. La signification de ce commandement nous est expliquée par Rachi.

Les deux oiseaux sont là pour rappeler au lépreux qu’il a été gazouiller comme ces oiseaux, et s’est laissé entraîner par la tentation de la médisance.

Le lépreux en médisant a manifesté  son orgueil comme le cèdre qui est l’arbre le plus  haut. De ce fait, il doit associer une branche d’hysope l’arbre le plus bas et la langue de pourpre pour rappeler au qu’il devra à l’avenir baisser sa langue comme l’hysope.

Toutes cette procédure n’a qu’un seul but: réveiller la conscience du  lépreux au repentir afin qu’il ne récidive pas.

La question est de savoir comment pouvoir y arriver?

Le ‘Hafets ‘Hayim dans son livre Chmirat halachon, explique que la médisance (lachon hara) provient du fait que l’homme ne juge pas son prochain favorablement (lécaf zékhout). Cela voudrait dire que l’homme qui juge son prochain favorablement, ne tomberait jamais plus dans le piège de la médisance.

Or comment peut-on juger son prochain favorablement si on le voit fauter ?

Le rav Arouch chlita apporte un éclairage nouveau.

Ce que  D.ieu attend de nous dit-il, c’est notre volonté comme il est écrit dans Pirké Avot(2, 4) : « Fait ta volonté comme La sienne ». Il n’est pas écrit fait  »tes actions » mais  »ta volonté » car c’est véritablement la seule chose  qui est entre les mains de l’homme. La volonté intrinsèque de chaque juif étant de faire le bien, de servir D.ieu.

De ce fait, lorsque l’on voit notre prochain fauter, il suffit de regarder son intérieur qui ne recherche qu’à faire la volonté de son Créateur, plutôt que de constater les actions que lui-même n’aurait pas voulu faire.

En suivant ce conseil, l’on ne pourra juger notre prochain que favorablement.

On peut juger une personne ayant commis apparemment une faute. Mais on peut s’apercevoir très souvent  qu’en analysant précisément  tous les faits dans les moindres détails, on se rend compte que ce n’est pas du tout une faute, comme nous le démontre cette histoire.

La voiture du boucher cacher de la ville se trouvait devant une boucherie non cacher. Un juif passant par là remarqua ainsi la présence du boucher juif dans la boucherie non cacher. Il suspecta le boucher de s’approvisionner en viande non cacher et depuis ce jour, se répandit en calomnies sur le boucher juif  qui perdit son gagne-pain, sa santé et enfin sa vie.

Quelques temps plus tard, la voiture du calomniateur tomba en panne  devant la même boucherie non cacher. Celui-ci n’eut d’autre solution que d’entrer dans la boucherie pour demander de l’aide.

Le boucher lui fit remarquer la coïncidence étrange, de voir pour la deuxième fois la même scène : Un juif tombe en panne devant sa boucherie et lui demande de l’aide. Le juif comprit de suite qu’il faisait allusion au boucher juif qu’il calomnia dans le passé.

Nous apprenons de cette histoire, que  malgré toutes les présomptions que nous pouvons avoir en voyant se dérouler un acte devant  nos yeux d’être humain, nous ne sommes jamais dispensé de juger favorablement son prochain.

Parachat Tazria 2014

La Torah, dans notre paracha, explique dans les moindres détails toutes les lois d’une maladie de la peau qui s’appelle la tsara’at  » la lèpre ».

Beaucoup de commentateurs notamment le Kli Yakar précise que cette maladie provient de toutes les mauvaises qualités internes à l’homme notamment la médisance et les paroles interdites.

Le roi David dans les psaumes (chap.34 verset 13-15) nous enseigne:

מִי הָאִישׁ הֶחָפֵץ חַיִּים אֹהֵב יָמִים לִרְאוֹת טוֹב: נְצֹר לְשׁוֹנְךָ מֵרָע וּשְׂפָתֶיךָ מִדַּבֵּר מִרְמָה

 »L’homme qui désire vivre et qui aime les jours heureux est celui qui préserve sa langue du mal et ses lèvres de discours perfides ».

Il y a lieu de s’interroger, quelle est la corrélation entre la médisance, les paroles interdites et la vie.

 Certes, il est évident que de transgresser les lois de la Torah est néfaste, mais qu’est-ce que le Roi David a trouvé de particulier dans la médisance et les paroles interdites?

Afin d’expliquer cela, il semble judicieux de rapporter un épisode talmudique dans le traité de Berakhot 10a.

Lorsque  le roi ‘Hizkiyahou est tombé malade, Yecha’yahou (le prophete Isaïe) vint lui rendre visite, et lui annonça lors de son passage que selon  un décret divin il devait mourir.

‘Hizkiyahou s’exclama et dit même lorsqu’un homme a un glaive tranchant sur sa gorge, il ne doit jamais s’abstenir de crier miséricorde (sous-entendu et il sera exaucé). Il se tourna et proféra quelque mots de prière: » La Chounamit a construit un mur et a hérité la vie, mon grand-père a construit le Temple, n’aurais-je pas son mérite? » (Bien qu’il ait prononcé d’autres prières nous nous attarderons que sur cette dernière.)

La Chounamite était une femme du village de Chouname, elle n’avait pas d’enfant pendant de nombreuse années. Cette femme décida de construire au prophete Elicha  qui était de passage, une pièce dans laquelle et pourrait résider et se consacrer pleinement au service divin.

Par le mérite de cette action Elicha leur fit un miracle. Cette femme est tombée enceinte, mis au monde un garçon qui tomba malade et mourut   et qu’ Elicha fit ressusciter.

La question est de savoir par quel mérite la Chounamite put bénéficier de  ce miracle En quoi le fait de recevoir un hôte peut donner un tel mérite: celui d’assister à la résurrection des morts.

Pour comprendre cela il faut s’interroger sur la réelle définition de la vie. La vie n’est pas le fait de pouvoir s’exprimer car quelqu’un qui est muet ne peut pas s’exprimer mais pourtant vit, ni de pouvoir voir, ni d’entendre, ni même de se mouvoir car même une personne paralysée vit.

Qu’est-ce que la vie?

La Torah dans Dévarim 4, 4 dit :

 וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּיהוָה אֱלֹהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם

« Et vous qui êtes attachés  à D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui »

En réalité la véritable vie est la proximité avec D.ieu notre Créateur. Plus un homme est proche de D.ieu, plus il est rempli  de vie.

Le Nefech Hah’ayimm donne une belle image à cela. Il compare l’homme à un arbre dont les racines sont au ciel et les branches vers la terre. En effet toute l’énergie que nous avons vient tout droit du Créateur. Plus un homme est proche du Créateur, plus il est proche de la source d’énergie et de la vie, et peut ainsi puiser ses forces à la source.

En Lachon Hakodech (langue de la Torah) une source se dit « béer mayim h’ayim » littéralement un puits d’eau vivante. Cette eau s’appelle vivante parce que précisément elle est la source.

D’après cela il est facile de comprendre l’évènement avec la Chounamit. En effet, le fait de donner à Elicha la possibilité de servir le Créateur et de se rapprocher de D.ieu à travers son étude, lui a permis de vivre ce miracle.

Ainsi la prière de ‘Hizkiyahou pouvait se résumer ainsi : Si déjà la Chounamite qui a permis à un homme d’être proche de Toi a vécu de tels miracles, moi le petit fils du bâtisseur du Temple qui permit à tous les juifs du monde une proximité inégalable avec Toi, a fortiori que je mérite de vivre de tels miracles.

C’est cela l’enseignement du roi David dans les psaumes: Préserver sa bouche de dire du mal est la meilleure manière de se rapprocher de D.ieu et par conséquent de mériter la vie.

Préserver sa bouche du mal implique l’utiliser a bonne escient, dire des louanges de D.ieu, des paroles de Torah, ou même faire un compliment à son prochain.

Puisse D.ieu faire que nous soyons tous aptes à préserver notre bouche afin de pouvoir goûter cette proximité avec le créateur qui a un goût particulier celui de la vie.

Parachat Tazria

La Torah, dans notre paracha, explique dans les moindres détails toutes les lois d'une maladie de la peau qui s'appelle la tsara'at " la lèpre".

Beaucoup de commentateurs notamment le Kli Yakar précise que cette maladie provient de toutes les mauvaises qualités internes à l'homme notamment la médisance et les paroles interdites.

Le roi David dans les psaumes (chap.34 verset 13-15) nous enseigne:

מִי הָאִישׁ הֶחָפֵץ חַיִּים אֹהֵב יָמִים לִרְאוֹת טוֹב: נְצֹר לְשׁוֹנְךָ מֵרָע וּשְׂפָתֶיךָ מִדַּבֵּר מִרְמָה

''L'homme qui désire vivre et qui aime les jours heureux est celui qui préserve sa langue du mal et ses lèvres de discours perfides''.

Il y a lieu de s'interroger, quelle est la corrélation entre la médisance, les paroles interdites et la vie.

 Certes, il est évident que de transgresser les lois de la Torah est néfaste, mais qu'est-ce que le Roi David a trouvé de particulier dans la médisance et les paroles interdites?

Afin d'expliquer cela, il semble judicieux de rapporter un épisode talmudique dans le traité de Berakhot 10a.

Lorsque  le roi 'Hizkiyahou est tombé malade, Yecha'yahou (le prophete Isaïe) vint lui rendre visite, et lui annonça lors de son passage que selon  un décret divin il devait mourir.

'Hizkiyahou s'exclama et dit même lorsqu'un homme a un glaive tranchant sur sa gorge, il ne doit jamais s'abstenir de crier miséricorde (sous-entendu et il sera exaucé). Il se tourna et proféra quelque mots de prière:" La Chounamit a construit un mur et a hérité la vie, mon grand-père a construit le Temple, n'aurais-je pas son mérite?" (Bien qu'il ait prononcé d'autres prières nous nous attarderons que sur cette dernière.)

La Chounamite était une femme du village de Chouname, elle n'avait pas d'enfant pendant de nombreuse années. Cette femme décida de construire au prophete Elicha  qui était de passage, une pièce dans laquelle et pourrait résider et se consacrer pleinement au service divin.

Par le mérite de cette action Elicha leur fit un miracle. Cette femme est tombée enceinte, mis au monde un garçon qui tomba malade et mourut   et qu' Elicha fit ressusciter.

La question est de savoir par quel mérite la Chounamite put bénéficier de  ce miracle En quoi le fait de recevoir un hôte peut donner un tel mérite: celui d'assister à la résurrection des morts.

Pour comprendre cela il faut s'interroger sur la réelle définition de la vie. La vie n'est pas le fait de pouvoir s'exprimer car quelqu'un qui est muet ne peut pas s'exprimer mais pourtant vit, ni de pouvoir voir, ni d'entendre, ni même de se mouvoir car même une personne paralysée vit.

Qu'est-ce que la vie?

La Torah dans Dévarim 4, 4 dit :

 וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּיהוָה אֱלֹהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם 

"Et vous qui êtes attachés  à D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd'hui"

En réalité la véritable vie est la proximité avec D.ieu notre Créateur. Plus un homme est proche de D.ieu, plus il est rempli  de vie.

Le Nefech Hah'ayimm donne une belle image à cela. Il compare l'homme à un arbre dont les racines sont au ciel et les branches vers la terre. En effet toute l'énergie que nous avons vient tout droit du Créateur. Plus un homme est proche du Créateur, plus il est proche de la source d'énergie et de la vie, et peut ainsi puiser ses forces à la source.

En Lachon Hakodech (langue de la Torah) une source se dit "béer mayim h'ayim" littéralement un puits d'eau vivante. Cette eau s'appelle vivante parce que précisément elle est la source.

D'après cela il est facile de comprendre l'évènement avec la Chounamit. En effet, le fait de donner à Elicha la possibilité de servir le Créateur et de se rapprocher de D.ieu à travers son étude, lui a permis de vivre ce miracle.

Ainsi la prière de 'Hizkiyahou pouvait se résumer ainsi : Si déjà la Chounamite qui a permis à un homme d'être proche de Toi a vécu de tels miracles, moi le petit fils du bâtisseur du Temple qui permit à tous les juifs du monde une proximité inégalable avec Toi, a fortiori que je mérite de vivre de tels miracles.

C'est cela l'enseignement du roi David dans les psaumes: Préserver sa bouche de dire du mal est la meilleure manière de se rapprocher de D.ieu et par conséquent de mériter la vie.

Préserver sa bouche du mal implique l'utiliser a bonne escient, dire des louanges de D.ieu, des paroles de Torah, ou même faire un compliment à son prochain.

Puisse D.ieu faire que nous soyons tous aptes à préserver notre bouche afin de pouvoir goûter cette proximité avec le créateur qui a un goût particulier celui de la vie.

Le sentier de rectitude – Messilate Yecharim – Rabbi Moché ‘Hayim Luzzato


CHAPITRE 2

De la vigilance

La vigilance consiste pour l'homme à surveiller ses actes et son comportement, c'est-à-dire penser et contrôler ses actes et ses voies, afin de savoir s'ils sont bons ou mauvais, pour ne pas abandonner son âme en danger de perdition, Dieu nous en garde, et ne pas marcher dans l'ornière de la routine, comme un aveugle dans les ténèbres. Le bon sens, d'ailleurs, en fait une évidence, car si l'homme est doué de connaissance et d'intelligence qui lui permettent de se sauver et de fuir la perdition, comment pourrait-il se détourner de son salut ? Ce serait trop de déficience et de folie perverse. En agissant ainsi, l'homme se situerait à un niveau inférieur à l'animal, qui, par nature, sait se garder lui-même et qui, par conséquent, évite et fuit tout ce qui peut lui paraître nuisible.

Celui qui marche dans le monde sans se demander si sa voie est bonne ou mauvaise, ressemble à l'aveugle qui chemine le long d'un fleuve. Le danger qu'il court est immense, et il est plus proche de son malheur que de son salut. Peu importe en effet que le manque de circonspection soit le fait d'une cécité naturelle ou d'un aveuglement volontaire. Voici Jérémie qui se lamente sur la perversité de ses contemporains dont le mal était justement de fermer les yeux sur leur conduite et de ne pas se soucier de savoir s'ils devaient continuer dans leur voie ou l'abandonner. « Personne parmi eux ne regrette ses mauvaises actions et ne dit :''Qu'ai-je fait? ''Tous, ils reprennent leur course, tel qu'un cheval qui se précipite au combat ». Tous continuent à suivre leurs chemins par la force de l'habitude, sans se donner le temps d'examiner leurs actions, et leurs voies. Aussi tombent-ils dans le malheur, sans même l'apercevoir.

Et c'est là assurément, un des stratagèmes de l'instinct du mal, une de ses ruses que d'accabler les hommes par un travail ininterrompu de sorte qu'ils n'ont plus de loisir pour prendre conscience du chemin qu'ils suivent, ni l'examiner. Il sait bien qu'il suffirait aux hommes de prendre garde à leurs voies, si peu que ce fût, pour qu'aussitôt ils se prennent à regretter leurs actes et dans un repentir grandissant rompent entièrement avec le péché. C'est ainsi qu'agissait Pharaon, l'oppresseur lorsqu'il ordonnait « qu'il y ait surcharge de travail pour eux, et qu'ils y soient astreints, et qu'on n'ait pas d'égard à des propos mensongers». Son intention était, non seulement de leur enlever tout loisir pour conspirer contre lui, mais encore d'annihiler en eux, par l'effet d'un travail sans répit, tout effort de réflexion. Les desseins de l'instinct du mal à l'égard des hommes sont du même ordre. Car il est un infatigable guerrier, expert en ruse. Il n'est possible d'en être délivré que par grande sagesse et vive prudence. Aussi le prophète nous adjure-t-il en ces termes : « Appliquez votre attention à votre manière d'agir. » Et Salomon dit dans sa sagesse : « N'accorde pas de sommeil à tes yeux ni de repos à tes paupières. Dégage-toi comme le cerf de la main [du chasseur] comme le passereau de la main de l'oiseleur ». Nos Sages enfin disent : « Tout homme qui prend garde à ses voies en ce monde, méritera le salut de Dieu  ». Il est bien évident que malgré toute sa vigilance, l'homme ne peut se sauver sans le secours de Dieu, car l'Instinct du Mal est très fort, ainsi qu'il est écrit : « Le méchant  fait le guet pour perdre le juste, il cherche à lui donner la mort. D.ieu ne l'abandonne pas entre ses mains. » En fait, même si l'homme veille sur lui-même, il ne peut être sauvé de l'Instinct du Mal que parce que Dieu lui vient en aide. Mais s'il ne prend pas garde à lui, il est évident que Dieu ne le gardera pas, car s'il n'a pas de pitié pour lui-même, qui en aurait?

C'est en ce sens que nos Sages ont dit : «Quiconque n'a pas en lui la connaissance n'a pas le droit à la miséricorde . » Et aussi : « Si je ne suis pas pour moi, qui sera pour moi ? Et si je suis pour moi, que suis-je ? Et si ce n'est pas maintenant, quand? ».

 

 


 

CHAPITRE 3

Aspects de la vigilance

 

Celui qui veut veiller sur lui-même , doit se livrer à deux genres d'examens nécessaires. Le premier lui donnera une notion claire du bien véritable que l'homme doit choisir et du mal véritable qu'il doit fuir. Le second portant sur les actes qu'il accomplit, lui révélera s'ils entrent dans la catégorie du bien ou du mal.

Cette réflexion s'impose aussi bien au moment de l'action qu'en dehors d'elle. Au moment de l'action pour que l'homme ne fasse rien sans l'avoir pesé et jaugé. En dehors de l'action pour que le souvenir de l'ensemble de ses œuvres lui revenant à l'esprit, il les pèse et les examine. Il reconnaîtra alors celles qui sont mauvaises et qu'il doit repousser et celles qui sont bonnes et méritent d'être poursuivies. Si certaines de ses actions sont mauvaises, il réfléchira et cherchera quel moyen ingénieux adopter pour s'écarter du mal et s'en dégager entièrement.

Nos Sages ont dit en ce sens : « Mieux eût valu pour l'homme qu'il ne fût point créé.  Mais, du moment qu'il l'a été, qu'il examine ses actes ». D'autres disent : « Qu'il les palpe. » Les deux versions renferment chacune un enseignement profitable. Examiner ses actes, en effet, c'est réfléchir, reconnaître ceux qu'il eût mieux valu éviter parce qu'ils n'étaient pas conformes aux ordres et aux lois de D.ieu. Il est nécessaire de renoncer à de tels actes, s'il en trouve. Palper ses actes, c'est scruter les bonnes actions elles-mêmes pour examiner si elles ne contiennent aucune mauvaise orientation ou quelque parcelle de mal qu'il faudra éliminer et abolir. C'est comme si nous tâtions un vêtement pour savoir s'il est bon et solide, ou mauvais et usé. Faisons subir la même épreuve à nos actes et examinons leur qualité avec la dernière rigueur jusqu'à ce qu'ils deviennent purs et nets de toute souillure.

En résumé, l'homme doit examiner tous ses actes, contrôler toutes ses voies pour ne laisser en lui aucune habitude vicieuse, aucune mauvaise vertu et encore moins, la transgression et le crime.

Et je constate qu'il est nécessaire à l'homme de peser scrupuleusement ses voies, jour après jour, comme ces grands hommes d'affaires qui font sans cesse leur bilan pour éviter toute perte. Qu'il se fixe à cet effet, des heures déterminées, pour que son examen de conscience ne soit pas fortuit, mais ait la plus grande régularité. C'est là une pratique lourde de conséquences, et nos maîtres nous ont enseigné explicitement la nécessité de cette comptabilité : « Ceux qui sont maîtres de leurs passions disent : "Evaluons ce que nous perdons à observer un commandement par rapport à ce que nous y gagnons et ce que nous gagnons à le transgresser par rapport à ce que nous y perdons". »

A vrai dire, seuls ceux qui se sont dégagés de l'instinct du mal et qui le dominent, peuvent donner ce conseil et en apprécier l'exactitude. Car les yeux de celui qui est encore prisonnier de son instinct ne voient pas cette vérité. Il est incapable de la reconnaître car l'instinct du mal rend aveugle le pécheur qui va dans les ténèbres au-devant d'un piège qu'il ne voit pas.

Nos sages disent: «Tu ramènes les ténèbres et c'est la nuit », « Tel est ce monde qui ressemble à la nuit ». Comprends combien ces paroles sont admirables pour celui qui les approfondit. L'obscurité de la nuit peut en effet entraîner pour l'œil humain deux sortes d'erreurs.  Elle peut, soit l'envelopper au point de l'aveugler complètement, soit l'induire en erreur et lui faire prendre une colonne pour un homme, un homme pour une colonne. Or, le côté physique et matériel de ce monde  jouent le rôle des ténèbres de la huit pour l'œil de l'esprit. Ils sont la source de deux genres d'erreurs. Ils l'empêchent d'abord de voir les obstacles parsemés sur les routes de ce monde, de sorte que les gens simples marchent avec insouciance, tombent et périssent, avant même qu'un sentiment de crainte ait pu les effleurer. C'est en ce sens que les Proverbes disent : «Le chemin des méchants est sombre comme les ténèbres : ils ne savent pas ce qui les fait trébucher. » « L'homme avisé voit le danger et se met à l'abri. Les sots passent outre et en pâtissent . » « Le sot se laisse aller. Il a confiance . » Leur cœur est plein d'assurance, ils tombent avant d'avoir soupçonné la présence de l'obstacle.

La deuxième erreur est plus grave que la première.  Elle trompe leur sens jusqu'à leur faire voir le mal comme s'il était réellement le bien et le bien comme s'il était le mal. Ils s'endurcissent ainsi dans leurs œuvres mauvaises et y persévèrent. Non seulement ils ne voient plus le mal qui est présent mais, chose plus grave, ils tentent de justifier leurs opinions perverses et leurs théories erronées.

C'est cette erreur, la plus grave de toutes qui, les tenant captifs, les mène à la fosse de perdition ainsi qu'il est écrit : « Le cœur de ce peuple est épais, ses oreilles sont sourdes, ses yeux sont aveugles . » Tout cela parce qu'ils sont prisonniers des ténèbres et subjugués par leurs passions. Mais ceux qui se sont dégagés de cet emprisonnement contemplent la vérité sous son vrai jour, et peuvent ainsi diriger les autres hommes vers elle.

A quoi cela ressemble-t-il ? A un jardin en labyrinthe que les princes se font construire pour leur divertissement. Les plantations s'y élèvent comme des murs : entre elles courent de multiples sentiers qui se perdent et s'entremêlent et se ressemblent tous.  Il  s'agit d'accéder par eux à une galerie centrale, dont la plupart des sentiers éloignent le promeneur. Et, de fait, il lui est impossible de reconnaître le bon chemin du mauvais, car tous sont identiques et rien ne les distingue, à moins que l'expérience ne l'aide à se retrouver, ayant déjà parcouru la voie et ayant atteint le but, au centre de la galerie. Celui qui s'y retrouve voit tous les chemins devant lui. Il distingue les vrais des faux : il peut avertir les passants et leur dire : « Voici le chemin que vous devez emprunter. » Qui veut lui faire confiance atteindra l'endroit du rendez-vous. Mais celui qui s'y refuse et préfère se fier à ses yeux se perdra certainement sans atteindre le but.

Il en est de même pour nous. Celui qui n'a pas encore dominé l'instinct du mal se trouve au milieu des sentiers, incapable de les distinguer. Mais ceux qui sont maîtres de leurs instincts, ont déjà atteint la galerie. Ils sont sortis des sentiers et embrassent tout d'un regard clair, ils peuvent donner des conseils à ceux qui veulent bien les entendre. C'est à eux que nous devons faire confiance. Or quel conseil nous donnent-ils ? « Venez faire votre  examen [de conscience], venez, faisons l'examen du compte de ce monde ».

Car ils ont éprouvé, ils ont vu et ils savent que c'est le seul chemin véritable, nul autre ne mène l'homme au bonheur qu'il recherche, il n'est rien hors de là.

En résumé, l'homme doit méditer sans relâche, pendant les moments de solitude qu'il se sera fixés à cet effet. Quelle est la voie réelle ordonnée par la Torah, et que l'homme doit nécessairement prendre ? Puis il examinera ses actions pour savoir si elles suivent cette voie ou non. S'il agit ainsi, il lui sera assurément plus aisé de se purifier de tout mal et de redresser toutes ses voies. Ainsi qu'il est écrit : « Aplanis avec soin le sentier que foule ton pied et tous tes chemins seront sûrs » « Examinons nos voies, scrutons-les et faisons retour vers D.ieu. »

 


 

CHAPITRE 4

Comment acquérir les voies de la vigilance

 

La voie qui mène l'homme à la vigilance est l'étude de la Torah : « La Torah mène à la vigilance », disait Rabbi Pin'has. Plus précisément, ce qui y mène, c'est la réflexion sur la gravité de l'œuvre qui incombe à l'homme et la rigueur du jugement qui sanctionne son accomplissement. Or cette réflexion naîtra de l'étude attentive des faits et gestes relatés par les livres saints et des sentences des Sages de mémoire bénie qui se proposent d'éveiller l'homme sur ce sujet.

Il y a lieu, d'ailleurs, d'établir une hiérarchie de valeurs parmi les mobiles qui la feront germer, selon qu'il s'agit de natures d'élite, d'êtres moins élevés ou de la foule.

  Pour les natures d'élite, le mobile déterminant sera la conscience que la perfection seule est désirable, et rien en dehors d'elle et qu'il n'est de mal plus grand que d'en être privé ou éloigné. Pénétrés et convaincus de ce que les moyens pour atteindre la perfection sont les bonnes actions et les vertus morales, ces hommes n'accepteront jamais d'en amoindrir le nombre ou l'efficacité. Ils savent trop bien qu'en transigeant sur le nombre de ces moyens, en manquant d'énergie et de zèle pour les accomplir, ils tomberont au lieu d'atteindre la vraie perfection dans la mesure même de leur faiblesse. Or il n'est point pour eux de tourment plus grave, de plus grand malheur. Aussi auront-ils à cœur de multiplier et d'intensifier les moyens mis en œuvre en se préoccupant de chaque détail, sans avoir de cesse, car ils sont tourmentés par l'idée qu'il leur manque peut-être ce qui leur permettrait d'atteindre la perfection désirée. Ceci exprime l'idée du roi Salomon lorsqu'il disait : « Heureux l'homme qui est dans une crainte permanente». Cette crainte, disent nos Sages, est celle de ne pas accomplir les ordres de la Torah.

Le sommet de cette vertu se trouve être « la crainte de la faute » qui est un des degrés les plus dignes d'éloge. A ce niveau, l'homme redoute et s'angoisse perpétuellement d'avoir sur la conscience un soupçon de faute qui l'empêcherait d'atteindre la perfection qu'il doit s'efforcer de réaliser. C'est à cela que font allusion nos Sages lorsqu'ils disent, dans leur langage imagé : « [Dans le monde à venir,] chacun sera consumé de regrets à la vue du dais qui recouvrira son prochain. » Il ne s'agit pas ici d'une envie qui ne peut s'emparer que d'êtres imparfaits, mais chacun est consumé du regret d'être inférieur au degré de perfection qu'il eût pu atteindre aussi bien que tout autre. Or, il est clair qu'après avoir médité ce sujet, l'homme d'élite ne manquera pas d'être vigilant dans ses actes. Altérer

Chez les hommes d'un discernement moins raffiné, l'éveil sera donné selon leur intelligence, par la gloire à laquelle ils aspirent. Or il est évident pour tout homme doué de sens, que les hiérarchies du monde réel, qui est le monde à venir, ne se déterminent que selon les actes.  Ne possédera un niveau élevé que l'homme le plus muni [en bonnes actions], le plus dépourvu sera rabaissé. Comment l'homme pourrait-il dès lors détourner les yeux de ses actions, ou réduire son effort, s'il est certain qu'il se tourmentera un jour, lorsqu'il ne pourra plus réparer ce qu'il aura altéré.

Il est pourtant des gens siimples qui ne cherchent qu'à se faciliter la tâche et qui disent : « A quoi bon nous fatiguer avec toute cette piété, et cette ascèse? Il nous suffit de ne pas faire partie des impies  châtiés en enfer. Nous n'avons nul besoin de nous presser à entrer au lieu le plus intime du jardin d'Éden. Si nous n'avons pas une belle part, nous en aurons une petite. Elle nous suffira bien et nous n'allons pas alourdir le joug de notre charge pour cela». A ces gens, nous poserons seulement une question : consentiraient-ils aussi facilement à voir, en ce monde passager, un homme de leur condition accéder à des honneurs et à un rang auquel ils n'accèdent pas, et les commander? Surtout s'il s'agissait d'un de leurs serviteurs ou de ces pauvres qu'ils méprisent et regardent de haut. N'en seraient-ils pas ulcérés ? Leur sang ne bouillirait-il pas en eux ?

Nous voyons bien toute la peine que l'homme se donne pour s'élever autant qu'il peut, et prendre position parmi les grands : «Et j'ai observé que le labeur de l'homme et tous ses efforts pour réussir ont pour mobile la jalousie qu'il nourrit contre son prochain». Et si l'un d'entre eux voit son compagnon s'élever tandis que lui-même reste à niveau inférieur, il ne fait assurément que se plier à une situation qu'il est bien forcé de supporter. Il ne peut rien y changer, mais au fond de son cœur il est plein de dépit.

Si donc il leur est si pénible d'être plus bas que les autres dans une hiérarchie illusoire et trompeuse, où la dernière place n'est qu'apparente, et la première vanité et mensonge, comment supporteront-ils de se voir dépassés par ceux qui sont maintenant leurs inférieurs, et cela dans le monde des vraies valeurs et de la gloire éternelle ? Car ils ont beau ignorer aujourd'hui son prix et ne pas s'en soucier, un jour viendra, certes, où ils reconnaîtront sa vérité, à leur grand dam et à leur honte, et il ne leur restera qu'un regret poignant et éternel. Tu peux donc déduire que cette patience qu'ils se prêchent pour alléger le poids de leur service [divin],  n'est qu'une séduction mensongère de l'instinct du mal qui ne représente rien de vrai.

En fait cette séduction ne pouvait se produire s'ils regardaient le problème dans toute sa vérité. Mais comme ils n'en ont cure et sont livrés à leur erreur, ils vivent avec leur séduction jusqu'au temps où il sera trop tard, où ils ne pourront plus réparer ce qu'ils auront détruit. Ainsi le disait le roi Salomon : « Tout ce que tes propres moyens  te permettent de faire, fais-le : car il n'y a ni activité, ni comptes, ni science, ni sagesse dans le Chéol, vers lequel tu te diriges» .Ce que l'homme n'aura pas accompli tant qu'il possède le pouvoir, venu de son Créateur, de choisir sa voie pendant tous les jours de cette vie terrestre où il est à la fois libre et sollicité par les devoirs, il ne pourra plus le faire dans la tombe et le Chéol où il aura perdu cette possibilité. Qui n'aura pas multiplié les bonnes actions pendant sa vie, ne pourra plus les accomplir après. Qui n'aura point fait l'examen de ses actes, n'aura plus le loisir de le faire. Et qui n'aura pas augmenté sa sagesse en ce monde, ne deviendra pas un sage dans la tombe. Ainsi qu'il est dit : «car n'y a ni activité, ni comptes, ni science, ni sagesse dans le Chéol vers lequel tu te diriges. »

Chez l'homme ordinaire enfin, l'éveil sera donné par la représentation de la récompense et du châtiment eux-mêmes. Le spectacle de l'étendue de la justice divine, à qui rien n'échappe, est bien propre à entretenir un tremblement et une angoisse perpétuels. Car qui pourrait penser subir victorieusement l'épreuve du Jugement ? Et qui se disculperait devant son Créateur, au regard duquel nulle chose, ni petite ni grande, n'échappe ?

Expliquant le verset « il révèle à l'homme sa propre parole », nos Sages disent que l'on rappellera à l'homme, le jour du Jugement, même un propos léger qu'il aura pu tenir à sa femme. Ils disent encore« que D.ieu ne laisse rien passer à ses saints, fût-ce de la largeur d'un cheveu ». Abraham, qui fut Abraham-le-bien-aimé du Créateur puisque le verset l'appelle « Abraham, mon bien-aimé », n'a pas évité la punition de quelques paroles inconsidérées qu'il avait prononcées, ayant demandé : « comment saurai-je que je posséderai ce pays ? », le Saint, béni soit-Il, lui répondit : « Par ta vie, sache que tes descendants seront des étrangers… .»

Parce qu'il fait alliance avec Avimélekh sans l'ordre de D.ieu, le Saint, béni soit-Il, lui dit : « Par ta vie, sept générations passeront avant que tes enfants ne connaissent la joie. »

Jacob s'étant emporté contre Rachel qui lui disait : « Donne-moi des enfants », Dieu lui dit : «Est-ce ainsi qu'on répond à une femme dans l'affliction ? Par ta vie, tes fils se tiendront debout devant son fils . »

Jacob avait enfermé Dina dans un coffre pour la soustraire à Esaü  bien que l'intention était bonne, mais du fait qu'il priva son frère d'un bienfait Dieu dit : «A celui qui se consume de chagrin devrait aller la sympathie de ses amis. Tu n'as pas voulu pour elle d'un circoncis, elle sera prise par un incirconci.Tu n'as pas voulu pour elle d'un mariage légitime : elle sera prise de force. »

Joseph qui avait dit à l'échanson : « Souviens-toi de moi lorsque tu seras heureux » resta deux ans de plus en prison . Ayant fait embaumer le corps de son père sans l'assentiment divin, ou selon d'autres, ayant entendu sans protester ses frères dire : « Notre père, ton serviteur », il mourut avant eux.

David qui avait appelé « chants » les paroles de la loi en fut puni lors de l'accident d'Ouza qui vint troubler sa joie.

 Mikhal, pour avoir reproché à David d'avoir dansé en public devant l'Arche, mourut en mettant son enfant au monde.

Ezéchias qui exhiba ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone fit le malheur de ses fils, condamnés à servir comme eunuques dans le palais de ce roi. Les exemples de ce genre abondent.

 Rabbi Yo'hanan, disent nos Sages, pleurait chaque fois qu'il lisait ce verset: «Et je m'avancerai vers vous pour faire justice. Je me hâterai de témoigner contre les magiciens, les adultères, les parjures, contre ceux qui exploitent le salarié, les oppresseurs de la veuve et de l'orphelin, de l'étranger, et qui ne me redoutent point, dit le Seigneur . » « Que peut un serviteur, dit Rabbi Yo'hanan, à qui l'on tient la même rigueur des fautes légères que des fautes graves ? » Ce n'est pas que, selon lui, la punition soit la même pour toutes les fautes, car D.ieu punit selon la gravité de la faute.

  Il faut entendre que sur la balance de nos actions, le poids de nos fautes légères entre en ligne de compte comme celui de nos manquements graves et que ces derniers ne font pas oublier les autres. Le juge ne s'en détourne pas, mais, donnant une attention égale à chacun d'eux, il condamne et punit chaque faute, selon sa gravité. Le roi Salomon dit à ce sujet : « Car toute action, D.ieu la fera paraître en jugement, si cachée soit-elle, bonne ou mauvaise . » Car, pas plus qu'il n'oublie de récompenser une bonne action, si minime soit-elle, Dieu n'oublie pas de reprendre la faute, si vénielle soit-elle. Que cela fasse réfléchir quiconque se berce d'illusions et s'imagine que D.ieu ne nous jugera pas pour des peccadilles et ne nous en demandera pas un compte rigoureux. Car nos Sages enseignent : « Si l'instinct du mal te suggère : "Pèche et D.ieu te pardonnera", ne l'écoute pas», cela n'est que trop clair, puisque Dieu est un Dieu de vérité. Ainsi parlait Moïse notre maître : « Lui, notre Rocher, son œuvre est parfaite, toutes ses voies sont justes. Dieu fidèle, sans iniquité, juste et droit. » Puisque D.ieu veut la justice, il la violerait en détournant son regard soit du mérite soit de la faute. Aussi faut-il qu'il donne à chacun selon ses voies et selon ses œuvres avec la plus scrupuleuse exactitude, soit en bien, soit en mal. Voilà le « D.ieu fidèle sans iniquité, juste et droit», c'est-à-dire, selon nos Sages, pour les justes comme pour les méchants. Ainsi le veut Sa nature de juge universel, dont le châtiment atteint toute transgression et auquel on n'échappe pas.

Mais alors, diras-tu, que devient la miséricorde divine, puisque tous nos actes sont implacablement jugés ?

La réponse est la suivante: Il est certain que la miséricorde divine est le fondement du monde. Sans elle, il ne pourrait pas subsister un instant. Mais la justice n'en pâtit point. Et voici comment. D'après la justice stricte, il conviendrait que le pécheur soit puni immédiatement et sans délai après sa faute, que le châtiment lui-même soit lourd de tout le courroux que mérite un rebelle à la parole divine, enfin, qu'il n'y ait aucun moyen de réparer le mal. Car, en vérité, comment l'homme pourrait-il réparer ce qu'il a altéré, la faute une fois commise ? Le meurtre, l'adultère, comment les réparer ? Peut-on soustraire à l'existence un acte déjà commis ?

C'est ici que la miséricorde divine intervient pour changer totalement ces trois données. Un délai est accordé au pécheur, lui permettant de ne pas disparaître du monde aussitôt après la faute; le châtiment ne va pas jusqu'à l'anéantissement total, le repentir enfin est donné aux pécheurs, par un geste de pur amour divin qui agrée l'abolition de la mauvaise volonté, comme équivalent à l'abolition de l'acte lui-même. Si le pénitent, en effet, reconnaît sa faute, en fasse l'aveu, médite sur sa perversité, s'en détourne et en éprouve un regret sans réticence comme d'un voeu inconsidéré, si son désir le plus évident est que cet acte n'ait jamais été commis, et qu'un remords cuisant de l'avoir accompli tourmente son cœur, s'il l'exècre désormais et fuit loin de lui, le renoncement total auquel sa volonté aura consenti lui vaudra le pardon.

Tel est le sens du verset : « Ton péché a disparu, ta faute est effacée. » Car le péché disparaît alors véritablement du monde, comme extirpé par le remords et le regret du passé.

Sans doute cet acte d'amour ne dérive-t-il pas de la stricte justice. Mais il ne la contredit pas non plus. On peut admettre, en effet, qu'à la complaisance et à la jouissance dans le péché se substituent maintenant le regret et la souffrance.

De même le délai accordé à l'homme ne signifie pas rémission de son péché, mais tolérance passagère afin de laisser une porte ouverte à la réparation. Il en va de même pour d'autres actes d'amour divin, tels que l'indulgence accordée aux parents en vertu des mérites de leurs enfants, ou un châtiment partiel tenant lieu de châtiment total. Ils ne contredisent ni n'annulent l'exercice de la justice, car on peut leur trouver de bonnes justifications. Si, par contre, il y avait une rémission des péchés sans contrepartie, ou s'il n'en était pas tenu compte, ce serait la négation de toute justice. II n'y aurait plus ni droit, ni équité : c'est une pure impossibilité. Si le pécheur ne choisit pas une des voies dont nous avons parlé pour sauver son âme, la stricte justice fera nécessairement son office. «Il est longanime, mais il encaisse sa dette », disent nos Sages.

II s'ensuit que l'homme qui veut ouvrir les yeux, ne peut échapper par aucun prétexte à la nécessité de veiller sur ses actes avec l'attention la plus soutenue et de les examiner avec la plus grande minutie. Telles sont les considérations auxquelles l'homme doit se livrer : grâce à elles, il acquerra la vigilance, s'il est doué de sensibilité.

CHAPITRE 2 : MALADIES MORALES ET LEUR GUERISON

1) Les malades physiques perçoivent l'amer comme doux et le doux, comme amer. Certains malades n'ont d'appétit et d'envie que pour des articles impropres à la consommation tels que le sable et le charbon, et haïssent au contraire les bons aliments comme le pain et la viande : tout dépend de la gravité de la maladie.

Ainsi les hommes dont l'âme est malade désirent et aiment les mauvaises passions et dédaignent la voie du bien qu'ils n'ont pas la force d'emprunter et que leur maladie leur rend très pénible.

Voilà ce que le prophète Isaïe déclare à propos des gens de cette catégorie: « Malheur à ceux qui nomment le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres pour lumière et la lumière en ténèbres, qui changent l'amer en doux et le doux en amer». (Isaïe 5,20)

Et c'est à leur sujet  que l'Écriture déclare : « Ils abandonnent les chemins droits pour suivre des routes ténébreuses. » (Proverbes 2, 13)

Quel est le recours pour les maladies de l'âme ? Que celui qui en souffre se rende auprès des Sages qui sont les médecins des âmes et qui guériront son mal en lui enseignant les dispositions morales grâce auxquelles il sera remis dans le droit chemin.

Quant à ceux qui reconnaissent en eux les mauvaises inclinations et ne vont pas trouver les Sages pour se faire soigner, Salomon a dit d'eux : « Sagesse et morale excitent le dédain des sots. » (Proverbes 1, 7)

2) Comment s'opère leur guérison?                                                                
Au personnage coléreux, nos Sages prescrivent de se contraindre à rester impassible même sous les injures et les coups, et ils lui font
pratiquer cet exercice assez longtemps, pour que la colère soit éradiquée de son cœur.

L'orgueilleux s'imposera des attitudes qui feront de lui un objet de grand mépris.

Il occupera la place la moins honorable de toutes, portera des habits faits de haillons qui inspirent le mépris de ceux qui en sont revêtus, ou s'imposera d'autres conduites de ce genre, jusqu'à ce que son orgueil ait été déraciné et qu'il soit revenu à la voie moyenne, qui est la bonne qu'il s'efforcera de suivre, toute sa vie.

Il agira de la  même façon pour traiter tous les autres comportements moraux. S'il se trouve avoir dévié vers une position extrême, il s'en écartera vers la position opposée où il se maintiendra longtemps jusqu'à revenir vers la bonne voie, c'est-à-dire la voie moyenne qui existe pour chaque disposition de l'âme.

3)  Mais il est des dispositions de l'âme pour lesquelles la voie moyenne est interdite à l'homme qui s'en éloignera en passant d'un extrême à l'extrême opposé. Tel est le cas de l'orgueil. Pour être dans la bonne voie, l'homme ne doit pas, en effet, se contenter d'être modeste. Il lui faut avoir un esprit humilié et une âme mortifiée à l'extrême.

Voilà la raison pour laquelle il est dit de Moïse, notre Maître, qu'il était « très modeste » (Exode 13,2), et non pas « modeste » seule­ment.

Et c'est pourquoi les Sages ont prescrit : « Sois humble, très humble » (Avot 4, 4) et qu'ils ont ajouté: « Tout homme qui enfle d'orgueil son cœur renie Dieu. » (Sota 4b) comme il est dit : « Peut-être que ton cœur s'enorgueillira-t-il, et tu oublieras Hachem ton D.ieu. » (Deutéronome 8, 14).  

Les sages ont encore dit : «Quiconque possède un caractère vaniteux, si peu soit-il, tombe sous le coup d'un anathème. » (Sota 5, 1)

Il en va de même pour la colère. C'est un très grand défaut dont il convient à l'homme de s'éloigner jusqu'à l'extrême opposé. Il s'accoutumera à ne pas s'irriter, même pour une cause légitime. S'il désire inspirer de la crainte à ses enfants et à sa famille ou à la communauté qu'il préside, et qu'il veuille s'irriter contre eux pour les obliger à s'amender, il manifestera en leur présence sa colère afin de les corriger, tout en conservant au fond de lui-même un esprit calme, comme un acteur qui joue le rôle d'un homme animé de colère  sans  vraiment l'éprouver.

Les Sages des temps anciens ont dit: « S'irriter équivaut à pratiquer l'idolâtrie. » (Zohar Béréchit 2, 16)

 Ils ajoutaient aussi : « Tout homme colérique, s'il est savant, sa science  le quittera, et s'il est prophète, son don de prophétie disparaît.  » (Pessahim  66 b)

« La vie du colérique n'est pas une vie. » (Pessa'him 113 b)

C'est pourquoi ils ont prescrit de fuir la colère au point de savoir rester impassible même en présence de faits irritants. Et c'est là, la bonne conduite à adopter.

Quant à la conduite des justes la voici : on les rabaisse, mais eux ne rabaissent personne, ils entendent des propos injurieux à leur égard  sans y  répondre. Ils agissent ainsi pour l'amour de D.ieu et accueillent joyeusement les souffrances et c'est d'eux que par le verset qui déclare: « Et ceux qui L'ai­ment rayonneront  comme le soleil dans sa gloire. » (Juges 5, 31)

4) On se taira toujours le plus possible et on ne rompra le silence que pour prononcer des propos de sagesse ou ceux qu'exigent les nécessités de la vie physique. On a dit de Rav, qui fut l'élève de  Rabbi Yéhouda le Saint, qu'il n'avait jamais tenu de propos inutiles alors que ceux-ci constituent les conversations de la plupart des hommes. Même s'agissant des nécessités du corps, on n'abondera pas en paroles. Les Sages ont dit à ce sujet : « Celui qui parle trop est enclin à fauter. Je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence.» (Avot 1, 17)

Quant aux paroles intéressant la Torah et la sagesse, elles seront brèves elles aussi : on dira peu de mots, mais riches de sens. Et c'est là ce que les sages ont recommandé lorsqu'ils ont dit : «Un maître enseignera  toujours à ses élèves en utilisant la voie la plus courte. »(Pessahim 3 b)

Au contraire signifier peu de chose en beaucoup de paroles est le propre de la sottise, dont il est question dans le verset suivant: «Car les songes naissent de l'abondance des soucis. Et la voix du sot se reconnaît  à l'abondance de ses paroles.» (Ecclésiaste 5, 2)

 5) Le silence est le rempart de la sagesse. C'est pourquoi on ne répondra pas avec précipitation et l'on n'usera point de trop de paroles. A ses élèves, on enseignera avec douceur et calme sans cris ni verbiage. Et c'est ce qu'entend le roi Salomon lorsqu'il déclare : « Les paroles des sages dites avec douceur sont mieux écoutées que les cris d'un souverain éclatant parmi les sots dans le calme» (Ecclésiaste 9, 17)

6)  On ne devra ni flatter ni enjôler par ses paroles. On ne dira pas une chose en pensant à une autre, mais on sera sincère   et l'on conformera ses paroles à ses pensées. On ne leurrera pas les gens, même s'agissant d'étrangers. Comment cela? On ne vendra pas à un étranger la chair d'une bête morte naturellement en la faisant passer pour la chair d'une bête abattue,  ni des chaussures faites avec le cuir d'une bête morte en les donnant pour des chaussures faites avec le cuir d'une bête abattue. On ne pressera pas son prochain
d'accepter une invitation à dîner alors qu'on est sûr qu'il n'acceptera pas, on ne multipliera pas des offres de cadeaux pour l'honorer sachant qu'il ne les acceptera pas. On n'ouvrira pas des jarres de vin pour les besoins de son commerce tout en faisant croire à
l'hôte que c'est pour l'honorer. L'on ne pratiquera aucune tromperie de ce genre : il est interdit de proférer ne fût-ce qu'un seul mot qui soit enjôlement ou leurre, mais on aura une langue véridique, un esprit droit, un cœur pur de toute malice et perfidie.

7)   On ne sera ni railleur ni plaisant, pas davantage  une personne triste et chagrine, mais bien un homme joyeux. Selon nos Sages:

« La raillerie et la légèreté conduisent l'homme au libertinage » (Avot 3, 13)

  Voilà pourquoi ils ont prescrit de ne pas s'aban­donner sans frein à la pétulance, ni d'être triste ou morose à plaisir, mais de faire à chacun bon visage. Dans la même optique, on se gardera de convoiter ni d'être avide de richesses matérielles, mais on ne se livrera ni à la paresse ni à l'oisiveté. L'on fera preuve de désintéressement : on restreindra ses affaires pour s'affairer à la Torah  et l'on se contentera du peu de biens matériels qui nous est dévolu.

 On ne se montrera ni querelleur, ni envieux, ni concupiscent, ni avide d'honneurs, car comme les Sages l'ont dit : « L'envie, la volupté et l'ambition arrachent l'homme de ce monde». ) Avot 4, 21)

 Le principe général à retenir, est de se maintenir dans la mesure moyenne que comporte chaque attitude morale de sorte à les placer toutes dans le juste milieu. C'est là ce que le roi Salomon  déclare : « Equilibre le chemin de tes pieds, alors toutes tes voies seront  droites »