mer rouge

PARACHAT BECHALA’H 5776- LA LIMITE ENTRE NATURE ET MIRACLE

Le midrach rapporte qu’au moment où les flots de la mer engloutissaient les Egyptiens, les anges de service entreprirent d’entonner un cantique de louange en l’honneur de l’Eternel. Le Tout-Puissant interrompit les anges en disant : « Comment cela ? Ceux que Mes mains ont formés se noient dans la mer, et vous vous permettez de chanter ! » Le sens de ce midrach n’apparaît pas clairement d’autant plus que la Chira, ce « cantique de la Mer» qu’il est interdit aux anges de chanter a finalement été entonné par les Enfants d’Israël.

Le cantique de la mer (chirat hayam) semble revêtir une importance plus grande que le miracle de l’ouverture de la mer Rouge puisqu’il a été choisi pour faire partie de notre liturgie quotidienne où il occupe une place de choix.

Le passage de la Mer Rouge permet de mieux comprendre la notion de miracle. Il est difficile de définir le miracle comme une intervention exceptionnelle de D.ieu par opposition au déroulement naturel des événements. En effet, la limite entre miracle et nature se réduit à bien peu de choses. Maïmonide ne dit-il pas qu’une loi naturelle est constituée d’un nombre infini de miracles juxtaposés. Peut-on dire qu’il existe une différence fondamentale entre l’ouverture de la Mer Rouge et le miracle de la germination d’une graine, par exemple ? L’intervention divine est-elle moins merveilleuse dans un cas que dans l’autre ? La différence entre ces deux prodiges s’établit selon la rareté ou la fréquence de leur apparition. La germination est un phénomène qui se produit des milliards de fois chaque jour mais la Mer Rouge s’est fendue une seule fois depuis la création du monde. C’est donc ce dernier phénomène qui, par sa rareté, s’impose à nous en tant que miracle. Objectivement, miracle? Les phénomènes naturels se confondent mais le miracle est subjectif n’existe que dans la mesure où nous, hommes, l’interprétons et l’acceptons comme tel.

La Chira occupe une place prépondérante dans la liturgie car chanter le Cantique de la Mer Rouge, c’est reconnaître l’intervention de D.ieu dans tous les événements, c’est rejeter l’interprétation pseudo scientifique d’un déroulement  »accidentel » des faits. Non seulement nous reconnaissons le miracle mais nous l’authentifions. Ce cantique peut seulement être chanté par l’homme, détenteur du libre arbitre car lui seul a la possibilité d’accepter ou de refuser d’admettre l’intervention de D.ieu dans le monde.

L’ange, lui, ne doit pas chanter ce cantique, car son chant est fondamentalement différent de celui de l’homme. Tandis que l’homme interprète un événement comme surnaturel puis compose un cantique à l’Eternel, le chant de l’ange n’est que le prolongement, la projection, de l’œuvre de D.ieu dans ses multiples formes et manifestations.

Le midrach rapporte que D.ieu a empêché les anges de chanter un cantique car la séparation des eaux de la Mer Rouge, considérée objectivement comme un miracle (que les anges voulaient célébrer par un cantique), n’a pas plus de valeur pour Lui que le miraculeux agencement du corps humain. La disparition de « l’œuvre de Mes mains » dans les flots a causé une grande souffrance à D.ieu.

Les Egyptiens n’ont pas voulu voir et ressentir les miracles opérés par la Providence et ils ont été engloutis dans les flots. Cependant les enfants d’Israël les ont reconnus et attestés en chantant le Cantique de la Mer.

Ce qui importe le plus pour D.ieu, ce sont les choix que l’homme fait dans ce monde pour sanctifier Son Nom.

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