Après ces faits, la parole du D.ieu s’adressa à Abram, dans une vision, en ces termes : « Ne crains point, Abram : je suis un bouclier pour toi. Ta récompense sera très grande ! »
Abram répondit : « Seigneur Eternel, que me donnerais-tu, alors que je m’en vais sans postérité, et que l’intendant de ma maison est Eliézer de Damas?
Et Abram dit: Voici, tu ne m’as pas donné de postérité, et voilà que l’enfant de ma maison sera mon héri tier. »
Mais voici que la parole de l’Éternel vint à lui, disant : « Celui-ci n’héritera pas de toi ; mais celui qui sortira de tes entrailles celui-là sera ton héritier. »
II le fit sortir dehors, et dit : « Regarde le ciel et compte les étoiles, si tu peux en supputer le nombre ; et il lui dit, ainsi sera ta descendance. »
Et il eut foi en l’Éternel, et l’Éternel lui en fit un mérite.
« IL LE FIT SORTIR DEHORS. » Sens littéral : Il le fit sortir hors de sa tente pour voir les étoiles.
Rachi, en citant tout d’abord le sens littéral semble vouloir
appuyer la thèse qui considère les événements nommés ici comme des faits réels et non pas comme des fictions faisant partie de la vision du Patriarche, comme le conçoivent Nahmanide (v. 12) et Maïmonide (Guide II, 46)
La discussion sur ce point se poursuit chez plusieurs auteurs et Rabbi Samuel Edels( MAHARCHA) remarque que l’interprétation midrachique a son origine dans la difficulté du sens littéral (Chabbat 156 a).
Le Midrach, cité également par Rachi, interprète le verset comme suit : Sors de ton destin tel qu’il est inscrit dans les étoiles. Tu as vu dans les astres que tu n’aurais pas d’enfant. En effet, Abram ne doit pas avoir d’enfant Abraham aura un fils, Saraï n’aura pas d’enfant, Sarah en aura. Je vous donne un nom différent et votre destinée sera différente.
La source talmudique de ce Midrach (Chabbat ib.) formule la conclusion de cette leçon en ces termes : Israël n’est soumis ni aux astres ni aux signes du Zodiaque.
La doctrine du judaïsme enseigne que le déterminisme du destin « inscrit dans les étoiles » n’est pas sans appel. Il existe d’ultimes moyens d’action capables d’influer sur le cours des destinées humaines.
Ce sont avant tout le retour vers Dieu (techouva), la prière (tefila) et la charité (tsedaka). Le changement de nom, et le changement de lieu, sont les indices extérieurs d’un changement profond se produisant dans l’existence humaine (Roch Hachana 16 b.). Alors que les idolâtres et d’autres systèmes croient aveuglément en la prédestination, telle qu’elle est inscrite dans l’horoscope, et la tiennent pour absolument irrévocable, l’homme juif doit savoir, s’entend dire Abraham, qu’il possède la capacité de « sortir hors de son destin astrologique » et de le dominer grâce aux moyens indiqués.
Cependant, ces facteurs de mérite personnel interviennent seulement dans le cours des destinées de l’individu, non dans celles de l’ensemble de la nation d’Israël. Rabbi Samuel Edels, se référant aux explications de nos Sages, montre que ses destinées nationales dépendent de critères différents. Rachi y fait allusion dans sa troisième explication de notre verset : « Dieu fait sortir Abraham du globe du monde et l’emporte au-dessus des étoiles. C’est pourquoi le texte emploie le verbe »habet » qui signifie (en général) regarder d’en haut vers le bas ».
Le sens figuré du verset nous laisse ainsi entendre que la postérité d’Abraham se situera sur un plan supérieur au niveau terrestre et matériel. En effet, alors que les destinées des autres nations sont commandées par les contingences naturelles, physiques, sociales et économiques, l’histoire d’Israël est celle de l’esprit.
La grandeur et la décadence d’Israël suivent la courbe ascendante ou fléchissante de sa force morale et spirituelle. Contrairement aux autres nations, Israël peut atteindre un degré de sanctification où l’esprit, dominant la matière, est assez fort à lui seul pour animer de son souffle le corps national et lui assurer, avec un minimum de moyens naturels, la vie éternelle. Il peut poursuivre son existence durant des millénaires sans pays, sans gouvernement et sans langue commune, uniquement par la force de l’esprit. Ses destinées nationales sont la manifestation éclatante de la réalité de l’ordre surnaturel et divin et de l’existence du miracle dans la vie terrestre.
ET COMPTE LES ETOILES. Les étoiles du ciel et le sable de la mer sont les deux métaphores employées par D.ieu dans son annonce à Abraham: Telle sera ta postérité. Cependant, ces deux images représentent des extrêmes opposés. Les innombrables étoiles brillent au firmament dans l’immensité de l’espace, et le sable de la mer est foulé au pied par tout un chacun.
Cette double appréciation comprend une caractéristique du peuple d’Israël, peuple à la nuque raide, obstiné et volontaire, pour le bien comme pour le mal, tel qu’il se montrera tout au long de son histoire. Israël ne connaîtra presque jamais une existence bourgeoise, paisible ou uniforme. Son ascension sera vertigineuse comme sa chute sera profonde. Soumis et vaincu, Israël éprouvera des souffrances qu’aucun autre peuple ne connaîtra jamais, mais victorieux, triomphant, ayant repris le chemin qui le mène à l’avant-garde, Israël atteindra des hauteurs insoupçonnées. « Lorsqu’ Israël monte, il s’élève jusqu’aux étoiles et lorsqu’il chute, il tombe jusqu’au sable de la mer » (Esther Rachi 6, 13).
A chacun de nous par sa conduite responsable, de donner cette force à tout le peuple afin qu’il s’élève jusqu’aux étoiles.
(d’après la Voix de la Torah)