«Si l’esclave dit : …Je ne veux pas être affranchi…son maître lui percera l’oreille avec un poinçon et il le servira indéfiniment»
Lorsqu’un homme est vendu comme esclave, que ce soit sur sa propre initiative, ou par le tribunal, la Torah y voit une défaillance de cet homme, elle le considère comme quelqu’un qui a trébuché. L’esclavage n’a pas fonction de châtiment, mais cherche à éveiller la conscience de l’homme et à l’inciter au repentir. Dans ce cas, il n’y a pas encore de raison de poinçonner son oreille. Il a trébuché, comme cela arrive au commun des mortels. Mais lorsque cet homme se complaît dans son état d’esclave et décide de son plein gré de rester esclave, cela signifie qu’il n’a pas compris la leçon, qu’il ne saisit pas la portée du drame que cache l’éloignement de D.ieu. Il ne désire pas se réconcilier avec son Créateur. Il reste insensible à l’enseignement que son oreille avait entendu au Mont Sinaï. C’est alors qu’il faut le remuer, qu’il faut poinçonner son oreille, lui faire comprendre la gravité de la situation spirituelle à laquelle il s’est laissé entraîner. Et si, par malheur, ses oreilles restaient sourdes au message, néanmoins les personnes qui le croisent dans la rue et le regardent, seront, elles, en mesure de tirer la leçon de la condition humaine et de comprendre la nécessité et l’urgence de prêter une oreille toujours attentive à la voix de la Torah et à l’enseignement de nos Sages.
C’est par l’intermédiaire de l’oreille que se construit tout le service sacré. Cela commence par la profession de foi, récitée deux fois par jour et dont le premier mot est : « Ecoute ». Ecoute Israël FEternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un. Ecoute, cela signifie prête l’oreille. Bien d’autres versets présentent la même exigence: Si vous écoutez….parce que tu as écouté la voix de ta femme…, Yitro entendit… notre fils n’écoute pas notre voix et bien d’autres exemples encore. Yitro a entendu la sortie d’Egypte, il en est parvenu à se rapprocher du peuple juif. Par contre, Balak a vu la grandeur du peuple mais il a cherché à le maudire. Le sens de l’ouïe de Yitro a eu des conséquences bien plus bénéfiques que le sens de la vue de Balak.
Lorsque le prophète Nathan voulut attirer l’attention du roi David sur l’acte répréhensible qu’il avait commis dans l’histoire de son mariage avec Bath-Shéva, il lui raconta l’anecdote de deux hommes, l’un riche, et l’autre pauvre. Le riche avait préféré prendre à son frère pauvre le peu qu’il avait, en l’occurrence une brebis, plutôt que de risquer de réduire son immense fortune personnelle. Le roi David, révolté par la conduite odieuse du riche, décréta qu’il méritait la peine de mort. Or, selon les lois de la Torah, l’auteur d’un tel méfait aurait dû être seulement condamné à payer une amende de quatre fois la valeur de la brebis abattue, mais, ici, le riche avait été condamné à mort ! C’est que sa conduite infâme dénotait une immoralité profonde qui devait être réprimée. Au terme de son récit, le prophète Nathan attira alors l’attention du roi David sur le verdict qu’il venait de prononcer et lui demanda d’écouter ce que sa propre bouche venait de prononcer et lui déclara : «Cet homme, c’est toi-même !» ( Samuel 12, 1).
Avant de clore le livre du Pentateuque, D.ieu a voulu que cette faculté de l’ouïe soit utilisée pour le bien d’Israël et II a pris à témoins les cieux et la terre -.Ecoutez, cieux, Je veux parler et que la terre entende les paroles de Ma bouche (Deutéronome 32, 1). Il faut que même les cieux et la terre « prêtent l’oreille », qu’ils écoutent l’enseignement divin afin qu’il soit respecté et suivi par le peuple d’Israël pour assurer le bien de tout l’univers. Le rôle de l’oreille est primordial dans l’accomplissement du service divin.
L’oreille est un organe essentiel : elle établit le lien entre l’homme et le milieu environnant. Celui qui n’entend pas, n’a pas de relation avec le monde qui l’entoure et ne peut recevoir aucun enseignement. C’est l’oreille qui permet à l’homme d’entendre et de capter le message de la Torah. Si l’oreille est fermée à l’enseignement, elle doit être percée. En effet, en refusant le message qui lui est livré par le truchement de l’oreille, cet homme – esclave – refuse, renie l’enseignement de la Torah et rompt tout lien avec les commandements. Car, à partir du moment où l’homme assume la condition d’esclave, il est dispensé de faire les mitsvot. Son oreille doit donc être percée pour le rappeler à tout moment, à la réalité, à ses devoirs envers D:ieu et son peuple.
(Adapté à partir des Leçons Chabbatiques)