La Torah, dans notre paracha, explique dans les moindres détails toutes les lois d’une maladie de la peau qui s’appelle la tsara’at » la lèpre ».
Beaucoup de commentateurs notamment le Kli Yakar précise que cette maladie provient de toutes les mauvaises qualités internes à l’homme notamment la médisance et les paroles interdites.
Le roi David dans les psaumes (chap.34 verset 13-15) nous enseigne:
מִי הָאִישׁ הֶחָפֵץ חַיִּים אֹהֵב יָמִים לִרְאוֹת טוֹב: נְצֹר לְשׁוֹנְךָ מֵרָע וּשְׂפָתֶיךָ מִדַּבֵּר מִרְמָה
»L’homme qui désire vivre et qui aime les jours heureux est celui qui préserve sa langue du mal et ses lèvres de discours perfides ».
Il y a lieu de s’interroger, quelle est la corrélation entre la médisance, les paroles interdites et la vie.
Certes, il est évident que de transgresser les lois de la Torah est néfaste, mais qu’est-ce que le Roi David a trouvé de particulier dans la médisance et les paroles interdites?
Afin d’expliquer cela, il semble judicieux de rapporter un épisode talmudique dans le traité de Berakhot 10a.
Lorsque le roi ‘Hizkiyahou est tombé malade, Yecha’yahou (le prophete Isaïe) vint lui rendre visite, et lui annonça lors de son passage que selon un décret divin il devait mourir.
‘Hizkiyahou s’exclama et dit même lorsqu’un homme a un glaive tranchant sur sa gorge, il ne doit jamais s’abstenir de crier miséricorde (sous-entendu et il sera exaucé). Il se tourna et proféra quelque mots de prière: » La Chounamit a construit un mur et a hérité la vie, mon grand-père a construit le Temple, n’aurais-je pas son mérite? » (Bien qu’il ait prononcé d’autres prières nous nous attarderons que sur cette dernière.)
La Chounamite était une femme du village de Chouname, elle n’avait pas d’enfant pendant de nombreuse années. Cette femme décida de construire au prophete Elicha qui était de passage, une pièce dans laquelle et pourrait résider et se consacrer pleinement au service divin.
Par le mérite de cette action Elicha leur fit un miracle. Cette femme est tombée enceinte, mis au monde un garçon qui tomba malade et mourut et qu’ Elicha fit ressusciter.
La question est de savoir par quel mérite la Chounamite put bénéficier de ce miracle En quoi le fait de recevoir un hôte peut donner un tel mérite: celui d’assister à la résurrection des morts.
Pour comprendre cela il faut s’interroger sur la réelle définition de la vie. La vie n’est pas le fait de pouvoir s’exprimer car quelqu’un qui est muet ne peut pas s’exprimer mais pourtant vit, ni de pouvoir voir, ni d’entendre, ni même de se mouvoir car même une personne paralysée vit.
Qu’est-ce que la vie?
La Torah dans Dévarim 4, 4 dit :
וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּיהוָה אֱלֹהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם
« Et vous qui êtes attachés à D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui »
En réalité la véritable vie est la proximité avec D.ieu notre Créateur. Plus un homme est proche de D.ieu, plus il est rempli de vie.
Le Nefech Hah’ayimm donne une belle image à cela. Il compare l’homme à un arbre dont les racines sont au ciel et les branches vers la terre. En effet toute l’énergie que nous avons vient tout droit du Créateur. Plus un homme est proche du Créateur, plus il est proche de la source d’énergie et de la vie, et peut ainsi puiser ses forces à la source.
En Lachon Hakodech (langue de la Torah) une source se dit « béer mayim h’ayim » littéralement un puits d’eau vivante. Cette eau s’appelle vivante parce que précisément elle est la source.
D’après cela il est facile de comprendre l’évènement avec la Chounamit. En effet, le fait de donner à Elicha la possibilité de servir le Créateur et de se rapprocher de D.ieu à travers son étude, lui a permis de vivre ce miracle.
Ainsi la prière de ‘Hizkiyahou pouvait se résumer ainsi : Si déjà la Chounamite qui a permis à un homme d’être proche de Toi a vécu de tels miracles, moi le petit fils du bâtisseur du Temple qui permit à tous les juifs du monde une proximité inégalable avec Toi, a fortiori que je mérite de vivre de tels miracles.
C’est cela l’enseignement du roi David dans les psaumes: Préserver sa bouche de dire du mal est la meilleure manière de se rapprocher de D.ieu et par conséquent de mériter la vie.
Préserver sa bouche du mal implique l’utiliser a bonne escient, dire des louanges de D.ieu, des paroles de Torah, ou même faire un compliment à son prochain.
Puisse D.ieu faire que nous soyons tous aptes à préserver notre bouche afin de pouvoir goûter cette proximité avec le créateur qui a un goût particulier celui de la vie.