«Ils me feront un sanctuaire et Je résiderai en eux.»
(Exode 25, 8)
Comment la Chékhina, la présence divine, pouvait-elle résider dans le petit espace compris entre les deux chérubins qui surplombaient le couvercle de l’Arche sainte alors que « toute la terre est remplie de Sa Gloire » ?
Pour répondre à cette question, il nous faut comprendre la requête du Saint béni soit-Il en nous ordonnant de construire le Sanctuaire, le Mikdach.
Il est vrai que D.ieu est partout et qu’il emplit l’univers entier à l’exception d’une petite partie : le cœur de l’homme, comme il est dit : « Tout provient du Ciel sauf la crainte du Ciel !»
D.ieu ne pénétrera à l’intérieur de l’homme que s’il le Lui permet. La tâche que chacun doit se fixer est donc d’introduire la crainte du Ciel en son cœur comme l’indique le verset : « Ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en eux » [en les Enfants d’Israël et non « Je résiderai en lui », dans le sanctuaire]. C’est dans leur cœur que Je désire résider !
Nous touchons là à l’un des fondements du Judaïsme. Pour nous, il n’existe qu’un moyen d’amener D.ieu dans notre cœur, c’est-à-dire de ressentir Sa présence. Tandis que les religions préconisent l’isolement, la chasteté, le recueillement ou autres moyens artificiels de ce genre, D.ieu nous enjoint uniquement de réaliser l’accomplissement intégral de Ses commandements. « Ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai en eux ». « Lorsqu’ils auront construit le Tabernacle, Je serai parmi eux. »
La construction du Mikdach n’est autre que le symbole de cette action : l’accomplissement de la parole de D.ieu.
Or cet acte doit répondre exactement à l’ordre divin : les objets du Tabernacle devaient avoir une mesure extrêmement précise, l’encens devait être fabriqué selon une composition bien définie, les sacrifices ne devaient présenter absolument aucun défaut. L’exactitude dans l’accomplissement des mitsvot, le diqdouq hamitsvot, est la condition première de la résidence de la présence divine dans le monde, de la hachraath haChékhina.
Prenons les tephilines à titre d’exemple. De même qu’une connexion radio ne peut être captée qu’à un endroit défini, si les phylactères n’ont pas été placés sur la tête à l’endroit précis déterminé par la halakha, c’est comme si elles étaient restées dans leur sac !
De plus, pendant l’accomplissement de la mitsva, la pensée de l’homme doit être pure et désintéressée. « Ils feront pour Moi un sanctuaire. » Rachi dit : « Pour Moi, c’est-à-dire pour mon Nom ». Aucun intérêt personnel d’honneur ou d’argent ne doit déterminer nos actes pour D.ieu.
Pour nous, aujourd’hui, la tâche n’a pas changé. Le Talmud dit : « Toute génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme le témoin de sa destruction ».
Pour mériter que se concrétise le verset : « Je résiderai parmi vous » nous devons nous acquitter de notre tâche : « Ils Me feront un sanctuaire ». Au sens large, cela signifie pratiquer les mitsvot selon toutes les règles édictées par D.ieu et les observer de façon désintéressée.
Lorsque nous serons parvenus à faire résider D.ieu dans notre cœur, nous mériterons de voir la reconstruction du Sanctuaire.
(adapté à partir de Imré Cohen)