Ce Chabbat, nous allons lire dans un deuxième rouleau de la loi, la parachat Zakhor. Cette section doit nous rappeler, chaque année, que la guerre contre Amalek n’est pas terminée et que se poursuit : « le combat pour D.ieu contre Amalek de génération en génération » (Exode 17, 16).
«Aussi, lorsque l’Eternel ton D.ieu t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour… tu effaceras la mémoire d’Amalek… ne l’oublie point ! » (Deutéronome 25, 19). Quel est le sens de ce verset essentiel ? Pourquoi nous souvenir d’Amalek précisément au moment où D.ieu nous aura délivré de nos tourments ?
Nos Sages nous enseignent à propos de l’histoire de Pourim que c’est à partir de ce moment-là que nos ancêtres ont réellement accepté la Torah de plein gré. Jusqu’alors, une grande partie des Juifs l’avaient observée « parce qu’il le fallait ». Pourquoi Pourim a-t-il fondamentalement modifié cet état d’esprit ?
Si nous interrogeons l’Histoire, nous voyons que l’épisode de Pourim est le premier drame que le peuple juif ait vécu après l’exil de Babylone, époque à laquelle il a été dispersé parmi les nations. C’est en effet la première fois que notre peuple a été mis en contact avec les peuples et c’est en cela que l’histoire de Pourim prend toute sa signification.
La Perse, qui dominait en ces temps-là tout le monde connu, « de l’Inde à l’Ethiopie », était un pays hautement civilisé. N’était-ce pas le berceau de la civilisation indo-européenne ? Son niveau culturel et moral était très élevé ; on allait même jusqu’à ne plus faire de discrimination, si bien que tous les Juifs furent invités au festin d’Assuérus comme des citoyens à part entière.
Esther n’est-elle pas devenue reine ? Nombreux ont dû être ceux des nôtres qui disaient : « La Torah ? Oui, bien sûr, elle était nécessaire dans le temps, il y a quelques centaines d’années, lorsque les peuplades d’alentour étaient barbares. Il fallait nous séparer d’eux, nous distinguer de leur mode de vie primitif. Aujourd’hui, des progrès considérables ont été faits ! La civilisation perse est un modèle d’ouverture, tous les droits nous sont accordés ! »
Et c’est à ce moment-là que »le sort tomba ». Comme un éclair, le décret d’extermination de tous les Juifs en un seul jour fut décidé. Le peuple d’Israël comprit alors ce que valaient les lois démocratiques, la société moderne, la civilisation et la culture. Non ! Les juifs ne peuvent plus se bercer d’illusions. Il n’existe qu’une voie pour les conduire et les sauver : la voie de la Torah. A l’époque de Pourim, tous es Juifs sans exception l’ont acceptée de plein gré : cette Loi qui nous vient de D.ieu est la seule qui soit véritablement morale, la seule que nous puissions suivre.
A présent, nous comprenons le sens du verset « lorsque D.ieu t aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour», c’est alors que «n’oublie pas ! » Lorsque D.ieu t’aura délivré et que tout ira bien pour toi, arrivera le moment le plus dangereux où tu risqueras d’être séduit par telle ou telle théorie, telle ou telle culture étrangère. Souviens-toi alors que tu as en face de toi, le même Amalek « qui ne rapproche autrui que pour son profit ».
Hélas! Combien de fois Israël a-t-il oublié de lire parachat Zakhor ! Nombreux furent ceux qui, il y a quelques dizaines d’années, après que D.ieu t’aura débarrassé de tous tes ennemis », ont cru à l’émancipation des pays occidentaux, à leur culture attirante, à leur prétendue moralité. Il les ont imaginés au-dessus des crimes des époques passées. Comme le démenti que D.ieu nous a envoyé durant cette dernière guerre a été brutal !
Même après le terrible holocauste, lorsque D.ieu nous a délivrés de nos ennemis nazis, combien des nôtres ont naïvement cru que l’antisémitisme était désormais révolu ! Combien ont placé leur confiance dans le grand peuple qui fut le premier à reconnaître l’Etat juif ! Combien ont mis leurs espoirs dans la nation qui soutenait militairement le jeune état !
Combien d’autres ont pensé que, dans le domaine spirituel, la fin de l’antisémitisme dépendait d’une alliance des esprits, d’une union entre les « penseurs » du Judaïsme et ceux des « religions-sœurs » ! Nous avons encore oublié de lire parachath Zakhor : «N’oublie pas!» Nous enregistrons dans toutes les directions des démentis cinglants à tous les chemins que nous pensions suivre. Le seul, authentique, qui nous reste est celui de la Torah.
Restons les fidèles descendants de Mordekhaï et de ses contemporains qui ont compris que notre seule issue est d’accepter la Torah « de plein gré ». Comme à Pourim, D.ieu nous enverra alors la délivrance totale!
(adapté à partir d’IMRE COHEN)