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PARACHAT VAYICHLA’H 5780 – Comment arriver à l’ère messianique ?

La vie de Ya’akov pose les jalons de l’histoire d’Israël. Parti en exil, il traversa une série ininterrompue d’épreuves : d’abord l’hostilité d’Ésaü, puis la fourberie de Laban et maintenant, de nouveau, l’affrontement avec son frère. Jusqu’à présent, Ya’akov séjournait dans un pays étranger, dans un milieu hostile. Il surmonta aussi cette épreuve et resta fidèle à lui-même : « J’ai séjourné chez Laban » – mais j’ai observé les 613 commandements et je n’ai rien appris de ses mauvaises actions (Rachi 32, 5). A présent, Ya’akov s’attend à une nouvelle offensive de Esaü et prend minutieusement toutes ses dispositions : « Il se prépara de trois façons : en envoyant des cadeaux, en priant et en se préparant au combat » (Rachi 32, 9). Quelle que soient les modalités de cette confrontation Ya’akov considère son frère comme un adversaire.

Cependant, l’épreuve qu’il affrontera sera plus éprouvante qu’il ne le pensait. Soudain, l’ennemi menaçant qui avançait à la tête d’une troupe armée fait volte-face et le traite en frère : « Esaü courut à sa rencontre, enlaça, tomba à son cou et l’embrassa ». L’épreuve de la fraternité, bien plus redoutable que les précédentes, suscita la prière que Ya’akov adressa à D.ieu : « Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main de Esaü » (32, 12).

Effectivement, Esaü allait suggérer à Ya’akov : « Voyageons et allons, j’irai à ton côté» (33, 12). Marchons ensemble, main dans la nain. Suivons le même chemin, nos conceptions se rejoignent. Cette attitude-là constitue le plus grand danger que puisse courir Ya’akov. En effet, s’il accepte ce compromis, il cessera d’être Ya’akov, il cessera d’être Israël.

Notre Patriarche est-il assez fort pour résister à cette terrible tentation ? D.ieu., qui n’envoie d’épreuves qu’aux personnes capables de les surmonter, va donc évaluer la résistance de Ya’akov. La lutte avec l’ange a pour but de tester la nature de sa foi. « Vayivatère Ya’aqov lévado – et Ya’akov resta seul » (32, 25) Nos Sages disent que l’on peut lire ce verset : « Vayivatère Ya’akov lékado – et Ya’akov resta pour ses ustensiles, ses cruches”. Sa foi est-elle superficielle, extérieure, à l’image d’une cruche, lekado, dont il est dit : « Ne donne pas d’importance à la cruche mais à ce qu’elle contient ? » Ou bien Ya’akov se présente-t-il lévado, seul, détaché de toutes attaches ou conjonctures sociales à l’instar de son grand-père, Abraham ? Saura-t-il garder, envers et contre tous, son identité spirituelle, sa foi totale ?

L’ange qui attaque Ya’akov est, selon le midrach, le mauvais instinct ou yétser hara, l’ange Sama-ël. Or, souma signifie “aveugle”. Le yétser hara aveugle l’homme et l’empêche de voir D.ieu. Dans le même sens, il est dit (32, 25) « Un homme combattit avec lui – vayéavèk ich ‘imo ». Dans le terme vayéavèq, on décèle le mot avak poussière. Dans leur lutte, dit le midrach, la poussière s’éleva. C’est le combat contre les forces qui veulent dissimuler, obscurcir par la « poussière », par les idéaux terrestres, la gloire divine dans le monde. Mais par la puissance de sa foi, Ya’akov résista et triompha de son adversaire. Alors, le voyant prêt, D.ieu lui fit affronter l’épreuve suivante, la plus difficile : la fraternité d’Essai !

Le peuple juif a traversé la période où « Esaü avait pris Ya’akov en haine… » et où il disait dans son cœur « …je tuerai Ya’akov, mon frère (27, 41), le temps où Laban le trompait, abusait de lui et voulait 5. perte : « l’Araméen voulait faire disparaître mon père » (Deutéronome 26, 5).

Israël a subi l’oppression romaine, les persécutions du Moyen Age ! Et nous pouvons dire qu’en général, à l’instar de notre Patriarche : J’a observé les six cent treize commandements et je n’ai pas appris de ses mauvaises actions ». Cependant, depuis l’ère de l’émancipation, notre peuple affronte l’épreuve la plus dangereuse : celle de la liberté et de la fraternité avec les nations qui veulent le détacher de son D.ieu Les portes des ghettos et des mellahs se sont ouvertes et les pertes ont ete effroyables. L’identité de notre peuple qui témoigne de l’existence de D.ieu sur terre et de la véracité de Sa loi est en jeu ! Bien qu’au bout du compte, « ton nom sera Israël » et que le Tout-Puissant nous aidera a triompher, notre rôle à nous est de lutter, d’être les artisans de cette victoire.

Aux descendants d’Esaü qui cherchent à nous attirer à eux en nous suggérant : « Voyageons et allons côte à côte, unissons nos idéaux, tâchons de nous ressembler, vivons en frères » nous répondons comme Ya’akov : « Les enfants sont délicats… moi, je voyagerai lentement, a mon allure» (33, 12-14). Si les parents ont su préserver leur identité juive, les enfants sont les plus menacés par la proposition d’Esaü -ils sont «délicats».

Veillons à leur inculquer les valeurs qui nous différencient des autres peuples et à les armer contre l’assimilation et la fusion avec le milieu ambiant. C’est ainsi que nous triompherons de cette terrible épreuve pour arriver, sains et saufs, au but final, « au lever ce l’aube», à l’époque messianique: «jusqu’à ce que j’arrive chez mon maître, à Sé’ir» répondit Ya’akov à la proposition de Esaü. C’est seulement à ce moment, explique Rachi, que nous rejoindrons Esaü. comme le dit le prophète: « Et les sauveurs monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Esaü et la royauté de D.ieu.» (Ovadia 1, 21).

(adapté à partir de Imré Cohen)

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