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BehoukotaÏ – Importance de l’étude de la Torah

La récompense de celui qui s’adonne à l’étude de la Torah

Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez,  Je vous donnerai les pluies en leur saison, et la terre livrera son produit, et l’arbre des champs donnera son fruit. Le battage de vos grains se prolongera jusqu’à la vendange et la vendange durera jusqu’aux semaille. Vous aurez du pain à manger à satiété, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans le pays, et nul n’y troublera votre repos. Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles, et le glaive ne traversera point votre territoire.            (Lévitique 26, 3-6)

Le début de la paracha Bé’houkotaï (26, 3) semble traiter, d’une façon générale, des récompenses promises à ceux qui observent les commandements divins. Rachi, de son côté, semble restreindre la portée de la première expression : « Si vous vous conduisez selon Mes lois… » pour ne la rapporter qu’à l’étude intensive de la Torah. Ainsi donc, c’est l’étude de la Torah qui fixerait l’octroi des récompenses célestes. Pourquoi donner tant d’importance à la mitsva de Talmud Torah alors qu’elle ne constitue qu’un élément, certes primordial, de l’ensemble des 613 commandements?

Par ailleurs, un midrach sur ce passage rapporte : « J’ai calculé mes voies et je ramène mes pas vers Tes préceptes ! » (Psaume 119) Voilà ce que le Roi David veut dire : « chaque jour, je me préparais à aller à tel endroit, dans telle maison, mais mes pieds me conduisaient spontanément aux maisons de prière et aux maisons d’étude. »

Le campement du peuple d’Israël dans le désert était conçu de telle façon que le sanctuaire se trouvait au centre.

La maison de D.ieu, celle qui contenait la Loi de D.ieu dans l’Arche de l’alliance, constituait le milieu géométrique de tous les chemins traversant le camp. Chacun, même celui qui résidait très loin du centre, était conscient d’appartenir à un système dont la Torah forme nécessairement le point central.

C’est cela que Rachi veut souligner : pour accomplir son devoir vis-à-vis du Créateur, il n’est pas indispensable de s’occuper exclusivement de l’étude de la Torah. Toutes les options de l’existence peuvent être valables à condition de prendre inconditionnellement ses références dans le Choul’han ‘Aroukh (code de la loi juive basé selon la Torah).

 

C’est dans ce sens que l’on peut également interpréter le midrach rapporté plus haut. Le Roi David dirigeait ses pas chaque jour vers les endroits les plus divers. L’éventail de ses activités était extrêmement large et varié, mais il savait que partout et toujours, le point central de sa vie se trouvait à la synagogue et dans la maison d’études (bet hamidrach). C’est dans la Torah, et la Torah seule qu’il trouvait les indications qui furent les jalons de son existence.

A l’intérieur du judaïsme, nombreux sont ceux qui « habitent loin du Centre », qui ont abandonné partiellement, en grande partie ou totalement, les pratiques ancestrales. Nous n’avons pas le droit de nous désintéresser d’un seul d’entre eux. Tous font partie du « campement », à condition toutefois qu’eux-mêmes considèrent qu’ils y sont inclus, c’est-à-dire que la Torah dont ils sont éloignés,  forme le centre de leur système de valeurs.

Cependant, s’ils essayaient de se rassembler en un groupe dont le noyau ne serait plus la Torah éternelle, ils se placeraient en dehors du « camp » et empêcheraient, par cela même, la suite du dialogue.

De nos jours, la Yéchiva remplace le Sanctuaire dans le désert. La Yechiva n’est pas seulement une maison d’études, elle est le carrefour de tous ceux qui, envers et contre tout, veulent maintenir intacte la chaîne plusieurs fois millénaire de la tradition juive.

Le dirigeant spirituel au sein du peuple juif agit, activement et avec bonne grâce, en faveur du peuple. Son action contribue à l’instauration de la paix entre les différents membres de la communauté. C’est bien l’idée exprimée dans notre section: Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et si vous les exécutez — c’est bien l’oeuvre des Justes du peuple—  Je ferai régner la paix dans le pays… . Nous avons tendance à croire que la paix évoquée dans ce verset, est celle souhaitée entre Israël et les autres peuples. Mais les commentateurs bibliques, tels Ibn Ezra, Na’hmanide, et d’autres, interprètent différemment : Je ferai régner la paix entre vous et que ne vous adonniez pas à des querelles intestines, entre frères.

La paix entre frères, entre membres du même peuple, est le résultat le plus bénéfique de l’accomplissement des mitsvot, c’est cela la bénédiction. Cette bénédiction rejaillit sur tout le peuple, autant sur ceux qui observent les mitsvot que sur ceux qui les négligent, ce qui soulève le problème de la garantie mutuelle entre tous les enfants du peuple. C’est cette solidarité qui vaut à la multitude de profiter de la bonne « mesure » méritée par le Juste.

Nos Sages disent encore : Heureux sont les Justes car, leur mérite est considéré non seulement en leur faveur mais aussi en faveur de leurs enfants et descendants jusqu’à la fin des générations (Yoma 87a). Et ailleurs : Heureux sont les Justes, car c’est grâce à eux que la grâce divine réside sur la terre (Pesikta Rabati 5, 7).

Les paroles du verset qui suit s’éclairent à présent. Je fixerai Ma résidence au milieu de vous, et Mon esprit ne vous rejettera pas (Lévitique 26, 11). C’est par le mérite des Justes qui sont parmi vous, ceux-là qui se sacrifient sans cesse pour étudier la Torah, et qui par là, instaurent la paix entre vous. L’abondance et la bénédiction de D.ieu sont accordées au peuple par le mérite des Justes et c’est ce que nous récitons quotidiennement dans notre rituel : Les Talmidé  ‘Hakhamim  (les disciples des Sages) instaurent une paix considérable dans le monde (Berakhot 64a).