Paracha Emor 5774

Voici les solennités de D.ieu, convocations saintes, que vous célébrerez en leur saison. (Lévitique 23, 4)

Le cycle annuel des solennités sacrées correspond aux sept étapes qui constituent, dans l’évolution historique, les phases successives de la création du peuple juif. Grâce à ces fêtes, la nation se retrempe dans l’atmosphère exaltante de ses origines et, en traversant à nouveau les étapes successives, elle puise chaque année de nouvelles forces morales et spirituelles aux sources mêmes de sa création.

Le cycle annuel débute par la fête de Pessa’h, consacrée à l’amour naissant d’Israël et de son D.ieu qui fit éclore le germe de son existence nationale. Cette fête correspond à la phase initiale, inaugurée par Abraham, le père des croyants, mû par son amour infini de D.ieu et des hommes (‘héssed).

    Chavouot, la fête des Semaines, marque la seconde étape. Elle commémore le vœu d’obéissance éternelle par lequel la nation accueillit la Torah sur le mont Sinaï. Elle correspond à la phase d’Isaac, qui ajouta à l’amour ardent du premier patriarche le complément nécessaire : l’obéissance absolue aux ordres divins, comme il le manifesta en faisant lier son corps sur l’autel, pour faire le sacrifice de sa personne à D.ieu. Cette discipline inconditionnelle est devenue le second trait caractéristique de la nation (guévoura).

 

L’étape suivante est représentée par la fête de Souccot  qui réunit toute la famille dans la Tente sous le signe de l’harmonie et de la joie confiante à l’ombre du Tout-Puissant. Cette étape porte le cachet du patriarche Jacob qui réalisa en sa personne la synthèse de l’amour et de l’obéissance et qui fonda sur cet héritage des pères l’éducation de ses douze fils. Il institua en Israël l’idéal de la vie familiale basée sur la tradition ancestrale  (tif-érét).

La fête de Souccot a un prolongement qui constitue une solennité indépendante. C’est la fête de clôture (Chemini ‘Atsérét  et Sim’hat  Torah), consacrée à la joie de la Torah. Elle nous fait revivre la phase historique caractérisée par la vie de Moïse qui transmet la constitution à son peuple, au nom de D.ieu (nétsa’h).

L’étape historique du pontife Aharon trouve son expression dans la fête des lumières, ‘Hanoucca, qui retient dans les traditions nationales le souvenir de la restauration  du  culte  au Temple  de Jérusalem,  sous  l’égide  des  prêtres  hasmonéens (hod) .

 

     Enfin, Pourim, la fête d’Esther, évoquant la résistance nationale d’Israël, matérialise l’esprit de Joseph, défendant héroïquement la position juive au milieu de l’entourage païen (yessod).

Quant à la septième étape, celle du Roi David, elle attend toujours sa réalisation définitive. La «fête de David» ne sera célébrée qu’à l’avènement du Messie, fils de David,  qui érigera  le Royaume  de  Dieu   (Amos  9, 11) :   «C’est  en  ce  jour  que  Je relèverai  la  tente  défaillante   de  David,   J’en   réparerai   les  brèches,   J’en   restaurerai les ruines, Je la rebâtirai comme au temps jadis » (malkhout).

Ces sept étapes de l’histoire d’Israël dérivent des éléments fondamentaux du système des Sefirot  de la Cabbale qui vont de ‘héssed à malkhout et qui marquent les degrés d’évolution des créations terrestres. Mais elles sont précédées des trois Sefirot  des sphères d’émanation de l’esprit pur et celles-ci se reflètent également dans le cycle annuel de nos fêtes. Elles trouvent leur expression dans les fêtes qui ne remontent pas à des événements historiques, mais qui sont consacrées à notre évolution spirituelle. La fête de Roch Hachana a pour objet de proclamer les vérités éternelles du domaine de la pensée (‘hokhma) et celle de Kippour est appelée à assurer le pardon de nos fautes par l’acte de techouva (retour à D.ieu), de la réflexion, de l’autocritique et de la méditation (bina). Dans la décade des éléments fondamentaux, la première Sefira est désignée sous le nom de (qétér), couronne. Elle représente le monde irrationnel et transcendant, ou le point culminant d’où jaillit l’éclair de l’illumination intellectuelle, la première révélatrice, le début du processus.   (D’après Pardés Rimonim de  Rabbi Moché  Cordovéro.)

Puis, vous compterez chacun, depuis le lendemain de la fête, depuis le jour où vous aurez offert le ‘omer du balancement, sept semaines, qui doivent être entières. Vous compterez jusqu’au lendemain de la septième semaine, soit cinquante jours, et vous offrirez une oblation nouvelle à D.ieu. (Lévitique 23, 15-16)

La prescription qui concerne la femme, dite nidda (pendant son cycle menstruel) en vue de sa purification, commence également par les mots :  »Elle  comptera pour elle ». (Lévitique 15, 28)

Nos Sages en ont tiré la conclusion suivante. Les enfants d’Israël eurent besoin d’une période pour se délivrer de l’impureté égyptienne qu’ils avaient contractée en vivant parmi les païens. Comme une femme nidda, ils devaient se purifier par une abstinence au septuple (de semaines, en raison de l’extrême gravité de leur impureté). Ensuite ils purent s’unir à leur D.ieu. C’est la nuit de Chavouot qui est consacrée à cette sainte union. Aussi est-elle marquée de nos jours par l’usage de veiller pendant cette nuit. De même il est dit :             « Quand la rosée tomba de nuit sur le camp…». (Nombres  11, 9)

Quant à l’immersion dans l’eau, dont le mikwé est le symbole, elle est représentée par le bain de la Torah, dans laquelle nous nous «trempons» au cours de cette nuit. Ainsi le compte de sept semaines doit nous aider à nous perfectionner.

La fête de Pessa’h nous avait été donnée gratuitement par D.ieu, mais, une fois le cadeau fait, il s’agit pour nous de remonter les quarante-neuf degrés d’impureté, et il y a en contrepartie quarante-neuf degrés de pureté. Nous les montons un par un et pensons à chaque mouvement au degré de pureté compris en ces jours d’après l’enseignement  de  la  Cabbale.

Arrivés à cette fin, nous avons accompli la mitsva qui nous rend dignes de recevoir une nouvelle fois la Torah car nous avons employé la liberté reçue à Pessa’h pour la parer d’un contenu qui nous fait mériter la fête de Chavouot.

 

 

 

2 réflexions sur « Paracha Emor 5774 »

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